07 Jan

Fleury-les-Aubrais : salon des auteurs régionaux le 11 janvier 2020

Samedi 11 janvier 2020, la médiathèque de Fleury les Aubrais organise le salon des auteurs régionaux de 14h à 18h, à la bibliothèque des Jacobins.

Le dynamisme des animateurs de la médiathèque de Fleury-les-Aubrais n’est plus à prouver, notamment avec ce salon des auteurs régionaux qui se tiendra samedi 11 janvier à la bibliothèque des Jacobins. Jean-Pierre Sueur, sénateur, ancien maire d’Orléans est l’invité d’honneur de cette édition pour son dernier ouvrage : « Victor Hugo au Sénat ».

Deux maisons d’édition seront présentes : les éditions Corsaire et les éditions du Jeu de l’Oie. Vingt-quatre auteurs seront  également présents  parmi lesquels la poétesse Marie-Rose Abomo-Maurin, Georges Joumas des éditions Corsaires, auteur des « Deux premiers fusillés pour l’exemple de 1917 » et « Alfred Dreyfus, citoyen », Virginie Magnier Pavé, et son polar « Le murmure de l’enfer », Aude Prieur, Cécile Richard, et Catherine Secq, autrice avec son héroïne la comissaire Bombardier seront également présents.

L’après-midi sera émaillée de lectures, d’animations musicales et d’interviews d’auteurs par radio Arc-en-ciel. Cette manifestation s’inscrit dans une continuité exemplaire, depuis des années, et les médiathèques restent un acteur fort pour faire lire et découvrir la littérature régionale.

Bernard Henninger

© photo de Catherine Secq : Bernard Henninger

Note : Bibliothèque des Jacobins42 rue du Onze Novembre  45400 Fleury-les-Aubrais (tél : 02 38 83 31 20)

02 Jan

« Lire au Centre » vous souhaite pour 2020 de belles lectures

Lire au Centre ouvre sa troisième année de chroniques, de romans, de témoignages et de livres d’histoire et je voulais remercier les auteurs et les éditeurs de la confiance qu’ils ont bien voulu me témoigner… et si une magicienne me donnait le pouvoir de faire trois vœux, je dirais : lisez plus, lisez mieux, lisez comme un fleuve emporte une crue !

Meilleurs vœux 2020 aux auteurs, aux éditeurs, aux lecteurs et à tous les autres.

« Les livres ouvrent des voies pour mieux comprendre le monde… » Souvent l’information nous surcharge de nouvelles, où l’accumulation et la répétition finissent par nous étouffer sous une masses de faits mis bout à bout sans discernement. Trop d’informations et aucune de pertinente, souvent.

Mieux qu’un maître-à-penser, la fiction — et l’imaginaire plus que tout autre — nous propose, quand elle est réussie, une piste de réflexion singulière, et à un certain point de lecture, nous nous disons : « Tiens ! Cet auteur me parle de… » sans que cela soit explicite, ni surchargé ou cadenassé par une sur-interprétation : quelques pas légers où la distraction arrive à nous prendre au sérieux et nous glisse que l’essentiel est souvent ailleurs… Là où l’information est débordée par une communication qui s’essaie à noyer les poissons — c’est-à-dire-nous —, le roman est une distraction qui ouvre des pistes sur le monde… C’est dire si nous avons besoin de littérature.

Bernard Henninger

10 Déc

Histoire des deux premiers « Fusillés pour l’exemple » de 1917

Les éditions Corsaire poursuivent leur travail d’investigation historique avec le récit détaillé et documenté des deux premiers « fusillés pour l’exemple » des mutineries de 1917, Émile Buat et René-Louis Brunet, reconstitué par l’historien Georges Joumas :

En 1914, quand l’Allemagne déclare la guerre, des générations de français espèrent ce conflit depuis 44 années. Du moins les plus nationalistes : pour eux, la guerre sera une une promenade festive…

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69325713

L’historien Georges Joumas, historien, nous conduit dans les pas de deux appelés que rien ne distinguait a priori. Quelques broutilles de jeunesse, des condamnations sans gravité. Pourtant, au jour dit, elles joueront leur rôle, puisqu’il y aura une justice et un procès où toutes les apparences seront respectées.

Émile Buat, Marnais, et René-Louis Brunet, Loirétain, se retrouvent chacun dans des BCP : Bataillons de chasseurs à pied. Bataille de la Marne, bataille des Ardennes, bataille de la Somme, siège de Verdun… À chacune, les Chasseurs à Pied évoluent en position de corps francs, en avant des régiments d’infanterie, très exposés. Sur des unités comptant près de 1500 hommes, il y a autant de pertes en un an.

Émile Buat, voit des centaines de compatriotes mourir dans des conditions atroces. S’il survit à la plupart des combats, il ne se distingue ni plus ni moins qu’autrui. Parcours similaire, pour René-Louis Brunet, de la Ferté Saint-Aubin, qui se signale par un exploit : l’arrestation de 80 prisonniers qui lui vaut la « Croix de guerre avec l’étoile de Vermeil ».

En 1917, tous deux – sans se connaître – sont au Chemin des Dames  : offensive menée par le général Nivelle. Les pertes sont considérables : environ 200 000 hommes côté Français, plus côté Allemand (300 000 ?). Des unités refusent de monter au front. Alors qu’on les emmène loin du front, leur passage, chantant l’Internationale, déclenche l’effervescence dans le groupe de Chasseurs : tract, réunion, où Émile Buat et René-Louis Brunet prennent parole (les témoignages concordent).

En réponse, ils s’exposent à une haine radicale des officiers dont l’un proclame : « Nous sommes tous décidés à brûler la cervelle au premier qui bronchera… ». Autant souligner, perspective historique pas inutile, que pour ces 200 000 morts, le général Nivelle sera muté à Alger… À l’opposé, ces soldats refusant la logique sacrificielle vont être l’objet de la vindicte du Commandement. Quel est leur crime ? Une prise de parole. Pour les nationalistes, la colère des soldats aurait été une bénédiction : rien de plus facile que de retourner une émotion soudaine et irréfléchie.

À l’inverse, la prise de parole suppose un recul, une pensée objective, dédouanée de la colère. La prise de parole, comme à la guerre, c’est la prise d’une position. Donc, au sein d’une armée déconfite, c’est un crime.

Fondé sur une enquête soigneusement documentée, le récit de Georges Joumas se lit en même temps avec passion. Il y a du tragique et la minutie de l’historien éclaire crûment l’injustice d’un Haut Commandement obsédé par des motifs nationalistes. Toutefois, contrairement aux cours martiales qui ont présidé jusqu’ici, Émile Buat et René-Louis bénéficient d’un procès et sont condamnés en bonne et due forme. Le livre démonte ce processus avec doigté.

En post-face, si Antoine Prost émet des doutes sur la possibilité d’une réhabilitation historique, on peut regretter son peu d’empathie pour la prise de parole, symbole de liberté.

Si le nom de René-Louis Brunet ne figure sur aucun monument aux morts, le maire d’Arzillières, prit sur lui d’inscrire sur le monument des « Morts pour la France » le nom d’Émile Buat… Prenez le temps des courtes journées hivernales pour découvrir ces actes qui forment le socle des injustices de notre Histoire de France, et qui nous donnent aussi de quoi réfléchir sur les mœurs modernes…

Bernard Henninger

 

06 Déc

Livre d’Histoire : « Alfred Dreyfus, citoyen »

Le temps est un animal véloce… et il arrive que des ouvrages qu’on a bien voulu me confier ne reçoivent nul regard, nulle considération, faute de temps, faute parfois d’avoir pris ce temps. En cette fin d’année, où les urgences sorties de leur contexte prennent un ton pastel… je souhaite en présenter ici quelques uns.

Commençons avec ce livre d’Histoire, qui, constatant la désaffection, voire le dédain que lui manifestèrent les « importants » de l’époque :

Clémenceau : « inférieur à l’affaire Dreyfus, de je ne sais combien d’abimes.  »

Léon Blum : « peut-être même, s’il n’avait été Dreyfus, antidreyfusard. »

Depuis quelques années, les historiens se penchent sur le destin de celui qui fut la tâche aveugle de la plus grande affaire judiciaire française, mettant à jour une fracture politique qui ne s’est jamais réparée, d’un antisémtisme français dont nous savons qu’il ne cesse de renaître, jusqu’à bafouer la mémoire d’une victime…

Que sais-je… Monsieur Alfred Dreyfus

Spécialiste de la IIIe république, Georges Joumas avait déjà porté son regard sur cet officier singulier et exemplaire (Alfred Dreyfus officier en 14-18. Souvenirs, lettres et carnets de guerre).

Ici, enrichissant son approche, avec la découverte de sa correspondance avec la marquise Arconati-Vicsonti (correspondance par ailleurs éditée chez Grasset), Joumas met à jour ce que l’affaire a dissimulé de son étonnante personnalité, car, pour surmonter les épreuves qui ont été les siennes, il ne fait guère de doute pour qui a connu la difficulté, que cela n’aurait pas été possible sans une force morale somme toute peu commune.

Fin connaisseur du politique, observateur lucide de son époque, concerné, Alfred Dreyfus dut sa vie durant affronter le mépris et la haine de ceux qui ne voulaient pas admettre la vérité et le fait : la justice avait pleinement innocenté et réhabilité Dreyfus. Bien souvent, la condamnation fautive, même absoute, ne lève pas la suspicion et la haine de ceux qui n’admettent jamais que la justice soit le miroir de la société…

Il était bien conscient que cette affaire, qui avait incendié sa vie, dépassait sa simple personne. Fort des découvertes récentes, l’historien Georges Joumas brosse un portrait précis et documenté, tentant d’évoquer la réalité d’un homme.

Si les Fêtes de fin d’année était l’occasion de mieux se renseigner sur cette Histoire qui est la nôtre, et si elle pouvait nous aider à mieux comprendre les injustices d’aujourd’hui…

Bernard Henninger