Produire du gaz de schiste en Europe n’offrirait pas « des retombées économiques et fiscales intéressantes » compte tenu de « l’environnement économique et des contraintes existantes »: telle est la conclusion d’un rapport parlementaire présenté aujourd’hui par son rapporteur, le député PS du Doubs Frédéric Barbier. La commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale a créé une mission afin de mesurer l’impact économique des hydrocarbures de schiste, sans se pencher sur la question environnementale.
« Entrepreneurs et experts estiment que si les Etats-Unis exploitent leur gaz de schiste à 4,5 dollars par Mbtu (l’unité de mesure pour le gaz, NDLR), compte tenu de l’environnement économique et des contraintes, notamment au niveau des normes environnementales, on en serait à 9 dollars en Europe alors que le gaz est actuellement
à 10 à 12 dollars sur le marché », a détaillé M. Barbier.
« Le différentiel n’est pas suffisant pour attendre des retombées économiques et fiscales intéressantes, il ne faut pas s’attendre à 100 ans de réserve de gaz en France », a-t-il ajouté.
« Il faut rendre les centrales thermiques au gaz de nouveau compétitives »
En revanche, le rapporteur de la mission préconise de « revoir le marché du carbone en Europe », actuellement à son cours le plus bas, ce qui favorise l’usage du charbon dans les centrales thermiques, en particulier en Allemagne.
« Il faut réajuster les quotas de carbone pour faire remonter les prix, afin qu’ils atteignent les 30 euros la tonne. Le cours du marché du carbone a chuté, or avec l’exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis, le charbon est devenu très abordable. Il faut rendre les centrales thermiques au gaz de nouveau compétitives, cela passe par une telle mesure », a précisé M. Barbier.
« La situation aux Etats-Unis devrait durer, on y estime les réserves de gaz de schiste à 93 ans de consommation, les prix du gaz y ont chuté de 30% sur les cinq dernières années, c’est un écart de compétitivité important qu’il faut réussir à compenser. Si l’Europe se lançait dans l’exploitation, il faudrait 10 ans pour un retour sur investissement », précise par ailleurs Frédéric Barbier.
Favorable à une reprise des recherches
Le député du Doubs, suppléant de Pierre Moscovici à qui il va bientôt redonner sa place à l’Assemblée, ne s’est pas montré opposé à ce que la recherche reprenne sur les gaz de schiste, afin d’en « savoir plus », suggérant que « l’exploration (puisse) être confiée à une structure publique afin d’être plus sereins concernant ce qu’ils feront ».
Une éventualité encore lointaine dans la mesure où, comme l’a rappelé M. Barbier, « le président de la République, l’a assuré, il n’y aura pas d’exploration avant la fin de son mandat, en 2017 ». (AFP)
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