Le « Festival des Châteaux » se déroule à Bruniquel (Tarn-et-Garonne). Dans un lieu magnifique, en plein air, la petite « Compagnie de la Tour Brunehault » monte chaque année un nouvel opéra de Jacques Offenbach. Petit mais très beau village, pas beaucoup de moyens mais de l’ingéniosité pour que le spectacle soit total.
Une fois encore, les représentations de « La Grande Duchesse de Gérolstein » sont d’un grand niveau. Les costumes sont somptueux, les artistes et les musiciens à la hauteur. J’étais samedi soir dans la cour des châteaux et j’ai passé un excellent moment. Retour en photos.
Un spectacle total
Une dizaine de musiciens, autant d’artistes lyriques, des danseurs, des figurants, cette production de l’opéra bouffe d’Offenbach a tout d’un grand spectacle. Comme évoqué dans un précédent article, les costumes arrangés par Guillaume Atwood sont tout simplement somptueux. Un travail de fourmis et de dentelle avec des couturières des alentours pour redesigner ces habits qui ont servis pour les plus grandsfilms. La reconstitution du second Empire avec des incartades plus contemporaines placent le spectacle dans le haut niveau. Il faut souligner aussi le travail de maquillage, les coiffures très réussies, les perruques embellies. Aucune faute, du grand art.
Mais s’il n’y avait que les costumes, la production ne serait pas aboutie. Les artistes qui les portent sont habités par une bonne humeur et un plaisir d’être sur scène très communicatif. Partout où l’on jette un œil, il se passe toujours quelque chose. Il y a certes l’intrigue principale, mais le metteur en scène Franck T’Hézan a fait en sorte que les scènes se multiplient, que chaque comédien ne soit pas passif.
Grace aussi aux chorégraphies mises en place par Véronique Willig, la scène est parfaitement occupée, les tableaux où il y a beaucoup de comédiens sont de véritables ballets.
La musique d’Offenbach est assez facile d’accès. En la théâtralisant, Franck T’Hézan la rend encore plus drôle et attachante. Beaucoup de passages sont à la limite d’une pièce de théâtre. La cour du château est utilisée avec une mise en scène qui ne se limite pas à la scène principale. Et comme l’œuvre est en 3 actes et plusieurs tableaux, tout le monde met la main à la pâte pour changer les décors, faire en sorte que le spectateur n’attende pas trop. Il y a même des petites scénettes pour le faire patienter.
Des artistes à la hauteur
Encore une fois, ce n’est pas parce que la « Compagnie de la Tour Brunehault » est une petite troupe qu’elle lésine sur les moyens. Un mot sur l’orchestre dirigé par Jean-Christophe Keck. Cet éminent spécialiste d’Offenbach qui chante l’œuvre pendant qu’il la dirige, il réussit la prouesse de sélectionner une douzaine de musiciens de formations différentes (dont des Italiens), de n’avoir que quelques jours de répétitions, et que tout fonctionne au moment du spectacle.
Du côté des artistes lyriques, là-aussi le niveau est bon. La Grande Duchesse (Emmanuelle Zoldan) et sa rivale Wanda (Aurélie Fabre) ont toutes 2 de belles voix et des talents de comédiennes.
Xavier Mauconduit incarne un soldat Fritz parfaitement naïf, Michel Vaissières un grand Général Boum pour ne citer qu’eux. Quant à Thibaut T’Hézan à la crête punk et au kilt saillant, sa composition détonne et rythme le spectacle.
Un mot aussi sur son père Franck qui a mis en scène ce spectacle et qui joue également, il n’a rien perdu des ficelles du métier et de sa voix de ténor.
Finalement, le spectacle passe très vite. On se laisse prendre par le jeu et par la musique. Le rire est omniprésent et la bonne humeur contagieuse. A Bruniquel, on ne se prend pas la tête. Tout se passe à la bonne franquette, on se sent à l’aise. On a sous les yeux un spectacle digne des grandes scènes sans en avoir le côté guindé et convenu.
Allez à Bruniquel, vous passerez un excellent moment. Prochaines représentations mercredi 5 août, jeudi, vendredi, samedi et dimanche à 21H30.
Benoît Roux