15 Déc

Lure-Malbouhans, nouveau théâtre de la bataille entre Yves Krattinger et les écolos

Le Pôle Véhicule du futur sera-t-il sacrifié pour préserver la faune et la flore "exceptionnelles" de Malbouhans? (©f3fc)

Ceux-là ne s’apprécient guère, et c’est peu de le dire. Entre Yves Krattinger, le président socialiste du conseil général de Haute-Saône et les Verts, il y a trop de cadavres dans les placards. Il y a quelques mois, les écologistes attaquaient les travaux d’aménagement de la Planche des Belles Filles pour une arrivée controversée d’une étape du Tour de France. En vain. Mercredi, la justice a cette fois donné raison aux écolos, mais sur un tout autre terrain: celui de Lure-Malbouhans, l’ancien aérodrome militaire que le conseil général veut convertir en Pôle de compétitivité consacré aux véhicules du futur. Considérant « la richesse du milieu faunistique et floristique », le tribunal estime qu’il y a « erreur manifeste d’appréciation » et annule la délibération créant la zone d’aménagement concertée (ZAC).

Les petits oiseaux et les papillons ont donc gagné. Enfin pour l’instant. Car hier soir, dans un communiqué de presse, Yves Krattinger exprimait sa « vive surprise » face à cette décision « inattendue et incompréhensible, tant elle est en contradiction avec la position prise par le rapporteur public ». Pour le sénateur, président du syndicat mixte d’aménagement d’Aremis-Lure, le coup est dur, mais pas question de reculer: la réalisation du projet « pourra être conduite dans un contexte réglementaire plus traditionnel », assure Yves Krattinger. Comprendre sans Zone d’aménagement concertée.

Les motivations du juge (cliquez pour agrandir)

Les écologistes, eux, saluent la « fin de partie » à Malbouhans. « Le conseil général de Haute-Saône s’entête depuis des années à mener un projet d’urbanisation matérialisé par une zone d’aménagement concerté (ZAC) sur l’ancien terrain militaire de Malbouhans, doté d’un patrimoine naturel exceptionnel » écrit le Haut-Saônois Philippe-Eric Châtelain, porte-parole régional d’EELV.

Pour l’association CPEPESC, à l’origine du recours devant la justice, « il n’est pires sourds que ceux qui ne veulent pas entendre. » (voir le communiqué de la CPEPESC)

« On se marre »

Sur les réseaux sociaux comme ailleurs, les écolos jubilent. « On se marre », rigole Eva Pedrocchi, ancienne secrétaire régionale engagée sur le dossier de la Planche des Belles Filles. Le conseiller régional Eric Durand propose lui de créer « une réserve naturelle régionale » sur une partie du site militaire.

Yves Krattinger assure de son côté vouloir continuer « à travailler à l’avenir de notre département, sans renier les objectifs de ce projet, tout en liant développement et environnement ! »

Le défi désormais est bien de trouver comment implanter en Haute-Saône ce projet porteur d’emplois tout en préservant les richesses naturelles du département.

Extrait des comptes twitter d'Eva Pedrocchi et Eric Durand

Voici le communiqué d’EELV:

« FIN DE PARTIE A MALBOUHANS

Il est temps qu’une véritable réflexion visant à concilier biodiversité et développement économique soit initiée dans ce département de Haute Saône qui ne manque pas d’atouts pour tracer la voie de la conversion écologique de l’économie ; Europe Ecologie – Les Verts est prêt à y participer. »

Le Conseil général de Haute-Saône s‘entête depuis des années  à mener un projet d’urbanisation matérialisé par une zone d’aménagement concerté (ZAC) sur l’ancien terrain militaire de Malbouhans (70) doté d’un patrimoine naturel exceptionnel.

Nous nous réjouissons de cette décision qui, nous l’espérons protègera définitivement les espèces menacées qui vivent sur le site de Malbouhans.

Pourtant, déjà en 2007  le tribunal administratif avait annulé les PLU (plans locaux d’urbanisme) des principales communes concernées, Malbouhans et La Neuvelle-lès-Lure, ce qui n’avait pas empêché le Président du Conseil Général de Haute-Saône de persister dans sa volonté d’aménagement.

De nouveau par  jugement rendu le 12 décembre 2012, le juge a estimé que le projet d’urbanisation, relevait d’une erreur manifeste d’appréciation estimant que l’aménagement de ce site n’était pas compatible avec la préservation de son exceptionnel patrimoine naturel. »

Voici le communiqué d’Yves Krattinger:

Suite à l’annulation de la délibération de la Communauté de communes du Pays de Lure portant création
de la ZAC (Zone d’Aménagement Concertée) AREMIS-Lure, le Président du SYMA tient à réagir :

« J’exprime ma vive surprise quant à cette décision. Elle est inattendue et incompréhensible, tant elle est
en contradiction avec la position prise par le rapporteur public qui avait confirmé la régularité et la qualité
du travail réalisé pour ce projet et écarté les douze motifs mis en avant par la CPEPESC et la LPO
(audience du 15 novembre 2012).

Ce travail collectif, accompli par le Conseil général, la Communauté de communes du Pays de Lure
(CCPL), la Chambre de Commerce et d’Industrie de Haute-Saône, en partenariat avec les associations
regroupées dans le cadre du Groupe Technique Environnement* et les communes concernées par le
projet, est un travail de qualité. Je tiens à les remercier particulièrement pour leur implication.

La CCPL ayant préalablement révisé les documents d’urbanismes des cinq communes concernées,
ceux-ci étant compatibles avec le projet préparé et n’ayant pas été contestés devant la juridiction
administrative, sa réalisation, étape par étape, pourra être conduite dans un contexte réglementaire plus
traditionnel.

Nous continuons à travailler à l’avenir de notre département, sans renier les objectifs de ce projet, tout
en liant développement et environnement ! »

Yves Krattinger
Président du SYMA-AREMIS-Lure

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