En s’engageant la semaine dernière avec le Parti Socialiste et Pierre Cohen à Toulouse, les Occitans de Bastir (bâtir) modifient donc certains fondamentaux. A Toulouse mais aussi ailleurs.
Revirament d’aligança
Jusqu’à présent, un lien quasi historique unissait le Partit Occitan avec les Verts notamment dans la ville rose pour les municipales et plus généralement pour les élections régionales et les européennes. A Toulouse, c’est un Vert -Jean-Charles Valadier- qui a été élu avec Pierre Cohen, chargé de l’urbanisme et du dossier occitan. Il sera bien candidat en 2014 mais sur la liste des Verts qui ont donc refusé de faire liste commune avec le PS au moment de Noël. La proposition du PS était de donner 8 places éligibles aux Verts (comme en 2008) dont certainement une 9ème pour Bastir qui n’avait pas été inclus dans la négociation.
C’est donc un tournant à Toulouse. Un accord avait été acté entre Bastir et EELV le 24 décembre qui prévoyait des candidats en 8ème, 15ème position et ensuite toutes les 8 places sur la liste. Il y a encore quelques jours, tout allait bien avec cet allié historique si l’on en croit le site d’Europe Ecologie les Verts (EELV)lors de la commémoration des Libertés Communales fêtées tous les ans à Toulouse…
Devant le refus d’EELV de rejoindre la liste PS, Bastir a donc tranché et obtenu le week-end dernier une place d’éligible pour Lidwine Kempf à la mairie de Toulouse mais aussi pour la communauté d’agglomération du Grand Toulouse.
Lidwine Kempf candidate Bastir sur la liste de Pierre Cohen</p#>
Un contrat
Pour Bastir, la démarche est toujours identique : proposer un contrat avec les têtes de liste sauf ceux de la droite extrême. Un contrat sur lequel l’actuel maire de Toulouse Pierre Cohen s’est donc engagé après la rupture avec les Verts. Il a rencontré les Occitans de Bastir lors de la commémoration des Libertés Communales de Toulouse le 6 janvier dernier. Et Jocelyn Icart qui a mené ces négociations avec Lidwine Kempf et Guilhèm Latrubesse est plutôt satisfait : « C’est historique pour les Occitans ».
Avec 2 points principaux :
1/la transmission de la langue avec notamment une aide pour les cours d’occitan pour adultes et le développement de la charte signée avec l’académie qui prévoit 2 ouvertures de classes bilingues par an et qui n’a pas été respectée jusqu’à présent. Le tout sans faire de l’ombre a calandreta. La mairie pourrait d’ailleurs aider le nouveau collège calandreta qui vient d’ouvrir. Des plans de formation avec de l’occitan seront mis en place pour ceux qui s’occupent de la petite enfance comme les Atsem.
2/une meilleure visibilité de la langue et de la culture. La signalétique bilingue déjà entreprise avec les plaques bilingues des noms de rues devrait se poursuivre : dans des lieux publics, sur les panneaux directionnels…Selon Jocelyn Icart, « on peut d’ores et déjà affirmer qu’il y aura des annonces bilingues dans le tramway toulousain » comme il y en a dans le métro. Le travail a déjà commencé avec toujours sans doute la voix de Muriel Batbie.
Le budget communal qui est actuellement de 500 000 euros pour l’occitan (dont la moitié pour le Centre Occitan des Musiques et Danses Traditionnelles) pourrait augmenter fortement. Les occitans ont demandé qu’il soit porté à 3 millions…
En revanche, Pierre Cohen a refusé pour l’instant le projet cher à Convergéncia Occitana et repris par Bastir : transformer l’ancienne prison Saint-Michel en « Centre de la Civilisation occitane ». Un projet trop coûteux en l’état. Un bémol également sur la demande de Bastir d’intégrer l’occitan dans les crèches. Le maire va dans un premier temps faire une expérimentation.
Tolosa e d’autras vilas
Selon Jocelyn Icart « les négociations n’ont pas été compliquées. Le maire était globalement d’accord sur le projet que nous proposions ». Mais Pierre Cohen n’a pas accepté la demande d’un deuxième candidat sur sa liste, en l’occurrence Jocelyn Icart. Mercredi, le mouvement Bastir de Toulouse se réunira à 20 H à l’Estanquet pour faire le point. Mais cette nouvelle idylle entre Bastir et PS fait des émules.
La situation est identique à Montauban où les Occitans ont trouvé un accord avec l’ancien maire PS Roland Garrigues. Gaël Tabarly sera en position éligible. Idem pour Carcassonne avec le maire PS Jean-Claude Perez et Pau avec le candidat PS David Habib.
Une tendance rose donc pour les Occitans de Bastir encore à préciser notamment à Muret ou à nuancer (Colomiers, Bordeaux, Agen…). Sachant qu’il y aura aussi des Occitans hors mouvement Bastir sur les différentes listes.
A Toulouse, les têtes de liste sont invités à présenter leur programme pour l’occitan le lundi 24 février.
Benoît Roux