22 Fév

François Hollande à Alstom Belfort: une visite pour rien ?

François Hollande le 22 février à Alstom Belfort (©f3fc)

François Hollande le 22 février à Alstom Belfort (©f3fc)

Le président de la République était très attendu ce mercredi matin à Belfort. Une visite éclair des ateliers de General Electric et d’Alstom, conclue par un discours d’un quart d’heure au cours duquel François Hollande a confirmé qu’il restait encore beaucoup à faire pour conclure les marchés promis par l’Etat à l’automne dernier afin d’éviter la fermeture du site historique de production des motrices TGV.

« L’Etat français a sauvé l’usine d’Alstom à Belfort ». Voilà l’histoire qu’aurait pu raconter ce mercredi François Hollande à Belfort. Voilà l’histoire que le président de la République a tenté de raconter, s’efforçant de conclure par une belle note finale un quinquennat pas vraiment harmonieux.

Début septembre 2016, la direction du groupe Alstom annonçait le transfert des activités de production du site de Belfort vers l’usine alsacienne de Reichshoffen. Un coup de tonnerre bien au-delà du Territoire de Belfort, car la charge symbolique est forte: c’est des ateliers de Belfort qu’est sortie la première motrice du TGV au début des années 1970.

Pour éviter un nouveau Florange et prouver que la désindustrialisation n’est pas une fatalité, le chef de l’Etat et le gouvernement s’engagent: pas question de fermer Belfort. Un « plan de maintien des activités ferroviaires et industrielles sur le site de Belfort » est établi (lire ici), avec plusieurs centaines de millions d’euros de commandes publiques à la clé.

Des commandes à même de garantir l’activité et donc les quelque 400 emplois de l’usine Alstom.

Deux marchés sur les trois promis ne sont pas encore conclus

Ce mercredi matin, François Hollande n’a pas confirmé l’intégralité de ces commandes promises à l’automne. Certes, la SNCF devrait entériner demain jeudi l’achat de rames TGV. Initialement destinés à des lignes Intercités, ce qui avait créé la polémique, ces TGV rouleront finalement sur la ligne à grande vitesse Paris-Bordeaux. Combien de rames la SNCF va-t-elle acheter? A l’automne, il était question de 15. Ce matin, François Hollande a évoqué le chiffre de 19. « C’est très important parce que cela donnera du travail tout de suite » a assuré le président de la République devant les salariés d’Alstom. 

Le chef de l’Etat a par ailleurs confirmé l’attribution à Belfort d’un contrat de maintenance pour 23 locomotives via Akiem, filiale commune de la SNCF et de Deutsch Asset Management.

Mais en ce qui concerne le reste des commandes, François Hollande le reconnaît lui-même: « Reste deux sujets sur lesquels les partenaires sociaux, les élus sont encore mobilisés, nous aussi: le TGV pour l’Italie et les 20 locomotives de retournement. Nous travaillons dans cet esprit-là ».

Aucune confirmation donc pour les 6 rames destinés à Paris-Turin-Milan, ni pour les 20 locomotives de secours de SNCF Réseau. Le 17 février, dans un communiqué conjoint (lire ici), Alstom et le gouvernement annonçaient que sur ces sujets « les discussions (…) se poursuivent » et que les éventuelles « modalités d’acquisition seront arrêtées dans les prochaines semaines ». En venant à Belfort, François Hollande aurait pu acter les conclusions de ces marchés, assurant définitivement l’avenir d’Alstom Belfort. C’est d’ailleurs ce que lui demandaient hier les élus locaux belfortains (lire ici). Il n’en fut donc rien.

« Nous avons pris des engagements et nous les avons tenus », a lancé à la tribune François Hollande. Des engagements tenus en partie seulement, laissant la cité du Lion sur sa faim. Jusqu’au bout, le président aura laissé à son mandat un goût d’inachevé.


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