16 Oct

Mieux vaut tard que jamais

© Jean-Marie Périer

© Jean-Marie Périer

Voilà c’est parti. Bientôt soixante-seize ans et je fais mes quatre premières représentations sur scène au théâtre de la Michodière à Paris, ensuite je compte bien aller partout en France, jusqu’au fin fond des campagnes, là où comme chez moi dans l’Aveyron, certains doivent faire cinquante kilomètres pour voir un spectacle. Depuis le début c’est mon but, je rode à Paris, puis je vais en province. Sur ma tombe on pourra marquer : ci-git le roi de la décentralisation.

Car je ne vous ai pas dit, mais ma maison de la photo, ouverte le 13 juillet de cette année, a déjà reçu plus de 10.000 personnes venus voir ma belle exposition s’étalant sur sept salles dans la bastide du 14ème siècle sise au milieu du village de Villeneuve d’Aveyron. Ça fait beaucoup de monde venu profiter de la région, ce qui m’enchante, car je rêvais de pouvoir renvoyer l’ascenseur aux Aveyronnais qui m’avaient accepté il y a de ça vingt ans.

Pendant ce temps, le monde continue de tourner, auréolé de son habituelle absurdité. J’ai entendu dire qu’on voulait apprendre le maniement des armes à feu à des enfants dans les écoles françaises. Déjà supprimer le service militaire fut certainement une des plus grandes bêtises faite par l’État, offrant ainsi aux adolescents du pays l’occasion de passer à côté des règles indispensables de l’ordre, la politesse, la discipline, la camaraderie et un sens du devoir désormais vénéré par les vieux cons dans mon genre qui, sans en avoir la nostalgie, ne regrettent en tout cas pas les 28 mois de leur vie consacrés à l’armée française. Moi qui venait pourtant des beaux quartiers, ça m’a fait un bien fou de voir qu’il y avait d’autres mondes que le mien, même si je me serais bien passé du spectacle de cette guerre qu’on préférait appeler « événements d’Algérie ».

Désormais, inutile de rétablir le service puisque les bambins de dix ans aborderont gaiement la puberté en connaissant les bases nécessaires à l’utilisation des bons vieux fusils Lebel français, qu’ils trouveront du reste vite démodés, s’empressant de passer aux Kalachnikov, un des plus beaux fleurons de la mondialisation.

Tant qu’à faire, on pourrait aussi leur apprendre comment saucissonner les vieux, ça leur ferait gagner du temps pour se faire un peu d’argent de poche.

À la semaine prochaine.

Jean-Marie Périer