13 Sep

Alstom: les petits arrangements d’Alain Vidalies avec la vérité

Alain Vidalies, secrétaire d'Etat aux transports, sur Europe 1 (DR)

Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux transports, sur Europe 1 (DR)

Le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, était l’invité de Thomas Sotto ce matin sur Europe 1. Le ministre a laissé entendre que les élus francs-comtois n’ont pas joué leur rôle sur la situation du site Alstom de Belfort. « Nous avons été alertés sur le site de Reichsoffen, explique Alain Vidalies au micro. Est-ce que les élus en question nous ont interrogés aux questions d’actualité à l’Assemblée nationale depuis un an? sur Belfort non. Sur Reischoffen oui. » Une remise en cause des élus locaux qui a fait bondir ces derniers, à raison. Car depuis des mois, les parlementaires de Franche-Comté multiplient les initiatives pour attirer l’attention du gouvernement sur l’avenir du site de Belfort.

La petite phrase d’Alain Vidalies a fait sortir de leurs gonds nombre d’élus locaux. « Les bras m’en tombent », se désole le sénateur LR Cédric Perrin dans un communiqué, auquel il associe ses collègues parlementaires du Territoire de Belfort, les députés Damien Meslot (LR) et Michel Zumkeller (UDI).

« Nous avons adressé six courriers au Président de la République et aux ministres », affirme de son côté le sénateur de Haute-Saône, Michel Raison (LR).

En effet, les parlementaires issus des territoires où sont implantées des usines Alstom ont alerté à plusieurs reprises le gouvernement. Nous avions d’ailleurs relayé ici même deux de ces initiatives: en février, 11 sénateurs (dont 4 Francs-Comtois) ont demandé au gouvernement de confier à Alstom la fabrication des futures rames Intercités, sans passer par un appel d’offres. Le courrier, évoquant « la certitude du chômage pour de nombreux employés des sites Alstom-Transport », dont Ornans et Belfort, était adressé… à Alain Vidalies (lire ici). Des inquiétudes relayées début avril à l’Elysée, où une dizaine de parlementaires a été reçue par des conseillers de François Hollande (lire ici).

« Belfort sera le premier site touché »

Par ailleurs, plusieurs questions au gouvernement ont été posées ces derniers mois, et pas seulement par l’opposition.

Le 24 mars 2015, le député écologiste du Doubs Eric Alauzet interpellait le ministre de l’Economie Emmanuel Macron (à lire en intégralité ici):

« La situation d’Alstom Transport continue de se dégrader. Ainsi, l’entreprise a annoncé le licenciement de 320 salariés sur le site de Belfort sur un effectif de 590 personnes, soit 75 % des effectifs se consacrant à l’industrialisation, au bureau d’études et à l’ingénierie. Sans décision dans les six mois, 10 000 emplois sont menacés, et 2 500 chez les sous-traitants et les fournisseurs, à l’échéance 2017-2018. »

En l’absence du patron de Bercy, la secrétaire d’Etat Carole Delga lui répondait:

« le Gouvernement soutient la filière ferroviaire à l’exportation, à travers le financement des projets. Par exemple, la vente de quatorze rames à grande vitesse au Maroc a été soutenue par un prêt de 350 millions d’euros, ce qui a permis de donner 120 000 heures de travail au site de Belfort ».

Un mois plus tôt, le 12 février 2015, le sénateur du Doubs Jean-François Longeot (UDI) était même plus précis sur les risques liés à l’emploi:

« Alstom est prêt à lancer ses plans de départs et Belfort sera le premier site touché, ceux de La Rochelle et de Reichshoffen devraient suivre » (à revoir ici, à partir de 5’42)

Plus récemment, le sénateur UDI du Bas-Rhin Claude Kern relayait, lors des questions au gouvernement, « les plus vives inquiétudes pour les salariés d’Alstom Transports des sites d’Ornans, du Creusot, de Tarbes, de Villeurbanne, de Belfort et de Reichsoffen » suite à un éventuel « arrêt de la production sur ces sites en 2017 » (à revoir ici, à partir de 50′).

Alain Vidalies ne peut assurément pas rejeter la faute sur les élus locaux, en particulier les parlementaires des circonscriptions concernées. Et ce qui s’apparente à une manoeuvre de diversion en dit long sur la sincérité des uns et des autres dans cette affaire.

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