« Je ne vous dirai pas ce que j’ai voté car je n’ai pas à vous le dire ». Jean-François Humbert fait partie du bureau du Sénat, qui a rejeté mercredi à 13 voix contre 12 la levée de l’immunité parlementaire de Serge Dassault. Depuis ce vote très contesté, beaucoup s’interrogent sur l’identité des 13 sénateurs qui ont permis à leur collègue UMP d’échapper à la garde à vue. « Le scrutin est secret. Donc silence. Point ». Le sénateur du Doubs Jean-François Humbert précise simplement qu’il a voté « en son âme et conscience ». Sénateur de l’Essonne, industriel et patron du Figaro, Serge Dassault, 88 ans, est soupçonné d’avoir acheté des votes. La levée de son immunité aurait permis aux magistrats du pôle financier de Paris de le placer en garde à vue. En revanche, une mise en examen est toujours possible.
« Toujours partant » pour les municipales à Besançon et « à jamais centriste », Jean-François Humbert, qui siège au sein du groupe UMP au Sénat, assure qu’il ne fuit pas ses responsabilités. L’ancien président du conseil régional sourit à l’évocation des nombreux commentaires qui ont suivi la décision du bureau du Sénat, composé d’une majorité d’élus de gauche.
Vers un prochain vote à main levée ?
Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, s’est par exemple étonné de la tournure prise par la polémique: « J’entends beaucoup de critiques sur celui ou celle qui, appartenant à la gauche, aurait pu ne pas voter cette levée d’immunité. Je voudrais qu’on parle aussi des douze sénateurs de droite qui, eux, ont fait bloc », a réagi le socialiste.
Le président du Sénat, Jean-Pierre Bel, a proposé hier de revenir au vote à main levée en cas de nouvelle demande de levée d’immunité parlementaire, une position également défendue par les sénateurs Laurence Rossignol (PS), Jean-Vincent Placé (EELV) et Eliane Assassi (PCF).
« Très occupé », notamment par la prochaine ouverture de son local de campagne, rue des Granges à Besançon, Jean-François Humbert avoue ne pas avoir réfléchi à cette question.
« Un vote de conscience » pour Gérard Larcher
A droite Gérard Larcher (UMP) a mis en garde contre toute précipitation. Le vote secret a été mis en place après la réforme constitutionnelle de 1995 qui a fortement limité l’immunité des parlementaires, a-t-il rappelé. « Nous avons alors opté pour le bulletin secret, en pensant qu’un vote sur la levée d’une immunité est un vote de conscience, et non un vote de discipline politique », a ajouté l’ex-président du Sénat.
Dans cette instruction ouverte depuis mars pour achat de votes, corruption, blanchiment et abus de biens sociaux, les magistrats s’intéressent aux élections municipales
organisées en 2008, 2009 et 2010 à Corbeil-Essonnes, remportées par Serge Dassault, puis par son bras droit, Jean-Pierre Bechter. Les juges s’intéressent notamment
à d’importants mouvements de fonds depuis le Liban vers la France. (Avec AFP)