09 Sep

Suppression de 400 postes à Alstom Belfort: « Nos grands élus ne font rien »

Christophe Grudler (©f3fc)

Christophe Grudler (©f3fc)

C’est la première voix dissonante, dans le concert de condamnations de la décision d’Alstom, qui va arrêter d’ici deux ans la fabrication de trains dans son usine historique de Belfort. Les élus locaux et les responsables politiques nationaux sont unanimes pour dénoncer le transfert de l’activité ingénierie-production belfortaine vers le site de Reischoffen en Alsace. Le conseiller départemental et municipal Christophe Grudler (MoDem) pointe lui du doigt la responsabilité des élus locaux francs-comtois, qui contrairement aux élus alsaciens, n’auraient pas défendu leur usine: il y a eu, d’après l’élu MoDem, « une mobilisation générale des élus alsaciens, qui ont fait du lobbying auprès de la direction générale d’Alstom Transport, remplissant ainsi leur mission. Et cela, pendant que nos élus belfortains, eux, ne bougeaient pas ».

Dans un communiqué, Christophe Grudler salue « une formidable mobilisation des élus (maires, conseillers départementaux, parlementaires, président de la Région…) : interventions multiples auprès du gouvernement et des dirigeants du groupe industriel, groupes de soutien sur Facebook, pétitions, mobilisation dans la presse, vote de motions de soutien à Alstom-Reichshoffen dans la plupart des communes voisines ».

« Pendant ce temps-là, à Belfort, on regarde passer les trains. Nos « grands élus » ne font rien, hormis un petit communiqué de temps en temps, pour râler quand des marchés échappent à Alstom… En fait, ils se contentent d’écouter la promesse d’Emmanuel Macron : lors de son passage, le ministre de l’Economie a assuré que le site Alstom Belfort ne fermerait pas… Alors que le risque de fermeture était réel depuis la vente partielle à GE en 2014. Et un beau jour de septembre 2016, tout le monde tombe de l’armoire, et se demande pourquoi Belfort ferme », poursuit l’élu MoDem.

« Les contacts sont réguliers » selon la mairie de Belfort

Et Christophe Grudler d’interroger: « Henri Poupon-Lafarge a été nommé président-directeur général d’Alstom Transports en février 2016 : quel « grand élu » belfortain est allé le rencontrer, pour se présenter, pour présenter le site historique du groupe à Belfort, et pour lui proposer des investissements sur place… ? En un mot, pour contribuer à pérenniser le site ? Personne. »

Personne, vraiment? D’après le cabinet du maire, les trois parlementaires du département, les députés Damien Meslot (LR) et Michel Zumkeller (UDI), mais aussi le sénateur Cédric Perrin (LR), ont bien rencontré Henri Poupard-Lafarge après sa prise de fonction. « Les contacts sont réguliers, mais on ne fait pas un communiqué à chaque fois », assure la mairie de Belfort.

On connaît les antécédents et la farouche rivalité entre Damien Meslot, le député-maire LR de Belfort, et Christophe Grudler, qui amènerait donc ce dernier à s’arranger avec la vérité. Mais l’élu centriste a le mérite de poser une question qui fâche: nos élus locaux ont-ils été trop naïfs, ou en tout cas plus naïfs que leurs homologues alsaciens ?

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