16 Oct

Les entreprises de l’événementiel et du spectacle ont perdu 70% de leur chiffre d’affaires à Toulouse

« Events 31 » qui regroupe 200 entreprises de la filière événementielle toulousaine a fait une enquête sur l’impact de la Covid 19. En moyenne, ces structures ont perdu 70% de leur chiffre d’affaires. 3 entreprises sur 5 pourraient déposer le bilan dans les prochains mois. Le point avec Laurent Chabaud qui a coordonné l’Alerte Rouge à Toulouse.

Laurent Chabaud lors d’un enregistrement

Laurent Chabaud est à la tête de « Concept Group », une entreprise de prestation technique. Il emploie 42 personnes en CDI et tout autant d’intermittents en ETP (Equivalent Temps Plein). Ses 4 bâtiments de Toulouse, Bordeaux, Marseille et Brignoles sont remplis de matériel. 8 000 m2 de matériel son, lumières, structures, distribution électrique, réseau, qui attendent de partir sur un festival, un spectacle…Mais les événements s’annulent les uns après les autres. « Depuis le mois de mars 2020, nous assistions à une mise à mort de notre filière. Avec les annonces du Président de la République mercredi soir 14 octobre, c’est une décapitation. »

3 entreprises sur 5 pourraient déposer le bilan dans les prochains mois

Pendant le confinement, les 200 entreprises rassemblées sous la

bannière « Events 31 » n’ont pas travaillé et ont donc eu 100% de pertes. Depuis le déconfinement, l’activité a du mal à reprendre. Et c’est très long. Car un festival, un congrès, une manifestation événementielle, ne se lancent pas au dernier moment et mettent du temps à s’organiser. Alors les protagonistes hésitent. Encore plus maintenant ou un couvre-feu est instauré dans les 37 communes de Toulouse Métropole à partir de 21H.

Selon les prévisions de leur enquête publiée début octobre, le chiffre d’affaires de ces 200 entités est estimé à 150 M€ pour 2020 contre 500M€ pour l’exercice 2019. Elles perdraient en moyenne 70% de leur chiffre d’affaires sur 12 mois à partir de mars 2020. Un chiffre qui monte même à 90% pour les prestataires techniques comme Laurent Chabaud. Pour les Agences événementielles, c’est du 100%, sans compter les traiteurs, les prestataires divers et les hôtels spécialisés dans l’événementiel.

Non seulement l’activité ne reprend pas, mais tous les jours, leur « patrimoine technique » perd de la valeur. « Notre parc matériel doit être renouvelé à 80 % tous les 5 ans. Le son, la lumière, tout vieillit vite et devient obsolète. Si nous avions investi dans l’immobilier, notre inactivité aurait moins d’impact car le patrimoine garderait sa valeur. Si nous sommes en liquidation, notre matériel ne vaudra presque rien et ne permettra pas de rembourser les dettes. »

Laurent Chabaud au volant de son camion de matériel technique

D’habitude, nous mettons du matériel pour les artistes en résidence. Là, notre nouvelle résidence sera le tribunal de commerce!

Résultat : 3 entreprises sur 5 réalisant plus de 500K€ de chiffre d’affaires pourraient déposer le bilan dans les 6 prochains mois.

« Alerte Rouge », l’exemple de Toulouse

Le mercredi 16 septembre, la filière événementielle de la Haute-Garonne a lancé l’Alerte Rouge. Plusieurs façades ont été illuminées en rouge (Conseil Régional, Départemental…) et les acteurs de ce secteur se sont retrouvés au Bikini pour lancer l’alerte. « Notre collectif à Toulouse est assez unique. Il y en a seulement à la Réunion, et à Marseille. Depuis une dizaine d’années il existe un Bureau des Congrès sur Toulouse, avec des représentants de la mairie, mais tous les acteurs privés sont associés. On organise beaucoup de réunion pour promouvoir le tourisme d’affaires. On a appris à se fédérer, se rencontrer. Quand la crise du Covid est arrivée, le collectif est né de ça, d’où le succès rencontré. Les 30 prestataires techniques de Toulouse ont tous répondu présent. »

Alerte Rouge devant la salle du Bikini (Toulouse) Photo : Master Films

Des aides insuffisantes et trop conditionnées

Depuis mars 2020, des aides se sont mises en place progressivement. Il y a d’abord eu la prise en charge par l’Etat de l’activité partielle qui se poursuit jusqu’à la fin de l’année. D’autres sont venues compléter le dispositif, mais les bénéficiaires potentiels doivent avoir une perte de chiffre d’affaires supérieure à 70%.

Dans le collectif toulousain, 30% des adhérents ne les percevront pas à cause de ça. Idem pour la région Occitanie qui soutient également le secteur. Mais l’une des conditions de l’octroi des aides est que l’entreprise ait un chiffre d’affaires inférieur à 500K d’€. Résultat : 75% de ces entreprises toulousaines ne peuvent pas en bénéficier. « A l’heure des logiciels informatiques, nous ne comprenons pas que l’on ne mette pas en place une dégressivité du montant de ces aides. C’est ce que nous demandons. Car que l’on soit à 60% ou 70% de pertes, la situation est quasiment la même », regrette Laurent Chabaud. « Que les entreprises soient petites, moyennes ou grosses, les dégâts économiques et sociaux sont tout aussi graves, avec néanmoins des charges de structure qui montent en flèche selon l’importance de l’entreprise et qui réduisent notre durée de vie. »

Vendredi dernier, le gouvernement a assoupli les conditions et abaissé les seuils. La région n’a pas encore remodifié les conditions des aides.

Autre problème, ces entreprises toulousaines de l’événementiel dépendent beaucoup du secteur de l’aéronautique, d’Airbus et ses sous-traitants. Autant dire que c’est la double peine pour eux. « Nous avons eu AZF en 2001. On a mis 3 ans à s’en remettre. 2006 : Power 8 (plan social) chez Airbus; 2007 les subprimes… 2012-2015, les attentats en France et Mohammed Merah à Toulouse. Mais la crise du Covid est beaucoup plus puissante. Impossible pour nous de s’adapter!

Les adhérents d’Events 31 ont fait leur calcul : ils ont 135M€ de charges incompressibles par an, soit 11,25 par mois. Or pour l’instant, les différentes aides leur permettent de couvrir seulement 10% de ces charges. Et encore, certaines ne sont que reportées et devront être payées en mars 2021. Les loyers de leurs bâtiments par exemple doivent être payés à nouveau au premier octobre.

Comment payer 150% de charges quand on perd 80% du chiffre d’affaires?

Oubliés pendant des mois de cette crise, la filière de l’événement a fini par être prise en compte dans les négociations à Paris. Ils sont désormais rattachés au secteur du tourisme. Mais quand Roselyne Bachelot débloque 2 milliards en septembre pour les producteurs et organisateurs du secteur culturel, ils n’en voient pas la couleur au prétexte qu’ils bénéficient du plan tourisme.

En 2019, le secteur de l’événementiel comptait 3000 CDI sur Toulouse. Ils ne seraient plus que 2100 aujourd’hui, soit une chute de 30%.

Alors l’Alerte Rouge est toujours allumée. « On sensibilise nos députés. On ne bloque pas le périph, on reste courtois. C’est le poids des mots et le choc des totaux que l’on a fait avec notre enquête. Mais on sent la pression pour descendre dans la rue car on ne peut plus vivre longtemps comme ça », prévient Laurent Chabaud.

La coupe du monde de rugby et les JO en ligne de mire

Pour 2021, les entreprises de l’événementiel et du spectacle ne se font pas d’illusion : la Covid sera toujours là. 2022, les élections présidentielles laissent peu de place à de grands événements car tout le monde attend de voir les intentions de l’hôte de l’Elysée. Mais en 2023, la France accueille la coupe du monde rugby. En 2024, les JO seront là aussi.

Des moments de fête, de partages et de joie où l’on comptera sur ces entreprises. Mais tiendront-elles jusque là? « Tout le monde aura besoin de ces manifestations pour oublier la crise et se retrouver. Si nous ne sommes plus là, il n’y aura pas ces événements. Nous aurons perdu notre savoir-faire au moment où l’on aurait le plus besoin de nous ». 

Enregistrement d’une émission à Sud Radio

Laurent Chabaud a horreur que l’on dise que nul n’est indispensable car selon lui, beaucoup de personnes le sont. La crise du Covid pourrait bien lui donner raison.

A LIRE AUSSI ; L’EXEMPLE DE SPEEDOS E D’UNE SOCIETE TOULOUSAINE

Benoît Roux

11 Oct

Le festival Jazz sur son 31 soutient les artistes de la région

C’est la 34ème édition du Festival Jazz sur son 31. Soutenue par le Conseil Départemental de la Haute-Garonne cette manifestation fait place aux artistes américains (James Carter), aux français (Thomas Dutronc) mais aussi aux artistes locaux. La plupart des concerts sont gratuits.

Commencé le 7 octobre, le festival Jazz sur son 31 est l’un des rares à être maintenu. Certes la programmation a été réduite de moitié (33 événements cette année contre 72 l’an dernier), mais les grandes affiches sont présentes : James Carter, Thomas Dutronc, Jacky Terrasson, Jeff Ballard. Comme d’habitude, une place importante est réservée aux artistes français avec Thomas Dutronc, la saxophoniste Sophie Alour et  les pianistes Jacky Terrasson, Andy Emler, Rémi Panossian, Laurent Coulondre ou encore Yaron Herman.

Des « concerts clubs » dans plusieurs villes du département

Mais l’originalité, ce sont aussi des artistes locaux qui se produisent dans différentes salles d’une dizaine de communes de Haute-Garonne. Pour le coup, les scènes deviennent une sorte de club de jazz avec des artistes de la région toulousaine. Jeudi 8 Octobre, Serge Lopez et Pascal Rollando (2 musiciens de Bernardo Sandoval) ont ouvert le bal à Fenouillet.

Jeudi prochain 15 octobre, place à la poésie et à l’émotion avec ce spectacle où l’on retrouvera 2 artistes hors-pairs : tout d’abord l’accordéoniste aveyronnais Lionel Suarez et le chanteur et guitariste JeHaN. Une soirée en hommage au chanteur Allain Leprest disparu sans avoir eu la reconnaissance qu’il méritait. C’était un ami des 2 artistes. Lionel Suarez qui a accompagné beaucoup d’artistes -notamment Claude Nougaro- va mettre sa virtuosité au service des mots de Leprest et de la voix touchante de JeHaN.

JeHaN & Suarez – Je ne te salue pas

Ils seront le 15 octobre à la salle Georges Brassens d’Aucamville.

Le lendemain, le « Mystère trio quartet » sur un registre plus festif sera au foyer de Larroque. Jazz, blues, soul, manouche, les voilà sur les traces de Django Reinhardt.

Mystère Trio quartet – Ondine

Toujours manouche et tout aussi jazz, mais en quartet, Benjamin Bobenrieth Travels. De la fougue, de l’audace, les influences de Mingus et Coltrane sont bien là. A voir samedi 17 octobre à Lasserre-Pradère.

Et pour clôturer le festivale le dimanche 18 octobre, place aux Filibusters. Les cuivres rutilent et la Nouvelle Orléans s’approche. 3 saxs de toutes tonalités, 4 cuivres en tout et un batteur. Embarquement à 17H dimanche à Gratentour.

Toutes ces manifestations sont gratuites comme la plupart de la programmation du festival où seulement 6 spectacles sur les 33 seront payants. Raison de plus pour aller redécouvrir ces artistes et soutenir le monde du spectacle et de l’événementiel qui en a bien besoin.

En savoir plus sur le festival 

Renseignements et réservations pour les concerts payants

Benoît Roux

 

09 Oct

Shaken Soda, le nouveau groupe pop rock de Toulouse qui bouge

C’est punchy, frais et bien fait. Les 3 gars de Shaken Soda sont un peu secoués mais le cocktail musical est éclectique. Du pop-rock un peu français et très british qui donne la pêche. Leur tout nouveau clip est en ligne. Le nouvel EP des toulousains sortira le 16 octobre avec un live-stream depuis Toulouse.

Shaken Soda © Katty Castellat

C’est l’histoire de 3 musiciens à l’énergie communicative. Ils se connaissaient mais devaient se trouver. Pierre Boulay était parti en Angleterre, d’où le côté très anglais dans l’approche et dans le son. C’est un chanteur à la voix de ténor très timbrée anglais et un bassiste rebondissant. Olivier Castellat a été bluffé par l’une de ses performances. Le hasard fait bien les choses : le violoncelliste de formation classique assure désormais les guitares et les chœurs de Shaken Soda. Mikaël Torren est un ami d’Olivier. C’est lui qui signes la batterie et les samples. 3 gars faits pour se rencontrer et qui seront réunis le 11 décembre 2018 pour jouer ensemble à Toulouse. Le groupe est monté.

crédit photo : Fabrice Morand

Sans prise de tête mais avec beaucoup d’à propos et de virtuosité, le cocktail de ces 3 shakers musicaux va devenir enivrant. Ce qui frappe à l’écoute de leurs morceaux, c’est la variété des compositions et l’énergie déployée. Tout ceci est assez jouissif et énervé. Le rock l’emporte mais les influences sont multiples. Ca respire la pop anglaise genre Artic Monkeys, un côté rock-punk revisité qui Clash, mais aussi des inspirations classiques. Une identité complexe à l’énergie libératrice.

Shaken soda – Complex Identity

Un clip co-réalisé par Mikaël Torren et Charlie Couteau, filmé par Céline Kalidjian, qui montre bien l’inventivité du groupe. Des identités ambivalentes déclinées en plusieurs scènes assez délirantes, un hymne à la liberté, une invitation au lâcher-prise.

Le groupe sortira son premier EP le 16 octobre. Pour l’avoir déjà écouté la diversité sera de mise et la danse de rigueur. Pour l’occasion, Shaken Soda donnera un live-stream depuis le Connexion Live à Toulouse. Le public ne sera pas présent mais il pourra voir le concert et l’interview en direct sur Facebook et une retransmission dans plusieurs bars partout en France. On en reparlera. En attendant, écoutez Shaken Soda et… Shake it baby !

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Benoît Roux 

07 Oct

Eddie Van Halen en 10 titres

Le célèbre guitariste Eddie Van Halen est mort mardi soir 6 octobre 2020 à l’âge de 65 ans. On retiendra ses riffs de guitare, le « tapping » qu’il a inventé, ses tenues excentriques, sa longue chevelure. Retour sur ce guitar hero du métal en 10 morceaux.

Eddie Van Halen Photo : John Angelillo/UPI via MaxPPP

Eddie Van Halen c’est tout d’abord l’inventeur du « Tapping », une technique qui consiste à ne pas utiliser de médiator avec la main droite, mais de taper sur le manche avec les doigts. Un procédé qui donne une impression de vitesse fabuleuse que Van Halen érigera en institution. Exemple sur cette reprise du célèbre morceau des Kinks. 

Van Halen – You really got me

Mais évidemment, le titre entendu des milliards de fois n’est pas un morceau de Van Halen. Il a juste réalisé le solo. Et quel solo !

Michael Jackson – Beat it

Le TUBE de Van Halen, c’est « Jump » sorti fin 83. Remarqué pour un son de synthé assez novateur, les guitares de Van Halen ne sont pas en reste. Eddie aurait même déclaré que c’était son solo préféré. En France, le morceau cartonne et depuis plus de 30 ans, il accompagne l’entrée des joueurs de l’OM sur la pelouse du Vélodrome. 


Eddie Van Halen – Jump

Connu comme guitariste, Eddie Van Halen joue aussi de la batterie. Il forme avec son frère Alex le groupe Van Halen en compagnie du très remuant chanteur David Lee Roth. Une agitation contagieuse, comme on peut le voir sur le clip avec des extraits de concerts.

Eddie Van Halen – Panama

Le groupe se fonde en 1978 et dès le premier album, figure ce qui va devenir le manifeste du « Tapping » : le titre « Eruption ». Avec 2 maîtres de la guitare revendiqué : Dieu lui-même -Eric Clapton- et Jimmy Page.

Van Halen – Eruption live in Charlotte 2015

Il réalise la même technique sur une guitare folk avec le titre « Spanish Fly » d’une technicité impressionnante.

Eddie Van Halen – Spanish Fly

Le groupe Van Halen est avant tout un groupe de métal dès les premiers albums. Comme le prouve ce morceau paru en 1978.

Eddie Van Halen – Ain’t talkin’ bout love Live

Eddie Van Halen – Hot for teacher

Autre morceau étonnant, « Hot for Teacher » qui commence par un solo de batterie endiablé sur tout le morceau. Le clip est aussi assez délirant, co-réalisé par le chanteur David Lee Roth.

Comme tout bon groupe de hard qui se respecte, Van Halen a aussi fait (rarement) dans le morceau plus calme, le slow bien balancé. Un peu anecdotique mais ce live révèle aussi la qualité des musiciens.

Eddie Van Halen – Love walks in

Dernier titre qui envoie bien paru dès 1978 : « Runnin’ with the devil ». David Lee Roth en pleine forme et les légendaires solo de Van Halen.

Eddie Van Halen – Runnin’ with the devil

Disparu a 65 ans, Eddie Van Halen aura changé le son et la manière de jouer de la guitare.

Benoît Roux

05 Oct

Des musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse reprennent les clefs de Saint-Pierre

Depuis 20 ans, des musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse proposent des concerts en formation réduite. Dans un cadre magnifique (Saint-Pierre des Cuisines à Toulouse), ils proposent 5 concerts pour écouter la musique de chambre avec plus de proximité. La nouvelle saison débute ce soir lundi 5 octobre avec un programme dédié aux quatuors : Mozart, Haydn, Beethoven.

Les 4 musiciens du concert du 5 octobre 2020 : Photo : Les Clés de Saint-Pierre

Faire entendre la musique dite classique d’une autre manière

Depuis l’an 2000, les associations « Internotes » et « Les clefs de Saint-Pierre » proposent des concerts de musique de chambre d’un autre genre. L’idée : prendre des musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse (ONCT) et leur demander d’établir un programme musical pour le jouer ensuite à l’auditorium de Saint-Pierre des Cuisines de Toulouse. « Ce sont des choses qu’on ne voit pas dans les autres saisons musicales. Nous sélectionnons 5 de ces programmes et les musiciens du Capitole viennent ensuite les jouer à Saint-Pierre. Ca crée une autre relation entre les musiciens et le public. » Henri Simonneau le président de ces associations est très satisfait du résultat. Toute la différence se fait par le choix des musiciens du Capitole qui permet des associations audacieuses et des découvertes fructueuses.

Outre les 5 concerts à Saint-Pierre, l’association « Internotes » se greffe aussi sur les « Concerts de marchés » qui se déroulent tous les dimanches à Tournefeuille non loin du marché. Ils proposent 4 concerts cette saison dans ce cadre là : « Ce sont des concerts plus courts (1H environ), qui s’adressent particulièrement aux enfants, et qui sont très accessibles : le prix est fixé à 2€ ».

La saison 2020/2021

La saison précédente s’est achevée le 11 septembre dernier en raison du concert annulé le 27 avril. Mais ce lundi 5 octobre, Les Clés de Saint-Pierre réinvestissent l’auditorium pour la nouvelle saison. Au programme, « Le quatuor en héritage » avec 3 compositeurs clés de ce genre musical : Haydn, Mozart et Beethoven. Ce lundi soir à 21H, vous pourrez le Quatuor N° 5 opus 33 de Haydn, le Quatuor N° 15 en ré mineur K. 421 de Mozart et le Quatuor N° 5 opus 18 en la majeur de Beethoven.

Sur scène,  Marianne Puzin et Jean-Baptiste Jourdin, violons, Claire Pélissier, alto et Marie Girbal, violoncelle. Tous les 4 sont des musiciens de l’ONCT. Ils ont réalisé un Teaser qui prouve bien l’esprit « décontracté » de ces concerts. 

Le prochain concert aura lieu le 30 novembre et fêtera le 250ème anniversaire de la naissance de Beethoven. Avec le Quatuor n°7 en fa majeur, les Plaisanteries musicales autour de Beethoven pour 2 cors et quatuor à cordes et un Sextuor en mi bémol majeur.

Chaque concert est au prix de 22€, 16€ pour les séniors, 11€ pour les étudiants. Pour ces derniers, si vous vous présentez le soir du concert, vous ne paierez que 5 € sur simple justificatif. L’idée étant de rajeunir le public, il est possible de s’abonner aux 5 concerts de Saint-Pierre pour 70€. Evidemment, l’accueil du public se fera dans le stricte respect des normes sanitaires. La jauge de la salle permet de recevoir 196 personnes.

Des partenariats à venir

L’association « Internotes » développe des partenariats depuis sa création. L’association « Aïda » qui est aussi mécène de l’ONCT l’est aussi pour ces concerts. Cette année, 3 des 5 concerts feront l’objet d’une organisation particulière. Des actions ciblées par rapport à un certain public qui fréquente peu ces manifestations (par exemple les jeunes, les Compagnons du Devoir…) pour venir présenter les musiciens dans leurs structures et qu’ensuite ces personnes viennent aux concerts. « Nous allons signer une convention ciblée avec certains publics le 17 octobre à la Halle Aux Grains, assure le président Henri Simonneau. Cette opération sera menée pour les 3 concerts qui auront lieu début 2021. Nous voulons montrer notre travail au quotidien pas seulement quand nous sommes en costume queue de pie! ».

Les « Clefs de Saint-Pierre » ou comment faire prendre la Clef des champs aux musiciens pour faire écouter et découvrir la musique sur des registres différents.


Les clefs de Saint-Pierre

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01 Oct

L’ouvrier Sam Karpienia (Dupain) repart à L’Usina

Il y a 20 ans, le groupe Dupain sortait son premier album : L’Usina. Des chants ouvriers puissants lancés contre la vague capitaliste, portés par la voix enfiévrée de Sam Karpienia. Le chanteur reprend aujourd’hui ces textes pour une relecture plus intime et poétique, portée par les cordes des mandoles et d’un violon bulgare. Une véritable création qui prouve encore la richesse d’un artiste toujours aussi inventif, engagé et généreux.

Pauline Willerval et Sam Karpienia Crédit Photo : Yves Rousguisto – ADAGP

Premier morceau, premiers frissons « Terra de Crau », texte et musique Sam Karpienia. Difficile d’y reconnaître complètement le morceau initial « Lo Garagai » tellement tout est réinventé. Mais toujours habité magnifiquement par Sam. A l’image de tout l’album.

L’Usina en résidence

Pourquoi revenir sur ce choc musical qu’a été l’album « L’Usina » en 2000? Coup d’essai, coup transformé par Dupain, avec pour maître d’œuvre Sam Karpienia. Une major (Virgin) s’était même intéressée au phénomène en signant le groupe. La presse était alors dithyrambique et unanime.

20 ans plus tard, cette relecture très personnelle paraît sur un nouveau label « Fatto in Casa » monté par Serge Pesce et Lucien Massucco (Nux Vomica). L’Usina nouvelle version est donc revenue chez les ouvriers. Les moyens ne sont pas les mêmes mais la créativité est intacte. Moins brutal, moins direct qu’avec Dupain, cette création est plus intimiste, plus personnelle et va exploiter d’autres sphères.

Sam Karpienia & Pauline Willerval – Terra de Crau

Au départ, Lucien Massucco propose  à Sam de faire un disque sur son nouveau label « Fatto in casa »; un disque de Sam Karpienia et pas de Dupain. Sam propose de reprendre les textes de l’Usina 20 ans après pour une régénérescence nécessaire. Le défi n’est pas évident mais l’envie et le talent font le reste.

Dupain – Lo Garagai (version initiale de Terra de Crau)

En 2018, Sam rentre solo en résidence à Coaraze dans les Alpes Maritimes. Une semaine plus tard, la dralha est tracée, le projet s’affine. L’artiste décide d’y joindre Pauline Willerval. « On s’est rencontré quand elle était à Marseille. Elle a joué aussi avec De la Crau (autre groupe de Sam). Elle a une approche virtuose, intelligente, mais elle sait aussi jouer simple. Elle a vécu en Turquie, en Bulgarie et là, elle est repartie en Bretagne »

Toujours le brassage improbable des cultures cher à Sam! Pauline joue de la Gadulka, un violon bulgare à la sonorité typique. Elle fait partie de plusieurs groupes et partage souvent la scène avec Rodolphe Burger ou Erik Marchand. Son travail sur ce disque est assez époustouflant.

Pauline Willerval & Makis Baklatzis – Halai

Ensemble, ils re-rentrent en résidence pour parfaire la création. Octobre 2018, un concert de sortie de résidence clôture la création. Il permet aussi de lancer le nouveau label. Le disque qui vient de sortir est le fruit de ce travail. La plupart des morceaux ont été enregistrés en multipistes pendant le live à Coaraze. D’autres sont issus du travail de résidence. Un disque en duo très riche où l’imperfection est assumée et l’émotion assurée.

Pauline Willerval Crédit Photo : Yves Rousguisto – ADAGP

« Basta de trabalhar », l’autre album de la révélation

Sam Karpienia a toujours aimé les boucles pour poser sa voix d’équilibriste dessus. Dans Dupain, c’était avec la vielle à roue, là c’est avec la gadulka de Pauline Willerval et les boîtes à rythme. Comme un support, un champs contre-chant au chant. Le feu de la voix est toujours là, la fièvre contestataire de ces textes brulots toujours présente. Les mots ont toujours des résonnances actuelles, peut-être encore plus qu’il y a 20 ans. Mais la direction musicale choisi est moins ardente, plus poétique même si la voix rauque de Sam clame ses colères comme une transe bienveillante.

Le côté musique répétitive des gestes mécaniques du monde ouvrier ne sont que davantage mis en valeur. La gadulka de Pauline Willerval, les mandoles de Sam et autres boîtes à rythmes créent un tourbillon prenant comme dans cette magnifique chanson « Ta libertat ». Version très habité et magnifié du morceau « Que vòs » de Dupain. Quel souffle, quel lyrisme, quel équilibre! Magnifique.

Sam Karpienia & Pauline Willerval – Ta libertat

Tout est juste, profond et personnel. Les équilibres entre mandole (électrique ou acoustique) gadulka, boîte à rythmes, quelques chœurs rajoutés et la voix de Sam Karpienia sont tout simplement somptueux. Comme un ruissellement de cordes qui se glisse entre les pierres de la voix rocailleuse de Sam.

Rien à voir avec la version initiale de Dupain pourtant intéressante.

Dupain – Que vòs?


Moins violents, les morceaux n’en retirent que plus de force. On mesure la beauté et la pertinence de ces textes, l’humanité et la profondeur du chant de Sam. Pour l’heure, l’artiste est sur plusieurs projets, en solo ou avec son groupe De la Crau. Sam Karpienia aimerait bien amener « Basta de trabalhar » sur scène avec Pauline Willerval. Mais pour l’heure, il est surtout en tournée avec De la Crau.

Sam Karpienia Crédit Photo : Yves Rousguisto – ADAGP

« Basta de trabalhar » est un disque atypique, avec la force et la spontanéité assumées d’un live, mais aussi une production intelligente dans le même esprit. Là où les artistes passent beaucoup de temps à se répéter, Sam Karpienia enfile toujours le bleu de chauffe pour se régénérer. C’est l’esprit de l’usine mais sans jamais se reproduire. Explorer, toujours explorer, comme une mise en danger vitale pour se garder vivant.

ACHETER LE DISQUE

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Portrait SAM KARPIENIA  

UN MARSEILLAIS SIGNE LE TUBE DE L’ETE

Benoît Roux

 

 

28 Sep

Alerte Rouge pour Speedos et les techniciens du spectacle toulousain

Il y a les artistes et ceux qui sont derrière. Jean-Luc Petit alias « Speedos » a fait le son pour Cats on Trees, Stan Getz, Fabulous Troubadors, Mano Negra, Massilia… On le retrouve souvent aux concerts du Bikini à Toulouse. Mais depuis le printemps, les consoles restent muettes. L’Alerte Rouge a été déclarée. Si on parle souvent des artistes, tous ceux qui leur permettent de se produire sont en galère. Exemple avec « Speedos » qui a choisi ce métier pour s’enrichir les oreilles.

Photo Audio-Lum

Jean-Luc Petit est un passionné du son et du spectacle en général. Si on l’appelle « Speedos », c’est parce qu’il voudrait toujours donner plus pour sa passion. Mais depuis 6 mois, c’est le calme plat. Il aurait dû être sur un festival, peut-être participer à un concert au Bikini (Toulouse). Mais il est chez lui, avec son entreprise Audio-Lum fondée en 1989.

Audio-Lum passe au rouge comme d’autres sociétés

Non loin de Toulouse, à Drémil-Lafage, Jean-Luc trouve le temps long. Cet éternel bon vivant optimiste commence à se faire du mouron pour ses 3 salariés permanents et la quinzaine d’intermittents qui travaillent régulièrement. « Aujourd’hui, nous en sommes à 190 jours de concerts annulés depuis le 16 mars. Depuis cette date, il ne s’est rien passé non plus à la salle du Bikini ». Jean-Luc est à la tête d’une petite structure indépendante (l’une des dernières) qui intervient sur de nombreux festivals, qui suit les artistes en tournée et qui fournit beaucoup de prestations pour des salles de spectacle; notamment le Bikini à Toulouse.

Cette année les « Arts scenics » de Lisle-sur-Tarn n’ont pas eu lieu, les « Siestes électroniques » à Toulouse se sont endormies pour un an. Idem le festival « Rock en Stock » dans le Gers, le « Tangopostale » à Toulouse. Quand le téléphone sonne chez Speedos, ce n’est plus pour une commande mais pour supprimer encore une date. Ses salariés sont en chômage partiel. Lui, il n’y a pas droit mais touche des aides de l’Etat. Certains mois 1500 €, d’autres un peu moins. La Région Occitanie a été solidaire : 2000 €. Heureusement, la comptabilité de sa boîte était saine. Il puise donc dans les réserves. « Nous avons fait quelques concerts en plein air devant la Halle de la Machine (Toulouse), quelques petites locations. Nous avons perdu 80 % de notre activité depuis mars. Pendant le confinement, nous n’avons rien fait. Habituellement, notre chiffre d’affaire annuel est de 650 000 €. Cette année, nous arriverions péniblement à 150 000 € si on arrive à travailler. » 

Alerte Rouge devant le Bikini (Toulouse). Photo : Benoît Roux FTV

Les métiers de l’ombre au bord du gouffre

En Midi-Pyrénées, l’ensemble de la filière concert-événement fait travailler 9000 personnes. Les 200 prestataires techniques de l’ancienne région ont déjà perdu 2,5 M d’€. Si l’on comptabilise toutes les retombées financière générées par un événement, ce serait 8 M d’€ de pertes de chiffre d’affaire par semaine !

Mercredi 16 septembre, les professionnels des métiers du spectacle et de l’événementiel ont lancé une Alerte Rouge. Une idée venue d’Allemagne pour alerter sur leur situation plus critique encore que celle des artistes. En France, le SYNPASE (Syndicat National des Prestataires de l’Audiovisuel Scénique et Évènementiel) a porté ce mouvement. Plusieurs collectivités locales (Département de la Haute-Garonne, Région Occitanie) mais aussi des salles de Spectacle (Bikini, Halle de la Machine…) ont mis du rouge sur leur façade.

Depuis, l’événement a trouvé un écho médiatique et les échanges avec Bercy ont été intenses. « On était dans le vide, nous n’étions absolument pas pris en compte. On voulait être au premier rang, ne pas solliciter les artistes, faire voir ce dont nous étions capables. La culture, ils connaissaient…le tourisme aussi. Mais nos dirigeants ignoraient que l’on était des indépendants et que nous n’étions pas payés par les artistes. » Finalement, les discussions avancent, des propositions pourraient être reprises. Et la nouvelle ministre ? « Bachelot a bien réagi. Dans ses interventions, elle a su expliquer que derrière un artiste, il y a un savoir-faire. On a un début de prise en compte. »

Jean-Luc Petit Photo : Audio-Lum

L’avenir

Pour l’heure c’est le calme plat jusqu’à l’été 2021. Le printemps risque d’être aussi confiné que celui de cette année. « On réfléchit a savoir comment trouver une activité annexe mais c’est compliqué car notre savoir-faire est particulier. Notre outil de travail est important et cher mais il ne sert qu’à ça. On a des camions, on pourrait s’en servir mais il faudrait une licence de transporteur. Alors on essaie de se mettre à la vente de matériel car des salles continuent à s’équiper. Il faut tenir. On va serrer tous les frais, bénéficier au max des aides, repousser des paiements et attendre que ça redémarre. » 

Le confinement a été propice à des expérimentations. Les artistes ont fait des « lives », confinés chez eux, sans avoir besoin de matériel. Il y a eu aussi les concerts « drive » sur des parkings, dans sa voiture comme à Albi ou Tarbes. Mais c’était pour maintenir du lien, car ces concerts ne peuvent pas être rentables. Ils nécessitent du matériel supplémentaire pour avoir du son dans les voitures et une jauge plus que réduite. Audio-Lum a d’ailleurs envoyé un technicien pour le dive d’Albi avec le groupe Boulevard des Airs.

Speedos dernier des Mohicans

Speedos devait d’ailleurs accompagner le groupe sur des festivals. Il venait aussi de signer un artiste français qui devait tourner après le confinement. C’était lui aussi qui fournissait du matériel pour la tournée de Christophe…« Ce qui fait mal aussi, c’est que nous perdons notre savoir-faire à force de rester chez soi ». Et Speedos n’en manque pas.

L’un de ses premiers concerts, c’était Ella Fitzgerald. Il a fait aussi Stan Getz, Paco de Lucia, Stéphane Grappelli,  la scène alternative (Mano Negra, Garçons Bouchers, Béruriers Noirs). Il a suivi les Fabulous Troubadors en tournée aux States. « Mon meilleur souvenir. J’ai passé de très bons moments avec eux et on a fait le tour du monde. Ils aimaient avoir le temps. Pour 2 concerts, on restait une semaine sur place. On enrichissait notre culture en faisant de belles rencontres. »  Il suit aussi les Cats on Trees. En fait, il a le luxe de suivre les gens qu’il aime. « Je fais partie des derniers des Mohicans. Maintenant ils sont plus dans la finance que dans la technique. Ils n’ont pas l’amour que l’on a nous. On a vu l’évolution d’un métier : de quelque chose qui n’existait pas à un truc industriel. »

On est passé de la grotte à Versailles

Préoccupé par la situation mais heureux de faire ce métier, Speedos avance toujours sans faire de concessions. Il aurait pu aller à Paris, accompagner des artistes plus prestigieux mais c’est à la campagne (Drémil-Lafage) qu’il a monté sa boîte. « Je devrais être plus riche d’argent mais j’ai compensé avec d’autres richesses. Je changerais pour rien au monde. Les gens m’ont apporté beaucoup plus que l’argent. »

Les camions sont à quai, les flight-cases rangées, mais Speedos est prêt. Toujours speed pour son métier, toujours partant pour des échanges artistiques et humains. Toute cette richesse se cache derrière son sourire et sa voix si particulière. Le dernier des Mohicans est très attachant.

Audio-Lum

Benoît Roux

25 Sep

Bruce Springsteen sort un 2ème single plus rock

Après « Letter to you », Bruce Springsteen sort un second single : « Ghosts ». Un morceau résolument rock. De quoi chauffer les fans avant la sortie de l’album le 23 octobre.

Le Boss avec le E-Street-Band à Berlin 2012. Photo: Britta Pedersen via MaxPPP

I’m Alive !

Dès l’intro à la batterie, on sent qu’il va se passer quelque chose : « I hear the sound of your guitar » chante le Boss. Arrive alors le son mythique et si caractéristique du E-Street-Band. « C’est le seul album où tout le groupe joue en même tempsavec toutes les voix et tout cela complètement en live », précise Springsteen au magazine Rolling Stone. On retrouve donc le souffle inspiré du groupe, avec un son plus direct et une flamme retrouvée dans la voix de Bruce Springsteen. Tout l’album a été enregistré chez lui dans le New Jersey, en 5 jours seulement !

Pour être franc, ce titre accroche plus que le précédent single « Letter To You » plus ballade et moins convaincant.  « Ghosts » est un hommage puissant au Rock et ceux qui ont croisé le E-Street-Band. « Ghosts’ is about the beauty and joy of being in a band, and the pain of losing one another to illness and time. ‘Ghosts’ tries to speak to the spirit of the music itself, something none of us owns but can only discover and share together. In the E Street Band, it resides in our collective soul, powered by the heart. » Le clip mélange des prises de l’enregistrement et des images d’archives du groupe en concert. 

 Bruce Springsteen and the E-Street-Band – Ghosts clip réalisé par Thom Zimny


Un morceau sorti au moment de son anniversaire qui promet beaucoup pour le live. On s’y sent déjà, prêts à se laisser transporter. Si la tournée prévue après la sortie du nouvel album le 23 octobre est maintenue.

A ECOUTER AUSSI : « LETTER TO YOU » premier single

SITE OFFICIEL

24 Sep

Juliette Gréco, l’élégante et captivante interprète de la chanson française

A l’instar d’un Brel ou d’une Barbara ses 2 maîtres, Juliette Gréco était une interprète hors norme. Une élégance, une sensualité, une intelligence qui habitent aussi sa personnalité. Celle qui a chanté Brel, Brassens, Ferré, Aznavour, Gainsbourg ou Biolay s’en est allée. La chanson française perd l’une de ses grandes dames.

Juliette Gréco Festival Jazz de Montreux Photo : JEAN-CHRISTOPHE BOT via MaxPPP

A 93 ans, Juliette Gréco a tiré sa révérence. « Il faut partir d’un coup, pas quand on ne peut plus. C’est une question d’orgueil et de dignité. Je veux m’en aller debout, s’en faire pitié. » Ce sont ses mots, dans plusieurs interviews. Elle aura vécu grandement, en s’amusant, sans prétention, avec un regard toujours lucide sur les gens et les choses.

Juliette Gréco – Je suis comme je suis

« Je suis comme je suis », paroles de jacques Prévert, le titre d’un album sorti en 1968. L’élégance de Greco, c’est aussi dans les textes.

Des hommes à sa plume

L’enfance de Gréco, c’est le sud-ouest, une naissance à Montpellier, une jeunesse en Gironde, dans le Périgord. Et puis le choc : sa mère, sa sœur, déportées pendant la guerre. Elle se retrouve en prison, à Fresnes. Mais Juliette c’est la liberté…à Saint-Germain-des-Prés. Elle y rencontre beaucoup d’intellectuels qui vont aider son envol : Sartre, Beauvoir, Camus, Merleau Ponty, Queneau qui lui écrit « Si tu t’imagines ».

Juliette Gréco – Si tu t’imagines (Live au japon 1961)


La dame en noir prend vie. « Le noir c’est la couleur de la protection au Japon. J’ai toujours eu de la chance, j’ai été choisie. Je ne sais pas pourquoi. »

Viennent ensuite Boris Vian et un autre jazzmen et non des moindres : Miles Davis. C’était l’époque (les années 50) où un homme noir ne pouvait pas s’afficher avec une femme blanche sans se faire traiter de putain. Miles Davis ne l’épousera pas pour ces raisons là. Mais il lui dira peu avant sa mort : « même s’il y avait plusieurs milliers de personnes, même de dos, je vous reconnaîtrais parmi toutes les femmes. »

Quand la chanson prend l’emprise sur le cinéma, Béart, Aznavour puis Gainsbourg écrivent pour elle. Tout n’a pas été facile pour la « Javanaise ». Personne n’en voulais. Les paroles « j’avoue j’en ai bavé pas vous » prennent tout leur sens.

Juliette Gréco et ibrahim Maalouf – La Javanaise Live à l’Olympia

Le tube presque immédiat de sa carrière c’est le fameux « Déshabillez-moi », alors que la femme n’est pas encore totalement libérée. L’audace, toujours l’audace. De toute façon, Gréco fait ce qu’elle veut. Elle reprend même une chanson de Ferré « Jolie môme ». Elle qui disait : « je ne fais pas de reprises. Chaque artiste est un univers, un monde. A quoi bon le copier. » 

Juliette Gréco – Jolie môme


Mais avec intelligence, on peut s’emparer de la chanson de Brel. « Je ne suis pas dans l’interprétation masculine d’un homme serpillière prêt à tout pour reconquérir. Je suis une femme qui menace. »

L’éternelle jeunesse

Jusqu’à la fin, même pour ses adieux au public en 2016, Juliette Gréco est restée en prise avec son temps. Les jeunes artistes l’ont toujours admirée. Beaucoup ont écrit pour elle. Benjamin Biolay bien sûr, mais aussi Christophe Miossec, Olivia Ruiz, Abd Al Malik… Dans un entretien au journal La Croix, elle clame un intérêt réciproque. « Je les aime infiniment ces jeunes gens. Je peux comprendre qu’ils soient impressionnés de rejoindre des auteurs que je chante comme Brel, Ferré, Prévert ou Gainsbourg et que l’on puisse les comparer à ces anciens. Mais j’aime dire que j’ai toujours chanté des auteurs jeunes, à leur époque. J’ai vu débarquer Brel, quasi famélique alors que sa carrière n’avait pas l’audience qu’elle a eue par la suite. Je constate que les mots de la nouvelle promotion me vont bien. Olivia Ruiz (qui a écrit deux chansons) a estimé que je pouvais être cette femme qui ouvre la boîte aux souvenirs. Dans la vie, je ne suis pas encore celle-là. Je veux toujours tout recommencer ! »

Elle récidive dans Le Figaro. «C’est moi qui ai fait appel à eux. Je n’ai jamais fait autre chose et j’ai retrouvé le même bonheur qu’avec Gainsbourg, Ferré ou Béart. J’ai bien reçu 1 000 Déshabillez-moi et 500 Feuilles mortes… Mais en moins bon. Eux m’ont écrit autre chose. Tout est original et beau…» 

Juliette Gréco – Comme si de rien n’était (Biolay/Jouannest)


Un texte de Biolay sur une musique de son mari Gérard Jouannest. Tout est dit :

En rêvant d’impossible
Au fond du cœur, possible
Qu’on ait des remords
Mais on rentre à bon port
Comme si de rien n’était

« Nous étions une génération de fous. On n’avait pas d ‘argent mais on était riches… Aujourd’hui on est dans la méfiance. Tout le monde se méfie. Je suis assez contente d’être vieille pour ça. Je suis une incurable optimiste », confie t-elle à Bruno Duvic sur France Inter. 

Gréco n’avait peur de rien, pas même de la mort. « Une interprète c’est une servante, aimante, attentionnée, qui donne tout. » La chanson française avait là une sacré ambassadrice. Sa voix envoutante, ses mains parlantes, sa longue silhouette en quête de liberté  n’ont pas fini de nous hanter.

Juliette GRECO : « Ma vie est une grande histoire d’amour » TV5 Monde

Benoît Roux

 

21 Sep

Et si c’était lui le gardien de la musique des Pink Floyd ?

Nick Mason est moins connu que Roger Waters ou David Gilmour. Mais le batteur des Pink Floyd a joué sur tous les disques et il parle encore avec les autres membres. Il vient de sortir un disque live consacré exclusivement aux morceaux antérieurs à « Dark Side of the Moon » . Il retourne ainsi aux sources des Floyd et permet d’écouter des morceaux riches mais moins connus que « The Wall », « Money » ou « Confortably Numbs ».

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – Live avec les musiciens Guy Pratt, Gary Kemp, Lee Harris et Dom Beken ©Joël PHILIPPON via MaxPPP

Pendant que David Gilmour et Rogers Waters menaient des carrières solos, Nick Mason s’était retiré de la vie musicale. L’adrénaline lui manque un peu, alors il passe sa licence de pilotage d’hélicoptère et prend place dans les baquets pour faire des courses automobiles. Certes, de temps en temps il rejoue avec Waters ou Gilmour (notamment sur l’album « The Endless River »).

Pink Floyd – Astronomy Domine 1970 (Syd Barrett)

Mais des copains musiciens lui proposent de faire une tournée solo. « J’ai aussi travaillé sur les rééditions et les compilations de Pink Floyd parce que j’avais tendance à être le seul à vouloir aller en parler à la radio ou ailleurs », confie-t-il au magazine Rolling Stones. On lui propose même un projet pour reprendre les vieux morceaux des Floyd très peu joués en concerts. Des titres avant l’album mythique « Dark Side of The Moon »  (Money, Us and Them…). Il y a deux ans, Mason forme son groupe « Saucerful of Secrets » du nom du 2ème album du groupe enregistré en 67-68 dans les studios Abbey Road. 

Nouveau groupe « Saucerful of secrets »

Fin des années 60, les Floyd sont dans leur période psychédélique très influencée par le génial mais barré Syd Barrett. Le groupe passera avec « Dark Side of The Moon » à des compos rock-space plus efficaces et surtout moins originales. Dans le groupe, Mason s’entoure de valeurs sûres comme Guy Pratt à la basse (qui avait remplacé Waters), la claviériste Dom Beken, le guitariste Lee Harris (The Blockheads) et plus surprenant : l’ex guitariste de Spandau-Ballet Garry Kemp qui assure aussi le chant. On ne peut pas dire que Spandau-Ballet soit musicalement proche des Floyd mais à l’écoute de l’album, il s’en sort plutôt bien.

La créativité des Floyd des années 60-70

Pour ceux qui seraient un peu lassés d’entendre toujours les mêmes morceaux du groupe anglais, l’initiative de Nick Mason est une aubaine. Tout d’abord parce que la créativité et l’inventivité du groupe est à son comble. Après un premier album sous l’influence claire de Barrett et où il n’y avait pas encore Gilmour, « Saucerful of secrets » est une transition. C’est la dernière collaboration avec Sid Barrett de plus en plus sous l’emprise du LSD, les autres membres fondateurs (Richard Wright et Roger Waters) commencent à poser leur patte sur le groupe.

Pink Floyd – Atom Heart Mother 1970 (Nick Mason)

Malgré un succès honorable qui place le groupe sur le devant de la scène, ces morceaux ne seront que trop rarement joués en public. Pourtant, leur richesse est indéniable et la tournée plus le disque live qui vient de sortir en sont la preuve.

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – One Of These Days (Nick Mason)

L’album live « Nick Mason’s Saucerful of Secrets »

Le groupe « Nick Mason’s Saucerful of Secrets » revisite donc le répertoire des premiers albums du Floyd, de « Piper at the Gates of Dawn » (1967) à « Meddle » (1971). Dans une interview à Télérama, le leader malgré lui de ce nouveau groupe explique : « Lee Harris [le guitariste, ndlr] se demandait pourquoi je ne faisais rien. Je ne le connaissais pas à l’époque, mais il a eu la bonne idée d’en parler à Guy Pratt [bassiste], que je fréquente depuis trente ans. J’ai beaucoup de respect pour lui, ce n’est pas le genre de type à se mobiliser pour des projets foireux. Aussi l’ai-je écouté quand il m’a proposé ce projet. »

Nick Mason’s Saucerful of Secrets – Lucifer Sam (Syd Barrett)

Mason a beaucoup réécouté les morceaux initiaux pour voir dans quel état d’esprit ils avaient été faits. Ne pas trahir mais ne pas faire une copie trop conforme non plus. Comme le Monsieur est plus qu’honorable dans sa démarche, il a choisit des morceaux composés par Barrett (« Interstellar Overdrive », « Astronomy Domine », « Lucifer Sam » « Arnold Layne », mais aussi Richard Wright (« Remember a Day ») comme Waters (« If », « Green is the Colour ») comme les siennes. D’ailleurs, ses compositions sont de qualité comme l’excellent « When you’re In » et le connu « Atom Heart Mother » (qui a donné son titre à l’album des Floyd avec une vache) d’une incroyable diversité.

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – Atom Heart Mother (Nick Mason)

Plus qu’un hommage très honorable, ce disque prouve qu’à 76 ans, le batteur n’a rien perdu de son jeu subtil et varié. Les autres musiciens et notamment Garry Kemp sont très crédibles (voix et guitare), c’est d’ailleurs lui qui avait écrit la majeure partie des morceaux de Spandau Ballet. La basse de Guy Pratt très ronde et efficace. Années 70 oblige, les claviers de Dom Beken sonnent comme des orgues. Le son est bon et le mix efficace.

Dans Télérama toujours, Mason précise son projet : « Je ne voulais en aucun cas entrer en compétition avec ce que font Roger Waters et David Gilmour, leurs tournées solo où ils reprennent beaucoup de morceaux du Floyd, ni même être comparé avec les innombrables tribute bands en activité. Je n’ai aucune envie de savoir qui fait la meilleure version de Comfortably Numb ! »

Nick Mason’s Saucerful Of Secrets – Fearless (David Gilmour)


Pari réussi. Nick Mason et sa bande devraient reprendre la tournée suspendue par le Covid. En attendant il se pose comme le gardien fidèle et exigeant des Pink Floyd. Son album live est un vrai plaisir pour les amoureux du rock psychédélique, tous ceux qui ont envie d’un peu de diversité et d’originalité, dans la musique en général et celle des Floyd en particulier.

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Benoît Roux