10 Nov

País Nòstre met de l’oc dans l’éco

L’occitan dans l’économie, c’est leur credo. Pour la seconde fois, le mouvement País Nòstre organise un colloque ce samedi 12 novembre sur le thème « La Région Occitanie, une force économique ». Un événement qui laisse place à d’autres initiatives, d’autres actions sur toute l’année, toujours dans le secteur économique.

Une action toute l’année

Peu avant le vote du nom de la Région Occitanie, une liste de 53 chefs d’entreprises qui s’engagent pour ce nom avait été publiée. País Nòstre y avait contribué. En tête de liste, on y retrouvait l’actuel président du stade toulousain René Bouscatel mais aussi des dirigeants des groupes Pierre Fabre, ACTIA, des dirigeants de toutes professions comme l’ancien rugbyman Gilles Bourguignon, PDG de la société “Le Fournil de Gilles” ou encore Christophe Barbier de la Coopérative “La Belle Aude”. Deux entreprises déjà récompensées par País Nòstre pour leurs actions en faveur de l’occitan.

 

Gilles Bourguignon a par exemple créée la collection « Trésors d’Occitanie » avec une brioche « la calina » (en référence aux coiffes des vigneronnes), mais aussi tout récemment « la crostada occitana » avec des explications sur le produit en occitan. Même chose pour « la Belle Aude », ex entreprise Pilpa de Carcassonne reprise par les ouvriers. Ils ont reçu la visite du mouvement occitan et un drapeau. D’autres entreprises seront ainsi honorées sur toute la nouvelle région.

Un colloque samedi 12 novembre

« Quand nous sommes allés le 24 juin dernier à Montpellier pour le vote du nom, nous avons pensé qu’il était important de voir quel avenir on pouvait donner à cette région dans le domaine économique. Il faut une identité, une culture pour l’accompagner, mais l’économie c’est primordial! ». Paroles de « Jaumet » alias Jacky Grau, l’un des acteurs de Païs Nòstre. Peu avant les régionales, le mouvement avait organisé un premier colloque à NarbonneCe samedi, de 8 h 30 à 18 heures, dans la salle des Synodes de l’hôtel de ville de Narbonne, Païs Nòstre donne la parole aux chefs d’entreprise pour un second colloque baptisé : « La Région Occitanie, une force économique ». La ville de Narbonne soutient cette manifestation.

Plusieurs thèmes seront abordés le matin comme « l’Economie régionale », « Les atouts de la viticulture, agriculture et agroalimentaire », en présence d’un autre ancien rugbyman (Laurent Spanghero) mais aussi de viticulteurs : Frantz Vénes (AOC Minervois), Alain Boullenger (AOC Gaillac), Jean-Pierre Fournier (AOC Corbières)…Et des coopérateurs : Christophe Barbier (Scop La Belle Aude), Yann Bertin (Coop Agri Bio).

L’après-midi, place à « l’Aménagement du territoire : comment les entreprises s’insèrent », animé par Jean-Pierre Laval, avec Gilles Bourguignon (PME Fournil de Gilles), Georges Dhers (économiste, Toulouse), Alain Péréa (Agglo Grand Narbonne). Viendra ensuite « Les atouts du tourisme en Occitanie », animé par Anne Boyer, avec Henry Forgues (de la revue « Escapades »), Philippe Calamel et Jean-Luc Davezac (mouvement politique Bastir).

Pour clôturer le colloque à 18H30, un concert du Troubadours Art Ensemble avec Sandra Hurtado-Ros (soprano, séfarades), Abdel Bouzbida (chant, maqâm), Gérard Zuchetto (chant, troubadour). Le spectacle « Lirica Mediterranea » réunit trois cultures (chrétienne, juive, arabe) autour de 4 musiciens.

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

 

04 Nov

Du nouveau pour le recours catalan contre le nom de la région Occitanie

Par décret, et après une consultation citoyenne, le nouveau nom de la région Occitanie a été adopté et publié au journal officiel le 28 septembre dernier. Auparavant, près de 10 000 catalans se sont retrouvés dans la rue pour signifier leur refus de ce nom et leur choix : Occitanie-Pays Catalan. Depuis, l’association citoyenne pour « Occitanie-Pays Catalan » a déposé un recours devant le conseil d’état. Il devrait être examiné d’ici la fin du premier semestre 2017. Mais une procédure a été lancée en référé pour demander la suspension du décret ministériel en attendant que le Conseil d’Etat ne se prononce.

© France 3 LR Les panneaux Occitanie pays catalan de la manifestation catalane

© France 3 LR Les panneaux Occitanie pays catalan de la manifestation catalane

Une délégation à Paris jeudi 3 novembre devant le juge des référés

Après le recours déposé fin septembre devant le Conseil d’Etat, une délégation catalane s’est rendue hier à Paris pour plaider sa cause devant le juge des référés, accompagnée par leur avocat maître Alain Monod. Dans la délégation, le collectif « Oui à Occitanie-Pays- Catalan », la présidente du conseil départemental des Pyrénées-Orientales, le maire de Perpignan et 2 députés. Ils contestent donc la nouvelle appellation, et demandent la suspension du décret qui l’officialise en procédure d’urgence. Il y avait également en face un représentant du Ministère de l’Intérieur mais pas du Premier Ministre. Pour que la suspension (et non l’annulation) soit prononcée, il faut 2 éléments :

  • un caratère d’urgence qui existe selon eux avec cette colère catalane qui ne retombe pas et qui risque de dégénérer. Une manifestation est d’ailleurs prévue à Perpignan ce week-end.
  • un doute sérieux sur la légalité de la décision

Sur un plan juridique

Le juge des référés a demandé au Ministère que lui soit communiqué mardi au plus tard les 2 procès-verbaux des délibérations du conseil régional : celle du 15 avril qui met en place la procédure de la consultation et celle du 24 juin sur le vote du nom de la région. Plus étonnant, il aurait aussi demandé un document « scientifique » (sic) prouvant les différences entre Occitan et Catalan. C’est Maître Alain Monod, nommé avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation en 1984 qui est en charge de ce dossier. Nous l’avons joint au téléphone. Selon lui, il y a plusieurs éléments qui posent problème en termes juridiques :

  • le Premier Ministre n’aurait pas exercé son autorité en se contentant de suivre le vote de l’assemblée régionale. Ceci alors qu’un premier projet de décret exprimait le choix du nom « Languedoc »
  • le fait que dans sa jurisprudence sur les noms de communes et des départements, le Conseil d’Etat exigeait qu’il y ait soit une référence à l’Histoire, soit à la Géographie. Pour Alain Monod, Occitanie ne fait référence ni à l’un, ni à l’autre. Ce qui pourrait se discuter, notamment sur un plan historique.
Maître Alain Monod Photo : site de l'avocat

Maître Alain Monod Photo : site de l’avocat

La loi portant sur la réforme territoriale quant à elle ne faisait aucune mention sur les critères que l’on devait prendre en compte pour le noms des régions. Maître Monod qui est originaire de Castelnaudary est malgré tout assez optimiste : « Le juge des référés a été impressionné par le fait que la délégation était composée d’élus de tous bords, que sur 226 communes que compte le département 216 ont appuyé le recours. Ensuite le nom Occitanie est un nom exclusif et non inclusif. Il rejette les Catalans »

Sur ce point, il serait tout de même étonnant que le juge des référés se prononce pour la suspension du décret et donc du nom Occitanie. Ce serait la reconnaissance implicite de l’existence d’une communauté catalane, d’un peuple catalan. Or, le Conseil d’Etat qui date de Napoléon 1er s’est fondé sur la négation de toute communauté. En France, le peuple est souverain et, vous l’aurez compris, il n’existe qu’un seul peuple en France : le peuple français !

La procédure en référé sera examinée en fin de semaine prochaine. S’il y a rejet, il faudra attendre la fin du premier semestre 2017 pour que le Conseil d’Etat se prononce. Si elle est acceptée, le nom sera suspendu -mais pas annulé- jusqu’à cette même décision.

Lo Benaset @Benoit1Roux

National Geographic s’intéresse à l’Occitanie

Le prestigieux magazine américain National Geographic va consacrer son prochain numéro à l’Occitanie. Dans sa version Traveller, il a confié à Ben Lerwill le soin de rédiger un article sur l’Occitanie, depuis qu’une région a choisi ce nom. Le journaliste anglais était en Occitanie la semaine dernière pour y rencontrer différents acteurs. Ce n’est pas la première fois qu’il vient en France et qu’il s’intéresse à l’occitan.

Philippe Sour et Ben Lerwill devant les locaux de La Talvera Photo : Christian Rivière

Philippe Sour et Ben Lerwill devant les locaux de La Talvera Photo : Christian Rivière Tarn Tourisme

De Montpelhièr cap a Tolosa… en passant per Tarn

National Geographic existe depuis 1888 aux USA et depuis 1999 pour sa publication française. Le mensuel a demandé à Ben Lerwill d’écrire un article assez conséquent (2750 mots) sur l’âme de la nouvelle région Occitanie : ses traditions, le caractère de la région, ses habitants, comment celle-ci a évolué dans l’histoire, ses atouts, ses aspects touristiques… Il a été guidé par différents offices de tourisme, par le Comité Départemental du Tourisme du Tarn qui l’ont amené à rencontrer des acteurs locaux occitanophones ou pas. Le journaliste est arrivé à Montpellier en milieu de semaine dernière où il a passé un peu de temps, puis du 29 au 31 octobre il s’est déplacé dans l’ex-région Midi-Pyrénées.

Samedi, il a eu droit à une visite de la bastide de Revel (1342) en anglais, puis une promenade plus bucolique au lac de Saint Ferréol avec un petit tour au « Musée et jardins du Canal du Midi », pour terminer la journée à l’abbaye-école de Sorrèze. Tout ceci en anglais et en français. Pour l’occitan, il a fallu attendre dimanche et un parcours sur Albi (la ville, le musée Toulouse-Lautrec, la cathédrale Sainte-Cécile), puis Cordes l’après-midi avec une halte chez La Talvera, au son de la bodega de Daniel Loddo.

Photo : Christian Rivière

Photo : Christian Rivière Tarn Tourisme

Ensuite direction le vignoble du gaillacois chez le viticulteur Claude Lombard où il a aussi rencontré Patrick Hutchinson l’auteur de nombreux spectacles sur la Crozada. J’étais là-aussi pour lui parler de Viure al país, des émissions en occitan de France 3. Nous avons même visionné plusieurs épisodes de BIAIS, la série co-produite avec Piget. Ben a été très impressionné par la recette de pastis (gâteau) sur le Causse de Limogne en Quercy ! Sur cette journée, Philippe Sour -chargé de mission pour l’occitan au conseil départemental du Tarn- lui a servi de guide avec Christian Rivière du Comité Départemental du tourisme du Tarn. L’opération était coordonnée par le Comité Régional du Tourisme Occitanie qui a été sollicité directement par le mensuel.

Lundi direction Toulouse, les principaux lieux, la basilique Saint-Sernin puis l’Ostal d’Occitània où il a pu s’entretenir avec Romain Brunel.

Ben Lerwill, un jornalista que coneis un pauc l’occitan

Voilà 4 ans, Ben Lerwill se trouve à Toulouse. Il prend le métro et entend une voix qui l’interpelle. The station names come first in French – that much I can handle – then in a similar but more elastic dialect; French spliced with an offshoot of something a little rawer. Fontaine-Lestang becomes ‘Font de l’Estanh’. Borderouge twangs into ‘Bordaroja’. I’m stumped. What tongue is this?  Les noms des stations viennent d’abord en français -autant que je puisse l’entendre- puis dans un dialecte similaire, mais plus élastique… Je suis perplexe. Quelle langue est-ce?

Photo : uk.linkedin

Photo : uk.linkedin

Ben trouve ensuite un magazine qui parle de l’occitan… Il se rend à la librairie occitane, rue du Taur. Jérôme Thourel lui explique alors l’origine de cette langue et ses locuteurs aujourd’hui. L’article se poursuit avec l’histoire de cette langue et son apparition dans le métro toulousain. 

Avec ce nouvel article, le journaliste anglais fait donc un retour aux sources. Certainement moins surpris qu’en 2013 par la langue occitane mais sans doute encore étonné qu’une région française ait choisi ce nom. Nous en saurons plus sur ses impressions quand l’article paraîtra en décembre ou janvier.

Lo Benaset @Benoit1Roux

03 Nov

Sous le soleil du Midi Tome 2

André Coste vient de publier le Tome II de son livre : « Sous le soleil du midi ». En français et en occitan, il y dépeint le pays de Cocagne de ses grands parents et leur vie au quotidien.

Après le Tome I « La Belle Epoque » 1912 où il retrace la vie en zone rurale du côté de Brousse et Graulhet dans les année 1895-1910, place aux « Années Rouges », des prémices de la guerre jusqu’au lendemain (1912-1919).

Natif de Brousse, André Coste est un ancien éducateur spécialisé, titulaire d’une maîtrise en science économique. Il est passionné d’ornithologie et d’entomologie. Les 2 livres sont publiés par la Société des écrivains.

 

25 Oct

Vox Bigerri se met au rythme Black

Il s’appelle Jim, il n’est pas black mais il a le sens du rythme, de l’ouverture, de l’exploration, des découvertes. Jim Black est l’un des grands batteurs de jazz américains à l’énergie explosive et l’esprit ouvert. Il va se produire bientôt avec le groupe polyphonique Vox Bigerri pour un projet innovant. Ça s’appelle TIÒ et nos oreilles sont déjà tout ouïe.

Des défricheurs

Depuis plus de 10 ans Vox Bigerri prend les chemins de traverse, là où on les attend pas : chants sacrés, chansons de table, musique traditionnelle, contemporaine. Toujours en mouvement, même quand les chants ne pulsent pas. De son côté, Jim Black, un batteur solide élevé à Seattle, rapidement parti dans l’exploration de nouveaux sons, de rythmes atypiques, avec une place pour l’électronique. Un musicien qui a digéré beaucoup de savoirs-faire traditionnels. Fabrice Lapeyrere (Vox Bigerri) est lui même batteur et grand fan de l’énergie et des sons déployés par le créateur du groupe AlasNoAxis. Il le rencontre lors de dédicaces, lui écrit. Lapeyrere (La Peirièra) sème plein de cailloux! Un jour, il en jette un et envoie des morceaux de Vox Bigerri à Jim, espérant une collaboration. Depuis quelques mois, le projet TIÒ est validé. Une création pour 5 voix et batterie.

Vox Bigerri Photo : dossier de presse

Vox Bigerri   Photo : Pierre Montagnez

TIÒ qu’es aquò?

« C’est le jeu si particulier de Jim Black, très ouvert, très souple, qui fait écho à la conception pyrénéenne du rythme. » cf dossier de presse. Et les chants pyrénéens manquent parfois de pulsation. L’idée est donc de revigorer tout ça, faire bouger les lignes rythmiques, donner du mouvement, avec des espaces de libertés propices aux rebonds. Ce TIÒ (oui en gascon) est un appel à la liberté. Comme celle de Vox qui mêle chants traditionnels et collaborations avec des musiciens contemporains. Dans ce répertoire traditionnel revivifié, on trouvera des chants à danser tustats per la bateria. Un branle du Béarn (La baish en tèrra plana), un rondeau de Samatan (la chora e lo pinsan), un chant méconnu de l’Armagnac manhac (Pèire de Mirondèu). Mais aussi des chants de tables sortables comme Adishatz camaradas ou encore Sendèrs de tèrra nèra, une belle composition de Jean-Claude Coudouy (le fameux Hilh de Puta !) sur laquelle Vox a réécrit des paroles. Sans oublier des créations signées par les membres de Vox, la Breçairòla de Loisa Paulin mise en musique par Fabrice Lapeyrere et un morceau de Jim Black Star rubbed. Plus étonnant encore, des reprise jazz de Strange Fruits rendu célèbre par Billie Holiday ou India de John Coltrane. Black sur les traces de ses « ancêtres » !

« Le jazz, c’est aller plus loin. Il s’agit toujours d’aller de l’avant. Nous sommes le produit de ceux qui étaient là avant nous, nous avons nos propres idées que nous combinons avec celles des générations précédentes et nous avançons. Il s’agit toujours de dépasser la frontière. » Jim Black

Jim Black et Vox Bigerri seront en résidence à l’Omnibus de Tarbes le 10 novembre avec un concert le 11 à 19H. Ensuite, plusieurs dates sont prévues en 2017, pourquoi pas un disque… L’occasion pour Jim de faire une belle balade pyrénéenne et pour Vox de poursuivre ses chemins bartassièrs.

Lo Benaset @Benoit1Roux

22 Oct

Langues régionales sorties du projet de loi relatif à l’égalité et à la citoyenneté

Le projet de loi égalité et citoyenneté a été adopté mardi au Sénat. Il devait être un marqueur de gauche, finalement s’il reste en l’état, il est porteur d’ idéologies plutôt à droite. Il contient une série de mesures pour la jeunesse, la mixité sociale ou contre les discriminations… Plusieurs amendements et articles avaient été déposés par les défenseurs des langues régionales. Il n’en reste plus un seul depuis le vote. Ce qui n’augure rien de bon pour la proposition de loi de la députée PS Annie Le Houérou. 

Photo : site Public sénat

Photo : site Public sénat

On se souvient du tremblement de terre provoqué par l’article 45 déposé un peu en catimini par le député PS Victorin Lurel qui voulait instaurer des quotas de musiques en langues régionales pour les radios. Cet article a tout bonnement été supprimé. Même sort pour l’article 35 et un amendement « pour préciser que le fait d’organiser des actions de formation professionnelle en langue régionale ne peut être appréhendé comme une mesure de discrimination. En cohérence, un second amendement a été adopté pour inscrire les actions d’apprentissage et d’amélioration de la maîtrise des langues régionales dans le contenu de la formation professionnelle. ». Ne restait plus que quelques amendements déposés en réaction à ces suppressions… Pas de miracle là non plus, aucun n’a été adopté !

Exit le Le 68 rect : « Tous les services publics, les collectivités territoriales et leurs groupements, les entreprises et leurs institutions sociales, les associations et les organisations syndicales et professionnelles concourent à l’élaboration et à la mise en œuvre de ces actions dans leurs domaines d’action respectif. Le fait d’organiser des actions de formation professionnelle en langues régionales de France ne peut être considéré comme une mesure de discrimination. » Idem pour le 283, le 534 et le 555 qui reprend en partie des éléments de l’article 35 sur la formation professionnelle et la possibilité de les organiser dans une langue régionale sans que ce soit discriminant.

Et pas mieux pour un amendement a été déposé par le groupe écologiste qui visait à introduire dans le code du travail un article prévoyant que « le fait pour une offre d’emploi de réclamer la connaissance d’une langue régionale ou étrangère ne saurait être interprété comme une mesure de discrimination ».

Certes les langues régionales n’étaient qu’une partie « anecdotique » du texte, moins importante sans doute que l’obligation d’avoir au moins 25% de logements sociaux dans une ville ou encore un amendement du gouvernement destiné à élargir le délit d’entrave à l’IVG aux sites Internet qui véhiculent des informations biaisées sur l’avortement, eux aussi supprimés ! La gauche reproche donc à la droite d’avoir dévoyé ce texte. Il va désormais faire l’objet d’une commission mixte paritaire chargée de trouver un accord entre les deux chambres. En cas d’échec l’assemblée nationale aura le dernier mot. 

Quant à la proposition de loi N°4096 d’Annie Le Houérou et Bruno Le Roux et signée par 140 députés, elle attend toujours son inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale pour ensuite aller au sénat…

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

20 Oct

La ligne 4 du tramway de Montpellier en occitan

Ceux qui prennent la ligne 4 du tramway à Montpellier peuvent y entendre de l’occitan. Depuis son inauguration en juin, les annonces sont bilingues. Elles sont toujours en français sur les 3 autres lignes. 

Sonque la linha 4

La ligne 4 passe par la « boucle du Lez » entre Corum et Rives du Lez et la « boucle des Prés-d’Arènes ». Cette nouvelle ligne qui fait le tour de la ville comporte 18 stations, et donc 18 annonces en occitan.
ligne_4_tram_montpellier
« Tout ce qui est dit en français l’est aussi en occitan », nous dit Guy Barral en charge de l’occitan dans l’équipe de Philippe Saurel. La voix occitane est celle de Stella Fontana chargée de diffusion au théâtre TIO La Rampe. Les traductions ont été faites par l’université Paul Valéry.
Stella Fontana Photo : TIO La Rampe

Stella Fontana Photo : TIO La Rampe

 Pour l’instant, pas d’occitan sur les autres lignes, pour des raisons techniques liées au système informatique qui n’est pas le même. « Dès que ce sera possible techniquement, nous le ferons. Mais on ne peu pas donner une date. mais pour la ligne 5 prévue à l’échéance 2020-2021, il y en aura. » Guy Barral a eu quelques réactions, positives et négatives mais globalement, cette nouveauté a été bien acceptée, visiblement mieux qu’à Toulouse au tout début.
Mobilizacion tre 2013

Une pétition en ligne avait été lancée dès 2013 « Pour un tramway bilingue Français/Occitan à Montpellier ». Sur le site on peut lire « Perque l’occitan es nòstre patrimòni, perque los elegits son daccòrdi amb aqueste projècte. Nos cal capitar de far aquò a Montpelhièr, es ja fach a Tolosa e Niça, alara qu’esperam? » Parce que l’occitan est notre patrimoine, parce que les élus sont d’accord avec ce projet. Nous devons le faire aboutir à Montpellier, c’est déjà fait à Toulouse et Nice, alors qu’attendons-nous? Elle avait recueilli 1419 signatures.

Lo Benaset @Benoit1Roux

© Montpellier metropole Un tramway de la ligne 4 de Montpellier sur le nouveau tronçon du bouclage - juin 2016

© Montpellier metropole Un tramway de la ligne 4 de Montpellier sur le nouveau tronçon du bouclage – juin 2016

19 Oct

Montségur le 16 octobre en images

Plus de 600-700 personnes dimanche à Montségur pour la cérémonie de demande de pardon de l’église d’Ariège pour ce qui s’est passé à Montségur. Retour en images sur cette journée.

Aqui l’alba de la victòria

Menam vostra lucha avuèi :

Minoritats contra l’Empèri

Indians de totas las colors

descolonizarem la tèrra :

Montsegur, te dreiças pertot !

Autour de Marti Photo : Lo Benaset

Autour de Marti Photo : Lo Benaset

Matin de la cérémonie Photo : Lo Benaset

Matin de la cérémonie Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Edouard de Laportalière (curé de Lavelanet) et Patrick Lasseube Photo : Lo Benaset

Edouard de Laportalière (curé de Lavelanet) et Patrick Lasseube Photo : Lo Benaset

Jòrdi Passerat Photo : Lo Benaset

Jòrdi Passerat Photo : Lo Benaset

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Foule à l'extérieur Photo : Lo Benaset

Foule à l’extérieur Photo : Lo Benaset

Murien Batbie Castell per lo Nòstre Paire Photo : Lo Benaset

Murien Batbie Castell per lo Nòstre Paire Photo : Lo Benaset

Tèrra Maïre chantant Lo Boièr Photo : Lo Benaset

Tèrra Maïre chantant Lo Boièr Photo : Lo Benaset

recueillement au pog Photo : Lo Benaset

recueillement a la prada Photo : Lo Benaset

L'évêque a la prada Photo : Lo Benaset

L’évêque a la prada Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Pot de l'amitié Photo : Lo Benaset

Pot de l’amitié Photo : Lo Benaset

16 Oct

Le laurier a bien reverdi à Montségur

Ce dimanche 16 octobre restera un jour historique. Ce n’est pas tous les jours que l’Eglise demande pardon pour des crimes commis et ça fait presque 800 ans que les Bonshommes dits « cathares » attendaient cette repentance. Les Occitans aussi. Retour sur cette journée pleine de symboles et d’émotions, marquée par l’évêque de Pamiers Jean-Marc Eychenne avec  des mots, des gestes, pleins d’humanité.

Prélude

Les nuages avaient du mal à se dissiper quand je suis arrivé à Montségur. Ce qui frappe d’entrée, c’est la beauté du site, ses maisons souvent ornées de croix occitanes et des « oustals » mis à toutes les orthographes.

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Ce matin, non loin de l’église, les Occitans ont pris place. Des stands, de l’animation et déjà quelques personnes qui flânent. Dans les rues enchevêtrées de Montségur, on entend l’occitan mais beaucoup l’anglais, l’allemand, le néerlandais… Pour faire patienter, le groupe Fontanet de Monségur joue ses créations, revisite Moussu T, Lluis Llach, Los Pagalhós. Je croise beaucoup de caméras.

14H Les premiers rayons percent, timides, encore froids. L’évêque Jean-Marc Eychenne fait lui aussi son apparition, le geste avenant, sourire aux lèvres. Il se prête volontiers aux interview.

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Parle de repentance, de ces crimes, ces souffrances intolérables, indéfendables commis par l’Eglise. De ces chrétiens pas tout à fait comme les autres, que l’Eglise a pourchassé, jusqu’à les faire mourir sur un bûcher… Parle de l’Histoire qui ne manquera pas de juger quelques siècles plus tard les faits commis aujourd’hui, ces migrants que l’on se doit d’accueillir.

15H La place de Monségur est désormais bien ensoleillée, noire de monde. On se presse pour rentrer dans l’église. Les forces de l’ordre sont omniprésentes, fouillent et refouillent, ont inspecté l’église dans les moindres recoins. Presque 200 personnes à l’intérieur, 400 à l’extérieur… Edouard de Laportalière et Monseigneur Eychenne donne des poignées de main, des signes de fraternité. A des fidèles, mais aussi des non-croyants, des politiques, des occitans, beaucoup d’étrangers. J’ai rencontré des personnes venues spécialement de Suisse, de New-York, d’Allemagne, de Catalogne, d’Espagne, d’Angleterre, dont un grand gaillard de deux mètres avec un écusson « catars ». Le silence commence à remplir l’église.

15H20 Edouard de Laportalière puis l’évêque formulent leur demande de pardon. Un tau du christ pendu autour du cou (signe cher aux disciples de Saint François d’Assise).

L'évêque qui porte le tau Photo : Lo Benaset

L’évêque qui porte la croix en tau Photo : Lo Benaset

Il y a cette image forte de Jean-Marc Eychenne et 2 prêtres, face au chœur, à genoux sous le regard d’un diacre venu avec sa fille…

Les mots de l’évêque sont forts : « Sous les cendres, les braises sont encore chaudes. Le feu de l’injustice brûle encore. » Ils savent être simples :  « nous avons le désir de tendresse et de paix », il cite Hannah Arendt qui a analysé « la banalité du mal ». « Nous demandons la capacité de pleurer, de briser la glace de nos indifférences.. Que la pluie de nos larmes éteignent le feu ». Une homélie empreinte d’humanité et de mots justes, faisant parfois référence aux troubadours, à leur poésie, à l’Occitanie et ses valeurs. A ces « rames de laurier qui pourraient reverdir ».

 

15H30 Muriel Batbie entonne a capella le « Jésus Christ » de Guiraut Riquier, tout en retenue et nuances. L’église en frisonne encore. Les portables s’agitent pour prendre des photos, une dizaine de caméras filment l’événement. Elle vient réciter le « Nòstre paire » qui date du XIIIème siècle.

L’émotion a gagné l’église. Après plusieurs gestes de fraternité, un « Boièr » plaintif et prenant chantée par Béatrice et Marie-Ange Lalanne vient clôturer la cérémonie.

 

16H, direction La Prada, pour une marche silencieuse, sur les hauteurs du village, en contrebas du château. Certainement le lieu où périrent les 225 Parfaits en mars 1244. Le maire de Montségur fait le comptage : plus de 600 personnes, sans compter ceux qui n’ont pas pu ou voulu monter de l’église.

Xavier Vidal, Claude Roméro, Nicolas Desvenain et d’autres jouent de la musique au pied du pog. Le Se Canta est repris par toute l’assistance, une branche de laurier à la main. Le recueillement et l’émotion sont grands. On voit plusieurs personnes, notamment des jeunes complètement pris par la cérémonie. L’évêque est encore là, toujours souriant. Surprise : Marti dégaine sa guitare et chante…Montségur !

17 H, la journée se termine au foyer pour le pot de la Convivencia. L’Eglise a mis du temps pour se faire pardonner mais la personnalité de Jean-Marc Eychenne ne laisse aucune ambiguïté sur la sincérité du geste.

Le dernier Parfait Guilhem Bélibaste l’avait prédit : « Al cap de 700 ans, verdejarà lo laurèl ». Au bout de 700 ans, le laurier a bien reverdi à Montségur. Et ses ramifications pourraient être nombreuses.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

12 Oct

La repentance de Montségur

Dimanche 16 octobre, l’Eglise d’Ariège fera acte de repentance, c’est à dire une manifestation publique d’un sentiment personnel (le repentir) pour une faute commise et dont elle veut demander pardon. La faute, c’est bien évidemment le sort réservé aux Bonshommes (appelés cathares plus tard) par l’Inquisition lors de la croisade, et donc particulièrement à Montségur le 12 mars 1244 lorsque plus de 200 Parfaits ont été brûlés. Un acte symbolique, fort, de la part de l’évêque de Pamiers Jean-Marc Eychenne qui n’arrive pas par hasard.

La cérémonie du 16 octobre

Ce dimanche vers 15H, la petite église de Montségur risque de ne pas être assez grande. La cérémonie œcuménique ne sera pas une messe mais beaucoup de curés d’Ariège seront présents aux-côtés de Monseigneur Eychenne. Il lira un texte, écrit de manière collective, avec Edouard de Laportalière (curé de Lavelanet) mais aussi en étroite relation avec plusieurs membres de Convergéncia Occitàna. L’office ne sera donc pas que religieux, l’église pas seulement remplie de chrétiens.

Muriel Batbie Castell Photo : Georges Souche

Photo : Georges Souche

Muriel Batbie Castell  qui a contribué à ce que cette journée soit possible, interviendra à plusieurs reprises. Elle lira le « Nòstre Paire » du XIIIème siècle dont le manuscrit se trouve à Lyon et chantera le « Jesus Christ » de Guiraut Riquier considéré comme l’un des derniers troubadours. Lui qui a connu la Croisade et donc l’Inquisition, obligé de se réfugier en Espagne à la cour d’Alphonse X dit « Le sage ». Il nous a laissé ce texte, avec la musique. A la toute fin de l’office, Béatrice Lalanne interprétera « Lo Boièr ».

Ensuite une marche silencieuse se fera jusqu’à la Prada, au pied du pog, le lieu où les 225 bons crestians e bonas crestianas ont péri brûlés. Une procession avec des branches de laurier, au son du Graile e de la Bodèga de Xavier Vidal et Claude Roméro. Un pot de la fraternité se fera ensuite à la salle des fêtes du village.

Les antécédents

Pour le jubilé de l’an 2000, Jean-Paul II avait fait lui aussi acte de repentance pour des faits commis par l’Eglise, notamment par rapport aux Vaudois mais jamais les Bonshommes n’ont été évoqués. Un acte qui venait après le « Manifeste pour la réconciliation », une lettre ouverte adressée au pontife par plusieurs occitanistes.

Pendant 3 ans, le village de Roquefixade (09) a organisé un débat public sur le catharisme. En 2007 le prédécesseur de Jean-Marc Eychenne (Marcel Perrier) a participé à la « Disputatio », controverse publique et œcuménique sur le thème de la Croisade et les exactions commises par l’Eglise. Le maire de Roquefixade Yves Maris en était à l’origine et l’occitaniste Patrick Lasseube l’animateur. Une première pierre dans le jardin de l’évêché d’Ariège.

Il y a peu, la chanteuse Mauriel Batbie Castell qui réside non loin de l’église de Montgaillard a rencontré Edouard de Laportalière. « Vegèt de tira l’interes. Se parlèt de far quicòm per l’annada de la misericòrda e l’avesque acceptèt. Es un grand umanista, dins la dralha del papa François. » Une petite équipe s’est alors constituée, avec Convergéncia et la municipalité de Montségur. Un travail d’échanges sur plusieurs mois et au printemps 2016, la date du 16 octobre a été fixée.

2016 Année de la Miséricorde

Cette journée s’inscrit donc dans la démarche miséricordieuse du pape François qui s’est exprimé en plusieurs lieux ces derniers mois. Il a demandé que 2016 soit l’année de la miséricorde partout dans le monde. Dans un communiqué, l’Eglise d’Ariège indique que :

« elle veut simplement reconnaître les erreurs qui ont pu été commises. Dans une période où il ne pouvait y avoir d’autre religion que celle du roi par soucis d’unité du royaume, une nouvelle « Eglise » ne pouvait avoir sa place. ce pouvoir temporel de l’Eglise est un premier contre-témoignage. L’appel au bras séculier pour réprimer l’hérésie est un deuxième que nous devons regretter. Ce ne peut jamais être une option chrétienne que de proclamer la foi ou de la défendre par la contrainte.

En tous cas, la démarche -même limitée pour l’instant à l’Ariège- ne laisse pas insensible. Ce n’est sans doute pas un hasard si depuis l’annonce de cette journée, on a entendu parler des cathares sur France Culture, puis sur KTO le 2 octobre. Muriel Batbie se fait l’écho de ce que beaucoup de personnes qui seront là dimanche pensent :  « Per ieu, es una paraula importanta. Avèm besonh de paraulas quand se son passats de causas grèuas. De traumatisme tals coma Esclarmonda de Foish, sortida de tèrra per la cramar… La nafradura es granda e demòra. Cal de paraulas. » Une première étape sera franchie le 16 octobre, en espérant qu’elle en appelle d’autres, notamment du côté du Vatican.

Lo Benaset @Benoit1Roux

France culture : http://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/1966-les-cathares-reviennent

KTO : http://www.ktotv.com/video/00107323/les-cathares