POLITIQUE FICTION. Une triangulaire ouverte opposera dimanche Sophie Montel (FN), Marie-Guite Dufay (PS) et François Sauvadet (LR-UDI) au second tour des élections régionales en Bourgogne Franche-Comté. Chacun peut espérer la victoire. Mais un seul la décrochera. Voici pourquoi tous les trois ont des raisons de croire en leurs chances.
Pourquoi Sophie Montel va gagner ?
Avec 31,5% des suffrages, la candidate du Front national est arrivée largement en tête au premier tour. Elle profite de la dynamique du FN au niveau national, et d’un bon report des voix de Debout la France (5,2%) et de l’UPR (0,9%), deux partis souverainistes. D’ailleurs, avec 303.128 voix au premier tour, Sophie Montel n’a pas encore fait le plein. En 2012, au premier tour de la présidentielle, Marine Le Pen avait séduit 333.120 électeurs de Bourgogne Franche-Comté. Au printemps dernier, aux départementales, le FN avait progressé entre les deux tours de plus de 5000 voix dans les 49 cantons francs-comtois où il était qualifié pour le second tour (lire ici).
Pourquoi François Sauvadet va gagner ?
Après la gueule de bois dimanche dernier, l’euphorie dimanche prochain. Deuxième au premier tour avec 24% des suffrages, François Sauvadet mobilise l’électorat de droite pour le second tour. Finies les divisions entre sarkozystes et juppéistes, entre pro-Joyandet et pro-Sauvadet. La droite parle enfin d’une seule voix. La campagne de l’entre-deux-tours a porté ses fruits, notamment en Franche-Comté, où le candidat a réalisé au premier tour un score inférieur de 3,5 points par rapport au résultat de sa région d’origine. Les déplacements à Montbéliard (Doubs), Poligny (Jura) et Vesoul (Haute-Saône) parviennent à atténuer les craintes qu’ont certains Francs-Comtois à voter pour un Bourguignon. Malgré l’absence de consigne de vote de leur candidat, les électeurs de Debout la France et du MoDem se reportent massivement sur le candidat de centre-droit.
Pourquoi Marie-Guite Dufay va gagner ?
Le principal atout de Marie-Guite Dufay est d’être sous-estimée, d’abord par ses camarades socialistes, ensuite par ses adversaires de droite. « C’est madame tout-le-monde. Dans les réunions publiques elle arrive dans l’indifférence générale, elle repart avec tout le monde dans sa poche », reconnaît, dans un souffle d’admiration, un adversaire politique. Le style Dufay déconcerte même les socialistes bourguignons, peu habitués à ce qu’une candidate se laisse filmer en pleine séance de relaxation un dimanche d’élection (voir ici). Une fois encore, la présidente sortante de Franche-Comté déjoue les pronostics qui la donnait battue à coup sûr il y a quelques semaines. La socialiste, 3e du 1er tour (23%) s’impose grâce à la mobilisation de l’électorat de gauche, mais aussi grâce aux excellents reports des voix du Parti communiste (4,6%) et d’EELV (3,9%). Éliminées dès le premier tour, Nathalie Vermorel (PCF-FDG-MRC) et Cécile Prudhomme (EELV) ont accepté de faire meeting commun avec le PS à Audincourt. « Le parti socialiste s’engage sur des points programmatiques qui sont importants pour les écologistes, comme aider les familles à isoler leur logement, renforcer les TER et soutenir l’agriculture biologique, sans OGM ni pesticides », détaille même la chef de file EELV. A gauche, la peur d’une région FN est donc finalement supérieure aux réticences liées au virage sécuritaire du gouvernement.
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