06 Avr

"Si François Hollande est élu, ce sera le plus beau jour de ma vie"

Cinq jours avant la venue de François Hollande à Besançon, Pierre Moscovici, son directeur de campagne, a accepté de faire le point avec nous sur les enjeux de la dernière ligne droite, son rôle dans l’équipe du candidat socialiste et son avenir. Le député du Doubs s’exprime aussi sur la question des législatives en Franche-Comté: il ne soutiendra pas Jacques Hélias si le maire de Montbéliard décide de se présenter et assure qu’aucun candidat PS ne devra laisser la place à un candidat du Front de Gauche.

Il a tenu près de 250 sympathisants en haleine pendant plus d’une heure, et prend le temps de signer quelques autographes. A Lons-le-Saunier hier soir, Pierre Moscovici a fait le boulot. Le directeur de campagne de François Hollande s’en est donné à cœur joie contre le président sortant et ses « bobards », souhaitant que les électeurs le « renvoient à Neuilly, là où il est si bien ». Avant de reprendre la route vers son fief montbéliardais, il a accepté de répondre à nos questions. Entretien.

Pierre Moscovici, que doit craindre le plus François Hollande aujourd’hui : l’abstention ou Jean-Luc Mélenchon ?

Je pense que ce qui est nécessaire maintenant, c’est de doper la participation. Parce que cette élection est très importante, parce que l’enjeu, c’est vraiment de continuer ce qu’a fait Nicolas Sarkozy en pire – le chômage, la dette, l’effondrement de nos comptes, l’industrie qui recule – ou bien c’est de changer – le redressement dans la justice. Pour cela, il faut que la participation soit forte. D’ailleurs, si la participation est forte, je suis persuadé que ce sont des électeurs qui viendront pour apporter leur voix au changement.

C’est le message que vous êtes venu faire passer aux militants socialistes : « mobilisez autour de vous » ?

Changer, parce qu’on ne peut pas continuer avec Sarkozy. Rassembler, parce que ce président a trop divisé, et les Français ont besoin maintenant d’être rassurés, apaisés, réconciliés. Et mobiliser, parce qu’il nous reste 17 jours, et qu’au fond c’est maintenant que certains se décident encore. Donc je leur demande de faire comme moi, de mouiller la chemise, et d’aller convaincre ceux qui doutent, ceux qui ne savent pas encore ce qu’ils vont faire et ceux qui parfois ont des hésitations.

Comment se sent le directeur de campagne que vous êtes à 17 jours du 1er tour ?

Ecoutez, je suis là pour donner le la, pour essayer d’animer les équipes, et donc je me sens bien. Je me sens bien d’abord parce que je suis en phase avec mon candidat, François Hollande, qui a je crois beaucoup de force interne et beaucoup de capacités à entraîner, et bien aussi parce qu’il y a autour de nous une armée, un parti uni et une volonté de changer de tant de Français.

Mais c’est un rôle qui vous convient, un peu plus dans l’ombre que les porte-parole par exemple ?

Il m’arrive de parler quand même, peut-être plus qu’un porte-parole. C’est ce que j’ai conclu avec François Hollande : c’est lui qui doit être au filet, qui doit finir les points et moi je suis au fond du cours, avec l’équipe, pour construire le point, et ça me va. Croyez-moi, si François Hollande est élu président de la République le 6 mai, ce sera le plus beau jour de ma vie, et un grand moment de fierté.

Justement après le 6 mai, qu’envisagez-vous de faire si François Hollande est élu ?

Ce sera ce qu’il décidera.

Vous êtes à sa disposition ?

J’espère continuer à servir la République, à le faire du mieux que je peux, et ce sera à lui, et aussi aux autres, d’évaluer les capacités qui sont les miennes à occuper telle ou telle fonction. Je ne suis candidat à rien d’autre qu’à aider François Hollande à gagner. Après, je parlerai peut-être autrement…

Deux mots de politique régionale : Jacques Hélias indique ce matin qu’il pourrait se présenter en dehors des structures du parti socialiste aux élections législatives à Montbéliard. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

J’aime beaucoup Jacques Hélias. C’est mon premier vice-président à l’agglomération, c’est un ami personnel, mais le parti socialiste a maintenant ses candidats dans le Pays de Montbéliard : moi-même sur la 4e circonscription, et Arnaud Marthey sur la 3e.

Donc si Jacques Hélias se présente, vous ne le soutiendrez pas ?

Cela va de soi.

S’il y a accord avec le Front de Gauche, des candidats socialistes devront-ils laisser la place à des candidats du Front de Gauche dans la région, notamment dans la circonscription de Dole* ?

Cela n’a jamais été notre logique. Avec le Parti communiste, avec le Front de Gauche maintenant, on doit peser au premier tour, et puis se rassembler et essayer de former ensuite une majorité. Nous verrons dans quelles conditions, mais nous avons un accord sur les circonscriptions avec les Verts et nous avons nos candidats. Nous soutiendrons nos candidats.

Sylvie Laroche n’a pas de souci à se faire alors ?

Sylvie Laroche a mon plein soutien.

*Dans la 3e circonscription du Jura, la conseillère régionale PS Sylvie Laroche, première adjointe au maire de Dole, devra composer au 1er tour avec l’ancien socialiste Patrick Viverge, désormais au Front de Gauche, qui a devancé le candidat soutenu par le PS lors des élections cantonales l’an passé.
L’interview intégrale de Pierre Moscovici


Reportage sur le déplacement de Pierre Moscovici à Lons (Jérémy Chevreuil, David Martin et Karl Monnin)