A l’image de Pierre Moscovici, qui demande à PSA de « faire la clarté » sur la retraite chapeau « inappropriée » de Philippe Varin, les élus francs-comtois montent tour à tour au créneau face au groupe automobile. PSA a provisionné près de 21 millions d’euros pour la retraite complémentaire de son dirigeant, qui quittera son fauteuil de PDG courant 2014. « Une indemnité proche de l’indécence » pour le député PS de Haute-Saône Jean-Michel Villaumé. « Lorsque l’on veut être crédible sur des politiques d’économies, il faut commencer par se les appliquer à soi-même », juge de son côté le sénateur PS Martial Bourquin. Le député UMP Damien Meslot se dit lui « choqué que le Président de Peugeot ne commence pas par s’appliquer ces efforts à lui-même. »
PSA « est une entreprise française à laquelle les Français sont très attachés. Le gouvernement a aussi montré qu’il savait marquer sa solidarité puisque nous avons accordé une garantie d’Etat de 7 milliards d’euros pour la banque PSA finance qui irrigue le groupe », a rappelé Pierre Moscovici à la sortie du Conseil des ministres ce matin.
« On sait aussi les sacrifices consentis par les salariés de PSA. On connaît la situation du groupe et c’est la raison pour laquelle nous demandons que toute la clarté soit faite sur les conditions financières du départ de M. Varin, sur une éventuelle retraite chapeau », a poursuivi le ministre de l’Economie, élu du Pays de Montbéliard, berceau de Peugeot.
« Une indemnité proprement scandaleuse »
« Nous considérons que compte tenu à la fois des sacrifices qui ont été faits, compte tenu de la situation de l’entreprise, compte tenu de la garantie de l’Etat, qu’on est là dans des niveaux inappropriés. Nous le disons avec fermeté, nous demandons que le groupe fasse la clarté sur tout cela », a également déclaré Pierre Moscivici.
Jean-Michel Villaumé, député-maire d’Héricourt, estime pour sa part qu’ « une telle indemnité est proprement scandaleuse » et qu’elle doit être reconsidérée « afin de respecter la souffrance des familles dont les proches connaissent des difficultés dans l’emploi. »
« Le symbole de la forte injustice de traitements »
Les révélations sur le montant des retraites chapeaux des principaux dirigeants du groupe ont « scandalisé » Martial Bourquin, le sénateur-maire d’Audincourt. « Je demande solennellement à Monsieur Varin et aux cinq autres membres du Directoire de renoncer à ces retraites chapeaux qui deviennent le symbole de la forte injustice de traitements au sein même de cette entreprise », écrit-il dans un communiqué.
Une partie de la droite accable également le patron de PSA, à l’image de Damien Meslot, le député UMP du Territoire de Belfort: « A l’heure où l’entreprise connaît des difficultés et où les salariés traversent des heures difficiles, je n’admets pas que le principal dirigeant de l’entreprise puisse quitter le groupe avec autant d’argent », écrit-il sur les réseaux sociaux.
« Des idées fausses » se défend Philippe Varin
Philippe Varin, qui dit comprendre les réactions face à de tels chiffres, s’est défendu de tout comportement abusif, soulignant qu’elles reposaient sur « des idées fausses », au micro de France Info. « Je bénéficierai d’une retraite complémentaire, comme la plupart des cadres dirigeants de grandes entreprises. A ce titre, je percevrai un montant net annuel d’environ 300.000 euros net annuel (après impôts, NDLR). Je ne toucherai donc ni maintenant, ni plus tard, la somme des 21 millions d’euros dont on parle », a expliqué Philippe Varin.
Le patron de PSA a également rappelé qu’il ne toucherait « aucune indemnité de départ ». En 2011 et 2012, il a aussi renoncé à la part variable (bonus et stock-options) de son salaire, face aux mauvais résultats du groupe.
L’imbroglio qui se joue sur les planches de PSA interpelle jusque dans le monde patronal. Le Haut-Comité de gouvernement d’entreprise s’est ainsi saisi du cas Varin, a précisé le Medef. (avec AFP)
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