19 Déc

Européennes: Edouard Martin crée la polémique

Edouard Martin sera tête de liste pour le Parti socialiste dans l'eurorégion Grand Est (©f2)

Edouard Martin sera tête de liste pour le Parti socialiste dans l’eurorégion Grand Est (©f2)

Il l’a annoncé hier soir dans le journal de 20h de France 2. Oui, Edouard Martin sera la tête de liste PS dans la région Grand Est pour les européennes. Depuis des mois, le Parti socialiste courtisait le syndicaliste de Florange. En attirant dans ses filets celui qui fut le chouchou des médias lors du conflit avec Mittal, le PS fait un joli coup. Surtout, il assure la présence d’un ouvrier au Parlement européen, ce qui n’est pas la moindre des choses pour un parti qui a également investi comme têtes de liste son premier secrétaire, Harlem Désir, et l’un des ministres du gouvernement, Vincent Peillon. Comme si ces deux-là n’étaient pas assez occupés dans leurs fonctions actuelles…

Et pourtant, l’engagement d’Edouard Martin suscite de multiples réactions, souvent critiques.

« Ce soir, les masques tombent. L’Europe mérite mieux. » C’est sur le réseau social Facebook que Nadine Morano, choisie par Nicolas Sarkozy pour mener la liste UMP dans notre eurorégion, a réagi à l’annonce d’Edouard Martin. Et l’ancienne ministre de reprendre l’opinion d’anciens collègues du sidérurgiste de Florange. « Ses collègues de FO ont dénoncé son engagement purement personnel, un « engagement politique » tardivement révélé, qui n’a hélas rien de sincère ni de cohérent, tout comme l’étaient ses larmes de crocodile face aux médias », écrit ainsi Nadine Morano.

En concurrence avec Nadine Morano pour la tête de liste UMP, l’eurodéputé sortant Arnaud Danjean s’amuse lui du « regain d’intérêt » et des « vocations subites » que suscite le Parlement européen.

 

Autre adversaire d’Edouard Martin aux européennes, le frontiste Florian Philippot considère que le syndicaliste est « l’incarnation de la trahison ».

 Sur Facebook, le candidat FN à la mairie de Forbach renchérit: « Pour les élections européennes, face à moi dans le grand-Est le candidat du PS est donc Edouard Martin, symbole de cette trahison par la gauche et certains syndicats des ouvriers, des travailleurs français, des petits. A Florange, son nom résonne encore comme une cruelle trahison. »

EELV l’espérait aussi sur sa liste

Trahison, vraiment ? Le mot fait bondir à gauche. A l’image de Sandrine Bélier, eurodéputée EELV sortante et tête de liste dans Grand Est.

Dans un billet d’humeur posté sur Facebook, elle révèle que les écologistes auraient bien aimé eux aussi attirer Edouard Martin sur leur liste. Pour Sandrine Bélier, il y a bien « trahison » dans la polémique actuelle, mais pas là où l’UMP et le FN le croient:

« LA TRAHISON des citoyen-nes et des électeurs, pour moi elle est aujourd’hui permanente du côté de personnes comme Nadine Morano ou Florian Philippot. Il y a trahison à être candidat aux élections européennes et s’en servir comme tribune nationale. Il y a trahison à demander un mandat aux citoyens pour pas s’engager sur les dossiers de la compétence du mandat exercé. Il y a trahison à demander un mandat pour juste poursuivre une carrière politique et ses propres intérêts.

Edouard Martin est un concurrent politique, les deux autres sont pour moi des adversaires qui cherchent une place où se caser après plusieurs échecs électoraux »

Et le PS dans tout ça ?

Photo postée sur le profil Facebook de Catherine Trautman hier soir (DR)

Photo postée sur le profil Facebook de Catherine Trautman hier soir (DR)

Tête de liste jusqu’à hier soir, Catherine Trautman joue collectif. Elle rappelle, photo à l’appui, sur Facebook, qu’Edouard Martin et elle ont déjà mené bataille commune. « Cet engagement traduit une conviction qu’Edouard Martin a parfaitement expliquée lors de son intervention télévisée : la défense des salariés se joue d’abord, et avant tout, au niveau européen », assure l’élue strasbourgeoise. Nous avons déjà travaillé ensemble à plusieurs reprises sur la sidérurgie lorraine et européenne : cette candidature est donc cohérente. Son histoire, son parcours, ses combats seront une chance pour plaider en faveur d’une ré-orientation de la construction européenne. Nul doute que sa voix portera dans l’Assemblée. »

En tout cas, les attaques contre Edouard Martin ne font pas rire du tout les socialistes, à l’image de l’adjointe au maire de Besançon Fanny Gerdil. Sur twitter, elle approuve un internaute qui s’en prend à Jean-Pierre Raffarin. L’ancien Premier ministre avait estimé qu’Edouard Martin était « recasé ».

On l'a compris, cette candidature déchaîne les passions. Mais au nom de quoi un syndicaliste ne pourrait pas donner un nouveau tournant à son engagement ?

Au nom de quoi un ouvrier serait-il moins légitime qu'un énarque, chef de parti, ancien ou actuel ministre, pour siéger au Parlement européen ?

Et les questions européennes, au fait, on en parle quand ?

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