02 Jan

« Lire au Centre » vous souhaite pour 2020 de belles lectures

Lire au Centre ouvre sa troisième année de chroniques, de romans, de témoignages et de livres d’histoire et je voulais remercier les auteurs et les éditeurs de la confiance qu’ils ont bien voulu me témoigner… et si une magicienne me donnait le pouvoir de faire trois vœux, je dirais : lisez plus, lisez mieux, lisez comme un fleuve emporte une crue !

Meilleurs vœux 2020 aux auteurs, aux éditeurs, aux lecteurs et à tous les autres.

« Les livres ouvrent des voies pour mieux comprendre le monde… » Souvent l’information nous surcharge de nouvelles, où l’accumulation et la répétition finissent par nous étouffer sous une masses de faits mis bout à bout sans discernement. Trop d’informations et aucune de pertinente, souvent.

Mieux qu’un maître-à-penser, la fiction — et l’imaginaire plus que tout autre — nous propose, quand elle est réussie, une piste de réflexion singulière, et à un certain point de lecture, nous nous disons : « Tiens ! Cet auteur me parle de… » sans que cela soit explicite, ni surchargé ou cadenassé par une sur-interprétation : quelques pas légers où la distraction arrive à nous prendre au sérieux et nous glisse que l’essentiel est souvent ailleurs… Là où l’information est débordée par une communication qui s’essaie à noyer les poissons — c’est-à-dire-nous —, le roman est une distraction qui ouvre des pistes sur le monde… C’est dire si nous avons besoin de littérature.

Bernard Henninger

06 Déc

Romans pour adolescents : « Rester vivant », une devise pour une collection !

Les éditions Le Muscadier publient dans leur collection « Rester vivant » des romans à destination du public adolescent, avec une histoire ancrée dans le quotidien, pour des adolescents, dans le but assumé de leur proposer questions et réflexions sur le quotidien et la société.

Curieusement, les deux livres que j’ai reçus, sont truffés également de références classiques. « Je voulais juste être libre » de Claire GRATIAS, évoque la disparition de Manon L., une adolescente étouffée par une mère dont l’éducation vise à l’isoler du monde, en lui imposant un cadre de vie sans issue et sans amis… Mais quand on est jeune, on vit surtout avec ses amis et notre âme est celle d’une chèvre, désirant l’amour.
Manon L. est en quelque sorte l’incarnation moderne de sa jumelle célèbre, Manon Lescaut, étouffée elle aussi par l’aristocratie du XVIIIme siècle qui cloîtrait les jeunes filles avant de leur imposer — à la sortie du couvent —, un mari. Comme deux particules intriquées, les itinéraires de Manon L. et Manon Lescaut se répondent en ce sens que l’amour est un torrent inévitable, et qu’il projette ces jeunes dont un monde auquel leur éducation n’a ni voulu ni su les préparer.

La référence Shakespearienne de « Juliette et Roméo » est un faux ami. L’auteur, Yves-Marie Clément, bâtit son récit autour d’une passion amoureuse de deux êtres séparés par une barrière infranchissable, celle du bagne de Cayenne, en 1916. Comment Juliette, la fille de l’administrateur, tombe amoureuse du beau Roméo ? Pourquoi ce prisonnier, au tempérament impétueux, multiplie-t-il les incidents qui le conduisent vers une descente aux enfers ? De la punition aux privations, jusquà la mise au cachot…
On est loin de l’idée de justice et de peine graduée. Comment la France put-elle laisser se développer des prisons où ne règnaient qu’arbitraire et violence, tout en prétendant défendre les Droits de l’homme ?

Le livre ouvre avec une citation d’Albert LONDRES, dont le livre Au Bagne, fit scandale en 1924 :

« Le bagne n’est pas une machine à châtiment bien définie, réglée, invariable. C’est une usine à malheur qui travaille sans plan ni matrice. On y chercherait vainement le gabarit qui sert à façonner le forçat. Elle les broie, c’est tout, et les morceaux vont où ils peuvent. »

Et bien que les dénonciations d’Albert Londres aient conduit à la fermeture de Cayenne, il n’est pas interdit de songer à l’état de délabrement de notre système pénitentiaire et de se demander si le système pénitentionnaire s’est réformé et jusqu’où.

Donc profitez de vos loisirs pour découvrir les nombreuses nouveautés de cette maison d’édition Le Muscadier et de son intérêt pour les adolescents

Bernard Henninger

Référence : Actualitté : les éditions Muscadier pour une édition jeunesse engagée.