La première fois que j’ai rencontré Luc Ferry c’était il y a longtemps chez Carla Bruni et je me souviens de l’avoir un peu bêtement agressé sur l’inutilité des philosophes, ce qui était d’autant plus idiot que je n’avais aucune idée sur la question, mon but était juste de l’attaquer pour le plaisir de la conversation. Je n’en tire aucune fierté, d’autant plus que j’étais passablement enivré comme ça m’arrive hélas après seulement deux verres de vin de bonne facture.
Vous n’imaginez pas le nombre incroyable de gens que je me suis définitivement mis à dos à cause de ce travers, des gens qui auraient pu changer diamétralement le cours de ma vie professionnelle m’ont détesté dans l’instant (à juste titre) à cause de ce désir aussi orgueilleux que stupide de vouloir choquer pour faire l’intéressant, à seule fin de me faire des petites peurs inutiles. Comme Luc Ferry est un homme intelligent il ne m’en a pas tenu rigueur et je lui en sais gré.
Et voilà qu’il y a quelques instants en conduisant ma splendide Torpedo, je l’entends à la radio s’insurger contre cette théorie des plus stupides selon laquelle, dans la loi française actuelle, on considère les animaux comme des meubles (vous avez bien lu, un chien, un chat, un meuble, même combat !!!). Luc Ferry déclara son mépris pour une telle aberration. J’en lâchai presque mon volant tant l’envie de l’applaudir m’assaillait. Mais pourquoi cet homme qui a toute mon estime se crut-il alors obligé de rajouter :
« On n’est pas obligé d’adhérer aux thèses de Brigitte Bardot pour défendre les animaux ! ». Mon sang n’a fait qu’un tour (voir photo ci-dessous).
Ce sujet était venu sur la table à cause d’une pétition à laquelle il avait apposé sa signature pour lutter contre cette loi ignoble. Bien. Mais je ne vois pas le rapport existant entre la signature d’une pétition et Brigitte Bardot. Si accoler son nom à une cause peut être considéré comme éventuellement louable, ce n’est rien à côté du dévouement que représente l’action de Bardot, laquelle aura passé la deuxième partie de sa vie à se battre pour la défense des animaux.
Il n’y a rien de glorieux à faire partie d’une liste d’autographes plus ou moins célèbres, j’ai fait cette erreur une fois dans ma vie et je n’en tire aucune gloriole. Pire j’en ai même un peu honte, car prêter son nom le temps d’une signature tient plus de l’aumône au sortir de la messe que de l’engagement sérieux. Cet acte par trop judéo-chrétien permet surtout d’avoir bonne conscience avant de retourner à ses petites préoccupations personnelles.
Se désolidariser de Brigitte Bardot à cause de quelques phrases regrettables me semble inconséquent. Ce qu’elle dit m’importe moins que ce qu’elle fait. La ténacité de sa compassion pour la cause animale me semble beaucoup plus importante et respectable que ses déclarations que je préfère oublier ne serait-ce qu’en raison de la tendresse que je lui porterai toujours.
Jean-Marie Périer