Le Président de la République François Hollande n’a toujours pas officialisé le nom du prochain commissaire européen français. Une source à l’Elysée a confirmé ce jeudi à l’AFP que Pierre Moscovici, le député du Doubs, était bien le candidat « pré-désigné ». Mais l’ancien ministre de l’Economie et des Finances ne fait pas l’unanimité. La droite, majoritaire au Parlement européen, dénonce son bilan à la tête de Bercy. Et beaucoup plaident pour une candidature féminine, afin de favoriser la parité au sein de la Commission européenne que dirigera l’ancien Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, élu par le Parlement mardi.
Depuis son départ du gouvernement, Pierre Moscovici, ne cache pas son ambition bruxelloise. Il y a quelques jours, dans une tribune publiée sur Le Nouvel Obs, le député PS du Doubs se disait même « prêt » à une vice-présidence économique dans la future Commission européenne.
Les Etats membres doivent désigner d’ici fin juillet leur candidat pour intégrer l’équipe de Jean-Claude Juncker. La Commission européenne sera investie en octobre par le Parlement pour entrer en fonction début novembre.
Pour représenter la France, Pierre Moscovici est l’incontestable favori. Mais l’officialisation de sa candidature tarde, alors même que près de la moitié des pays européens ont déjà désigné leur représentant, notamment l’Allemagne et la Grande-Bretagne.
« Une aberration » pour les eurodéputés UMP
Ces derniers jours, l’hypothèse d’une candidature de Pierre Moscovici est à l’origine d’une passe d’armes entre eurodéputés français. Les élus UMP, membres du Parti populaire européen (majoritaire), ont estimé que cette nomination constituerait « une aberration » et donnerait une « très mauvaise image de la France ». « Après avoir tué la compétitivité et la croissance en France, comment pourrait-il aujourd’hui être le symbole de la compétitivité et de la croissance en Europe? », s’interrogent les eurodéputés UMP dans un communiqué.
« Nous n’acceptons aucune leçon des nombreux ministres de Monsieur Sarkozy, désormais eurodéputé-e-s, avec au sein de leur délégation, la cheville ouvrière du système
Bygmalion, Monsieur Lavrilleux », leur ont répondu les députés européens socialistes.
3 ou 4 femmes sur 28 commissaires
Surtout, la candidature de Pierre Moscovici se heurte à la question sensible de la parité. Dans l’état actuel des candidatures proposées par les Etats pour la Commission, il n’y aurait que trois ou quatre femmes sur 28 commissaires. « Si c’est le cas, la Commission n’aura pas la majorité au Parlement » européen, a averti son président social-démocrate Martin Schulz. « La situation est désespérante en ce qui concerne les candidatures féminines », a reconnu de son côté Jean-Claude Juncker.
Faut-il pour autant redonner du crédit aux candidatures de l’ancienne ministre Elisabeth Guigou et l’eurodéputée socialiste Pervenche Bérès? La première nommée, actuellement présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, assure qu’elle n’a « nullement été découragée par le président de la République ».
Rendre l’Europe « plus performante »
Dans sa récente tribune, Pierre Moscovici promet, en cas de nomination, de « réorienter [l’Europe] vers la croissance et l’emploi. Il faut la rendre plus performante. Le rêve est important bien sûr – comment pourrait-on minimiser ce qu’il représente ? – mais aujourd’hui, nous avons besoin de résultats autant que de rêve. »
Depuis son retour à l’Assemblée nationale, Pierre Moscovici a été chargée d’une mission parlementaire sur la contribution des politiques européennes à la croissance et à l’emploi.
Pierre Moscovici fut député européen de 1994 à 1997, puis ministre chargé des Affaires européennes dans le gouvernement de Lionel Jospin, de 1997 à 2002. (Avec AFP)
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