20 Juil

La future pop star Sofia Portanet sort l’un des disques de l’été

Il y a chez cette artiste quelque chose de différent. On peut coller autant d’étiquettes que l’on veut sur sa musique, Sofia Portanet ne rentre dans aucune case. Sa manière de chanter dans plusieurs langues, sur une large palette de sensations est aussi très personnelle. Sa voix joue sur les registres, sa curiosité la pousse toujours vers autre chose. Elle vient de sortir son premier disque « Freir Geist ». A l’écoute, une vraie fraîcheur, un choc musical avec l’envie et le plaisir de l’écouter jusqu’au bout. Elle a gentiment et professionnellement accepté cette interview.

Sofia Portanet est née en Allemagne, le jour où le Mur de Berlin tombait. Mais c’est en France qu’elle a grandi. Et le « chez soi » est une notion importante chez elle. Son père d’origine espagnole est aussi musicien et chanteur. Dans leur maison aux environs de Paris, se trouve un studio d’enregistrement. « Nous avons passé beaucoup de temps ensemble avec une vraie complicité. C’est lui qui m’a donné envie de devenir artiste. » Qu’il en soit loué.

La culture de la différence

Elle fait toutes ses études en France, dans une école allemande. Son premier contact poussé avec le chant se fait à la Maîtrise des Hauts de Seine. « C’était une belle expérience. J’y suis restée 5 ans et j’ai appris beaucoup de choses qui me marquent encore aujourd’hui. Mais chanter en lisant des notes, ce n’était pas mon truc! » Pas envie d’enferrer sa créativité dans une une armure.

Elle passe son bac en France et poursuit ses études de communication et d’économie à Berlin. Toujours dans l’optique de vivre de sa musique. Elle raconte au célèbre journal Der Spiegel qu’elle a d’abord fait des reprises de vieux morceau dans les bars et restaurants. Mais vu que personne ne l’écoutait en mangeant, elle décide alors d’exagérer l’articulation de certains mots pour que les gens avalent de travers et s’intéressent à elle. De la personnalité, je vous dis.

Pour le groupe, c’est elle qui choisit les musiciens. «Ce n’est pas seulement la technicité qui m’intéresse. Il faut aussi qu’ils aient un bon feeling avec le son et que ça colle humainement. » Son batteur est avocat, son bassiste professeur et son clavier journaliste. Éclectique.

Elle se sent forte pour écrire et composer l’album. Avec son partenaire musical Steffen Kahles, elle produit le disque et signe les arrangements. Steffen Kahles est lui-même compositeur de musiques de films. Dès 2018, 2 singles sortent. Puis pendant un an, c’est le travail d’écriture, d’enregistrement et de production. Avec de l’exigence à la clé.

Des influences mais une singularité

Toute ma musique, ma manière de chanter, c’est une recherche de moi-même, savoir qui je suis.

Sofia Portanet cultive la différence et c’est tout sauf une posture. A l’écoute de l’album, on saisit de suite cette singularité. Oui, on reconnaît des influences mais ce n’est jamais une copie. « Dans ma quête musicale, certains artistes m’ont inspiré comme Kate Bush. Mais j’écoute beaucoup de choses différentes : du folklore, de la musique actuelle, du jazz, de la soul, du rock. J’adore Edith Piaf et Ingrid Caven qui lui ressemble un peu en Allemagne…. Björk pour sa créativité et sa capacité à se transformer. Mais je pourrais citer Yma Sumac qui m’impressionne, Madonna, Blondie pour sa musique, son caractère et son côté punk. La chanteuse Américaine Lene Lovich… Queen, Klaus Nomi, Nina Hagen que j’ai découverte sur le tard ou encore Bowie… »

Sofia Portanet – Art deco

Des résonances avec Catherine Ribeiro

Sur l’album, il y a cet OVNI, un morceau magnifique de profondeur et de résonances, une reprise de Catherine Ribeiro intitulée « Racines ». Un texte fort, habité, une forme de cantique mais totalement et librement païen.

Je ne crois pas en Dieu / L’infiniment puissant / Parce-que je crois en l’homme / A son vol en suspens./ Et je crois au grand vent / Qui souffle nos mémoires / Au saint du temps présent / A l’issue provisoire / Aux germes du printemps / Aux courbes de l’été / Au regard transparent de l’être tant aimé…

C’est le morceau qu’elle choisi pour clore le disque, comme un cachet qui renferme une très forte personnalité. « Catherine Ribeiro, l’une des plus grandes chanteuses françaises, reconnue telle quelle très tard… Sa musique et sa voix sont incomparables, elles transportent de l’émotion comme personne d’autre. Ce texte m’a profondément touchée. J’ai été invitée par le Goethe Institut pour célébrer les 30 ans de la chute du mur de Berlin à Huston (Texas). J’ai choisi d’interpréter cette chanson car elle a une signification forte qui montre la capacité de l’être humain et de la nature. C’est le pouvoir de chaque individu qui est au centre de tout. Pas Dieu. »


Sinon, elle signe tous les autres textes avec là aussi, de l’éclectisme. On retrouve « Menschen und Mächte » (Hommes et pouvoir), le galactique « Planète Mars », écrit originellement en français et disponible sous cette version en France. Une chanson d’amour et d’adieux.

Sofia Portanet – Planète Mars (version française)

« J’écris sur ce qui me touche. Sur la recherche de soi, l’évanescence…Et quand je veux chanter dans une autre langue, je prends des traducteurs professionnels pour être la plus juste possible ».  Sa signature, c’est aussi des extraits d’écrivains comme Heinrich Heine (Wanderratte) ou Rainer Maria Rilke (Das Kind).

La suite

« Freier Geist » est disponible sur les plateformes de streaming depuis plusieurs semaines ainsi que le CD. Le vinyle sortira le 24 juillet. « L’album reçoit un accueil incroyable en Allemagne. J’en suis très surprise. J’ai eu beaucoup de presse avec des titres prestigieux… De nombreux messages privés venant d’Angleterre. Je sais qu’en France aussi, les retours sont bons. « 

Le disque de Sofia Portanet en bonne compagnie. ©Facebook Sofia Portanet

Effectivement, le presse est très élogieuse sur cette nouvelle artiste qui renouvelle la « nouvelle vague allemande ». Les comparaisons sont flatteuses mais méritées.

Sofia Portanet – Version anglaise de Wanderratte

Il devait y avoir une tournée avec 2 dates en France (Paris et Colmar). Avec la pandémie, elle s’adapte et propose une formule acoustique. « On trouve un nouveau public qui n’avait pas encore accroché sur le disque et qui trouve la voix plus présente, les arrangements de guitares plus intéressants… On part à la conquête. Le 11 août, ce sera un live pour la télé allemande ZDF. C’est une autre manière très directe de connecter les gens depuis cette crise ». Toujours positive.

J’aimerai que l’on puisse dire de moi que je suis restée fidèle à ma propre vision musicale. Que j’ai inspiré d’autres personnes pour leur donner confiance à faire la même chose.

Fidèle et déterminée, Sofia Portanet a tout le talent et la personnalité pour que son nom reste. Il y a beaucoup d’élégances dans sa musique. Beaucoup de singularité aussi et une force intérieure qui font la différence.

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Benoît Roux