06 Déc

Romans pour adolescents : « Rester vivant », une devise pour une collection !

Les éditions Le Muscadier publient dans leur collection « Rester vivant » des romans à destination du public adolescent, avec une histoire ancrée dans le quotidien, pour des adolescents, dans le but assumé de leur proposer questions et réflexions sur le quotidien et la société.

Curieusement, les deux livres que j’ai reçus, sont truffés également de références classiques. « Je voulais juste être libre » de Claire GRATIAS, évoque la disparition de Manon L., une adolescente étouffée par une mère dont l’éducation vise à l’isoler du monde, en lui imposant un cadre de vie sans issue et sans amis… Mais quand on est jeune, on vit surtout avec ses amis et notre âme est celle d’une chèvre, désirant l’amour.
Manon L. est en quelque sorte l’incarnation moderne de sa jumelle célèbre, Manon Lescaut, étouffée elle aussi par l’aristocratie du XVIIIme siècle qui cloîtrait les jeunes filles avant de leur imposer — à la sortie du couvent —, un mari. Comme deux particules intriquées, les itinéraires de Manon L. et Manon Lescaut se répondent en ce sens que l’amour est un torrent inévitable, et qu’il projette ces jeunes dont un monde auquel leur éducation n’a ni voulu ni su les préparer.

La référence Shakespearienne de « Juliette et Roméo » est un faux ami. L’auteur, Yves-Marie Clément, bâtit son récit autour d’une passion amoureuse de deux êtres séparés par une barrière infranchissable, celle du bagne de Cayenne, en 1916. Comment Juliette, la fille de l’administrateur, tombe amoureuse du beau Roméo ? Pourquoi ce prisonnier, au tempérament impétueux, multiplie-t-il les incidents qui le conduisent vers une descente aux enfers ? De la punition aux privations, jusquà la mise au cachot…
On est loin de l’idée de justice et de peine graduée. Comment la France put-elle laisser se développer des prisons où ne règnaient qu’arbitraire et violence, tout en prétendant défendre les Droits de l’homme ?

Le livre ouvre avec une citation d’Albert LONDRES, dont le livre Au Bagne, fit scandale en 1924 :

« Le bagne n’est pas une machine à châtiment bien définie, réglée, invariable. C’est une usine à malheur qui travaille sans plan ni matrice. On y chercherait vainement le gabarit qui sert à façonner le forçat. Elle les broie, c’est tout, et les morceaux vont où ils peuvent. »

Et bien que les dénonciations d’Albert Londres aient conduit à la fermeture de Cayenne, il n’est pas interdit de songer à l’état de délabrement de notre système pénitentiaire et de se demander si le système pénitentionnaire s’est réformé et jusqu’où.

Donc profitez de vos loisirs pour découvrir les nombreuses nouveautés de cette maison d’édition Le Muscadier et de son intérêt pour les adolescents

Bernard Henninger

Référence : Actualitté : les éditions Muscadier pour une édition jeunesse engagée.

22 Juil

Le cinquantième anniversaire d’un pas : Science-fiction, Libération & le Huffington Post

Deux organes de presses se sont croisé sans préméditation, au gré du cinquantième anniversaire du premier pas sur la Lune, le 21 juillet 2019 en invitant dans leur colonne des écrivains de Science-Fiction…

Que faisiez-vous ce jour-là ? Moi, j’avais neuf ans et le matin, la télévision était allumée avec devant, mes frères et sœur, en pyjama, très excités. Dans le demi-sommeil du réveil, j’ai vu, plutôt deviné, le premier pas… en différé. Et cet événement là, vu au saut du lit, a continué à hanter mes rêves et ceux de millions de personnes.

Cette année, après un long silence, le cinquantième anniversaire du premier pas a été exceptionnellement fêté, avec de nombreux documentaires à la télévision, avec ce défaut de se ressembler tous un peu : tous insistent sur la communication et la mise en scène de l’événement et rien pour raconter le bond technologique immense qui a découlé de ce projet. (une série diffusée sur France 5 il y a plusieurs années le raconte très bien) ou sur la compréhension que nous avons acquise depuis sur la façon dont la Terre et la Lune se sont créés il y a plus de quatre milliards d’années.

Dans le HUFFINGTON POST : Catherine Dufour, Christian Léourier, Sabrina Calvo, Philippe Curval, Laurent Genefort… Quinze écrivains auxquels le Huffington Post a demandé leur vision de l’espace et de l’avenir dans cinquante ans, en 2069. Une belle initiative à laquelle les plumes les plus inventives de la science-fiction se sont prêtées !

LIBÉRATION est à l’origine d’une initiative plus originale, puisqu’elle a passé commande à trois auteurs : Jean-Pierre Andrevon, Sylvie Lainé et Jacques Barbéri de nouvelles, sur la Lune. Tous trois se sont lancés avec brio dans cet exercice où la presse et la littérature retrouvant des réflexes un peu rouillés, se sont associés pour redonner une saveur hors-norme à cet anniversaire. Les retardataires – les exemplaires sont partis très vite –, pourront se rattraper en lisant les nouvelles mise en ligne par Libération.

Seule la  Lune de Jean-Pierre Andrevon, évoque la possibilité d’un voyage interstellaire, reprenant une proposition du physicien Stephen Hawking qui avait imaginé le moyen d’accélérer une sonde jusqu’à 20% de la vitesse de la lumière. Mais quand les pionniers voyagent vite, ceux qui sont restés sur Terre voient filer les années, or l’Histoire est chose qui ne se prédit pas…

Rupture de Jacques Barbéri compare les rêves d’une époque et leur choc avec une modernité régressive.

Enfin, une mention toute spéciale pour le texte très poétique de Sylvie LAINÉ : Les Visiteurs, évocation très réussie, et si brève que je me garderai bien d’en dévoiler le récit tout en délicatesse et comme sur la pointe des pieds…

Bernard Henninger

Copyright : Sylvie Lainé aux Imaginales 2018 (B. Henninger)