Barbara Romagnan (DR)
La socialiste Barbara Romagnan fait partie des 56 députés de gauche à avoir tenté, en vain, de déposer une motion de censure contre le gouvernement (il fallait 58 signatures). La Franc-Comtoise dénonce l’attitude « anti-démocratique » du gouvernement, qui a décidé d’utiliser l’article 49-3 pour faire adopter la loi Travail. « J’étais donc radicalement favorable à cette motion de gauche, fermement déterminée à la voter », assure la députée frondeuse, qui n’exclut pas de voter la motion de censure présentée par la droite. Interview.
Avez-vous hésité à signer cette motion de censure contre le gouvernement ?
« Ce n’était pas une évidence, mais depuis hier soir, c’est insupportable. Bien sûr, l’article 49-3 est constitutionnel, mais il est aussi anti-démocratique. On n’a même pas pu discuter du texte ! C’est extrêmement grave. Ses orientations ne permettront pas de réduire le chômage. Je suis totalement opposée à cette volonté d’inverser la hiérarchie des normes, de faciliter le licenciement et l’augmentation du temps de travail. C’est scandaleux d’arriver à ce point de reniement, de comportement anti-démocratique, qui s’ajoutent en plus à d’autres décisions comme la déchéance de nationalité. J’étais donc radicalement favorable à cette motion de gauche, fermement déterminée à la voter, d’autant plus qu’elle rassemblait des élus de plusieurs partis. »
Il n’y aura qu’une motion de censure soumise au vote demain, celle présentée par les députés de droite. Allez-vous la voter?
« Je considère qu’on a le droit de se poser la question. Quand on est acculé, qu’on n’a pas le droit de s’exprimer sur le texte, que la seule possibilité qu’on nous laisse, c’est se taire ou voter le texte… Je réfléchis ».
Que vous reste-t-il de commun avec ce gouvernement?
« Avec le Président de la République, ce gouvernement et la politique qu’ils mènent, rien ou presque. On est quand même 56 députés de gauche qui étaient prêts à déposer cette motion de censure. Certes ce n’est pas suffisant, mais c’est dire l’état de désapprobation de la façon de faire du gouvernement et du texte qu’on cherche à nous faire adopter de force. Comme je le dis souvent et j’y tiens, je ne résume pas les camarades qui sont encore dans mon parti à la politique qui est menée là. Des pratiques aussi anti-démocratiques, parfois autoritaires, des politiques qui sont non seulement libérales, mais en plus qui renient nos engagements, sans la moindre efficacité sur le chômage, c’est vrai que ça pose question pour les militants que nous sommes. C’est une insulte aux militants socialistes ».
Barbara Romagnan est la seule députée de Franche-Comté à avoir signé cette motion de défiance « de la gauche et des écologistes », qui dénonce le projet de loi Travail, qui « comporte un risque grave d’atteinte aux droits des salariés et à notre modèle social (…) et ouvre une brèche dans laquelle s’apprêtent à s’engouffrer tous les partis et les programmes de la droite, rêvant déjà d’une dérégulation encore plus forte du droit du travail ». Les signataires s’insurgent également contre le gouvernement qui « bafoue les droits essentiels du Parlement ».
Parmi les signataires, on retrouve des élus PS, d’ex-PS, des communistes et des écologistes principalement. Plusieurs élus de Bourgogne y figurent, notamment Christian Paul, Thomas Thévenoud et Edith Gueugnon, ou encore les anciens ministres Benoît Hamon, Marie-George Buffet, Cécile Duflot et Aurélie Filippetti (la liste complète ici).
Le projet de #MotionDeCensure de la gauche et des écologistes que nous aurions aimé déposer #DirectAN #LoiTravail pic.twitter.com/LQs1BfPJaO
— Laurent Baumel (@laurentbaumel) 11 mai 2016
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