24 Jan

Affaire Dassault: Jean-François Humbert se fait piquer son site de campagne

Capture d'écran du site http://www.jfhumbert-besancon2014.com

Capture d’écran du site http://www.jfhumbert-besancon2014.com

A défaut d’avoir réservé à temps un nom de domaine pour son site de campagne, le sénateur Jean-François Humbert, candidat aux municipales à Besançon, a eu une drôle de surprise. Le site www.jfhumbert-besancon2014.com, dont il fait la promotion sur ses premiers tracts de campagne, renvoie sur un clip vidéo accusant le sénateur UMP d’avoir « sauvé Dassault ». Jean-François Humbert fait en effet partie du bureau du Sénat qui a refusé de lever l’immunité parlementaire de Serge Dassault il y a quelques jours. Le sénateur du Doubs, qui ne souhaite pas révéler ce qu’il a voté dans cette affaire, va porter plainte. « C’est proprement diffamatoire », s’insurge-t-on dans son équipe de campagne.

C’est l’histoire d’un mauvais timing.

Quand l’équipe de campagne de Jean-François Humbert fait imprimer ses premiers tracts il y a quelques semaines, elle pense que l’adresse du site de campagne du candidat divers-droite aux municipales est validée.

En fait, ce n’est pas le cas. Le sous-traitant en charge du site internet n’a pas encore réservé le nom de domaine choisi.

« Il y a eu une erreur » reconnaît aujourd’hui l’entourage du candidat.

Et pour cause. Alors que les premiers tracts sont distribués, le site internet initial est « squatté ». Sur le réseau social twitter, un internaute se rend compte de la supercherie:

Un autre internaute confirme, photo à l’appui, que c’est la même adresse internet qui était affichée sur la vitrine du local de campagne de Jean-François Humbert « la semaine dernière ».

Si vous tapez l’adresse http://www.jfhumbert-besancon2014.com sur internet, vous ne trouverez pas le site de campagne de Jean-François Humbert, mais un clip musical détourné de la chanson Scatman. Dans la vidéo originale, on voit John Scatman chanter son tube de 1995. Il porte une jolie moustache… comme Jean-François Humbert.

La musique et l’image n’ont pas été modifiées, à un détail près. Un texte défile sur l’écran: « Le 8 janvier, 13 sénateurs membres du bureau du Sénat s’opposèrent à la levée de l’immunité de Serge Dassault. Et parmi eux… devinez qui ? » Et quand le refrain arrive, « Oui j’ai sauvé Dassault, j’ai sauvé Dassault ».

L’auteur de la vidéo explique sa démarche sur le site:

« Cette initiative n’a aucun lien avec une équipe de campagne pour les élections municipales bisontines. Il s’agit juste de l’action de citoyens écœurés par l’attitude honteuse de certains de nos sénateurs qui font ni plus ni moins obstruction à la Justice. Aucun « piratage » n’a été effectué. L’équipe de campagne envisageant d’utiliser cette adresse Internet aurait juste dû prendre la précaution de la déposer avant de la diffuser sur ses documents de campagne. « Le 8 janvier dernier, 13 sénateurs membres du bureau du Sénat, s’opposèrent à la levée de l’immunité de Serge Dassault. Permettant à ce dernier de soustraire encore une fois à la justice. Parmi ces 13 sénateurs, un candidat aux municipales à Besançon. »

Sur cette affaire Dassault, il convient de rappeler deux choses: d’abord le vote du bureau du Sénat est secret, et Jean-François Humbert, contrairement à certains de ses collègues, n’a pas souhaité dire s’il s’était prononcé pour ou contre la levée de l’immunité. « Je ne vous dirai pas ce que j’ai voté car je n’ai pas à vous le dire », nous avait-il répondu le 10 janvier. Ensuite, en refusant de lever l’immunité parlementaire de Serge Dassault, soupçonné d’avoir acheté des votes, le bureau du Sénat empêche la justice de placer l’industriel de 88 ans en garde à vue. En revanche, une mise en examen est toujours possible.

Les infos fournies par le cybersquatteur à son hébergeur américain

Les infos fournies par le cybersquatteur à son hébergeur américain

Reste que cette opération de cyber squatting n’est pas l’oeuvre d’un amateur. Le nom de domaine a été réservé le 15 janvier, via un site spécialisé américain (www.godaddy.com), au nom de « John Francis Scatman », demeurant « 12 rue du char Dassault » à Besançon. Ne cherchez pas, cette adresse n’existe pas. La vidéo, qui fonctionne grâce à la ressemblance entre le chanteur et le sénateur, est quant à elle hébergée par l’équivalent russe de youtube, www.rutube.ru

Une nouvelle adresse pour le site de campagne

L’équipe de Jean-François Humbert a donc dû changer l’adresse du site, rajoutant un tiret entre besancon et 2014. C’est donc sur http://www.jfhumbert-besancon-2014.com/ (ouvert le 23 janvier seulement !) que vous trouverez toutes les infos sur la campagne du sénateur.

Le site officiel de Jean-François Humbert, avec un tiret en besancon et 2014

Le site officiel de Jean-François Humbert, avec un tiret entre besancon et 2014

MAJ 27/1: ce lundi matin, le site http://www.jfhumbert-besancon2014.com/ n’est plus squatté. On y retrouve le site de campagne de Jean-François Humbert.

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