A 43 ans, Anne-Sophie Pelletier a vécu plusieurs vies. La nouvelle députée européenne s’est révélée lors du conflit à l’Ehpad des Opalines de Foucherans, près de Dole dans le Jura. Porte-parole de ce mouvement historique (117 jours de grève), la syndicaliste CGT s’est engagée en politique avec la France insoumise. Elle figurait en cinquième position sur la liste menée par Manon Aubry.
Il y a deux ans, elle animait le piquet de grève devant la maison de retraite de Foucherans, où elle travaille comme aide médico-psychologique. Une grève au long cours, où elle dénonce férocement la dégradation de la prise en charge des personnes âgées au sein des Ehpad. Le mouvement fait notamment la une du quotidien Le Monde, et Anne-Sophie Pelletier, figure du mouvement, est invitée dans plusieurs émissions de télévision.
La Jurassienne trouve presque naturellement un prolongement de son engagement syndical dans la politique, « pour changer les choses ». Pendant le conflit social des Opalines, les députés LFI François Ruffin et Caroline Fiat étaient venus soutenir les grévistes. Anne-Sophie Pelletier rejoint le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui lui accorde une place de choix sur sa liste aux européennes.
Avec ce scrutin européen, Anne-Sophie Pelletier mènera désormais ses combats dans l’arène politique.
Une étudiante en arts déco qui a dirigé des apparts-hôtels
Cette étudiante en arts déco, qui devient licière, spécialiste des tapisseries d’Aubusson, n’entend pas faire à Strasbourg de la figuration. La mère de famille veut partager son expérience du terrain. Car après les tapisseries, elle a suivi des études de management dans l’hôtellerie-restauration puis diriger notamment des apparts-hotels.
Et puis un jour, elle plaque tout, comme elle le raconte dans son livre « Ehpad, une honte française »:
« La décision s’imposa comme une évidence un soir durant le dîner : j’irais dorénavant m’occuper de nos anciens à leur domicile. Lorsque je l’annonçai, ma famille en fut abasourdie : j’allais quitter un bon salaire, une situation stable, un statut établi pour recommencer ma vie professionnelle de zéro et devenir aide à domicile… femme de ménage ! »
Aide à domicile, auxilliaire de vie puis aide médico-psychologique en Ehpad, Anne-Sophie Pelletier n’a alors de cesse de dénoncer les mauvais traitements infligés aux aînés. Un engagement qui la conduit aujourd’hui dans l’hémicycle européen. Une nouvelle vie. Une de plus.
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