Suite aux menaces qui se précisent sur l’avenir sur TGV Lyria, Marie-Guite Dufay a réuni élus locaux français et suisses ce matin au conseil régional, en présence des représentants de Lyria et de ses deux actionnaires, la SNCF et CFF, les chemins de fer suisses. Non rentable, la ligne Paris-Berne via Pontarlier pourrait être rapidement supprimée. La présidente de Région est bien décidée à se battre pour maintenir une desserte transfrontalière, y compris les « alternatives » au Lyria dont la SNCF commence à parler…
« Aucune décision n’est prise« . Voilà ce que veut retenir Marie-Guite Dufay, la présidente du conseil régional de Franche-Comté, à l’issue de la réunion entre élus locaux francs-comtois et suisses qui s’est tenue ce matin à Besançon. Les décideurs politiques ont pu écouter le directeur de Lyria, Alain Barbey, et les responsables régionaux des deux actionnaires de l’exploitant des lignes franco-suisses, la SNCF (74%) et CFF (26%).
Si rien n’est acté pour l’instant, la menace se précise. Pas sur le Paris-Lausanne, qui passe par Dole, Frasne et Vallorbe. Alain Barbey a assuré que cette « ligne historique » du Lyria serait pérennisée. Le détournement tant redouté vers Genève ne sera donc pas. Une promesse que Marie-Guite Dufay demande maintenant à la SNCF de « graver dans le marbre ».
Un tiers de voyageurs en moins sur le Paris-Berne
En revanche, l’avenir du Paris-Berne s’assombrit. Le TGV du Haut-Doubs, qui dessert Pontarlier et Neuchâtel, est une victime collatérale du TGV Rhin-Rhône, qui attire les voyageurs à Bâle. Le Lyria a perdu un tiers de sa clientèle ces six derniers mois. Le Paris-Berne ne transporte plus que 70 clients quotidiens en moyenne, contre 110 environ avant la mise en service de la LGV Rhin-Rhône. La ligne perd 2,3 millions d’euros par an. Or Alain Barbey l’a rappelé: « Nos actionnaires attendent de nous des résultats positifs ».
Une logique économique qui ne passe pas auprès de Marie-Guite Dufay. « On ne peut pas demander à la seule ligne qui dessert le massif jurassien les mêmes critères de rentabilité qu’aux autres lignes » tempête l’élue socialiste, qui pointe la politique de commerciale de Lyria: « On sent bien que le système de réservation n’est pas favorable à la ligne. La promotion n’est pas faite correctement. »
Décision en avril 2013
Face à ces accusations, le patron de l’opérateur franco-suisse met en avant la baisse de 20% des tarifs et la desserte prochaine d’Interlaken, la station alpine. La ligne est déjà « sous perfusion« , assure Alain Barbey. Et bien qu’aucune décision ne soit encore prise, on imagine mal un retour en masse de la clientèle du Paris-Berne d’ici avril 2013, échéance à laquelle les actionnaires de Lyria prendront la décision de pérenniser ou non la ligne.
« La pression est maximale sur la SNCF », assure Marie-Guite Dufay, qui souligne la mobilisation des élus des deux côtés de la frontière. Le ministère des Transports sera une nouvelle fois alerté. « On peut se réjouir du succès du Rhin-Rhône mais le succès du TGV se mesure aussi à la manière dont le territoire est irrigué vers cette ligne », rappelle la patronne de la Région.
« Tout est envisageable »
D’ores et déjà, la SNCF parle d’« alternatives » au Paris-Berne, sans autre précision. La Région pourrait-elle accepter une future desserte de Pontarlier avec rupture de charge à Frasne par exemple? « Je n’accepte rien du tout, répond Marie-Guite Dufay. On ne négocie pas la vie d’un territoire ». Mais quelques minutes plus tard, elle se reprend: « Tout est envisageable ».
La négociation, déjà, porte au-delà d’avril 2013. « Nous ne voulons pas que la desserte transfrontalière soit abîmée, qu’elle s’appelle Lyria ou autre, soutient Marie-Guite Dufay. Si elle devait disparaître, ce serait la mort d’un territoire ».
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