20 Juin

Science-fiction : découvrez le roman « Libration » de Becky Chambers

«Les boitiers réalistes pour I.A. sont interdits dans l’Union Galactique. Les I.A. ne peuvent être installées que dans les vaisseaux et les stations orbitales. La peine encourue pour un boitier réaliste pour I.A. = 15 ans (standard UG) d’emprisonnement et confiscation des outils et matériaux associés.»

 Second opus du cycle Les Voyageurs de Becky Chambers, Libration se déroule dans la continuité de son premier roman, L’Espace d’un an. Si je me suis pris au jeu des deux romans, les deux histoires, indépendantes, se lisent dans l’ordre qui semblera bon au lecteur. Ils ont obtenu le prix Julia Verlanger en 2017.

 Le Cycle des voyageurs dont ils relèvent se rapporte à l’unité narrative, une galaxie dans laquelle cohabitent des espèces voyageuses, et où les humains, les derniers arrivés et un peu arriérés sur le plan technologique, ont été intégrés dans l’Union Galactique.

 Lovelace, une I.A. de vaisseau spatial transférée dans un boitier à apparence humaine, débarque sur une planète cosmopolite, Port-Coriol, où se côtoient les différentes espèces galactiques. Lovelace est confiée à un couple d’humains, Poivre, une femme chauve qui a été éduquée par une I.A. et son compagnon, Bleu, un artiste.

 Ceux qui l’ont transférée dans ce corps — ce boitier — ne se sont pas souciés des contradictions qu’engendrent ses limites : pour une I.A. d’un vaisseau spatial, omnisciente, munie de multiples points de vue, programmée pour ne jamais mentir, la simple traversée du marché de Port-Coriol se transforme en calvaire.

 Réduite à l’étroit champ de vision de son «boitier», les logiciels de Lovelace s’épuisent à tout analyser, incapables de trier et, en état d’incapacité, sans accès aux multiples points de vue gérés par le vaisseau. Cette vie, restreinte à un boitier étriqué, limité, ne sera-telle qu’une souffrance insoluble? À quoi donc ont pensé les apprentis sorciers qui l’ont façonnée? N’ont-ils pensé qu’à leur plaisir égoïste de démiurge? N’ont-ils pas eu conscience de leur cruauté? En techniciens bornés et passionnés, n’ont-ils pensé qu’à réaliser un beau jouet? Sans penser un instant à l’insupportable calvaire dans lequel ils l’ont projetée? N’a-t-elle comme solution que de se replier et devenir l’I.A. de la maison de ses hôtes? À quoi bon tous ces changements?

 Poivre et Bleu ne l’entendent pas de cette oreille. Tout d’abord, Poivre lui construit une légende. Lovelace devient Sidra et, question après question, Poivre se démène pour l’aider à s’adapter, mais le manque de données, douloureux pour l’I.A. ainsi que son incapacité à mentir sont telles qu’il est à craindre que l’aventure ne finisse en fiasco.

 En parallèle, dans une immense décharge à ciel ouvert, qui semble avoir la taille d’une planète, des I.A. qu’on appelle des Mères — muettes, au comportement glacial—, gèrent un dortoir de petites humaines clonées. La dernière fournée a été baptisée Jane. Enfermées, manipulées, elles sont éduquées pour le recyclage des machines qui s’accumulent en montagnes de ferraille. Une circonstance fait que Jane 23 perd sa jumelle, le seul être qu’elle aimait, et fuit l’univers carcéral du dortoir et des Mères, qui lancent à sa poursuite des chiens. Dans sa fuite, Jane 23 trouve refuge dans un vaisseau spatial, un débris abandonné là. L’I.A. du vaisseau — une certaine Chouette — lui ouvre les portes et la prend sous sa protection…

 Dans les deux aventures, Sidra qui considère son boitier comme une chose externe, et dont le comportement présente des symptômes de schizophrénie et Jane 23 que Chouette entreprend d’éduquer, comme personne avant elle ne s’en était soucié, découvrent l’étendue de leur solitude.

 La Libration, quand on ne précise pas le terme, correspond aux vibrations de la Lune, dont le pôle oscille autour de son axe, manque de stabilité, traduit une image de la solitude de Sidra et de Jane 23, planètes desséchées en orbite autour de mondes qui les ignorent, les manipulent comme des choses et les marginalisent.

 Technologie et biologie génèrent trop de contradictions pour espérer une synthèse de leurs destins… Pour survivre, Jane 23 fait pourtant confiance à Chouette, une I.A. qui se comporte vis-à-vis d’elle comme les parents qu’elle n’aura jamais et Sidra, l’I.A. coincée dans son boitier, rencontre, Tak, un Aéluon, une espèce galactique muette, sans oreille ni bouche, contrainte de s’en remettre à un boitier pour un dialogue auquel sa biologie ne l’a nullement destiné.

 La vie ne serait-elle qu’un trajet douloureux et sans espoir, d’êtres réduits à une intériorité machinique, en mal d’empathie? Lire une telle histoire, alors qu’on est confiné, mis sur la touche côté travail, prend une dimension singulière et les solitudes du roman ont trouvé un écho non déformé dans la libration du lecteur… Une empathie pleine de vibrations dans laquelle se plonger de la tête aux pieds comme un plongeon dans une fraîche rivière…

Bernard Henninger

14 Oct

Orléans : 2e édition du festival littéraire « Livre O cœur » les 19 et 20 octobre

LIVRES O CŒUR, festival littéraire en plein cœur d’Orléans connaîtra les samedi 19 & 20 octobre 2019, sa seconde édition. 

Pour qui a participé à la création d’un festival littéraire, il s’agit d’une expérience unique, enrichissante, complexe et l’occasion de toucher la littérature, sans élitisme, avec un souci sincère de bonhomie, qui est écrite aujourd’hui, ici et maintenant. Les ingrédients sont connus : un acteur institutionnel, des partenaires, un lieu central, LA VERRIÈRE DU JARDIN DES PLANTES, et des acteurs, en faisant en sorte que ces métiers si individualistes, acceptent de cohabiter :

  • littérature générale,
  • littératures populaires
  • polar,
  • fantastique
  • jeunesse
  • science-fiction
  • fantaisy
  • poésie
  • historique
  • essais…

Que chacun y trouve sa place et s’y sente « comme chez lui » ! La volonté des créateurs de la manifestation a été d’accueillir tous les métiers concourant au livre : éditeurs, illustrateurs, relieurs, typographe, et bien sûr les auteurs.

INVITÉS : cette année, LIVRE O CŒUR accueillera

Marie-Aude MURAIL

et SAPHO 

Christian LÉOURIER, récent prix Elbakin.net 2019 sera présent dimanche 20 octobre.

Plus de 70 auteurs, 2 libraires, 8 éditeurs, 3 artisans, des animations et des expositions.

LETTRE O CŒUR

Thème : LA LETTRE. Ce thème sera décliné au long des débats, au travers de plusieurs expositions et, nouveauté de l’année dans une anthologie LETTRES O CŒUR où chaque  participant raconte sa propre histoire de « LA » lettre, mais est-ce bien toujours la même ?

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PRIX RÉSISTANCES

Autre nouveauté de l’année, la création d’un prix littéraire, RÉSISTANCES, dédié aux écrits témoignant d’un engagement dans la modernité et d’un regard critique. Cette année, ah ! Je n’ai pas le droit de le révéler ! Quel livre obtiendra le prix RÉSISTANCES 2019 ? Mystère, du moins jusqu’à samedi. Voici sa définition officielle : « Ce prix récompense un ouvrage, essai ou témoignage, en phase avec les grands enjeux sociétaux de notre temps. »

Comme l’an passé, des jeux, des dialogues, le prix de la couverture, et des animations pour tous les âges contribuent à faire du festival un événement festif, ouvert, joyeux et une invitation à lire… Alors, profitez de cette occasion unique de participer cette année à Orléans à un festival littéraire…

Bernard Henninger

Crédits photos :
Marie-Aude MURAIL : © Pierre ROBERT à partir d'une photographie de Marie-Aude MURAIL prise par Claudie ROCARD-LAPERROUSAZ [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)]
SAPHO : © Mattkinska [CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)]
Christian LÉOURIER : © Bernard Henninger

16 Avr

Deux romans présentés sur le blog « Lire au Centre » ont obtenu des prix littéraires

Surprise : deux romans à propos desquels j’ai écrit une chronique ont reçu un prix littéraire…

« On éprouve toujours beaucoup d’émotions à la remise d’un prix littéraire. Il récompense le travail d’un écrivain, mais également ceux qui l’ont aidé. Sans parler des lecteurs qui, d’instinct, ont fait confiance à cet ouvrage sans en connaître l’auteur. Heureux et comblé sont les mots qui me désignent d’autant plus ce jour qu’ils sont le reflet de ma vie quotidienne car le bonheur n’est pas d’avoir tout ce que l’on désire, mais d’apprécier ce qu’on a… » déclare l’auteur Denis JULIN qui a reçu le Prix régional 2019 de littérature du Lions Club Centre. Le roman participera à la Convention Nationale de Montpellier le samedi 25 mai 2019 pour « La Lézarde du hibou »

Dans un registre différent, le Prix Masterton est un prix littéraire dédié au fantastique, en l’honneur d’un écrivain majeur du  fantastique des années soixante-dix. Animé par Mac Bailly, il a été remis en 2019 au terrifiant roman de Catherine DUFOUR « Entends la nuit ».

Bernard Henninger