21 Juil

A Besançon, la maire écologiste Anne Vignot joue la carte jeunes

Anne Vignot, Anthony Poulin, Lorane Gagliolo, Aurélien Laroppe et Elise Aebischer (de gauce à droite et de haut en bas) @f3fc

Ils ont entre 25 et 30 ans, et déjà des responsabilités d’élus aguerris. Finances, urbanisme, ressources humaines, environnement… Anne Vignot a confié à de jeunes élus des portefeuilles conséquents. Une prime à la jeunesse assumée par la maire écologiste de Besançon.

« Moi j’y crois beaucoup à cette jeunesse. »

Anne Vignot, élue le 28 juin maire de Besançon, revendique la large place accordée aux jeunes dans le dispositif de la nouvelle équipe municipale: « Il était strictement inenvisageable de mettre des jeunes gens sur une liste et de ne pas leur donner de vraies fonctions ».

Un adjoint aux finances de 30 ans et une adjointe aux ressources humaines de 26 ans à la ville, un vice-président à l’urbanisme de 28 ans et une vice-présidente à l’environnement de 26 ans à la communauté urbaine, sans compter un directeur de cabinet de 33 ans. Oui, Anne Vignot joue la carte jeunes. « Moi je veux la jeunesse en action, assume l’élue de 60 ans. Si c’est pour faire un décorum, ça ne m’intéresse pas. C’est ça dont on a besoin si on veut transformer notre collectivité: cette dynamique, cette énergie-là ».

« Oui, j’observe que je suis attendu »

Anthony Poulin (EELV) le 20 juillet à Besançon @f3fc

Symbole de cette prime à la jeunesse, Anthony Poulin, 30 ans, hérite du budget et de ses 192 millions d’euros. Chargé de mission à l’université, où il donne notamment des cours sur les finances publiques, il est monté en première ligne lors du premier conseil municipal, conscient que l’opposition guettait le moindre faux pas. « J’ai rarement vu un débat d’orientations budgétaires où on mettait sur le grill de cette manière là l’élu en charge des finances, note-t-il. Oui, j’observe que je suis attendu, et on sera à la hauteur de ces attentes. D’un point de vue personnel, je me sens solide pour aborder le mandat parce que derrière il y a des mois d’élaboration du programme politique. »

Avec déjà un mandat municipal derrière lui, l’élu EELV n’est pas tout à fait novice en politique. Il fait même figure d’ancien auprès de certains de ses jeunes collègues. « Jeune, c’est pas une qualité ou une compétence en soi, mais ce n’est pas une absence de qualité ou une absence de compétence, assène-t-il.

« Partir du principe que je vais échouer parce que je suis une jeune femme de 26 ans, je ne tolère pas ça »

Elise Aebischer fait le point avec les services en charge des relations aux usagers @f3fc

Elle aussi dans le viseur de l’opposition, Elise Aebischer (Génération.s) balaie d’un revers de main les procès en incompétence que lui intente déjà le groupe LR: « Si on émet des critiques dans deux ou trois ans, parce que j’ai mal fait mon boulot, je l’entendrai, affirme l’adjointe en charge, notamment, des ressources humaines. Partir du principe que je vais échouer parce que je suis une jeune femme de 26 ans, je ne tolère pas ça. »

Dans un communiqué, le chef de file Les Républicains Ludovic Fagaut « s’étonne que l’on confie à une personne de 26 ans, sans expérience dans le pilotage d’équipes, la gestion des 3 000 agents de la Ville. Comme il s’étonne qu’un budget de 220 millions d’euros soit confié à un jeune adjoint chargé de TD à l’université de Franche-Comté ».

« On est compétents et on sera au travail, promet Anthony Poulin. Dire que je sais tout, c’est faux. C’est l’humilité de notre équipe: on va apprendre et monter en compétences tout au long du mandat ». J’espère aussi que les membres de l’opposition municipale, à la découverte des dossiers, monteront aussi en compétences ».

« On a opté pour proposer les gros postes aux jeunes. Le pari c’est de montrer que ces jeunes gens sont compétents, confirme Anne Vignot. On a des élus d’un certain âge qui, eux, ont trop d’expérience et ont du mal à se renouveler. Dans une société qui va vite, on a besoin de repenser les choses en permanence. Donc il faut les deux, une histoire de la collectivité, un continuum, et des jeunes gens qui arrivent avec une forme de rupture. »

« Clairement, je me dis que ma vie va changer »

Pour Lorine Gagliolo, 26 ans, cette campagne municipale était un saut dans le grand bain politique. Engagée dans la vie associative, elle est aujourd’hui vice-présidente de la communauté urbaine en charge du développement durable, de l’énergie et de l’environnement. Une élue venue de la société civile, proche d’EELV. « Clairement je me dis que ma vie va changer. C’est un engagement qui prend de la place. Il faut réussir à arbitrer les moments professionnels, personnels et maintenant le mandat. On rajoute un 3e échelon dans l’agenda », explique la future maman, qui attend un heureux événement pour fin septembre. Le vertige est double, l’arrivée dans la maternité et dans le mandat. J’essaie de garder les pieds sur terre. Il y a des services qui savent exactement ce qu’ils font. Mon rôle sera de coordonner tout ça, de donner les bonnes orientations, dans la direction de l’équipe d’Anne Vignot. »

Elise Aebischer, Lorine Gagliolo et Anthonyt Poulin autour d’Anne Vignot @f3fc

« Je suis très fier que l’on puisse accompagner une jeune femme qui fait un enfant, qui est élue et qui a une vie professionnelle, se réjouit de son côté Anne Vignot. On va faire la preuve que c’est possible parce qu’on est une équipe ».

Lorine Gagliolo a prévu d’aménager son emploi du temps, de passer à temps partiel, mais veut garder son emploi dans une association de promotion d’une monnaie locale.

« J’attends d’eux qu’ils aient un vrai projet professionnel »

Un pied à la mairie, un autre dans la vie professionnelle, c’est une consigne claire dictée par Anne Vignot. Entrée à l’âge de 50 ans en politique, elle connaît le risque de professionnalisation des élus et veut écarter les jeunes de cet écueil.

« Je leur dis tout le temps: je vous préviens si vous faites ça toute votre vie, vous allez devenir des briscards de la politique, et ça, personne n’en veut plus, affirme Anne Vignot. J’attends d’eux qu’ils aient un vrai projet professionnel. On en parle tout le temps. J’ai besoin d’avoir des gens qui sont ancrés dans la vie professionnelle pour qu’ils puissent à un moment donné y retourner. Sinon, ils s’accrochent à la vie politique et c’est terrible. »

« Je recherche vraiment du travail à côté. je n’ai pas envie d’en faire mon métier », précise d’ailleurs Elise Aebischer.

Celle qui est aussi conseillère régionale depuis 2015 rappelle qu’avant de se lancer en politique, elle militait au lycée. Elle y a croisé deux élus actuels, Lorine Gagliolo et Hasni Alem: « C’est étonnant de se dire qu’on a mené des mouvements lycéens ensemble et qu’aujourd’hui on se retrouve tous les trois élus. Ça crée un réseau d’entraide, une dynamique. »

Le souffle d’une jeunesse qui a désormais six ans pour prouver qu’en politique aussi, la valeur n’attend pas forcément le nombre des années.

 

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