15 Jan

Charte européenne : la commission des lois dit oui à la proposition

Hier, la Proposition de Loi Constitutionnelle (PLC) visant à permettre la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires a été adoptée en commission des lois. Et à l’unanimité des députés présents. Une première étape avant le grand rendez-vous fixé à mercredi prochain 22 janvier, pour l’examen de cette loi à l’Assemblée Nationale. Présidée par Jean-Jacques Urvoas qui en sera le rapporteur, une quinzaine de députés de tous bords se sont exprimés sur le fond et la forme choisie donc par les députés de la majorité. Une séance publique et peu médiatisée : au même moment, François Hollande faisait sa conférence de presse. Il ne s’est pas exprimé sur ce dossier et aucun journaliste n’a daigné l’interroger.

La voie choisie sur ce chemin un peu tordu et sinueux de la ratification est donc de rajouter une phrase dans la constitution permettant de ratifier cette charte. En évitant de se faire retoquer par le conseil d’Etat (en 2013) ou le Conseil Constitutionnel (1999). L’idée est donc d’ajouter un article 53-3 dans le titre VI de la constitution (relatif aux traités et accords internationaux).

Selon son rapporteur, ce texte a 2 objectifs :

  • s’assurer de la mise en place d’un dispositif solide sur un plan juridique pour éviter les écueils précédents
  • présenter un texte consensuel dépassant les clivages politiques.

Seulement voilà, beaucoup de députés s’interrogent sur la voie choisie : une PPL (donc à l’initiative des députés) doit être validée seulement par référendum. Jean-Jacques Urvoas s’est voulu rassurant : « Constatons que la majorité est nette au parlement…Pour pouvoir dire au gouvernement : reprenez la main ! ». La volonté c’est d’arriver à une ratification par la voie du Congrès ». L’idée serait donc d’éviter un référendum où l’on a pour habitude de ne pas répondre à la question mais à celui qui la pose. Et par les temps qui courrent…

Ce texte inquiète aussi par sa complexité. Certains députés l’ont relevé au même titre que des défenseurs des langues régionales. Car cet article 53-3 mentionne des déclarations interprétatives, autrement dit des restrictions qui pourraient se retourner contre les langues régionales. Marc le Fur, très affûté sur le dossier : « sur les 16 lignes de cette proposition, 15 sont négatives car ce sont des clauses interprétatives. » Un avis partagé par le Réseau européen pour l’égalité des langues qui ne soutient pas cette PLC. Là encore, Jean-Jacques Urvoas s’en défend : « J’aurai adoré faire un texte lisible et clair. Mais le Conseil Constitutionnel depuis son avis du 15 juin 99 nous a mis un certain nombre de préconisations que je dois sécuriser. …Ne pas mentionner la déclaration interprétative, c’est créer un trouble dans l’interprétation. »

Un dossier qui devient donc de plus en plus technique et juridique, un cheminement vers la ratification de plus en plus long et sinueux…Et dire que cette Charte n’est qu’un simple outil et qu’il faudra ensuite une véritable loi donnant un statut juridique à ces langues!

Benoît Roux

 

14 Jan

Bastir change de construction !

 

En s’engageant la semaine dernière avec le Parti Socialiste et Pierre Cohen à Toulouse, les Occitans de Bastir (bâtir) modifient donc certains fondamentaux. A Toulouse mais aussi ailleurs.

Revirament d’aligança

Jusqu’à présent, un lien quasi historique unissait le Partit Occitan avec les Verts notamment dans la ville rose pour les municipales et plus généralement pour les  élections régionales et les européennes. A Toulouse, c’est un Vert -Jean-Charles Valadier- qui a été élu avec Pierre Cohen, chargé de l’urbanisme et du dossier occitan. Il sera bien candidat en 2014 mais sur la liste des Verts qui ont donc refusé de faire liste commune avec le PS au moment de Noël. La proposition du PS était de donner 8 places éligibles aux Verts (comme en 2008) dont certainement une 9ème pour Bastir qui n’avait pas été inclus dans la négociation.

C’est donc un tournant à Toulouse. Un accord avait été acté entre Bastir et EELV le 24 décembre qui prévoyait des candidats en 8ème, 15ème position et ensuite toutes les 8 places sur la liste.  Il y a encore quelques jours, tout allait bien avec cet allié historique si l’on en croit le site d’Europe Ecologie les Verts (EELV)lors de la commémoration des Libertés Communales fêtées tous les ans à Toulouse…

Devant le refus d’EELV de rejoindre la liste PS, Bastir a donc tranché et obtenu le week-end dernier une place d’éligible pour Lidwine Kempf à la mairie de Toulouse mais aussi pour la communauté d’agglomération du Grand Toulouse.

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Lidwine Kempf candidate Bastir sur la liste de Pierre Cohen</p#>

Un contrat

Pour Bastir, la démarche est toujours identique : proposer un contrat avec les têtes de liste sauf ceux de la droite extrême. Un contrat sur lequel l’actuel maire de Toulouse Pierre Cohen s’est donc engagé après la rupture avec les Verts. Il a rencontré les Occitans de Bastir lors de la commémoration des Libertés Communales de Toulouse le 6 janvier dernier. Et Jocelyn Icart qui a mené ces négociations avec Lidwine Kempf et Guilhèm Latrubesse est plutôt satisfait : « C’est historique pour les Occitans ».

Avec 2 points principaux :

1/la transmission de la langue avec notamment une aide pour les cours d’occitan pour adultes et le développement de la charte signée avec l’académie qui prévoit 2 ouvertures de classes bilingues par an et qui n’a pas été respectée jusqu’à présent. Le tout sans faire de l’ombre a calandreta. La mairie pourrait d’ailleurs aider le nouveau collège calandreta qui vient d’ouvrir. Des plans de formation avec de l’occitan seront mis en place pour ceux qui s’occupent de la petite enfance comme les Atsem.

2/une meilleure visibilité de la langue et de la culture. La signalétique bilingue déjà entreprise avec les plaques bilingues des noms de rues devrait se poursuivre : dans des lieux publics, sur les panneaux directionnels…Selon Jocelyn Icart, « on peut d’ores et déjà affirmer qu’il y aura des annonces bilingues dans le tramway toulousain » comme il y en a dans le métro. Le travail a déjà commencé avec toujours sans doute la voix de Muriel Batbie.

Le budget communal qui est actuellement de 500 000 euros pour l’occitan (dont la moitié pour le Centre Occitan des Musiques et Danses Traditionnelles) pourrait augmenter fortement. Les occitans ont demandé qu’il soit porté à 3 millions…

En revanche, Pierre Cohen a refusé pour l’instant le projet cher à Convergéncia Occitana et repris par Bastir : transformer l’ancienne prison Saint-Michel en « Centre de la Civilisation occitane ». Un projet trop coûteux en l’état. Un bémol également sur la demande de Bastir d’intégrer l’occitan dans les crèches. Le maire va dans un premier temps faire une expérimentation.

Tolosa e d’autras vilas

Jocelyn_Icart_1-597x396Selon Jocelyn Icart « les négociations n’ont pas été compliquées. Le maire était globalement d’accord sur le projet que nous proposions ». Mais Pierre Cohen n’a pas accepté la demande d’un deuxième candidat sur sa liste, en l’occurrence Jocelyn Icart. Mercredi, le mouvement Bastir de Toulouse se réunira à 20 H à l’Estanquet pour faire le point. Mais cette nouvelle idylle entre Bastir et PS fait des émules.

 

La situation est identique à Montauban où les Occitans ont trouvé un accord avec l’ancien maire PS Roland Garrigues. Gaël Tabarly sera en position éligible. Idem pour Carcassonne avec le maire PS Jean-Claude Perez et Pau avec le candidat PS David Habib.

Une tendance rose donc pour les Occitans de Bastir encore à préciser notamment à Muret ou à nuancer (Colomiers, Bordeaux, Agen…). Sachant qu’il y aura aussi des Occitans hors mouvement Bastir sur les différentes listes.

A Toulouse, les têtes de liste sont invités à présenter leur programme pour l’occitan le lundi 24 février.

Benoît Roux

 

09 Jan

Macarel : « tornarem sus Tolosa »

La botiga Macarel de Tolosa es tampada dempuèi lo 4 de genièr. Va tornar dubrir d’aici un bon parelh de meses, benlèu pas al mème endret, mas totjorn carrièra del Taure.

La resulta es bona

Danis Cantornet es un òme urós. L’òme de Nadal i a fat un present polit : la certesa qu’una botiga a Tolosa pòt viure ! Dubèrt 7 jorns sus 7, Evelina e Danis comptèron pas lo temps ni mai las susadas. Mas la resulta es aqui : mai de 20 000 euros de montant d’operacions pel més de decembre aprèp los 10 100 de novembre. « Faguèrem en dos mesés çò que fasiam en 6 a Sant-Joan de Vedàs », çò nos dis lo Danis. Mai de 5 000 clients diferents passèron lo lindal de la pòrta.

E lo pega-solet « Romegues pas e passa davant » n’es totjorn la causa la mai demandada. « Bravament d’estrangièrs ne prenguèron un. Per elses es una mèrca apertenéncia ». Un bon milierat de camisòts li passèron tanben. »Vegèrem passar 29 nacionalitats. E aguèrem de chèques de 29 despartaments diferents. Mai que per l’Estivada! » Plan content lo Danis ! A Tolosa, Macarèl vendèt de tot. Cò qu’èra pas lo cas a Sant-Joan. « La vèsta polaria es lo sol d’aquò que vendèrem pas ! »

Macarel va tornar

Donc es solide, Macarel serà tornamai sus Tolosa en 2014. Mas benlèu pas al numerò 13…Dins una botiga anciana que se sonava « Liste Rouge ».  « Pel pas de pòrta, lo proprietari nos demanda 150 000 euros. Plan al dessús del prètz del mercat. Va èsser dificil per nautres. Volriá dire trabalhar gaireben 7 ans per res. Mas volèm demorar carrièra del Taure. Es aqui que i a de passatge, e subretot los toristas. » Doncas Macarel tornarà dubrir fin de mars, debuta d’abrial. En esperant, Danis e Evelina son pas vertadièrament en vacanças. Van anar vistalhar totas las botigas de Macarel : 300 en França e 380 en tot amb Espanha e Italia. I a pas a dire : Macarel vira coma cal !

Benoît Roux

 

04 Jan

Bona annada plan granada!

Bona annada 2014 Multilingüa_thumb[2]Bona annada (occitan), Bloavezh mat (breton)

Urte berri on (basque) Bon any nou (catalan)

Pace è salute (corse), Bon lanné (créole),

Feliz ano novo (galicien), E glëckliches nëies (alsacien),

Feliĉan novan jaron (espéranto), Asgwas amegas (berbère)

 

Tola la còla occitana de Viure al Pais e del jornalet de França 3, vos desira :

-una plan bona annada, plan granada e de fòrça acompanhada !

-E se sèm pas pas mai que siaguèm pas mens !

-Bona annada, melhora que la passada !

-Bona e urosa annada per tota l’ostalada !

-L’An que ven es un brave òme que promet tot çò qu’òm vòl.

Cadun pren e cadun dòna,

Bona annada, e bon An nòu !

 

 

21 Déc

Une télé en occitan est née

Voilà, c’est fait. Les Occitans ont donc leur télé depuis hier soir 20 heures. OcTele  a réussi son lancement et la chaîne est désormais en orbite autour de planète Occitanie, tous les jours sur Web de 18h30 à 22h30. Retour sur cette journée, qualifiée par certains d’historique.

15h45 : Dans un recoin du conseil régional de Bordeaux, l’équipe technique est déjà en place. Le plateau est monté mais les lumières ne sont pas encore installées. Une petite dizaine de techniciens s’affaire. Les moelleux mais néanmoins larges sièges du conseil régional sont déjà disposés en U sur le premier plateau du premier Talk-Show occitan. Il va y avoir du monde dans cette émission.

 

15h50 : Vincenç Clavery sort de l’ombre. Salutacions occitanas… L’animateur du Talk a le teint bien pâle me semble-t-il. « N’ei pas jamei fait de television. N’ei enveja mas tot aquò es un pauc irreal ». A 4 heures du direct, je sens beaucoup d’appréhension dans les yeux de Vincenç. Il a peur, c’est évident.

 

16h10 : Le duo de choc formé par Lionel Buanic le patron breton d’Oc tele et son acolyte occitan Stéphane Valentin débarque en grosse forme sur le plateau. « Mais c’est génial ! ». Lionel Buanic est un homme orchestre aux chaussures pointues et à la chemise bleu ciel toujours nickel. Il dégage une énergie assez stupéfiante et en moins de 20 secondes, il vous renverse la vapeur. Sauf que pour renverser celle de Vincent, il va devoir s’accrocher.

 

17h : première répétitions, premiers déplacements. Lionel « coache » Vincent qui tente de lire ses fiches sans les lire et d’assurer un premier plateau de présentation sans vaciller. « Tu y es Vincent, tu y es… regardes bien la caméra surtout ». Finalement Vincenç commence la détente. Il sourit et Lionel aussi.

 

17h10 : Interview de Lionel Buanic, fondateur de Brezhoweb et directeur d’Oc tele: « Le but c’est vraiment d’associer tous ceux qui ont envie de faire de la télévision en occitan de manière extrêmement professionnelle. Il y a des gens qui le font très bien comme DETZ à Toulouse ou des gens comme Comta’m qui font du doublage et qui ont déjà 300 heures de programmes qu’on va largement diffuser sur Oc tele. Et puis il y a des gens qui depuis 4, 5, 6 mois nous envoient des dossiers. Certains parlent occitan, d’autres ne parlent pas mais ont envie de faire des choses dans cette langue. Ce qui est intéressant, c’est de voir qu’aujourd’hui il y a des talents qui émergent de partout et qu’il va falloir mettre ces talents ensemble ».

Dià. Mais c’est le monde des Potonors…

 

17h30 : coup d’œil sur le conducteur du Talk-show de ce soir qui est donc intitulé : « L’occitan, lenga viva o lenga mòrta ? » (la réponse est la question)

Les invités de ce soir seront donc : David Grosclaude, Guilhèm Latrubesse, Jean-Jacques Casteret, Lucie Albert, Jean-Luc Lagrave, Monique Burg, Laurent Labadie, (reprendre ici sa respiration)  Jean-Brice Brana, Patrick Lavaud, La manufacture Verbale, les calandrons de Pessac e doas cronicairas. Ce qui nous fait donc 9 minutes par invité.

 

18h30 : David Grosclaude sort de l’Amassada qui se tenait au même moment dans la plénière  pour répondre à nos questions. Bon, tout d’abord parlons moneda. Quel est LE budget de cette Télé ?  50.000 euros du Conseil Régional d’Aquitaine, autant du Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques, autant encore de la région Midi-Pyrénées, autant encore emporte le vent de la Région Languedoc-Roussillon. 20.000 euros de la Dordogne. On arrive donc à 250.000 euros, à quelques milliers d’euros près. Objectif pour 2016 : 400.000 euros.

Question à David Grosclaude, conseiller régional d’Aquitaine en charge de la culture et la langue : le jour où les collectivités décident de ne plus financer Oc tele, que se passe-t-il ?

Réponse : « Il se passe ce qui se passe pour l’audiovisuel public dans ce pays. Le jour où la puissance publique ne fait plus son travail, l’audiovisuel est en danger. Donc à partir du moment où une région décide faire quelque chose, elle le fait. Et si elle le peut elle va plus loin. Je souhaite que les régions aient plus de pouvoir et je souhaite qu’on puisse enfin faire dans ce pays une télévision régionale et moi je suis plutôt amateur de service public parce qu’on paie tous des redevances donc on va trouver un moyen de faire se croiser les compétences en occitan dans le public et le privé. En tout cas, faire en sorte qu’on offre au public des productions en occitan de qualité professionnelle».

Ca, c’est dit. Sentisses pas lo rostit ?

 

19h30 : lo manja-dreit s’acaba. Les Calandrons de Pessac, parrains d’Oc tele, sont arrivés.

Vincenç relit encore ses fiches. Les invités arrivent au niveau du plateau. C’est l’heure du maquillage. Lionel Buanic court à peu près dans tous les sens et s’adresse à son réalisateur en breton. (Je ne comprends rien. C’est dur à l’oreille le breton quand même.)

20h : le public arrive enfin pour assister à cette grande première. Anne-Marie Poggio, que je croise tout juste à ce moment-là, me confie : « crèsi qu’amb’aquèla cadena, l’occitan dintra dins la normalitat… »

Il n’y a pas assez de chaises pour accueillir tout le monde. Jeremie Obispo rajoute alors des chaises. « On va faire un filage avec les enfants à 20h15 ! » lance Lionel Buanic en chauffeur de salle totalement survolté.

 

20h15 : « On va faire un filage avec les enfants à 20h25 ! » relance Lionel Buanic, à peine plus excité.

 

20h25 : On file.

 

20h29 : Lionel Buanic est à la manœuvre. Sans porte-voix et sans horloge, il décompte en français jusqu’à quatre. Sans le lui avoir demandé, le public continue spontanément en occitan : tres, dus… un !

 

20h30 : D’Oc Show must go on.

 

Clément Alet

14 Déc

Charte européenne, le phénix des langues régionales

On pensait le projet enterré, carbonisé, voilà qu’il renaît de ses cendres : OUI la ratification de la Charte Européenne des langues régionales sera inscrite à l’ordre du jour prioritaire de l’Assemblée Nationale en janvier.

 Una lèi a l’Amassada Nacionala a l’entorn del 20 de genièr

« Le moment est venu, chacun prendra ses responsabilités. Je crois que c’est possible d’obtenir cette majorité large pour permettre de ratifier la charte européenne des langues régionales. En tous cas, le gouvernement apportera son soutien total à cette proposition de loi. Vous pouvez compter sur nous ! » a déclaré Jean-Marc Ayrault venu signer un Pacte d’avenir pour la Bretagne à Rennes.

 

Une Proposition de Loi Constitutionnelle (PLC) a été déposée le 10 décembre par Bruno Le Roux et Jean-Jacques Urvoas. Elle devrait être discutée à l’Assemblée Nationale autour du 20 janvier, durant la semaine d’initiative parlementaire du groupe socialiste.

Une annonce surprise qui faite suite aux revendications des défenseurs de ces langues et exprimées encore récemment lors des manifestations bretonnes. « Nous nous félicitons de cette initiative que nous demandons depuis des années, déclare Davis Grosclaude président du Partit Occitan. Nous savons aussi les difficultés qui restent encore à surmonter pour que cet article soit ajouté à la loi fondamentale. »

 Lo camin serà long

Un processus initié voilà presque 15 ans lorsque Pierre Moscovici -alors ministre délégué chargé des affaires européennes- a signé ce texte en mai 1999. Mais depuis, pas de ratification et donc pas d’application de ce texte. La France est un des rares pays à refuser cette ratification qui est désormais obligatoire pour toute nouvelle adhésion à l’Union Européenne. Mais Jacques Chirac avait enterré le projet, Nicolas Sarkozy s’était refusé à le rouvrir et François Hollande en avait fait sa proposition 56. Après différents imbroglio administratifs et constitutionnels, on ne donnait pas cher de cette ratification. Car elle suppose une révision constitutionnelle et une majorité des trois cinquièmes au Parlement. A moins que…

Prepausicion de lèi e Projèct de lei es pas la mèma causa

C’est une Proposition de Loi Constitutionnelle qui a été déposé par les 2 députés socialistes. Si elle est adopté par l’Assemblée Nationale et le Sénat, elle permettra d’ajouter à la constitution un article rendant possible la ratification. Selon l’article 89 de la constitution, une proposition de loi constitutionnelle suit le même parcours qu’un projet de loi. Mais son adoption définitive passe par un référendum. Elle n’est pas soumise au Congrès (les 2 assemblées réunies) comme pour un projet de loi venant de l’exécutif. Une manière de contourner l’obligation de majorité qualifiée (3/5) quasi introuvable au Parlement sur ce sujet.

 

Neb a fell, hennez a c’hell, quand volèm, podèm !

Jean-Marc Ayrault a terminé son discours en breton : « Quand on veut on peut ! ». L’avenir nous dira s’il s’agit d’un énième épisode fumeux de cette saga inextinguible ou si les langues et cultures régionales disposeront enfin d’un statut légal en France.

Benoît Roux

09 Déc

OcTélé : J-10

La révolution occitane aura donc lieu dans 10 jours. Plus que 10 jours à attendre. 10 jours d’intense suspense avant de pouvoir enfin regarder ce que les Occitans attendent tous : « la première télé 100% occitane ».  Rien de moins.

Le 20 décembre à 20h, les premières images de cette nouvelle chaîne vont donc faire leur apparition sur les écrans… d’ordinateurs. Octélé est en fait une Web Télé qui va diffuser près de 4 heures de programmes occitans via l’internet, tous les jours de 18h30 à 22h30, à l’image de ce qui existe déjà en Bretagne avec Brezhoweb.

Du Talk, du show, de l’info politique… du dessin animé : voilà pour l’instant tout ce que l’on sait sur le contenu de la future chaîne « pour tous les goûts ». La grille des programmes n’est pas totalement fixée mais on connait déjà l’invité de la première émission qui sera enregistrée depuis les locaux du Conseil Général à Pau dans la matinée du 20 décembre. Le président de département des Pyrénées Atlantiques Georges Labazée sera en « Cara a Cara », nom de l’émission qui signifie tête à tête, avec Clamenç Pech, journaliste et rédacteur en chef à La Setmana.

Attendue depuis des années par les Occitans et largement financée par les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine, Octélé fera son lancement officiel le vendredi 20 décembre depuis les locaux du Conseil Régional de Bordeaux avec la diffusion en direct de l’Hotel de Région du premier Talk-show occitan, à partir de 20h30.

Clément Alet

05 Déc

Macarèl vòl demorar sus Tolosa

Aqui un mes que la societat Macarèl s’es niusada a Tolosa. E compta plan d’i demorar. Una botiga occitana al còr de Tolosa, al 13 carrièra del Taure, caliá gausar. Denis Cantornet e Evelina Houlès se son donats dos meses per perseguir o pas l’aventura. L’afar sembla plan endralhat.

 

Ai pausat 3 questions al Denis Cantournet, fondador de Macarèl

1/ Alèra, lo bilanç del mes de novembre ?

Es bon. Parelh a çò qu’aviam previst. Voliam un montant d’operacions de 10 000 euros per novembre. Sèm arribats a 10 100. Bravament de monde son passats tanben per parlar, escambiar, beure un còp…Macarèl es la convivéncia. Fasèm d’explicas, de pedagogia, de socializacion. Vendèm de tot : de pòrtaplats, pòrtaclaus, camisòts e bonets. Pas tròp de casquetas ni de mapas. Es pas gés la mèma clientèla qu’a Montpelhièr. Aici avèm la borgesia occitana de Tolosa qu’es mai francimanda a Montpelhièr. Vendem mai de pòlos, de carvatas, de camisas…

De causas curiosas ?

Los toristas ! Sèm una de las primièiras botigas de la carrièra. Cada jorn dintran de Rus, d’Americans del miègjorn, d’Africans, de monde de Felipina que nos an crompats de batifuòcs d’una marca celèbra. Sovent, an vista la crotz lengadociana. Mas sabon pas de que vòl dire…

Autra causa : lo monde parlan plan mai la lenga qu’a Montpelhièr. Es pas de creire ! E bravament de joves…sustot en gascon !

3/ E l’avenir ?

Nos cal far lo doble de la chifra d’afar per decembre. Serem dubèrts cada jorns. De d’aprèp, se volèm demorar, nos va caler crompar lo pas de pòrta. Lo proprietari nos demanda 150 000 euros. Normalament un pas de pòrta s’amortis sus 7 ans. Aquò nos fariá gaireben 1800 euros en mai del loguièr cada més…Es car ! Aviam pas previst de metre tant d’argent. Anèm lançar una crida al capital occitan per pagar lo pas de pòrta. Nos cal trobar 30-40 000 euros per aquò far.

Mas avèm fòrça enveja de nos establir sus Tolosa. Seriá una consacracion per nautres, una reconeissenca. Avèm ja previst de causas per rapòrt a Tolosa : de camisòts especials Tolosa, de violetas… Mas pas de tor Eiffel  ni mai de bandièras francesas. Coma disi sovent : « nos cal sortir fièrs, dignes e pròpres ! »

1476153_10152023023449795_1281191463_n 12 ans aprèp sa creacion a Montpelhièr, metriái  ben una pèça que macarèl capitarà a Tolosa. Cò que sembla solide, es que n’a fòrça enveja.

Benoît Roux

27 Nov

Vox Bigerri : des hérétiques occitans dans les églises

Cap aus sorelhs (face aux soleils), le 4ème CD  de Vox Bigerri consacre l’avènement du groupe pyrénéen. Il est dédié  aux polyphonies sacrées de l’Europe du Sud.

Une première pour cette formation exclusivement masculine et qui aimait plutôt se frotter aux chants populaires et traditionnels un peu sus la talvera (à la marge).

VOX BIGERRI Cap aus sorelhs

Erètges…(hérétiques)

Toujours à la recherche d’une oralité ancrée et souvent atypique, Vox Bigerri a donc traqué les morceaux qui –tout en étant sacrés- pourraient répondre à leurs problématiques. Et pour se faire, pas besoin de s’adresser à Dieu et à ses Saints, mais plutôt d’aller écouter los ainats (anciens) e los pastres (bergers) tous autodidactes et pas encore formatés.

Ainsi « Su innu », un morceau sarde loin du chant canonique religieux stéréotypé et pas toujours en odeur de sainteté dans les églises sardes.

Le répertoire parcourt donc la Méditerranée jusqu’aux Pyrénées. On y trouve « Passion » selon Félix (Arnaudin) et non Saint-Jean ou Saint-Paul. Une œuvre collectée et mise en partition par le célèbre ethnographe Landais en 1883. Une « Passion » longtemps oubliée par les chanteurs tellement son approche est différente et ses sonorités hors normes.  «  9 menutas de canta sus una escala musicala estranha que sembla quicòm vengut de Magreb » , avoue Pascal Caumont, l’un des membres fondateurs de Vox Bigerri.

Vox Bigerri, « la passion » from lefil on Vimeo.

De quoi faire trembler quelques soutanes et remettre au diapason des vérités trop établies. « Dins aquel repertòri, çò que nos interèssa es la pausicion de las voses, de tecnicas que son benlèu pas tròp catolicas… Un cant natural e libertari ! ». Pascal Caumont ou comment sonner le tocsin des « Petits Chanteurs à la Croix de Bois ». Une croix, fut-elle cathare ! Car on trouve aussi sur le CD une création du groupe à partir du poème de René Nelli « Montségur 1244 ». Sacrilège.

Dans le disque, on savoure aussi comme des païens un « Ave Maria de Barètge » (65), toujours dans la tradition orale et chanté lors des enterrements, le « Salve Regina des bergers du Rouergue » attribué aux moines d’Estaing ou un « Magnificat de Vésubie » de tradition Nissarde et Provençale. Il y en a pour toutes les paroisses.

 

dins las Glèisas (dans les églises)

Pas de quoi lancer un anathème mais c’est dans les églises que le groupe a choisi de chanter, y compris ces chants pas très catholiques. Non pour communier ou être inspiré, mais tout simplement pour une question d’acoustique. « L’avèm enregistrat dins l’abadiala Santa-Fe de Concas (Conques-Aveyron). Avèm cercat mai d’un endret dins la glèisa. Fin finala èra facia al còr, l’esquina virada al public. Es aqui que lo son èra lo melhor. Cò que correspond tanben al biais tradicional de cantar », confesse Pascal. Une recherche sonore pour des postures précises. Les Sardes chantent souvent en se tenant par les épaules de manière naturelle. « Cal aver una sensacion fisica del son. » Trouver sa place pour que le son ne fasse qu’un et résonne dans chaque organisme. « Los pès plantats pel sòl per una respiracion mai prigonda ».

Pécher mon frère? Non, car il ne faut pas oublier que religion vient de religare et donc relier ou relegere relire. Sans être prosélyte, Pascal fait parfois des adeptes. « Ensenhi aquel biais al conservatòri a de professors de cant del classic. Son estabosits d’aquela experimentacion». Une approche donc plus « sauvage », vivante et sociale chère à Vox Bigerri. « La cultura borgesa a tot copat, tot desconectat. Lo cant gregorian a tirat çò de natural dins la tradicion ».

Amen

 

La messe est dite. Vox Bigerri, ce n’est pas les nouveaux Prêtres. Mais Pascal Caumont, Olivier Capmartin, Fabrice Lapeyrere, Bastien Zaoui et Régis Latapie vont partir en tournée avec un premier concert le jeudi 5 décembre à Tarbes. Puis l’Aveyron, le Tarn, Vienne (Autriche) en février, peut-être Barcelone… Un nouveau CD est déjà en préparation : des textes modernes basques et occitans (Bernat Lesfargues) mis en musique par des compositeurs contemporains. Diable, on a hâte de le découvrir ! En attendant tournez-vous Cap aus sorelhs dès le 9 décembre. Ce n’est pas pécher ni  blasphème et c’est ce qui se fait de mieux en termes de polyphonie. Juré craché !

Benoît Roux

20 Nov

Ny’òc : l’occitan in New-York

La poésie des Troubadours et des auteurs occitans contemporains traverse l’Atlantique ce samedi 23 novembre pour une création exceptionnelle au Poets House de New-York. Une nouvelle performance vidéo-musicale signée Joan Francés Tisner.

A l’origine de ce projet un peu fou, une rencontre à l’Estivada de Rodez en 2012. Dans les allées du festival, Joan Françés Tisner fait la connaissance de Nicole Peyrafitte et de Pierre Joris. Outre le fait qu’ils soient respectivement originaires de Luchon pour l’une et poète luxembourgeois pour l’autre, le couple vit à New-York. Et de fial en gulha, l’idée de porter un bout de poésie occitane jusqu’à Manhattan fini par germer. En avril dernier, Joan Francés Tisner s’envole donc pour 10 jours de répétition et de repérage sur place aux Etats-Unis. « J’y étais allé dans les années 80, et je trouve que la ville à changé. Elle est plus accueillante » précise Joan Françés Tisner. « Ce qui est très étonnant, c’est le degré de connaissance et d’ouverture des américains concernant les Troubadours. Ils résonnent sans clichés et c’est franchement agréable ne de pas avoir à se justifier, à New-York, sur le choix de parler occitan ou de chanter les Troubadours, alors qu’en France… ».

Joan Françés Tisner, Jakes Aymonino et Nicole Peyraffite en répétition pour la création "Ny'oc" © Domenja Lekuona

Joan Françés Tisner, Jakes Aymonino et Nicole Peyraffite en répétition pour la création « Ny’oc » © Domenja Lekuona

7 mois plus tard, c’est un « Ny’òc Trobardors Performance » : une création vidéo originale mêlant musique et poésie occitane du XIème siècle à nos jours qui sera donnée ce samedi 23 novembre au prestigieux Manhattan Poets House de New-York. Rien d’autre qu’une des plus grandes bibliothèques dédiée à la poésie aux Etats-Unis. Des vers des Trobadors à ceux de Manciet en passant par Max Rouquette, Marcelle Delpastre, Mistral, Serge Javaloyès ou encore Aurélia Lassaque, la création devrait permettre au public New-yorkais d’entrer plus directement encore en contact avec la littérature occitane grâce à un dispositif permettant de suivre et d’interagir avec le spectacle depuis une tablette numérique ou un smartphone.

«  A Symposium on Occitan Poetry » voilà le thème de cette journée du 23 novembre qui s’achèvera par la création de Joan Françés Tisner accompagné de Jakes Aymonino, Domenja Lekuona, Pierre Joris, and Nicole Peyrafitte sur scène.

Mais avant cela, c’est un programme tot en oc qui attend les New-yorkais : Conférence sur la langue et la culture occitane avec Alem-Surre Garcia, et un… Gascon Dinner préparé par la maison D’Artagnan.

Clément Alet et Benoit Roux