17 Mar

Départementales : quel est ce parti Egalité et Justice, qui remet en cause la laïcité à la française ?

Logo du parti Egalité et Justice

Logo du parti Egalité et Justice

« La France plus forte avec sa diversité ». Voilà le slogan de campagne des binômes d’Egalité et Justice pour ces élections départementales. Ce nouveau parti présente des candidats dans dix cantons de l’Est de la France: six en Franche-Comté et quatre en Alsace. Tous ses candidats ou presque sont d’origine turque. Leur campagne est discrète. Mais leur démarche fait déjà beaucoup parler. Pointé du doigt notamment par le Front national, celui qui se présente comme le « parti des peuples » défend pêle-mêle le communautarisme, souhaite que la fête musulmane de l’Aïd-el-Kébir devienne un jour férié. Il entend aussi revenir sur le mariage pour tous et l’interdiction du voile à l’école.

Quatre binômes candidats dans le département du Doubs, deux dans le Territoire de Belfort, trois dans le Bas-Rhin et un dans le Haut-Rhin. Pour ses premières élections, le nouveau parti Egalité et Justice s’implante en Franche-Comté et en Alsace.

D’après le site internet de l’Express, qui a enquêté sur ce nouveau parti (lire l’article ici), Egalité et Justice a des liens étroits avec le Cojep (Conseil de la jeunesse pluriculturelle), un mouvement créé en 1985 par l’Association des Jeunes Turcs de Belfort et dont le siège est depuis 1995 à Strasbourg (lire l’histoire du Cojep ici).

« Beaucoup d’entre nous sont membres actifs de cette ONG qui défend notamment la citoyenneté. Mais certains militent ou ont milité pour d’autres partis politiques », nous explique Kadir Güzle, vice-président du PEJ. Lui-même est d’ailleurs président de Cojep Grand-Est, et conseiller municipal à Obernai, dans une majorité dirigée par un maire UMP, Bernard Fischer (voir la composition du conseil municipal).

« Je suis à l’UMP depuis 2007, je colle des affiches. J’ai toujours été de droite, par conviction, même si je ne suis pas toujours d’accord avec certains discours », expliquait Kadir Güzle dans le quotidien Les Dernières Nouvelles d’Alsace en novembre 2010 (son portrait ici). D’après l’autre quotidien régional, L’Alsace, le PEJ présente également pour ces élections départementales des candidats qui ont été proches du Parti socialiste ou d’Europe Ecologie-Les Verts.

« Nous sommes le parti de la diversité, le parti des banlieues », revendique Kadir Güzle.

La députée FN Marion Maréchal Le Pen s'en prend au PEJ sur le réseau social Facebook (DR)

La députée FN Marion Maréchal Le Pen s’en prend au PEJ sur le réseau social Facebook (DR)

Pris pour cible par le Front national (voir ci-contre), le PEJ se défend d’être un parti communautariste, un parti musulman, ou un parti religieux.

Faute de professions de foi déposées en préfecture, il nous a fallu aller sur leur site internet pour connaître leur programme.

Dans son manifeste, le parti Egalité et Justice défend « les groupes, associations communautaires ou autres qui font un réel travail social sur le terrain ». « Nous voyons la communauté comme une force, pas comme un repli », explique Kadir Güzle.

Créé il y a un mois, le Parti Egalité et Justice constate que « les hommes politiques sont de plus en plus tentés par des discours populistes pour gagner les élections. À bien des égards ce populisme se traduit par l’Islamophobie et un certain nombre de lois antimusulmanes sous prétexte de laïcité ou de protection envers les femmes. »

Le PEJ propose donc de refonder entièrement le principe de laïcité à la française en prenant les mesures suivantes:

  • abolition de la loi de 2004 sur l’interdiction du port du voile à l’école, une loi jugée « liberticide » et « anticonstitutionnelle »
  • autorisation des menus halals dans les cantines scolaires
  • instauration de la fête de l’Aïd-el-kébir comme jour férié

Egalité et Justice entend aussi abolir la loi sur le mariage pour tous, considérant que « c’est presque avec mépris que la classe politique a bafoué cette institution séculaire et traditionnelle qu’est la famille, afin de répondre favorablement à un petit lobby influent d’homosexuels » (sic). Le manifeste dénonce ainsi « le positionnement libertin de la société française ».

En matière d’éducation, le parti souhaite « affecter les professeurs les plus expérimentés et les plus motivés dans les zones d’éducation prioritaire », et rappeler « l’apport de l’immigration musulmane dans la reconstruction de la France d’après-guerre » dans les manuels d’histoire.

Enfin, sur la scène internationale, le PEJ est favorable à l’entrée de la Turquie et de la Bosnie dans l’Union européenne, et « la pleine reconnaissance des droits du peuple palestinien à un État ».

Autant de propositions radicales qui n’ont pas grand-chose à voir avec les compétences des conseils départementaux et qui draguent ouvertement l’électorat musulman. Quitte à balayer au passage quelques principes fondateurs de notre République.

Les candidats d’Egalité et Justice en Franche-Comté:

  • Audincourt: BOUCHTAOUI Yassine et GUETTOUCHE Nora
  • Besançon 1: KAHRIMAN Fatma et YAMAKOGLU Mehmet
  • Montbéliard: BULUT Esref et UNLU Senay
  • Pontarlier: NOMAL Hafize et YUCEL Abdullah
  • Belfort 1: Yusuf CETIN et Ebrü SUTCU
  • Belfort 3: Maggy PERRET et Gokhan ERDEM

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