Découvrir, comprendre DE GAULLE (les idées de demain) est l’occasion d’évoquer, à partir de faits et de citations inédites, la figure du général De Gaulle et son génie singulier.
L’ouvrage peut être qualifié de vaste : 540 pages, il comporte 54 chapitres synthétiques. Il s’agit d’un ouvrage d’historiens qui s’attachent à compléter les blancs laissés par la Grande Histoire et l’Historiographie ordinaire. Délaissant les images d’Épinal, et les citations trop ressassées, l’enthousiasme des auteurs est sensible et ceux-ci parviennent par un assemblage – surprenant parce qu’il ne suit pas la chronicité des évènements –, à évoquer la parole et la figure singulières d’un solitaire pétri de passion pour le collectif.
L’idée des auteurs, Alain Kerhervé et Gérard Quéré consiste à saisir des aspects de la vie du général De Gaulle, de collecter une – ou plusieurs – citation inédite mais éclairante. Ainsi, lors de la campagne d’Érythrée, le général De Gaulle remet un communiqué qui paraît dans le journal d’Égypte (avril 1941) : « Je suis un français libre, je crois en Dieu et en l’avenir de ma patrie. Je ne suis l’homme de personne. J’ai une mission et n’en ai qu’une, celle de poursuivre la lutte pour la libération de mon pays. Je déclare solennellement que je ne suis attaché à aucun parti politique, ni lié à aucun politicien, quel qu’il soit [… ] je n’ai qu’un but : délivrer la France ». La déclaration est brillante et elle démontre la solitude de sa position. On imagine bien que ses propres alliés en aient pris ombrage, mais en même temps, elle fait réfléchir sur la tâche entreprise par celui qui, après le désastre de 1940, parvint à faire en sorte que la France participe de la victoire des Alliés en 1945.
Avec ses 54 chapitres, la vie du général ressemble un peu à un diamant éclaté en 54 fragments étudiés de manière diachronique : chaque sujet est disséqué, étudié, accompagné de notes biographiques, de notes descriptives, avec un minutieux référencement des citations, d’une rigueur exemplaire.
Évitant les écueils de la répétition de hauts faits trop ressassés, elle détaille cet exercice à Saint-Cyr, qu’il mène brillamment avant de se retrouver confronté à un examinateur surtout soucieux de le démolir (on lui reproche de se comporter – en 1922 – comme un roi en exil…). Je ne peux m’empêcher de penser que l’épisode évoque de manière prémonitoire l’opposition qu’il aura, vingt ans plus tard, avec le président des États-Unis, Franklin Roosevelt, et de la manière dont il parviendra à le convaincre de sa droiture et de sa stature incontournable.
Je ne le recommanderai pas à un élève de terminale, car il faut avoir en tête l’histoire générale du XXème siècle, Seconde Guerre Mondiale, et histoire sociale de la France de l’Après-Guerre, de bien connaître la biographie du général et de son attitude pour promouvoir son idéal de la France, mais à tous les lecteurs que l’intelligence d’un grand homme attire comme un aimant, je dirai : Allez-y, mais attention, il y a des passages où l’émotion vous tirera quelques larmes !
Bernard Henninger