20 Sep

Suzanne Vega, la référence et l’histoire du MP3

Suzanne Vega vient de sortir un nouvel album disponible au format MP3 sur les plateformes. L’interprète de Luka a d’ailleurs servi de référence quand le numérique est apparu pour supplanter l’analogique. Arrivée en même temps que la radio numérique terrestre, le MP3 permet de compresser, d’emporter et partager plus facilement de la musique

Live de Suzanne Vega Photo : Gérard Drouot Productions

My Name is Suzanne. I’m the reference of MP3. Si l’artiste californienne est surtout connue pour son tube « Luka », c’est un autre morceau « Tom’s diner » qui a intéressé les créateurs du son numérique compressé : le MP3. Ce format est apparu en 1993. Il va changer fondamentalement la manière dont la musique sera distribuée et partagée. Oubliés les K7 (oui oui, certains se rappellent de ce support qu’il ne fallait pas oublier de retourner !), les vinyles (provisoirement) et même les CD. Malgré des débuts difficiles, le MP3 s’impose pour le côté pratique de son utilisation.

Un ingénieur allemand écoute 1000 fois Suzanne Vega

Le MP3 est né d’une collaboration entre Thomson et l’Institut allemand Franhaufer, Précisément, Karlheinz Brandenburg est le père du nouveau format numérique. Pour lui, « Tom’s dinner » était la chanson de référence pour obtenir le meilleur son. « Le son était très mauvais lors des premiers essais. L’encodage de la voix était plutôt réussi. Mais si on appliquait cet algorithme pour la musique, c’était horrible ». Le mathématicien choisit donc un morceau a cappella pour travailler. On considère que cette chanson est difficile à encoder sans perte de qualité. Les ingénieurs mettront 10 ans pour y parvenir.

Le challenge : compresser cette voix pure sans la détériorer Il va écouter plus de 1000 fois « Tom’s diner » pour trouver un résultat satisfaisant. Les puristes diront à juste titre que le MP3 ne vaut pas le CD et encore moins le vinyle. Mais Karlheinz Brandenburg devient le père du MP3 et Suzanne Vega sa mère. Ils sont à l’origine d’un tournant dans l’industrie musicale.

Développement et régression du MP3

On l’oublie souvent mais le MP3 doit son existence au projet EUREKA initié par le couple franco-allemand Mitterrand-Kohl et financé par l’Union Européenne. Des logiciels de partage de fichiers comme Winamp puis Napster vont permettre au MP3 de rencontrer le grand public. Ils s’attireront surtout les foudres des maisons de disques et de certains artistes comme Metallica. Car le MP3 est gratuit et tue tué le sentiment d’appartenance que l’on avait en achetant une K7, un vinyle, un CD.L’arrivée de l’I-pod (+ de 270 M d’exemplaires vendus) fera le reste. Plus tard, Apple lancera l’iTunes Store avec un nouveau format de compression. L’apparition des smartphones compatibles avec de multiples formats sonnent le déclin.

Les plateformes Qobuz ou encore Tidal n’utiliseront pas non plus ce format mais un autre mode plus qualitatif. Le MP3 a souvent été l’apanage des téléchargements illégaux ou de ceux qui se satisfont d’un accès à la musique gratuite mais de piètre qualité en termes de son. You Tube en est le meilleur exemple. La plateforme est devenu le diffuseur facile pour les maisons de disque et les artistes, tel un MTV numérique. Mais la messe est dite. En 2017, la société allemande Fraunhofer-Gesellschaft à l’origine du format annonce que les brevets de licence du MP3 tombent dans le domaine public. 

Suzanne Vega, une artiste emblématique

Quant à Suzanne Vega, elle est devenue une artiste emblématique avec sa chanson manifeste « Luka » sur les maltraitances familiales. « Tom’s Diner »  avec son gimmick vocal accrocheur et son tempo inoubliable ne peut se limiter à l’anecdote du MP3.

Suzanne Vega – Anniversary

Avec son complice guitariste Gerry Leonard, elle revisite de manière intimiste son riche répertoire. Son album live enregistré au Carlyle Café à New York permet de mesurer tout le talent de la chanteuse. 

Suzanne Vega – Walk on the Wild Side (Lou Reed)

Histoire (non compressée) du MP3

Suzanne Vega 

 

19 Sep

Blues Pills : la bombe musique qui pile tout

Les suédois de Blues Pills viennent de sortir leur 3ème album. Transcendé par la voix puissante de leur chanteuse, le groupe signe « Holy Moly ! », un album complet qui oscille entre le rock (presque hard) et le rythme and blues. Une sacré découverte qui relève de la bombe musicale. A laisser exploser sans modération.

Pochette nouvel album Blues Pills

Il y a quelques heures, je ne connaissais pas cette formation. Au hasard d’une écoute dans un magasin, je ne pouvais pas faire autrement que de vous parler de « Blues Pills ». La chanteuse  Elin Larsson a du coffre et derrière, ça verrouille grave.

Guitares éraillées, batterie lourde, basse lourde, on pourrait ranger leur musique dans le bon vieux rock limite hard des années 70-80. Seulement voilà, les capacités vocales de la chanteuse amènent la formation vers du Rhythm and Blues teinté de soul. Le tout avec une énergie incroyable, tant au niveau des musiciens que la chanteuse.

« Proud Women », le premier morceau donne le ton. Ca sonne live et hurlant, rugissant de guitares. Mais à vrai dire, les 3 premiers morceaux ne sont pas les plus intéressants. Ca joue, c’est technique, ça rugit de partout, la chanteuse s’égosille plutôt bien, mais les compos et arrangements n’ont pas de quoi encore vous renverser totalement. Un bon petit tour de chauffe.

Blues Pills – Proud Women


Au contraire de « California » privé de son hôtel mais farouchement habité. Les choses sérieuses commencent. Plus posé dans le rythme, les performances vocales de la miss sont plus notables. A faire pâlir Aretha Franklin son idole. Sur des rivages soul, frôlant la puissance d’une Janis Joplin, on aurait pu la croire noire. Mais Elin Larsson a de quoi surprendre.

Blues Pills – California


Façon poste de radio qui change de fréquences, « Rhythm in the blues » prend la relève. Toujours aussi ébouriffant. Roulements de caisses claires, son limite saturée, voix égratignée, le groupe poursuit sa chevauchée fantastique, guitares et batterie en avant.

Rien n’est à l’économie. Surtout pas le jeu très sportif du batteur et des guitares déchaînées. Quelle puissance sur « Low Road ».

Blues Pills – Low Road


« Dust » est aussi un titre réussi. Effets de son, voix plus « propre », la poussière se pose. Mais ça gronde toujours autant derrière. Avec des choeurs discret marqués soul.

« Wish I’d know » renoue avec un peu de calme. Grappes de guitare, c’est encore une autre facette de la voix de la chanteuse. Très à l’aise sur la ballade au début, ça monte vite dans les aigus avec un contrepoint de cordes graves. Un morceau somme toute gospel avec une chorale qui assure pour terminer en douceur.

Song from a Mourning dove

Début au piano ponctué par les riffs de guitare. Voix sans effets, déchaînements de guitares. Et toujours le chant assuré sans faillir. Aérien, émouvant et imparable.

Et pour clore ce très bon album, « Longest lasting friend », quelques notes égrainées, la voix qui se pose. Une sorte de xylophone pour agrémenter, les prouesses vocales toujours là. Comme un geyzer qu’on ne saurait apaiser.

Pour ce troisième album auto-produit, les Blues Pills lâchent les chevaux et on en ressort tout ébouriffés. Un disque revigorant, bouillonnant, celui de la libération.

Blues Pills

Benoît Roux

17 Sep

Le nouveau clip du Duo Anadjoh contre les violences familiales

Le duo Toulousain Anadjoh sort un deuxième clip. Après avoir posé son regard sur la situation des polyhandicapés, le nouveau single « From Hell » met les points (poings) sur les violences familiales. Un beau morceau, un clip sobre et soigné avec une prestation remarquée de Pierre Matras.

Après avoir donné dans les reprises, Johanna et Christophe ont profité du confinement pour croire en leurs créations.

Le premier titre « Why » est sorti à la fin du printemps. Comme une renaissance qui a permis aussi de parler de leur engagement au quotidien pour que leur fille polyhandicapée trouve la vie plus douce. Poser des mots pour traduire l’incompréhension face à certaines situations qu’ils traversent. D’où le titre.

Avec « From Hell », ils continuent d’interpeller sur certaines causes comme les violences familiales, notamment conjugales.

Un clip noir, éclairé par Pierre Matras

Christophe a toujours voulu faire des musiques de film. Alors pour chaque nouveau morceau, un clip l’accompagne. C’est Johanna qui trouve les idées de réalisations. Christophe s’occupe du rythme et affine le montage.

Pour ce titre, les violences sont filmées depuis le point de vue de la femme. L’homme visé, c’est Pierre Matras, excellent comédien du Grenier de Toulouse. Un clip sous tension, froid et stressant, en noir et blanc où Pierre Matras incarne un homme au train de vie plutôt aisé. Car la violence dégaine dans toutes les classes sociales.

Duo Anadjoh et Pierre Matras – From Hell

Des colères (noires elles aussi) à répétition, des incompréhensions, jusqu’au geste fatal. Des images, à la limite du supportable et une vrai force dans le texte, la musique. La présence de Pierre Matras donne une dimension encore plus profonde.

Quant au morceau, il a été remixé, travaillé, le master passé dans un simulateur de magnéto à bande, vous savez le son chaleureux des bon vieux Ampex ! Le mix est d’ailleurs plus équilibré, plus immédiat que l’initial posté sur Youtube il y a 2 mois.

Pierre Matras Clip « From Hell » Photo : Duo Anadjoh

D’autres morceaux, Halloween, Bourges…

Les projets prennent corps au fur et à mesure. Le Duo Anadjoh va s’agrandir pour la scène. Un set live qui devrait être encore plus rock. Les musiciens vont répéter à la MJC du Pont des Demoiselles de Toulouse. En ligne de mire, les sélections pour le Printemps de Bourges qui se feront en mars.

Un nouveau clip sera bientôt tourné sur le morceau « Dream or Nightmare ». Avec, comme pour les précédents, un artiste invité. Un court métrage qui s’annonce délirant, prévu pour Halloween, avec le danseur de hip-hop David Dee. Un parti pris du duo pour défendre sa musique. Un financement participatif leur permet de le financer en partie.

Christophe et Johanna ont aussi cherché un label, un producteur qui leur ferait confiance pour les aider tout en préservant leur identité artistique. Pas de réponses du côté Français mais les Anglo-Saxons ont frappé à la porte. Sans vraiment comprendre les attentes du duo. Même si parmi ces contacts, il y avait l’un des premiers producteurs de Bowie.

Le groupe continue de se battre, sans concessions pour garder leur côté électro-rock et ne pas céder aux sirènes du marché. Car dans le son comme dans la vie, le Duo Anadjoh est résolument engagé.

Facebook Johanna Dorso

Christophe Dorso

Benoît Roux

16 Sep

Musique et discrimination : les femmes ne veulent plus être menées à la baguette

En France 4% des chefs d’orchestre seraient des femmes. Dans le monde, seuls 48 orchestres permanents sur 778 ont une femme au pupitre. Le concours La Maestra organisé par la Philharmonie de Paris veut attirer l’attention sur ces femmes veulent mener à la baguette, à l’égal des hommes.

Claire Gibault à la tête de l’Ensemble Cénoman © OLIVIER BLIN via MAXPPP – PHOTO 

Parmi les musiciens de conservatoires, il y a autant de femmes que d’hommes. Dans les orchestres, presque autant (40%).  Mais à la direction d’orchestre, seulement 4% en France (6% au niveau mondial) de femmes se retrouvent au pupitre. Pour dénoncer cette situation et prouver que les femmes ont autant de capacité, un concours de cheffes est organisé cette semaine.

Des cheffes pour tenir tête

220 femmes, d’une cinquantaine de nationalités différentes vont concourir du 15 au 18 septembre. La Philharmonie de Paris et le Paris Mozart Orchestra donnent ainsi une vitrine (retransmis sur Arte) et veulent créer des vocations. Car mise à part Debora Waldman nommée à la tête de l’orchestre d’Avignon, il n’y a pas d’autre exemple d’une femme dirigeant un orchestre national permanent.  Et encore, c’est une nomination récente. Debora Waldman avait dû créer son propre orchestre auparavant pour pouvoir diriger.

Claire Gibault qui est à la tête du Paris Mozart Orchestra et membre du jury a elle même été victime de remarques machiste comme beaucoup d’autres. Elle confie au journal 20 minutes qu’un  médecin d’un chef d’orchestre aurait affirmé « que les femmes ne peuvent pas être cheffes d’orchestre » pour des raisons « biologiques » : « Il m’a dit qu’elles avaient les bras tournés vers l’avant, pour tenir les bébés dans leurs bras ». On est prié surtout de ne pas rire. 

Un concours mais après?

En 2018 déjà, la Philharmonie de Paris avait organisé un tremplin pour promouvoir les cheffes. Cette année, 220 cheffes ont postulé  12 ont été sélectionnées dans le monde entier et 3 se retrouveront en finale le vendredi 18 septembre. On remarquera qu’une seule française (franco-britannique) : Stéphanie Childress se trouve parmi parmi les finalistes.

Les 12 cheffes sélectionnées pour le concours. Photo site La Mastra

La gagnante empochera 20 000 €. Mais après ?  Emmanuelle Haïm ou encore Nathalie Stutzmann commencent à se faire une place. Un léger mieux ces dernières années mais on part de très loin. Peu nombreuses au pupitre, les femmes sont quasi inexistantes aussi au niveau de la composition. Le syndrome Alma Mahler persiste. On se souvent que la femme du compositeur autrichien Gustav Mahler avait du ranger ses partitions pour ne pas faire concurrence à son homme alors qu’elle avait du talent.

La cheffe d’orchestre américaine Marin Alsop était la semaine dernière avec l’Orchestre de Paris. Mais c’est la baguette qui cache le désert à l’international. Elle sera membre du jury de La Maestra.

Ce nouveau concours La Maestra veut remettre les femmes dans le bon tempo. Certains pays (scandinaves) ont établi des quotas. En France, ce concours permettra de les accompagner pendant 2 ans, d’enregistrer des albums ou d’être invitées par les orchestres pour rétablir l’équilibre. On leur souhaite la même réussite que la Lituanienne Mirga Gražinytė-Tyla, directrice artistique de l’Orchestre Symphonique de Birmingham. L’an dernier le célèbre label Deutsche Grammophon a signé un contrat d’exclusivité avec cette jeune cheffe. Une Maestra au domaine des machos.

PROGRAMME LA MAESTRA 

Benoît Roux

14 Sep

Asaf Avidan : la voix dans tous ses éclats

Poursuivant sa carrière solo, Asaf Avidan sort un 7ème album toujours aussi singulier. « Anagnorisis » passe aisément d’un style musical à un autre, porté par la voix stratosphérique du chanteur israélien. Un disque produit sobrement et avec efficacité qui place Asaf Avidan parmi les valeurs sûres des artistes inventifs. Notamment par l’utilisation de la voix. Assurément le nouvel album de la semaine.

Quand on a une voix aussi particulière, c’est tout l’univers musical qui est influencé. Asaf Avidan continue d’explorer avec une certaine aisance différents genres avec une voix qui porte en elle beaucoup de fragilité mais aussi tellement de diversité et de puissance.

Les voix d’Asaf Avidan

Suspendue aux aigus comme dans « 900 days », elle sait aussi se faire grave avec un registre plus normal. Surtout, cet album est un festival de voix, et c’est l’artiste lui-même qui les faits toutes. Etonnant.

Asaf Avidan – Lost Horse – (live C à Vous – 10/09/2020)

S’aventurant dans une ballade (« Earth Odyssey »), Avidan joue sur les 2 niveaux, aigu et grave. Riffs de guitare, sonorités électro, chorale d’enfants façon « The wall » sur un refrain haut perché. Tout paraît simple, équilibré, avec des sons « classiques » et des ajouts de sons électroniques.

Avec « No Words », on touche l’intime avec légèreté sur quelques notes de piano feutré et chœurs éthérés. Joliment fait. Avec l’élégance d’un Jeff Buckley.

Asaf Avidan – No words

Un disque intimiste à la production impeccable

Mêmes composantes pour  « Anagnorisis » avec une voix encore plus écorchée. Sublimé par une trompette profonde et quelques éclairs de piano. Où l’on voit aussi tout le talent de compositeur d’Avidan.

« Rock of Lazarus » montre une autre facette de l’artiste, beaucoup plus contemporaine, avec un travail sur les sons intéressant. Et comme toujours, au-delà du chant lead, la voix est un instrument à part entière avec lequel Avidan s’amuse par petites touches à créer quelques surprises. « Wildfire » prend même quelques accents Bowien ou Reediens. Le tout, très bien mixé.

On passe d’un morceau à l’autre sans lassitude, toujours séduit par la variété des compositions et des arrangements. Mention spéciale aux voix en tous genres.

Petit bijou mélancolique

« Darkness song » porte bien son nom. Assez sombre beaucoup des titres d’Asaf Avidan. Le morceaux est vraiment superbe de maîtrise, avec des chœurs murmurés et un piano presque étouffé, voix écorchée du chanteur.

Asaf Avidan – Darkness song

Très belle ballade qui fait penser à Nick Cave aussi dans la sobriété de la production. Idem pour le morceau qui clôt l’album « I see her don’t be afraid ». Toujours Nick Cave toujours sur fond de bourdon et d’harmonium. Comme une embarcation à la dérive, lourde de mélancolie, qui finit par échouer sur un rivage plus paisible.

Ce n’est pas le disque de l’année mais c’est très agréable à écouter. Résolument à part, intimiste, fragile, équilibré, épuré. Un petit bijou.

Asaf Avidan Live à Paris (09/2020)

Benoît Roux

10 Sep

Öja, une nouvelle artiste qui bouge sur Toulouse

Même après le confinement, la scène toulousaine est toujours une pépinière d’artistes en devenir. C’est le cas d’Öja, 2 singles à la clé, d’autres sur le point de sortir, cette jeune artiste tente de se faire un nom et une place chez les jeunes en quête de sons et de découvertes. Dans sa musique, on sent beaucoup d’influences et le soucis de faire les choses de manière pro. Ça pourrait sonner années 80, mais c’est très actuel et bien produit. Une belle promesse.

Photo : Léa B-M

« T’es qui toi? »

C’est le titre de son premier single. Un titre qui fait référence à une expérience artistique qui a fait fausse route. Justine alias Öja a baigné dans un univers de musiques. Son père écoutait du hard-rock (ça s’entend dans la puissance de sa voix) et sa mère de la chanson française et du funk (là, c’est la rythmique qui parle). Auteur, compositeur, interprète, la musique a toujours été son univers. Elle a pris des cours de piano, de guitare acoustique. Côté études, fac d’Anglais au Mirail et école de journalisme. Mais c’est la musique qui l’attire. Elle rentre au conservatoire de Toulouse en musiques actuelles. De quoi lui donner un peu d’assurance pour revisiter ses compositions de jeunesse.

Öja : T’es qui toi ?

« Regarde »

Si aujourd’hui on commence un peu à l’entendre, c’est grâce à sa persévérance. Son premier titre « T’es qui toi? » a été écrit pendant le confinement. Elle a pris son single pour pousser les portes des radios, trouver un producteur arrangeur… Et très bonne pioche, il s’agit de l’artiste toulousain Tristan connu sous son nom d’artiste OZ« J’aime bien ce mélange de pop-electro comme d’autres artistes (Angèle ou Billie Eilish par exemple). Mais les chanteuses ont souvent une voix cristalline. Là, c’est une voix rock, puissante et c’est ça que j’aime. » Il l’a signe sur son label « Aureate records ».

A l’écoute de ses 2 titres, il y a effectivement comme un écho des années 80, notamment le duo Chagrin d’Amour. Un petit côté aussi Muriel la chanteuse de Niagara. Dans le phrasé, il y a Hoshi. Côté musique, c’est effectivement dansant, des flots de funk, des pointes electro-pop-rock, quelques effluves de piano jazz salsa sur « T’es qui toi? ». Plutôt bien fait. Le projet n’est qu’à son début. Il y a des bases posées et affirmées.

Öja : Regarde


Le second titre « Regarde » est un peu de la même veine dansante. Avec un son plus actuel et un travail plus poussé sur les voix, les clavierset les nappes. Un troisième titre sortira d’ici 15 jours. « Bouge de là » est pour le coup complètement Chagrin d’Amour et disco-funk. Très bien produit aussi par Tristan et Aureate records. Viendra plus tard une ballade (Nightcall), des concerts si tout va bien. Petit à petit, Öja est en train de se bouger pour occuper la place. Comme un début de promesse.

PAGE FACEBOOK ÖJA 

A LIRE AUSSI : TRISTAN LE MAGICIEN OZ

Benoît Roux

 

09 Sep

Les spectacles de la nouvelle saison d’Odyssud près de Toulouse sont en ligne

Depuis ce mercredi 9 septembre à 13H, il est possible de réserver un spectacle pour la nouvelle saison d’Odyssud à Blagnac (31). Pas d’abonnement cette année, une jauge réduite, des mesures de précautions sanitaires et une soixantaine de spectacles au programme. La programmation est toujours riche et variée. Une bonne nouvelle pour tous les toulousains en manque de culture.

La salle d’Odyssud attend son public Photo : Benoît Roux FTV

Ce  mardi matin, le forum de la salle de spectacles Odyssud est presque vide. Mais le personnel s’agite. Le site internet sera ouvert à 13H et la billetterie le lendemain. Depuis le 13 mars dernier, plus de concerts dans la salle de spectacle. Elle va rouvrir dans quelques jours pour une nouvelle saison que tout le monde espère normale. Même si la nouvelle saison s’ouvre le 22 septembre avec le spectacle d’Aurélien Bory « Plan B », on espère qu’il n’y aura pas besoin d’en appliquer un et que ce nouveau temps fort se déroulera normalement.

Derniers préparatifs

Il est à peine 10H et le standard d’Odyssud n’arrête pas de sonner. L’impatience des habitués se manifeste. Ils veulent en savoir plus sur ce qui les attend. Dans la salle de spectacle, les techniciens travaillent. Le sol de la scène a été repeint comme tous les ans. Depuis plusieurs jours le matériel est scrupuleusement vérifié sur des questions de sécurité. Les régies son et lumière sont à nouveau câblées, il faut monter les structures qui vont servir à installer tout le matériel nécessaire.

Les mille fauteuils de la salle sont nettoyés et désinfectés. Se pose évidemment la question de l’accueil. « Nous devons mettre de la distanciation physique entre les groupes de spectateurs, un siège vide entre chacun, dans la limite d’un groupe de 10 personnes. C’est notre logiciel qui gère ça directement quand les spectateurs réservent leur place. » Pour Emmanuel Gaillard, le directeur de la salle, il n’y a pas de problèmes. Avec cette nouvelle donne de « Zone Rouge » en Haute-Garonne, les capacités sont limitées. A Blagnac, la jauge habituelle de 1000 places assises sera ramenée à 650-700 personnes en fonction des réservations, suivant qu’il s’agisse de personnes individuelles ou de groupes.

Photo Benoît Roux FTV

Les gens seront accueillis à l’entrée, masqués bien sûr, avec du gel hydroalcoolique si besoin. « Nous devons juste faire attention qu’il n’y ait pas trop d’attente pour rentrer mais également pour sortir de la salle. C’est pourquoi nous avons rajouté 2 issues de secours pour évacuer plus vite les spectateurs. »

Une nouvelle saison pour oublier la Covid

Odyssud qui comprend une salle de spectacle mais aussi une médiathèque, une salle d’exposition et un auditorium est un complexe qui appartient à la mairie de Blagnac. Avec un budget de fonctionnement de 6 M €, ce service public de la culture achète directement les spectacles et compte sur la billetterie pour équilibrer les comptes. Pour le dernier exercice, tout s’est arrêté en mars. Certes, il y a eu moins de recettes, mais aussi moins de dépenses car les spectacles n’ont pas eu lieu. Les pertes sèches ont été évaluées à 300 000 € par l’équipe d’Odyssud. Il y a tout de même eu 106 000 entrées la dernière saison. « Nous avions 30 000 places à rembourser, confie Pascal Caïla responsable de la communication. Nous avons lancé un appel à dons. Les personnes pouvaient si elles le souhaitaient renoncer au remboursement des billets. Grâce à cette générosité, 37 000 € ont été préservés. Cette somme a servi à payer une partie des salaires dus aux nombreux intermittents qui devaient travailler pour Odyssud en avril et en mai. » »

Pour 2020/2021, la grande nouveauté c’est l’absence d’abonnement. Au vu des incertitudes, il était périlleux de proposer une saison complète. Les spectateurs devront donc réserver pour chaque spectacle, soit en ligne, soit physiquement au guichet à partir du 15 septembre mais sur rendez-vous. Les abonnements qui représentent environ 75% des places en temps normal sont donc exclus et l’achat de billet ne peut se faire que pour les spectacles ayant lieu de septembre à décembre.

La nouvelle carte Odyssud (10€) permet d’obtenir des réductions pour les spectacles. Elle est gratuite pour les abonnés 2019/2020.

Photo Benoît Roux FTV

Edouard Baer, Juliette, Philippe Torreton, Le Messie, les ballets jazz de Montréal en 2020

« Nous avons comme toujours une très belle programmation : du cirque, du théâtre, toutes sortes de musiques, de la danse, des spectacles pour la jeunesse… » Emmanuel Gaillard a le sourire. Il y aura une soixantaine de spectacles (dont 40 inédits et 20 qui sont reprogrammés), pour 200 représentations. La force et la pertinence de la programmation d’Odyssud n’est plus à démontrer. Les spectacles sont de qualité, aussi bien classiques que parfois audacieux. Cette salle était déjà conventionnée pour les musiques nouvelles et la musique ancienne. Elle vient d’obtenir un nouveau label « Art – Enfance -Jeunesse ». Une reconnaissance du travail accompli, notamment dans ces domaines.

Sur le programme, on peut lire qu’Odyssud est « la salle de spectacle publique la plus fréquentée de France hors Paris ». Cette nouvelle saison à de quoi continuer à séduire.

  • de l’humour avec Sophia Aram (les 3 et 4 octobre), Stéphane Guillon (du 4 au 6 mars 2021) ou Edouard Baer sous forme théâtrale (du 19 au 21 novembre)
  • du cirque avec l’Or Blanc un spectacle venu du Cambodge (11 au 14 novembre), le cirque d’Eloize (9 au 12 décembre)
  • du théâtre avec « La vie de Galilée » (Torreton du 1 au 3 décembre), Plan B d’Aurélien Bory (22 au 24 septembre)
  • de la musique avec Juliette (1 et 2 octobre), le « Messie » (5 décembre), Jacky Terrasson (12 octobre)
  • de la danse (ballets de Montréal, « Carmina Burana » ou le prodige Benjamin Millepied)

Si la situation sanitaire le permet, Odyssud a de quoi ravir les amoureux impatients et frustrés de la culture. Paroles de son directeur Emmanuel Gaillard :« Je crois que dans ces moments de crise, nous avons encore plus besoin de partager, de s’émouvoir, de se retrouver et de vivre des choses ensembles. Le spectacle vivant c’est une contribution déterminante sur l’éveil des sensibilités, sur l’émancipation, le développement des personnes. On a un rôle important à jouer dans cette crise. » 

Présentation de la nouvelle saison 2020/21

RENSEIGNEMENTS ET RESERVATIONS 

Service Billetterie
05 61 71 75 10

Benoît Roux

 

 

07 Sep

La réouverture de l’Olympia avec Brigitte Fontaine

L’Olympia a 127 ans et Brigitte Fontaine 81. Le dimanche 6 septembre la célèbre salle de spectacle a rouvert ses portes après la fermeture intervenue en mars dernier. Il faut remonter à la première guerre mondiale pour retrouver un tel état de fait. C’est la grande prêtresse du Kékéland Brigitte Fontaine qui a eu le privilège historique de relancer la programmation de l’Olympia. Avec évidemment toutes les mesures sanitaires nécessaires. Un début de normalité pour une artiste hors normes.

©Sebastien Muylaert/MAXPPP – La façade de l’Olympia avant sa réouverture

Une première pour l’Olympia

Inauguré en 1893, la salle est inaugurée en présence de la danseuse La Goulue. Pour son premier concert post covid, c’est une autre artiste excentrique qui s’est retrouvée sur scène : Brigitte Fontaine. Une telle fermeture de plusieurs mois n’était pas arrivée souvent. Durant la première guerre mondiale, le lieu était en effet fermé. Devenu un cinéma dans les années 30, la salle reste ouverte durant la seconde guerre, occupée d’abord par les Allemands, puis par les Américains.

Le 11 mars 2020, suite à la pandémie, l’Olympia ferme ses portes, dans un premier temps jusqu’au 15 avril. Oxmo Puccino, Jeanne Mas (oui oui!) ou encore Deluxe devaient s’y produire. Le 29 mars 2020, Brigitte Fontaine devait y étrenner son nouveau disque. Après plus de 200 jours de fermeture, son concert est reprogrammé le 6 septembre.

L’Olympia publie  ce communiqué sur Linkedin : « Nous sommes plus que ravis et impatients de retrouver l’ambiance du live et de faire revivre la salle en compagnie des spectateurs et de toutes les personnes avec qui nous collaborons régulièrement. Pour rendre cela possible tout en respectant les conditions sanitaires, nous avons établi différents protocoles sanitaires pour l’accueil du public, de la production et de ses équipes, équipé la salle en conséquence, repensé le parcours client, etc… » 

Brigitte Fontaine en grande prêtresse

Sur les planches depuis 1966, la compagne d’Areski a toujours secoué le cocotier artistique avec quelques productions mythiques dont le fameux « Kékéland ». En janvier dernier, elle sort un nouvel album « Terre Neuve » (le 19ème). Son disque « le plus punk » selon elle, poussé par des vents de révoltes et d’insoumissions. Le concert prévu le 29 mars était presque complet.

Dimanche, 1300 fans distanciés et assis ont retrouvé le temple de la chanson française. Histoire de retrouver une normalité avec une artiste qui s’en est toujours éloigné. Même en jauge réduite (1300 places au lieu des 2800 debout), la fantasque chanteuse démasquée a secoué son monde assise elle aussi sur un grand fauteuil en cuir. « Pendant l’occupation nazie, ça n’a pas été fermé. Maintenant c’est rouvert pour la première. C’est historique! On se croirait sans doute au bal masqué ! Nous sommes des artistes et nous vivons des heures intenses! »

Plus poétesse et libre penseuse que chanteuse, elle a habité la scène avec Yan Péchin, excellent guitariste français qui a notamment joué avec Miossec et Alain Bashung. Des provocs, des moments surréalistes… et quelques surprises à la clé comme cet hommage très personnel à Annie Cordy.

Brigitte Fontaine Olympia – images Agnès Coudurier AFP TV

Dans une interview au Parisien, elle déclarait avant cet événement« Je ne prépare jamais rien. Je serai accompagnée par Yan Péchin, un extraordinaire guitariste et une cascade vénitienne (NDLR : ses cheveux…). Ce sera un plaisir mais aussi un effort énorme de ma part. L’été s’est très mal passé, merci. J’ai le squelette en miettes, j’ai eu une alerte d’AVC, c’est effrayant. Je pourrais continuer la liste longtemps… Mais il faut faire ce concert, alors je le fais. »

Pour ceux qui n’ont pu assister à ce concert, une nouvelle date est programmée le 23 mars 2021. Côté Olympia, beaucoup de concerts ont été reportés en 2021. Après cette réouverture tonitruante, un spectacle de danse « La marche bleue » est programmé les 15 et 16 septembre. Quant à la tournée d’adieu de Tri-Yann qui fête ses 50 ans de carrière, le concert est maintenu pour le 20 septembre mais il est déplacé de l’Olympia au Palais des Sports.

On le voit bien, rien n’est encore tout à fait normal. Sacré Brigitte !

SITE OLYMPIA

FACEBOOK BRIGITTE FONTAINE

 

 

04 Sep

Le nouveau disque jazz-world de Mino Cinelu et Nils Petter Molvær

Le percussionniste d’origine martiniquaise Mino Cinelu et le trompettiste norvégien Nils Petter Molvær signent la sortie de cette semaine : « SulaMadiana ». « Sula » c’est l’île où est né le norvégien et « Madiana » la Martinique de Cinelu. Un album aux influences riches entre jazz, fusion, afrobeat et des éléments de hip hop. L’oeuvre de 2 artistes multi-instrumentistes très doués et ouverts qui explorent les univers sonores. Le tout avec respect des cultures et une intelligence du son. Un disque qui fait voyager les yeux fermés.

Deux musiciens oreilles ouvertes

Mino Cinelu, avant de se lancer en solo, a d’abord été un musicien hors pair. Batteur, percussionniste, guitariste, il se fait remarquer dès son plus jeune âge (24 ans) par un certain Miles Davis :  » Mino Cinélu peut faire swinger n’importe quelle musique « .

3 ans plus tard, Joe Zawinul l’invite à rejoindre la formation mythique de Weather Report. En fait, il a joué avec les plus grands jazzmans du monde mais aussi des artistes de variété comme Lavilliers (dès 1976), Nougaro, Sting ou encore Peter Gabriel. Autant dire que la richesse et la finesse de son jeu ont tapé dans les oreilles de ceux qui ont un organe bien aiguisé.

Après avoir accompagné ces grands maîtres, il se lance en solo en 2000. Des disques plutôt convaincants où pour la première fois, on l’entend chanter.

Cet éclectisme, cette envie de découvrir d’autres univers, on la retrouve aussi chez le trompettiste Nils Petter Molvær. Comme Miles Davis, le norvégien est un adepte de la sourdine et des notes tenues. A l’écoute, le son de Miles Davis est  là mais le jeu est différent. Dans un premier temps, l’artiste est signé par le label ECM qu’il quitte en 2000. Le son « froid » assez caractéristique des productions de Manfred Eicher s’est un peu réchauffé. Lui aussi est devenu un maître de la fusion, un explorateur à succès de différents genres.

Sur l’album, leur complicité est évidente, même si leur rencontre remonte seulement à 2015.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær – SulaMadiana

Album fusion

A l’écoute de « SulaMadiana », c’est l’esprit du voyage qui l’emporte. Un côté fusion, un versant primitif dans certains rythmes et onomatopées, leur musique permet d’explorer l’Afrique, l’Europe bien sûr mais aussi les Amériques et l’Inde avec le très beau morceau « Indianala » composé par Cinelu. Un fond de tablas agrémentés de percussions et voix du musicien français, ponctué par les sonorités douces des cuivres.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær – Indianala

Une corne d’abondance sonore qui remplit les paysages, à faire oublier qu’il y a seulement 2 musiciens. On y retrouve aussi 3 hommages appuyés à 3 artistes disparus cette année qui les ont inspirés. « SulaMadiana » (Manu Dibango), « Song for Julle » (Tony Allen) et « Tambou Madiana » pour l’un des batteur de Miles Davis (Jimmy Cobb). Les percussions de Cinelu sont toujours aussi puissantes et précises et s’allient parfaitement avec les cuivres et les nappes planantes de Nils Petter Molvær.

Mino Cinelu et Nils Petter Molvær Photo : site Facebook

Les rythmes sont variés, les compositions originales et surtout, la fusion entre ces univers, totale. Un disque régénérant et inventif.

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Benoît Roux

02 Sep

Michel Jonasz, Manu Katché et Jean-Yves d’Angelo toujours unis vers l’uni

En 1985, Michel Jonasz accompagné de ses amis musiciens Manu Katché et Jean-Yves D’angélo étaient sur scène pour une tournée mémorable « Unis vers l’Uni ». Un artiste au sommet de son art, une complicité évidente avec ses musiciens. Ceux qui ont eu le bonheur de voir ce spectacle s’en rappellent encore. Il y a quelques mois, les mêmes artistes qui ne se sont jamais quittés ont repris le chemin du studio pour un nouvel album : « La Méouge, le Rhône la Durance ». Le groove de Mister Swing est toujours là. Comme une rivière vivifiante.

Nouvel album Michel Jonasz

A 73 ans, Michel Jonasz est assez discret. Le métier d’acteur a fini par prendre le dessus sur celui d’auteur-compositeur-interprète. Alors forcément, toute nouvelle chanson est un petit plaisir rare à savourer. Entendons-nous bien, l’univers de l’artiste n’est pas toujours d’une grande gaieté et parfois un peu déprimant. Avec le temps aussi, il faut se faire à sa voix un peu chevrotante et tremblante. Ceci étant précisé, l’album sorti en 2019 est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord parce que notre Al Jarreau français n’a rien perdu de son groove, de la qualité de ses compositions, de la beauté (parfois un peu triste) de ses textes.
Pour s’en convaincre, un titre emblématique à faire décoller des semelles de plomb, à laisser entendre que Jonasz est bien un artiste black américain.

Michel Jonasz – Traverser la mer à la nage (Live)

A renfort de cuivre bien affûtés et d’un harmonica enlevé, le morceau anodin au départ finit par swinger tel « La boîte de jazz » il y a plus de 30 ans. Et oui, 30 ans ! La poésie s’installe puis, comme à son habitude, le batteur Manu Katché pousse et installe son rythme. Les arrangements sont sobres, intelligents et efficaces, un vrai régal progressif.

Autre exemple flagrant du style intelligent du batteur français tout en subtilités : « La Planète bleue ». Ce morceau clôture le disque et Jonasz éco-responsable renoue avec l’album « Unis vers l’uni ». Dans une interview à la RTBE, il déclare« Même aujourd’hui, c’est fascinant de me dire qu’on est sur cette boule, cette planète bleue qui tourne dans l’espace, et puis que nous on est dessus comme ça, et qu’il y a des étoiles qui sont à des milliards d’années lumière …Nous sommes les hôtes d’une planète qu’il faut apprendre à préserver, c’est une conscience qui doit s’incarner avant qu’il ne soit trop tard. »

Le jeu de Manu Katché est fait tout en nuances avec un final où il amène sa personalité, sa patte et le son si particulier de ses toms et de sa caisse claire. Bien accompagné par une basse lourde, lles claviers légers de D’Angélo et les ponctuations de guitares.
Un album plutôt réussi avec le poignant, beau et triste « La maison de retraite ». Le naufrage de la vieillesse, de la dépendance, et l’amour, plus fort que tout.

Comme à son habitude, Jonasz surprend aussi avec des incartades orientales oud/derbouka sur le titre « Sombre est la nuit » ou encore le presque country « Le bonheur frappe à la porte ». Revient en mémoire cet album de 1985 « Unis vers l’Uni », avec des musiciens français dont Kamil Rustam qui n’est plus sur cette production. On pense aussi à un autre disque (live), meilleur à mon goût : « La Fabuleuse histoire de Mister Swing » avec des pointures américaines.
Enregistrement nouvel album « La Méouge, le Rhône la Durance » (2019)
« La Méouge, le Rhône la Durance », c’est le fruit d’artistes à la complicité extrême. Un bonheur qui devait se partager sur scène si la COVID n’était pas intervenue. Les concerts parisiens sont reportés en 2021. Quelques dates sont pour l’instant maintenues à l’automne, notamment au Casino Barrière de Toulouse le 15 novembre.
Benoît Roux