La ministre de la Santé Marisol Touraine a refusé d’accéder ce jeudi à la principale revendication des travailleurs frontaliers qui continuent à manifester pour réclamer le maintien de leur droit de choisir une assurance privée pour leur couverture maladie. Sur ce dossier, la ministre en déplacement à Strasbourg, s’est montrée catégorique: « Est-il envisageable de maintenir un système dérogatoire pour les travailleurs frontaliers? La réponse est non », a déclaré Mme Touraine lors d’une rencontre avec la presse.
« Les conditions pour lesquelles les travailleurs frontaliers ont bénéficié d’un régime particulier (…) n’existent plus », a souligné Mme Touraine, estimant que prolonger ce système « serait mentir » aux frontaliers.
« Nous avons travaillé avec des associations de frontaliers et je crois que nous avons trouvé un point d’aboutissement positif et favorable », a-t-elle poursuivi. « La prise en compte de leurs inquiétudes a été faite », a-t-elle insisté en référence au sursis.
Face à la colère des associations de frontaliers, la ministre avait annoncé une inflexion il y a dix jours: ils bénéficieront durant une période transitoire, jusqu’à fin 2015, d’un taux de cotisation réduit de 6%, au lieu de 8%.
La mesure a été jugée insuffisante par des frontaliers. De nouvelles opérations escargot ont eu lieu samedi à Pontarlier et à Morteau à la frontière suisse. Un collectif de frontaliers prévoit de manifester samedi à Saint-Louis (Haut-Rhin).
100 à 150 millions de plus pour la Sécu
Les frontaliers en colère, résidant en France et travaillant en Suisse, dénoncent depuis plusieurs mois la suppression annoncée par le gouvernement de leur « droit d’option » pour couvrir leurs frais de santé, c’est-à-dire le droit de choisir entre le système suisse, l’assurance maladie française ou une assurance privée, souvent moins onéreuse.
A partir du 1er juin 2014, ceux qui auront choisi d’être assurés en France ne pourront le faire qu’à travers la Sécurité sociale. Cette mesure devrait rapporter 100 millions d’euros à la Sécurité sociale la première année et 150 millions d’euros par la suite.
Selon les associations, le pouvoir d’achat des frontaliers diminuera de 300 à 400 euros en moyenne par mois si le projet du gouvernement français est maintenu.
Quelque 169.000 personnes résident en France et travaillent en Suisse. Environ 153.000 d’entre elles cotisent à une assurance maladie privée, 9.000 à la CMU et 7.000 sont assurées en Suisse. (AFP)
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