08 Nov

Besançon « ville sans migrants »: la gauche dénonce « cette droite bisontine qui a clairement choisi le refus du combat des idées du FN »

Jean-Louis Fousseret lors du conseil municipal (capture d'écran)

Jean-Louis Fousseret lors du conseil municipal (capture d’écran)

Lundi soir, en fin de conseil municipal, le groupe Front national a proposé aux élus d’adopter un voeu pour « une ville sans migrants ». Plusieurs élus Les Républicains et UDI, dont le sénateur Jacques Grosperrin et les vice-présidents du Département du Doubs Ludovic Fagaut et Philippe Gonon ont alors quitté la salle, sans voter sur la motion frontiste. Une attitude dénoncée par les élus de gauche. « Un déni de démocratie et une fissure Républicaine inédite à Besançon » pour le maire PS Jean-Louis Fousseret et les présidents des groupes de gauche au conseil municipal; un comportement « pleutre, indigne et à l’opposé des principes républicains » pour le député EELV Eric Alauzet.

Dans un communiqué par le maire socialiste Jean-Louis Fousseret, mais aussi Abdel Ghezali (président du groupe socialiste et républicain), Anne Vignot (présidente du groupe EELV), Thibaut Bize (président du groupe communiste) et Frédéric Allemann (président du groupe société civile), la gauche considère qu’il s’agit d’un « déni de démocratie et une fissure Républicaine inédite à Besançon ».

« On vous laisse entre vous »

« Alors que l’assemblée municipale s’apprêtait à évoquer la motion soumise par le Front National qui abordait sans ambiguïté, au travers de la thématique des migrants, des idées de rejet et de haine, le groupe « Les Républicains » ainsi qu’une partie du groupe « UDI » a choisi de quitter la salle, sans aucune autre explication que « on vous laisse entre vous ». En dépit de plusieurs demandes de justification, aucun autre argument n’a été avancé (…)

Le principe du « courage…fuyons » est inacceptable quand des propos insoutenables sont portés par le FN et font l’objet d’un débat public qui permet de le combattre. 

Ces postures sont insupportables et démontrent surtout que les calculs politiciens sont plus forts que les convictions de la part de cette droite bisontine qui a clairement choisi le refus du combat des idées du FN ». 

« Ne pas s’opposer, c’est honteusement adopter le discours haineux du FN »

Pour Jean-Louis Fousseret, « la droite bisontine se trouve bien embarrassée face à une motion du FN pourtant transparente ! Pourquoi ? Par simple calcul tristement politicien : s’y opposer en apportant des arguments de fond, c’est prendre le risque de ne plus être dans la ligne ambiguë du discours toujours plus dangereusement droitier. L’accepter, c’est bien évidemment renier au grand jour des valeurs portées comme un étendard de vertu…sauf quand il faut s’y opposer publiquement et sans ambiguïté.

Conclusion : dans ce type de combat, ne pas s’opposer c’est honteusement adopter le discours haineux du FN!

Nous avions illusion de partager des valeurs républicaines entre la droite et la gauche pour mieux combattre le FN. Hier, malheureusement, l’attitude de 8 élus de droite a mis au grand jour leur cynisme et leur manque de courage face à cette motion insultante pour nos valeurs républicaines« 

Et le maire PS de saluer « l’attitude des élus du groupe Modem, ainsi que celle d’une élue du groupe UDI, qui ont choisi de se dissocier de leurs partenaires politiques pour rester et expliquer leur vote d’opposition à cette motion ». 

« Pitoyable, lâche, pleutre, indigne… »

Un peu plus tôt dans la journée, le groupe Europe Ecologie-Les Verts avait réagi dans un communiqué, qui évoque un acte « grave et symbolique ». « Si tous les élus avaient eu la même attitude, le vœu serait passé même avec les deux seuls voix des élus FN! Quitter la salle à ce moment-là n’est pas digne d’élus municipaux prétendument républicains », dénonce le groupe vert.

Indignation également du député EELV Eric Alauzet, également conseiller municipal:

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Enfin, il faut noter que cette « fuite » des élus LR et UDI n’a pas plu non plus aux initiateurs de cette motion, les deux élus du FN. L’un d’entre eux, Julien Acard, a réagi en direct sur twitter.

Le conseiller municipal UDI Philippe Gonon a justifié son départ sur les réseaux sociaux. Il explique que « nous avons quitté la salle pour ne pas participer à cette parodie démocratique. La procédure veut en effet que le texte de la motion soit lue, SANS DEBAT, avant un vote purement formel et convenu d’avance ».

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La motion présentée par le Front national n’a pas été adoptée. Les deux élus municipaux FN ont voté pour. La majorité de gauche et trois élus de droite ont voté contre. La motion a donc été rejetée.

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