25 Oct

Vox Bigerri se met au rythme Black

Il s’appelle Jim, il n’est pas black mais il a le sens du rythme, de l’ouverture, de l’exploration, des découvertes. Jim Black est l’un des grands batteurs de jazz américains à l’énergie explosive et l’esprit ouvert. Il va se produire bientôt avec le groupe polyphonique Vox Bigerri pour un projet innovant. Ça s’appelle TIÒ et nos oreilles sont déjà tout ouïe.

Des défricheurs

Depuis plus de 10 ans Vox Bigerri prend les chemins de traverse, là où on les attend pas : chants sacrés, chansons de table, musique traditionnelle, contemporaine. Toujours en mouvement, même quand les chants ne pulsent pas. De son côté, Jim Black, un batteur solide élevé à Seattle, rapidement parti dans l’exploration de nouveaux sons, de rythmes atypiques, avec une place pour l’électronique. Un musicien qui a digéré beaucoup de savoirs-faire traditionnels. Fabrice Lapeyrere (Vox Bigerri) est lui même batteur et grand fan de l’énergie et des sons déployés par le créateur du groupe AlasNoAxis. Il le rencontre lors de dédicaces, lui écrit. Lapeyrere (La Peirièra) sème plein de cailloux! Un jour, il en jette un et envoie des morceaux de Vox Bigerri à Jim, espérant une collaboration. Depuis quelques mois, le projet TIÒ est validé. Une création pour 5 voix et batterie.

Vox Bigerri Photo : dossier de presse

Vox Bigerri   Photo : Pierre Montagnez

TIÒ qu’es aquò?

« C’est le jeu si particulier de Jim Black, très ouvert, très souple, qui fait écho à la conception pyrénéenne du rythme. » cf dossier de presse. Et les chants pyrénéens manquent parfois de pulsation. L’idée est donc de revigorer tout ça, faire bouger les lignes rythmiques, donner du mouvement, avec des espaces de libertés propices aux rebonds. Ce TIÒ (oui en gascon) est un appel à la liberté. Comme celle de Vox qui mêle chants traditionnels et collaborations avec des musiciens contemporains. Dans ce répertoire traditionnel revivifié, on trouvera des chants à danser tustats per la bateria. Un branle du Béarn (La baish en tèrra plana), un rondeau de Samatan (la chora e lo pinsan), un chant méconnu de l’Armagnac manhac (Pèire de Mirondèu). Mais aussi des chants de tables sortables comme Adishatz camaradas ou encore Sendèrs de tèrra nèra, une belle composition de Jean-Claude Coudouy (le fameux Hilh de Puta !) sur laquelle Vox a réécrit des paroles. Sans oublier des créations signées par les membres de Vox, la Breçairòla de Loisa Paulin mise en musique par Fabrice Lapeyrere et un morceau de Jim Black Star rubbed. Plus étonnant encore, des reprise jazz de Strange Fruits rendu célèbre par Billie Holiday ou India de John Coltrane. Black sur les traces de ses « ancêtres » !

« Le jazz, c’est aller plus loin. Il s’agit toujours d’aller de l’avant. Nous sommes le produit de ceux qui étaient là avant nous, nous avons nos propres idées que nous combinons avec celles des générations précédentes et nous avançons. Il s’agit toujours de dépasser la frontière. » Jim Black

Jim Black et Vox Bigerri seront en résidence à l’Omnibus de Tarbes le 10 novembre avec un concert le 11 à 19H. Ensuite, plusieurs dates sont prévues en 2017, pourquoi pas un disque… L’occasion pour Jim de faire une belle balade pyrénéenne et pour Vox de poursuivre ses chemins bartassièrs.

Lo Benaset @Benoit1Roux

22 Oct

Langues régionales sorties du projet de loi relatif à l’égalité et à la citoyenneté

Le projet de loi égalité et citoyenneté a été adopté mardi au Sénat. Il devait être un marqueur de gauche, finalement s’il reste en l’état, il est porteur d’ idéologies plutôt à droite. Il contient une série de mesures pour la jeunesse, la mixité sociale ou contre les discriminations… Plusieurs amendements et articles avaient été déposés par les défenseurs des langues régionales. Il n’en reste plus un seul depuis le vote. Ce qui n’augure rien de bon pour la proposition de loi de la députée PS Annie Le Houérou. 

Photo : site Public sénat

Photo : site Public sénat

On se souvient du tremblement de terre provoqué par l’article 45 déposé un peu en catimini par le député PS Victorin Lurel qui voulait instaurer des quotas de musiques en langues régionales pour les radios. Cet article a tout bonnement été supprimé. Même sort pour l’article 35 et un amendement « pour préciser que le fait d’organiser des actions de formation professionnelle en langue régionale ne peut être appréhendé comme une mesure de discrimination. En cohérence, un second amendement a été adopté pour inscrire les actions d’apprentissage et d’amélioration de la maîtrise des langues régionales dans le contenu de la formation professionnelle. ». Ne restait plus que quelques amendements déposés en réaction à ces suppressions… Pas de miracle là non plus, aucun n’a été adopté !

Exit le Le 68 rect : « Tous les services publics, les collectivités territoriales et leurs groupements, les entreprises et leurs institutions sociales, les associations et les organisations syndicales et professionnelles concourent à l’élaboration et à la mise en œuvre de ces actions dans leurs domaines d’action respectif. Le fait d’organiser des actions de formation professionnelle en langues régionales de France ne peut être considéré comme une mesure de discrimination. » Idem pour le 283, le 534 et le 555 qui reprend en partie des éléments de l’article 35 sur la formation professionnelle et la possibilité de les organiser dans une langue régionale sans que ce soit discriminant.

Et pas mieux pour un amendement a été déposé par le groupe écologiste qui visait à introduire dans le code du travail un article prévoyant que « le fait pour une offre d’emploi de réclamer la connaissance d’une langue régionale ou étrangère ne saurait être interprété comme une mesure de discrimination ».

Certes les langues régionales n’étaient qu’une partie « anecdotique » du texte, moins importante sans doute que l’obligation d’avoir au moins 25% de logements sociaux dans une ville ou encore un amendement du gouvernement destiné à élargir le délit d’entrave à l’IVG aux sites Internet qui véhiculent des informations biaisées sur l’avortement, eux aussi supprimés ! La gauche reproche donc à la droite d’avoir dévoyé ce texte. Il va désormais faire l’objet d’une commission mixte paritaire chargée de trouver un accord entre les deux chambres. En cas d’échec l’assemblée nationale aura le dernier mot. 

Quant à la proposition de loi N°4096 d’Annie Le Houérou et Bruno Le Roux et signée par 140 députés, elle attend toujours son inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale pour ensuite aller au sénat…

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

21 Oct

Langues régionales : un colloque avant l’agrégation ?

Dès demain et pendant 3 jours, la Fédération pour les Langues Régionales dans l’Enseignement Public (FLAREP) tiendra son colloque à Montpellier. L’occasion de faire le point sur l’enseignement de ces langues et de faire avancer certains dossiers. Hier, une lettre signée de Najat Vallaud-Belkacem laisse entendre qu’une agrégation pourrait être créée pour l’occitan et d’autres langues régionales. Un prélude très intéressant pour un colloque où plus de 150 participants sont attendus.

30ème colloque de la FLAREP à Montpellier

flarep_800Cette fédération née en 1987 regroupes les principales associations ou fédérations de parents d’élèves et d’enseignants. Pour l’occitan c’est la FELCO (Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc) et le CREO (Centre Régional de l’Enseignement de l’Occitan) côté enseignants et  Oc-BI pour les parents. Dans un monde de repli, de peur et d’identités à toutes les sauces, le colloque organisé par les composantes occitanes de la FLAREP joue sur l’ouverture et la différence. Avec des conférences, des ateliers, les difficultés et les succès pour chaque langue, on y débattra sur le thème « Identité et Altérité ». La plupart des langues régionales seront présentes, ainsi que différentes personnalités. Le maire de Montpellier Philippe Saurel sera là, Carole Delga représentée par l’élu régional Patric Roux, Charline Claveau-Abadie, directrice de l’Office Public pour la Langue Occitane. On annonce aussi Olivier Noblecourt tout récemment promu Directeur de cabinet de la Ministre et chargé du secteur des langues régionales au Ministère de l’Education.

La Ministre de l’Education n’est pas contre une agrégation pour les langues régionales

C’est une revendication portée depuis longtemps par la FLAREP : la création d’une agrégation. Depuis 1992, il existe un CAPES pour les langues régionales mais pas d’agrégation. Ce qui créé une disparités entre les enseignants des langues régionales et leurs collègues. A plusieurs reprises, la demande a été faite, des députés sont intervenus en ce sens à l’Assemblée Nationale. En 2012, le président candidat Sarkozy l’a même promise pour la langue corse lors d’un meeting à Ajaccio. Lors de leur dernier rendez-vous au Ministère de l’Education Nationale le 5 juillet 2016, la FELCO a fait savoir à Olivier Noblecourt qu’un engagement avait été pris la veille pour le Corse et mis la pression. Difficile de faire la sourde oreille quand Jean Marie Arrighi, inspecteur pédagogique régional donne une interview sur France Inter… Hier, le tout nouveau président de la FELCO Yan Lespoux a eu la bonne surprise de recevoir un courrier de Najat-Vallaud Belkacem indiquant que des travaux étaient menés pour créer cette agrégation et que se préparait également une convention-cadre entre l’Office public de la Langue Occitane (OPLO) avec les 5 académies.

Ce n’est donc pas encore officiel mais la Ministre ne multiplie pas ce type d’annonce, ce qui donne du poids à celle-ci. Comme pour le CAPES en 92 initié par une langue régionale, on peut imaginer que l’agrégation profitera également à toutes les langues régionales. Une mesure qui constituerait un attrait pour ces enseignements, la fin de la discrimination pour ses enseignants. Attention toute fois que l’obtention de l’agrégation n’entraîne pas une baisse des postes au CAPES !

3 jours à Montpellier, Béziers, Sète et un nouveau président occitan

En attendant la concrétisation, le colloque se tiendra au Gazette Café de Montpellier samedi pour une table ronde et le dimanche pour des échanges sur « Identité et altérité ». Le lundi sera plus ludique avec une visite au CIRDOC de Béziers et l’après midi à Sète, carrefour des identités.

Yan Lespoux Photo : Lo Benaset

Yan Lespoux Photo : Lo Benaset

Ce sera le premier colloque pour Yan Lespoux en tant que président de la FELCO. Membre depuis 2003, il a été trésorier, secrétaire et participé à de nombreuses rencontres au Ministère, notamment celle de juillet dernier. « La FELCO a un fonctionnement collectif et le président en est le chef d’orchestre. Yan a des qualités personnelles, l’expérience du fonctionnement de la FELCO. Il a des bons rapports avec les gens… Tout ceci en fait The right man at the right place ! » Paroles de son prédécesseur : l’incontournable Philippe Martel !

http://www.flarep2016.com/

Lo Benaset @Benoit1Roux

20 Oct

La ligne 4 du tramway de Montpellier en occitan

Ceux qui prennent la ligne 4 du tramway à Montpellier peuvent y entendre de l’occitan. Depuis son inauguration en juin, les annonces sont bilingues. Elles sont toujours en français sur les 3 autres lignes. 

Sonque la linha 4

La ligne 4 passe par la « boucle du Lez » entre Corum et Rives du Lez et la « boucle des Prés-d’Arènes ». Cette nouvelle ligne qui fait le tour de la ville comporte 18 stations, et donc 18 annonces en occitan.
ligne_4_tram_montpellier
« Tout ce qui est dit en français l’est aussi en occitan », nous dit Guy Barral en charge de l’occitan dans l’équipe de Philippe Saurel. La voix occitane est celle de Stella Fontana chargée de diffusion au théâtre TIO La Rampe. Les traductions ont été faites par l’université Paul Valéry.
Stella Fontana Photo : TIO La Rampe

Stella Fontana Photo : TIO La Rampe

 Pour l’instant, pas d’occitan sur les autres lignes, pour des raisons techniques liées au système informatique qui n’est pas le même. « Dès que ce sera possible techniquement, nous le ferons. Mais on ne peu pas donner une date. mais pour la ligne 5 prévue à l’échéance 2020-2021, il y en aura. » Guy Barral a eu quelques réactions, positives et négatives mais globalement, cette nouveauté a été bien acceptée, visiblement mieux qu’à Toulouse au tout début.
Mobilizacion tre 2013

Une pétition en ligne avait été lancée dès 2013 « Pour un tramway bilingue Français/Occitan à Montpellier ». Sur le site on peut lire « Perque l’occitan es nòstre patrimòni, perque los elegits son daccòrdi amb aqueste projècte. Nos cal capitar de far aquò a Montpelhièr, es ja fach a Tolosa e Niça, alara qu’esperam? » Parce que l’occitan est notre patrimoine, parce que les élus sont d’accord avec ce projet. Nous devons le faire aboutir à Montpellier, c’est déjà fait à Toulouse et Nice, alors qu’attendons-nous? Elle avait recueilli 1419 signatures.

Lo Benaset @Benoit1Roux

© Montpellier metropole Un tramway de la ligne 4 de Montpellier sur le nouveau tronçon du bouclage - juin 2016

© Montpellier metropole Un tramway de la ligne 4 de Montpellier sur le nouveau tronçon du bouclage – juin 2016

19 Oct

Montségur le 16 octobre en images

Plus de 600-700 personnes dimanche à Montségur pour la cérémonie de demande de pardon de l’église d’Ariège pour ce qui s’est passé à Montségur. Retour en images sur cette journée.

Aqui l’alba de la victòria

Menam vostra lucha avuèi :

Minoritats contra l’Empèri

Indians de totas las colors

descolonizarem la tèrra :

Montsegur, te dreiças pertot !

Autour de Marti Photo : Lo Benaset

Autour de Marti Photo : Lo Benaset

Matin de la cérémonie Photo : Lo Benaset

Matin de la cérémonie Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Edouard de Laportalière (curé de Lavelanet) et Patrick Lasseube Photo : Lo Benaset

Edouard de Laportalière (curé de Lavelanet) et Patrick Lasseube Photo : Lo Benaset

Jòrdi Passerat Photo : Lo Benaset

Jòrdi Passerat Photo : Lo Benaset

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Foule à l'extérieur Photo : Lo Benaset

Foule à l’extérieur Photo : Lo Benaset

Murien Batbie Castell per lo Nòstre Paire Photo : Lo Benaset

Murien Batbie Castell per lo Nòstre Paire Photo : Lo Benaset

Tèrra Maïre chantant Lo Boièr Photo : Lo Benaset

Tèrra Maïre chantant Lo Boièr Photo : Lo Benaset

recueillement au pog Photo : Lo Benaset

recueillement a la prada Photo : Lo Benaset

L'évêque a la prada Photo : Lo Benaset

L’évêque a la prada Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Pot de l'amitié Photo : Lo Benaset

Pot de l’amitié Photo : Lo Benaset

16 Oct

Le laurier a bien reverdi à Montségur

Ce dimanche 16 octobre restera un jour historique. Ce n’est pas tous les jours que l’Eglise demande pardon pour des crimes commis et ça fait presque 800 ans que les Bonshommes dits « cathares » attendaient cette repentance. Les Occitans aussi. Retour sur cette journée pleine de symboles et d’émotions, marquée par l’évêque de Pamiers Jean-Marc Eychenne avec  des mots, des gestes, pleins d’humanité.

Prélude

Les nuages avaient du mal à se dissiper quand je suis arrivé à Montségur. Ce qui frappe d’entrée, c’est la beauté du site, ses maisons souvent ornées de croix occitanes et des « oustals » mis à toutes les orthographes.

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

Ce matin, non loin de l’église, les Occitans ont pris place. Des stands, de l’animation et déjà quelques personnes qui flânent. Dans les rues enchevêtrées de Montségur, on entend l’occitan mais beaucoup l’anglais, l’allemand, le néerlandais… Pour faire patienter, le groupe Fontanet de Monségur joue ses créations, revisite Moussu T, Lluis Llach, Los Pagalhós. Je croise beaucoup de caméras.

14H Les premiers rayons percent, timides, encore froids. L’évêque Jean-Marc Eychenne fait lui aussi son apparition, le geste avenant, sourire aux lèvres. Il se prête volontiers aux interview.

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Jean-Marc Eychenne en interview Photo : Lo Benaset

Parle de repentance, de ces crimes, ces souffrances intolérables, indéfendables commis par l’Eglise. De ces chrétiens pas tout à fait comme les autres, que l’Eglise a pourchassé, jusqu’à les faire mourir sur un bûcher… Parle de l’Histoire qui ne manquera pas de juger quelques siècles plus tard les faits commis aujourd’hui, ces migrants que l’on se doit d’accueillir.

15H La place de Monségur est désormais bien ensoleillée, noire de monde. On se presse pour rentrer dans l’église. Les forces de l’ordre sont omniprésentes, fouillent et refouillent, ont inspecté l’église dans les moindres recoins. Presque 200 personnes à l’intérieur, 400 à l’extérieur… Edouard de Laportalière et Monseigneur Eychenne donne des poignées de main, des signes de fraternité. A des fidèles, mais aussi des non-croyants, des politiques, des occitans, beaucoup d’étrangers. J’ai rencontré des personnes venues spécialement de Suisse, de New-York, d’Allemagne, de Catalogne, d’Espagne, d’Angleterre, dont un grand gaillard de deux mètres avec un écusson « catars ». Le silence commence à remplir l’église.

15H20 Edouard de Laportalière puis l’évêque formulent leur demande de pardon. Un tau du christ pendu autour du cou (signe cher aux disciples de Saint François d’Assise).

L'évêque qui porte le tau Photo : Lo Benaset

L’évêque qui porte la croix en tau Photo : Lo Benaset

Il y a cette image forte de Jean-Marc Eychenne et 2 prêtres, face au chœur, à genoux sous le regard d’un diacre venu avec sa fille…

Les mots de l’évêque sont forts : « Sous les cendres, les braises sont encore chaudes. Le feu de l’injustice brûle encore. » Ils savent être simples :  « nous avons le désir de tendresse et de paix », il cite Hannah Arendt qui a analysé « la banalité du mal ». « Nous demandons la capacité de pleurer, de briser la glace de nos indifférences.. Que la pluie de nos larmes éteignent le feu ». Une homélie empreinte d’humanité et de mots justes, faisant parfois référence aux troubadours, à leur poésie, à l’Occitanie et ses valeurs. A ces « rames de laurier qui pourraient reverdir ».

 

15H30 Muriel Batbie entonne a capella le « Jésus Christ » de Guiraut Riquier, tout en retenue et nuances. L’église en frisonne encore. Les portables s’agitent pour prendre des photos, une dizaine de caméras filment l’événement. Elle vient réciter le « Nòstre paire » qui date du XIIIème siècle.

L’émotion a gagné l’église. Après plusieurs gestes de fraternité, un « Boièr » plaintif et prenant chantée par Béatrice et Marie-Ange Lalanne vient clôturer la cérémonie.

 

16H, direction La Prada, pour une marche silencieuse, sur les hauteurs du village, en contrebas du château. Certainement le lieu où périrent les 225 Parfaits en mars 1244. Le maire de Montségur fait le comptage : plus de 600 personnes, sans compter ceux qui n’ont pas pu ou voulu monter de l’église.

Xavier Vidal, Claude Roméro, Nicolas Desvenain et d’autres jouent de la musique au pied du pog. Le Se Canta est repris par toute l’assistance, une branche de laurier à la main. Le recueillement et l’émotion sont grands. On voit plusieurs personnes, notamment des jeunes complètement pris par la cérémonie. L’évêque est encore là, toujours souriant. Surprise : Marti dégaine sa guitare et chante…Montségur !

17 H, la journée se termine au foyer pour le pot de la Convivencia. L’Eglise a mis du temps pour se faire pardonner mais la personnalité de Jean-Marc Eychenne ne laisse aucune ambiguïté sur la sincérité du geste.

Le dernier Parfait Guilhem Bélibaste l’avait prédit : « Al cap de 700 ans, verdejarà lo laurèl ». Au bout de 700 ans, le laurier a bien reverdi à Montségur. Et ses ramifications pourraient être nombreuses.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Photo : Lo Benaset

Photo : Lo Benaset

15 Oct

La Proposition de Loi du groupe PS pour les langues régionales

Ça ressemble à un baroud d’honneur avant la fin de la mandature, mais la députée PS Annie Le Houérou veut y croire. Le groupe PS vient de déposer une proposition de loi qui veut donner un statut juridique à ses langues régionales et des obligations pour l’Etat et ses représentants dans les secteurs de l’enseignement, la signalétique et les médias. Une loi assez consensuelle pour ne pas trop se heurter aux traditionnelles oppositions. Mais ce sera sans doute très difficile que cette loi tant attendue soit votée avant la fin de l’activité parlementaire avant les présidentielles. La députée bretonne des Côtes d’Armor s’exprime sur le sujet.

Annie le Houérou à l'Assemblée Photo : site de la députée

Annie le Houérou à l’Assemblée
Photo : site de la députée

Le contenu de la Proposition de Loi

Elle se compose de 8 articles et concerne l’enseignement de la maternelle au secondaire, (mais pas l’enseignement immersif des calandretas, diwans, ikastola, bressolas etc…), jusqu’à l’université. Mais aussi la signalétique et les médias (sauf la télévision).

  1. L’enseignement. Le principe est simple : la reconnaissance de l’enseignement des langues régionales comme matière facultative. Autrement dit, que cet enseignement soit proposé dans les écoles de France, de la maternelle au secondaire, selon le modèle Corse de l’article L. 312-11-1 du code de l’éducation. « Que tous les enfants aient la possibilité d’avoir un enseignement, sans qu’il y ait un caractère obligatoire, car le texte n’aurait aucune chance de passer ». La proposition veut faire reconnaître également l’enseignement bilingue, à l’exception encore une fois de l’enseignement immersif. « Nous n’intervenons pas sur le financement de ces écoles comme c’était le cas pour la proposition de Paul Molac. » Nouveauté : la promotion de ces langues dans l’enseignement supérieur : «  on veut inscrire dans la loi que les universités doivent proposer cet enseignement, car jusqu’à présent, chaque université a son entière liberté en la matière. »
  2. La signalétique. Evidemment les panneaux bilingues d’entrées de villes, certains panneaux directionnels, certains lieux publics, laissent un peu d’espace pour les langues régionales. La loi « prévoit, à la demande de la région, la généralisation sur tout ou partie du territoire de la signalétique bilingue ou plurilingue dans les services publics et l’usage de traductions dans les principaux supports de communication institutionnelle (article 4).  » Histoire d’aller plus loin et de pousser davantage les collectivités territoriales.
  3. Les médias. Concernant la presse écrite, elle prévoit que  » les publications en langues régionales peuvent bénéficier des mêmes avantages que ceux réservés aux publications de presse et sites en ligne en langue française. » Ces aides sont souvent conditionnées à la reconnaissance de caractère d’Information Politique et Générale (IPG) chose quasiment jamais reconnue pour aucune publication en langue régionale malgré un assouplissement de la règle survenu en 2012. Autre élément, la loi octroie au CSA des compétences pour la promotion des langues et cultures régionales et de garantir leur expression dans les médias audiovisuels (article 6). Ce même CSA qui doit aussi veiller selon cette nouvelle proposition de loi à ce que « une ou plusieurs fréquences soient attribuées à des candidats proposant la diffusion de services de radios en langues régionales. Sans objectif précis pour l’instant ni quotas… « Nous n’en avons pas mis car il y a un autre texte en discussion à l’assemblée porté par Yves Durand qui touche ce secteur, la culture, le patrimoine et l’architecture ». 
    Et rien donc concernant la télévision.

La députée le reconnaît elle même, le texte résulte d’un consensus et évite les points qui pourraient poser problème afin qu’il ait des chances d’être adopté. La proposition n’est pas révolutionnaire mais elle est mesurée, intéressante, et elle pourrait donner enfin un statut à ces langues. « Souvent on nous répond que ce que nous demandons n’est pas dans la loi ! Là, on ne pourra plus nous répondre ça ! « 

 

Un travail de concertation auparavant

« Nous nous inscrivons dans la continuité, après l’échec de la ratification de la Charte Européenne des Langues Régionales. La stratégie, c’était d’abord la Charte puis une loi. La Charte n’a pas pu être ratifiée, donc nous avons repris le travail de plusieurs collègues comme Paul Molac. Il y aussi le texte sur lequel travaillait Pascal Deguilhem (député PS de Dordogne) au début de la mandature. » La députée assure avoir beaucoup concerté, avoir pris quelques assurances auprès de juristes afin que la loi ne soit pas défaite par le Conseil Constitutionnel. Mais pas de lien avec la proposition de loi déposée le 26 octobre dernier par les sénateurs LR, au moment du rejet de la Charte Européenne par leur groupe. L’intergroupe sur les langues régionales que préside Paul Molac a lui aussi porté sa contribution. Un point positif : le texte est signé par 140 députés PS et écologistes qui ainsi s’engagent.  « Ca prouve que nous voulons aller jusqu’au bout. Nous avons le feu vert du gouvernement et du chef de l’Etat. »  Un début de consensus qui ne sera pas de trop quand on repense aux échecs précédents, notamment au sabordage de la proposition de Paul Molac par les députés PS en janvier dernier. Notamment aussi vu le peu de temps qu’il reste pour qu’une proposition de loi aille enfin jusqu’au bout.

Photo : site Assemblée Nationale

Photo : site Assemblée Nationale

Le calendrier du texte

« Nous avons encore le temps » clame Annie Le Houérou. Le texte a été déposé et devrait être discuté mi novembre à l’assemblée nationale lors des discussions sur la loi de finances. Ensuite, ce sera le Sénat mais la députée avoue n’avoir aucune garantie de ce côté. « Nous allons travailler désormais avec les sénateurs. » Et rien ne dit que la majorité sénatoriale voudra laisser le champs libre au PS en la matière alors que la droite pourrait venir aux commandes de l’Etat.

On voudrait y croire mais ça ressemble quand même à une tentative de dernière minute, alors que les fenêtres de tirs étaient nombreuses et plus sûres quand le PS détenait la majorité à l’assemblée nationale et au sénat. « Je suis peut-être naïve et optimiste car c’est mon premier mandat mais je suis déterminée à porter le texte jusqu’au bout! »  Une chose est sûre : ce sera l’ultime possibilité de réparer des erreurs commises autant par la gauche (proposition Paul Molac, pas de tentatives lorsqu’elle était majoritaire dans les 2 chambres) que par la droite (refus de voter la loi portant ratification de la Charte) lors d’une mandature très chaotique pour les langues régionales, exceptée l’action de quelques parlementaires. 

Lo Benaset @Benoit1Roux

12 Oct

La repentance de Montségur

Dimanche 16 octobre, l’Eglise d’Ariège fera acte de repentance, c’est à dire une manifestation publique d’un sentiment personnel (le repentir) pour une faute commise et dont elle veut demander pardon. La faute, c’est bien évidemment le sort réservé aux Bonshommes (appelés cathares plus tard) par l’Inquisition lors de la croisade, et donc particulièrement à Montségur le 12 mars 1244 lorsque plus de 200 Parfaits ont été brûlés. Un acte symbolique, fort, de la part de l’évêque de Pamiers Jean-Marc Eychenne qui n’arrive pas par hasard.

La cérémonie du 16 octobre

Ce dimanche vers 15H, la petite église de Montségur risque de ne pas être assez grande. La cérémonie œcuménique ne sera pas une messe mais beaucoup de curés d’Ariège seront présents aux-côtés de Monseigneur Eychenne. Il lira un texte, écrit de manière collective, avec Edouard de Laportalière (curé de Lavelanet) mais aussi en étroite relation avec plusieurs membres de Convergéncia Occitàna. L’office ne sera donc pas que religieux, l’église pas seulement remplie de chrétiens.

Muriel Batbie Castell Photo : Georges Souche

Photo : Georges Souche

Muriel Batbie Castell  qui a contribué à ce que cette journée soit possible, interviendra à plusieurs reprises. Elle lira le « Nòstre Paire » du XIIIème siècle dont le manuscrit se trouve à Lyon et chantera le « Jesus Christ » de Guiraut Riquier considéré comme l’un des derniers troubadours. Lui qui a connu la Croisade et donc l’Inquisition, obligé de se réfugier en Espagne à la cour d’Alphonse X dit « Le sage ». Il nous a laissé ce texte, avec la musique. A la toute fin de l’office, Béatrice Lalanne interprétera « Lo Boièr ».

Ensuite une marche silencieuse se fera jusqu’à la Prada, au pied du pog, le lieu où les 225 bons crestians e bonas crestianas ont péri brûlés. Une procession avec des branches de laurier, au son du Graile e de la Bodèga de Xavier Vidal et Claude Roméro. Un pot de la fraternité se fera ensuite à la salle des fêtes du village.

Les antécédents

Pour le jubilé de l’an 2000, Jean-Paul II avait fait lui aussi acte de repentance pour des faits commis par l’Eglise, notamment par rapport aux Vaudois mais jamais les Bonshommes n’ont été évoqués. Un acte qui venait après le « Manifeste pour la réconciliation », une lettre ouverte adressée au pontife par plusieurs occitanistes.

Pendant 3 ans, le village de Roquefixade (09) a organisé un débat public sur le catharisme. En 2007 le prédécesseur de Jean-Marc Eychenne (Marcel Perrier) a participé à la « Disputatio », controverse publique et œcuménique sur le thème de la Croisade et les exactions commises par l’Eglise. Le maire de Roquefixade Yves Maris en était à l’origine et l’occitaniste Patrick Lasseube l’animateur. Une première pierre dans le jardin de l’évêché d’Ariège.

Il y a peu, la chanteuse Mauriel Batbie Castell qui réside non loin de l’église de Montgaillard a rencontré Edouard de Laportalière. « Vegèt de tira l’interes. Se parlèt de far quicòm per l’annada de la misericòrda e l’avesque acceptèt. Es un grand umanista, dins la dralha del papa François. » Une petite équipe s’est alors constituée, avec Convergéncia et la municipalité de Montségur. Un travail d’échanges sur plusieurs mois et au printemps 2016, la date du 16 octobre a été fixée.

2016 Année de la Miséricorde

Cette journée s’inscrit donc dans la démarche miséricordieuse du pape François qui s’est exprimé en plusieurs lieux ces derniers mois. Il a demandé que 2016 soit l’année de la miséricorde partout dans le monde. Dans un communiqué, l’Eglise d’Ariège indique que :

« elle veut simplement reconnaître les erreurs qui ont pu été commises. Dans une période où il ne pouvait y avoir d’autre religion que celle du roi par soucis d’unité du royaume, une nouvelle « Eglise » ne pouvait avoir sa place. ce pouvoir temporel de l’Eglise est un premier contre-témoignage. L’appel au bras séculier pour réprimer l’hérésie est un deuxième que nous devons regretter. Ce ne peut jamais être une option chrétienne que de proclamer la foi ou de la défendre par la contrainte.

En tous cas, la démarche -même limitée pour l’instant à l’Ariège- ne laisse pas insensible. Ce n’est sans doute pas un hasard si depuis l’annonce de cette journée, on a entendu parler des cathares sur France Culture, puis sur KTO le 2 octobre. Muriel Batbie se fait l’écho de ce que beaucoup de personnes qui seront là dimanche pensent :  « Per ieu, es una paraula importanta. Avèm besonh de paraulas quand se son passats de causas grèuas. De traumatisme tals coma Esclarmonda de Foish, sortida de tèrra per la cramar… La nafradura es granda e demòra. Cal de paraulas. » Une première étape sera franchie le 16 octobre, en espérant qu’elle en appelle d’autres, notamment du côté du Vatican.

Lo Benaset @Benoit1Roux

France culture : http://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/1966-les-cathares-reviennent

KTO : http://www.ktotv.com/video/00107323/les-cathares

11 Oct

Nouvelle proposition de loi pour les langues régionales

Ne serions-nous pas en période électorale ? Annie Le Houérou, députée des Côtes-d’Armor, vient de déposer à l’Assemblée nationale une proposition de loi sur la promotion des langues régionales. Rien de très nouveau. On attend simplement qu’elle aboutisse. Car les tentatives précédentes ont toutes échoué, du fait de la droite comme de la gauche. Et là, on se demande bien comment députés et sénateurs vont faire pour légiférer avant la fin de la mandature ?

Annie le Houérou à l'Assemblée Photo : site de la députée

Annie le Houérou à l’Assemblée
Photo : site de la députée

Nouvelle initiative bretonne

C’est devenu une habitude, c’est encore de la Bretagne que vient cette tentative. Elle émane cette fois du groupe socialiste, déposée par Annie Le Houérou qui l’annonce sur son blog. Cette proposition cosignée, par la moitié des députés du groupe socialiste,

« propose des mesures ambitieuses dans le domaine de l’éducation, de la signalétique et des médias. Il s’agit notamment de proposer systématiquement un enseignement facultatif en langue régionale aux élèves des territoires concernés, sur le modèle de ce qui se fait en Corse. De donner une reconnaissance juridique à l’enseignement bilingue français-langue régionale, quelle que soit la durée d’enseignement dans les deux langues. De promouvoir les langues régionales dans l’enseignement supérieur. Mais aussi de favoriser la signalétique bilingue, de soutenir la presse publiant en langue régionale et de donner au CSA de nouvelles missions pour la promotion des langues régionales et l’attribution de fréquences aux radios diffusant en langue régionale ». 

 

Pas moins que ça ! Dommage vraiment que les députés socialistes ne se soient pas réveillés plus tôt, notamment lorsqu’ils ont saboté l’une des propositions de Paul Molac en janvier dernier. Alors que ce discute cette semaine le projet de loi relatif à l’Egalité et à la citoyenneté, que l’article sur les quotas imposés de langues régionales aux radios a disparu, cette nouvelle proposition n’est pas une surprise mais son destin reste plus qu’incertain.

Quel avenir ?

Le Télégramme nous apprend que l’examen de cette proposition de loi serait envisagé après la période consacrée au budget… Soit. Mais jamais elle ne pourra être votée et validée avant la fin de cette mandature. Faudrait-il encore que le Sénat (de droite) la vote, à quelques semaines d’un changement politique annoncé… Ça ressemble donc à un baroud d’honneur, sans doute pour se donner bonne conscience faute de promesse 56 de François Hollande tenue. Ou alors un cadeau empoissonné laissé à la droite avant l’alternance ?

@Benoit1Roux

 

 

10 Oct

« Patz en la ciutat », création occitane de musique contemporaine

Ce n’est pas tous les jours qu’une création de musique contemporaine se fait en occitan ! Ce sera le cas demain à Toulouse, dans le cadre du Festival Occitània. Un travail de collaboration avec le studio éOle, le Conservatoire Régional de Toulouse, ses musiciens et 3 de ses anciens élèves qui ont composé « Patz en la ciutat », Paix dans la Cité. Les textes sont de Jean Jaurès, Thomas Woodrow Wilson et Pèire Godolin.

3 òmes de Patz : Jaurès, Wilson, Godolin

Au cœur de Toulouse, physiquement très proches, la place Wilson et la statue de Godolin, qui donne sur les allées Jean-Jaurès. 3 personnalités attachées à la paix, prétexte à cette oeuvre qui réunit plusieurs de leurs écrits, sélectionnés par Alem Surre-Garcia qui n’en est pas à son coup d’essai. Première partie, « Alegria en la ciutat », qui débute par un texte de Pèire Godolin qui rend hommage à Enric lo Grand (Henri IV).

La Terra en tremolant al brut de sas armadas

Li donava la votz per son prumièr senhor.

Tanben per le passar dins lo temple d’Aunor

Le Cèl l’aviá format a vertuts reportadas :

O florissa la Patz, o toquèssa l’alarma

La Justicia, la Fe, la Fòrça, la Bontat,

E tot çò que le Cèl dona per raretat

Coma l’aiga a la mar se rendían a son arma

La deuxième partie intitulée « Lo plaser d’estre e la patz en perilh » annonce les premiers nuages sur la paix… Même si Godolin profite encore :  » O quin plaser d’èstre a l’ombreta / E far cambadas sus l’erbeta / Mentre qu’a  còps de gargalhòls / S’engriman trenta Rossinhòls / Per nos estujar dins l’aurelha / Cent cançonetas de mervelha. » S’en suivent 2 textes de Jaurès qu’Alem Surre-Garcia a sélectionné, mis en prose, d’après une première lettre du 23 août 1880 , celle qu’il  lit dans le reportage.


Patz en la ciutat par france3midipyrenees B. Roux J. Levé M. Blasco K. Glöck C. Pelhate MP Fournier

On y trouve aussi un extrait d’article paru dans La Dépêche.

A la trumada s’ajusta la trumada

La bèstia rondina e bufa son asir

De qué val lo viure, lo soscar e l’aimar ?

Qu’anam far dels nòstres cervèls ?

Qu’anam far dels nòstres còrs ?

Qu’anam far dels nòstres vint ans ?

Partie III, « La mòrt, la barbariá e lo desir de patz ». On y retrouve Godolin, Jaurès et le président américain Wilson élu en 1913, fondateur de la Société Des Nations, ancêtre de l’ONU. Des textes reformés pour l’occasion, traduits, et qui laisse plein d’ouvertures pour la musique.

3 joves compausitors en musica contemporanèa

Cette création est une commande de l’Institut d’Etudes Occitanes de la Haute-Garonne et du Festival Occitània qui travaillent avec le conservatoire depuis plus de 10 ans. Mais c’est en 2009-2010 que l’a première oeuvre issue de cette collaboration sortira : CROSADA 2^3 (comprendre 2 au cube). Avec les mêmes ingrédients : des textes, 3 compositeurs, ensemble instrumental et dispositif électroacoustique. Cette année, ce sont donc 3 jeunes compositeurs issus du Conservatoire qui ont composé une des trois parties. 3 pièces variés puisqu’il s’agit d’une partie avec ensemble et voix, une partie électroacoustique et une troisième qui mélange tous les genres. C’est le cas de Maylis Raynal qui vit en terre basque et qui a beaucoup travaillé avec Beñat Achiary. Et ça s’entend dans « Alegria en la ciutat ». Lucie Borto a composé la partie 2, une partie exclusivement électroacoustique ou acousmatique. C’est à dire une musique composée en studio et que l’on projette sur un « orchestre » de hauts-parleurs lors du concert. Des sons, des voix, des bruits qui intriguent, d’autres qui sont familiers… Enfin la troisième partie plus « classique » dûe à Adrien Trybucki et qui comprend un orchestre (Flûte, violon, accordéon) et des voix ( une soprano et une basse). Le Conservatoire et le Festival ont donc voulu proposer un panorama complet des 3 domaines de compositions de la musique contemporaine. C’est Guy Ferla qui dirigera cette oeuvre.

Un travail très intéressant qui prouve que la musique contemporaine n’est pas du tout hermétique et fermée. La création s’est faite avec le soutien du studio éOle de Toulouse qui travaille sur d’autres projets occitans. « Patz en la ciutat », mardi 11 octobre 20H Saint-Pierre des cuisines (Toulouse). Et c’est GRATUIT !

@Benoit1Roux