16 Déc

« Les Violents de l’automne », découvrez l’un des polars de Philippe Georget

Avec ce titre, « Les violents de l’automne », Philippe Georget nous entraîne dans une intrigue haletante dans le milieu pied-noir et le souvenir des horreurs d’une O.A.S. peu soucieuse de bien public… Un beau polar.

Ayant longtemps vécu en région Centre, journaliste à France 3, Philippe Georget a vu son premier livre publié peu de temps après avoir quitté notre région pour les Pyrénées Orientales. Son goût le porte vers les histoires policières et les jeux de mots : chez lui l’un est rarement séparé de l’autre, comme si le mot d’esprit était une porte libératrice pour une réflexion approfondie…

Une berceuse pas monotone

Pour le lieutenant Gilles Sebag, tout commence avec la découverte d’un corps : un retraité, que tout désignait comme paisible, vigneron qui n’a pas fait fortune, retiré dans un quartier modeste de la ville, assassiné d’une balle… La balle est issue d’un vieux modèle d’arme de poing. De plus, le crime a été signé de manière sibylline, avec le sigle O.A.S. tracé à grandes lettres sur une porte. Un fait que les enquêteurs décident de passer sous silence pour éviter les débordements, or, deux jours plus tard, un monument érigé à la mémoire Pied-Noire est vandalisé…

Derrière ce crime, qui n’est que le premier d’une série, l’enquête contraint la police à faire remonter au jour cette conscience refoulée. Sur la forme, les enquêtes sont menées en groupe : le héros — le lieutenant Sebag — y joue le rôle d’un rouage, plus intuitif que ses collègues, mais jamais solitaire. Les conflits se règlent en interne… et par la raison, chaque fois que c’est possible.

Suivant la piste de l’O.A.S., Gilles Sebag rencontre des survivants, qui lui content, chacun sous un point de vue tranché et plein d’émotion, sa vision de ce bout de la récente Histoire de France, de plus en plus trouble au fur et à mesure que progresse la compréhension : la fin de la guerre d’Algérie, avec les promesses non tenues, les revirements d’une guerre civile particulièrement sanglante, centrée sur l’année-clef : 1962 jusqu’aux accords d’Évian. L’enquête mène tant du côté des opposants, de gauche et militants, que des Pieds Noirs, qui, regroupés au sein d’une association, refusent de se résigner aux injustices passées. Les enquêteurs mettent en jeu tout leur doigté pour tenir à distance une mémoire collective imprécise et des souvenirs encore brûlants de cette époque de terreur.

Le ton alterne gravité et légèreté, l’auteur, amoureux du langage, ne manquant jamais une occasion de nous faire sourire, ou de réfléchir sur l’usage d’un mot, d’où le titre en forme de pirouette, rappelons-nous que le titre du poème de Verlaine a été aussi le sésame du Débarquement du 6 juin 1944…

Difficile de chroniquer une enquête policière sans la spoiler, je vais essayer de ne pas en dire plus : j’en ai apprécié la dynamique, j’en ai suivi/dévoré les faits. Les analyses et les témoignages du passé s’enchaînent à un rythme souple, rapide, le passé est abordé avec le plus d’objectivité possible, mais sans être démonstratif, l’enquête prime : le savoir engrangé permettant d’éclaircir la piste menant au meurtrier…

Un roman à dévorer pour les fêtes, avec dedans un soleil assez chaud pour faire reculer la grisaille environnante.

Bernard Henninger