Au lendemain de la validation de son élection par le conseil constitutionnel, qui a rejeté la requête en annulation de l’UMP Jacques Grosperrin, Éric Alauzet avait donné rendez-vous à la presse ce matin. Le député EELV de Besançon-est va désormais pouvoir s’engager pleinement dans son mandat législatif. Il n’avait pour l’instant ni permanence, ni équipe parlementaire: « Même si le risque était faible, il existait », justifie-t-il.
Éric Alauzet est d’abord revenu sur la façon « invraisemblable » dont il a dû répondre aux accusations de Jacques Grosperrin. Il a également évoqué les élections locales de 2014. Et celui qui va bientôt démissionner de son mandat municipal n’imagine pas que le PS et EELV ne s’entendent pas dès le premier tour à Besançon.
« Je n’ai pas encore pu m’installer, je vais enfin pouvoir le faire ». C’est dans son local de campagne, rue de Belfort à Besançon, qu’Éric Alauzet reçoit la presse. Même s’il assure qu’il faisait confiance à la « rigueur » du conseil constitutionnel, « on a toujours un petit doute », reconnaît-il. Pas de permanence parlementaire, pas de recrutement de collaborateurs non plus. Depuis son élection le 17 juin, il travaille donc avec les moyens du bord. « Je voudrais remercier les amis qui m’ont aidé, sourit-il, visiblement soulagé de pouvoir bientôt compter sur les mêmes moyens que ses collègues du Palais Bourbon. Je ne me projette dans l’avenir que depuis hier soir. Je ne fais jamais le malin ».
« C’est vrai que c’est un peu lent, regrette le patron des socialistes du Doubs, Nicolas Bodin, présent aux côtés de celui qui fut « candidat d’union », de même que Thierry Morton, représentant du président du conseil général Claude Jeannerot. Cinq mois et demi entre l’élection et la décision du conseil constitutionnel, cela pose quelques problèmes pour s’organiser ».
« Tout n’est pas permis »
Et pour convaincre le conseil constitutionnel, Éric Alauzet et son équipe ont dû faire preuve eux-mêmes de la validité du scrutin. Le député UMP sortant, battu de 108 voix, pointait par exemple 72 signatures différentes entre le 1er et le 2e tour. « Ça nous a conduit à aller voir les gens. Il y a toujours des explications », assure le député EELV, qui a lui même rencontré une quinzaine d’électeurs, qui ont dû signer des attestations assurant qu’ils n’avaient pas triché. Une situation « invraisemblable » pour Éric Alauzet. « S’il n’y a pas d’attestation, le conseil constitutionnel retire les voix à celui qui arrive en tête, faute de savoir pour qui les électeurs ont voté ».
Désormais « débarrassé d’un boulet », comme il l’écrivait hier soir sur les réseaux sociaux, Éric Alauzet en a profité pour régler ses comptes avec son adversaire du printemps. « A en croire Jacques Grosperrin, non seulement j’ai bourré les urnes, mais en plus j’ai signé les registres… Vous voyez à quoi cela conduit, s’indigne-t-il. On peut comprendre quand on perd de peu que l’on cherche à faire valoir ses droits. Pour autant tout n’est pas permis. Cela jette un peu plus de trouble sur la classe politique. On n’a pas besoin de cela ».
Il va démissionner du conseil municipal
Pour autant, la requête en cours ne l’a « pas empêché de travailler », assure Éric Alauzet en remettant à la demi-douzaine de journalistes présents son « rapport spécial » consacré à la sécurité alimentaire pour le projet de loi de finances 2013. « C’est un des sujets sur lequel je suis mobilisé, en lien avec la question de la qualité des rivières. Ma priorité reste l’emploi bien sûr, et je travaille aussi sur les dossiers du logement et des déchets », détaille-t-il.
Et pour se consacrer pleinement à son travail législatif, Éric Alauzet entend respecter ses engagements en matière de non cumul: « Je vais démissionner du conseil municipal de Besançon, et donc de mes fonctions à l’agglomération et au Sybert. Je démissionnerai aussi de mon poste de vice-président du Doubs. » Le député restera simple conseiller général. « J’en ai informé hier soir Claude Jeannerot et Jean-Louis Fousseret. Je suis à leur disposition pour libérer la place », précise-t-il, reconnaissant d’ailleurs qu’il fut très peu présent aux assemblées municipales et intercommunales depuis son élection.
« Si le mandat se termine bien… »
Les prochaines élections, justement, sont programmées pour 2014, et notamment les municipales. Pour l’instant, le député assure qu’il a « la tête ailleurs ». Alors que les discussions entre socialistes et écologistes bisontins ont déjà commencé, mais sans lui, Éric Alauzet se tient au courant. Et pour lui, la gauche a intérêt à la jouer collectif: « La dynamique qui s’organise nationalement et localement est de nature à favoriser le rapprochement » estime-t-il, même s’il faudra « faire le bilan et aplanir quelques éléments ».
Mais l’avis du député est clair: « Si le mandat se termine bien, je ne vois pas bien ce qui pourrait conduire à une liste autonome ». Avant de se reprendre aussitôt: « Mais elle est possible ». Et si les Verts décidaient de constituer leur propre liste au premier tour, pourrait-il en faire partie? « Ce n’est pas le scénario le plus probable ».
Alors que les militants PS choisiront leur tête de liste en septembre 2013, les listes elles-mêmes seront constitués « fin janvier 2014 », selon Nicolas Bodin. Encore quelques mois donc avant de savoir si la « dynamique » et le « bilan » auront raison des divergences entre socialistes et écologistes.
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