17 Mar

Le FN et les syndicats : une si longue histoire…

Frédéric Montrelay, FN,maire de Rans

Stéphane Montrelay, FN,maire de Rans

Stéphane Montrelay, maire Sans Etiquette de Rans dans le Jura est candidat pour le Front National. Il était responsable CFDT chez Solvay à Tavaux. Son syndicat l’a exclu car il a dit qu’il était CFDT sur ses tracts. Le Front National et les syndicats : la grande histoire qui revient régulièrement au moment des élections. En général, les syndicats excluent leurs adhérents quand ils se présentent sous la bannière FN. Marine Le Pen en profite pour dénoncer leur « ostracisme ». Et les syndiqués votent bien pour qui ils veulent… Aux européennes de mai dernier, les sympathisants des syndicats ont voté pour le FN de 17 à 33 %…

 

 

Marine Le Pen a évoqué la présence parmi les candidats FN au scrutin départemental des 22 et 29 mars de « 8 CGT, 9 CFTC, 5 CFDT, 7 FO ».

Pour les syndicats, le phénomène se mesure au compte-gouttes: à la CFDT deux adhérents candidats FN – l’un en Vendée et l’autre dans le Jura – sont en procédure d’exclusion ou radié. La CGT fait état d’une de ses déléguées chez Thales sur une liste FN dans le Loiret, qui a démissionné. La CFTC évoque également un cas.

La CFDT s’est trouvée par ailleurs confrontée au cas d’un juge prud’homal CFDT de Paris, Dominique Bourse-Provence, candidat FN aux dernières municipales, auquel elle a demandé de démissionner du syndicat.

 « Pour la CFDT, le Front national n’est pas un parti comme un autre« , affirme à l’AFP Jean-Louis Malys, membre de la direction. « Les idées du FN« , comme « la préférence nationale » ou « la stigmatisation de catégories de populations« , sont « à l’opposé des valeurs de la CFDT« , ajoute-t-il. Mais « on n’est pas dans une logique de chasse aux sorcières« , toutefois si un adhérent « revendique bruyamment son appartenance » au FN, « on lui demande d’être cohérent et de choisir« , ajoute-t-il.

« La CGT est intransigeante » à ce sujet, a souligné de son côté son numéro un, Philippe Martinez, rappelant le précédent de Fabien Engelmann, élu en 2014 maire FN de Hayange (Moselle) et exclu de la centrale.

Les syndicats reconnaissent toutefois l’attrait du vote FN, même dans leurs rangs. Aux dernières européennes, 33% des sympathisants de FO, 22% de ceux de la CGT et 17% de la CFDT, ont glissé dans l’urne le bulletin FN, selon un sondage Ifop.

fncfdt

Pour ces départementales, 50% des ouvriers et 41% des employés souhaitent la victoire du FN, selon un récent sondage Ifop.

Pour contrer l’intrusion des idées du FN, les syndicats proposent le débat: « On n’est pas sur la culpabilisation, c’est par le dialogue, en étudiant ce que propose le FN et ce qu’il fait réellement, qu’on espère convaincre« , affirme Pascal Debay, membre de la direction de la CGT. « Et c’est un travail de longue haleine« , prévient-il.

 

Pas de volonté FN de créer un syndicat

 

Philippe Louis, président de la CFTC, ne voit pas d’entrisme du FN: « au sein des instances de la CFTC personne ne plaide pour les thèses du Front national« , assure-t-il à l’AFP.

Aujourd’hui, « le FN ne parvient pas à pénétrer dans l’appareil militant des syndicats et se heurte à un mur de résistance« , dès lors « sa stratégie est plutôt de contourner l’obstacle », en « recherchant l’électorat populaire dans les urnes », selon Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail.

De son côté, Florian Philippot, vice-président du Front national, dénonce auprès de l’AFP « l‘attitude très sectaire et politicienne » des syndicats. « Un syndicat normalement ne fait pas de politique« , et « beaucoup de nos adhérents sont syndiqués« , assure-t-il.

Dénonçant « l’ostracisme » des syndicats, la Fédération FN de Paris a décidé « de constituer un groupe de réflexion« : il s’agirait d' »un cercle Front syndical » pour rassembler les adhérents FN syndicalistes « en proie au sectarisme de leurs directions syndicales« .

Il s’agit d’une « bonne idée« , qui peut se réaliser non pas au niveau national, mais « par branche régionale« , a estimé M. Philippot. Mais, « sans aller vers la création d’un syndicat qui n’est pas l’optique ou l’ambition du Front national », a-t-il précisé.

 

En 2009, le FN avait crée un « Cercle national de défense des travailleurs syndiqués« , mais ensuite il n’avait « pas poussé les feux dans cette direction », rappelle Bernard Vivier. Quant à sa tentative en 1995 de créer ses propres syndicats- FN-Police, FN personnels pénitentiaires – elle avait échoué, les tribunaux ayant considéré qu’il s’agissait d’une action politique et non syndicale, souligne cet analyste.

 

(AFP)