16 Fév

Municipales à Besançon: comment Anne Vignot (EELV) compte-t-elle financer son programme ?

Anne Vignot, candidate EELV à la tête d’une liste d’union de la gauche, à Besançon, le 14 février 2020 (©f3fc)

Gratuité partielle des transports en commun, expérimentation d’un revenu minimum pour les jeunes, triplement du budget d’investissement pour les écoles… Attaquée par ses concurrents sur le coût des mesures qu’elle propose, l’écologiste Anne Vignot, à la tête d’une liste d’union de la gauche (EELV, PS, PCF, Gs, collectif « A gauche citoyens »), répond à nos questions et présente le financement de ses promesses phares.

Vos concurrents vous accusent régulièrement de vouloir augmenter les impôts. Que leur répondez-vous ?

« C’est très clair: aucune hausse d’impôt n’est envisagée. Nous n’avons que très peu de leviers dans tous les cas. Si nous voulons une politique volontariste sur le climat, on doit dépenser par de l’investissement lourd, que l’on va chercher dans l’emprunt. Aujourd’hui, notre capacité d’endettement est peu élevée, 3 ans et demi. Une ville bien gérée peut aller jusqu’à 7 ou 8 ans. Il faut se servir de l’investissement comme d’un outil de dynamique de territoire. »

A quoi souhaitez-vous consacrer ces sommes empruntées ?

« Nous avons besoin d’avoir des bâtiments qui répondent au défi climatique et consomment moins d’énergie. Cela permettra d’ailleurs de réduire les coûts de fonctionnement pour dédier ces économies à la question sociale. Nous voulons tripler le budget d’investissement des écoles et des crèches pour les rénover, éviter les dérives thermiques chaud/froid et les mettre aux normes. Certaines écoles ont des fenêtres cloutées ! Cet effort d’investissement s’élève à 10 millions d’euros, mais nous pourrons aller jusqu’à 19 millions s’il y a d’autres projets au niveau de la communauté urbaine notamment. Il y a le mythe du maire bâtisseur, qui construit des musées ou des piscines. J’aimerais être un maire bâtisseur de l’écologie. »

Revenons à la question sociale. Pour lutter contre la précarisation, vous proposez l’expérimentation d’un revenu minimum jeune. De quoi s’agit-il et combien cela va-t-il coûter ?

« Il s’agit d’une allocation de 580 euros et d’un accompagnement. Ce n’est pas un revenu universel. Il faut avoir entre 18 et 26 ans et n’entrer dans aucun dispositif actuel. Cela permettra de travailler avec des jeunes hors formation, sans expérience de travail, et qui ne touchent pas le RSA. Ce sont d’ailleurs des jeunes souvent tentés par l’économie parallèle, par l’argent facile… C’est le devoir de la Ville de travailler avec eux. Nous avons un trou dans la raquette à combler. Nous viserons une centaine de jeunes gens environ. Les animateurs des maisons de quartier pourront intervenir, nous pouvons aussi nous appuyer sur l’ADDSEA, qui a un savoir-faire certain. Cela représente un coût d’un million par an maximum. »

Une de vos propositions phares concerne les transports en commun. Vous souhaitez les rendre gratuits pour les jeunes de moins de 26 ans, et pour tout le monde le samedi. Or, il s’agit d’une compétence communautaire. Comment comptez-vous convaincre les élus des communes périphériques ?

« C’est une proposition que nous porterons à la communauté urbaine. Pour moi, c’est un choix politique. En Bourgogne-Franche-Comté, les transports scolaires sont gratuits partout, sauf sur notre territoire. Il n’y a donc aucune raison pour que les familles bisontines n’en bénéficient pas. Ensuite, un habitant de Besançon sur cinq est un étudiant. Le transport pèse énormément sur leur pouvoir d’achat. C’est un âge où ils peuvent basculer vers la voiture. Je préfère qu’ils dépensent dans la culture, le sport, plutôt que dans le transport.

Cela représente un budget de cinq millions (4 millions pour les moins de 26 ans, 500 000 euros pour le samedi, 500 000 euros pour les tarifs sociaux davantage sollicités). On vient de rendre 2 millions d’euros du budget transports au budget principal. Il existe donc une marge de manœuvre, notamment parce que le versement transport est dynamique. Rappelons qu’aujourd’hui, l’agglomération supporte déjà 80% du coût des transports en commun.

Nous faisons le tour des communes périphériques. Elles aussi se sentent concernées ! Il y a un mal-être à habiter à l’extérieur et à perdre son temps dans les bouchons le matin, avec ce sentiment de participer à la pollution. Les transports en commun ne sont pas adaptés, il faudra les repenser sur l’ensemble du territoire. La fac de la Bouloie, c’est plus de 2000 voitures. Il faut discuter avec les directions de l’université et de l’hôpital pour changer les horaires, désynchroniser les heures d’arrivée… C’est un défi, mais cela permettrait d’en finir avec les bouchons, de désengorger les entrées de ville… et de rendre les bus plus efficaces! »

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