30 Août

LES BEAUX CLOCHERS DES ÉGLISES DE NOS CAMPAGNES !

Photo Jean-Marie Périer.

N’ayant jamais été un fanatique de la calotte, je dois néanmoins vous avouer que cet homme-là me plaisait bien. J’imagine sa réaction aujourd’hui face au drame des migrants et des sans-abris. Franchement sa colère manque. Ils les auraient utilisés à fond lui, les réseaux « asociaux ».

Je ne vois pas le rapport entre un homme pareil et les haut-gradés du Vatican ? Trop occupés qu’ils sont à étouffer les scandales des prêtres pédophiles ou à interdire la contraception aux femmes africaines, ceux-là oublient apparemment leur fonction première, à savoir aider venir en aide aux démunis.

Mes différentes activités me conduisent à sillonner la France à longueur d’année. Les villages ou les villes moyennes qui meurent ne sont pas les seules, il y a aussi les églises. Combien de ces chapelles attendant une messe illusoire derrière des portes cadenassées ? Combien de panneaux réclamant une restauration qui ne viendra pas ? Combien de jardins de curés abandonnés ? Que font donc le Vatican et l’État français de ces innombrables bâtiments censés protéger les âmes des démunis ? Pourquoi ne pas transformer ces havres d’une paix d’un autre âge en logements sociaux au lieu d’entasser les familles dans des cités surpeuplées ?

Quant aux migrants que l’on parque dans des containers en tôle ondulée, vous l’imaginez le quotidien dans une boîte à sardines par +30 ou -5 degrés ? Ne serait-il pas plus « catholique » de transformer ces merveilleuses bâtisses en logements pour ceux qui n’ont rien ?

J’aime beaucoup le soleil, c’est dans mes gènes. Il parait néanmoins urgent de cesser d’ignorer les prédictions de tous les Nicolas Hulot du monde. Le départ de ce dernier aura au moins eu pour avantage d’être un marqueur de ce qui nous attend. Or nous n’en sommes qu’aux prémices. On n’a encore rien vu.   

Que ferons-nous quand le sommet du Mont-Blanc ressemblera au crâne de Zidane et que la montée du niveau des mers inondera des villes, des iles, des continents ? Quel autre choix auront les centaines de milliers de réfugiés climatiques que de s’exiler vers des pays plus chanceux ? (Remarquez, l’idée de New York avec de l’eau recouvrant la 5eme avenue, je n’en suis pas fier, mais ça me fait marrer. Vous les voyez les « traders » en cravate pagayant dans des barquettes ?)

Alors que partout sur la planète, ces murs d’une épaisseur insensible au froid et à la chaleur construits par des ouvriers de génie feraient des refuges parfaits pour tous les sans-abris.

Vous verrez, tôt ou tard les églises seront toutes à vendre. Méfiez-vous, à New York, à Londres, à Bruxelles, ils les transforment déjà en boîte de nuit. Je trouve ça très bien d’ailleurs, quitte à prier, autant que ce soit pour le plaisir de la musique.

Mais leur fonction première n’était-elle pas plus proche des élans du cœur d’un Abbé Pierre ? « Ah mais ça coûte des ronds », vous diront les énarques de Bercy. Parce que construire des logements sociaux c’est gratuit ?

Oui je sais, je mélange tout. C’est pour mieux vous faire partager ma honte et ma hantise de l’avenir que nous laisserons à nos enfants. À la vue de tous ces clochers, dont la seule fonction est aujourd’hui d’orner les paysages, je fais le rêve chimérique de familles vivant décemment. Ça m’aiderait sans doute à être enfin fier de cette éducation catholique qu’on m’inculqua dans mon enfance sans même m’avoir demandé mon avis.

Mais bon, pour nous tout va bien non ? Il aura enfin fait beau tout l’été, pour une fois les juillettistes n’en voudront pas aux aoutiens. Demain septembre, enfin les choses sérieuses nous attendent, la cueillette des champignons par exemple. N’est-ce pas ?…

Jean-Marie Perier

PS : Article publié dans « Le Villefranchois ».