Cette photo a quelques années, vous donner sa date ne serait pas très élégant. Si je vous la montre aujourd’hui, c’est parce que je me souviens du jour où Vincent Lindon m’avait invité à dîner en ajoutant entre deux tics : «Je vais te faire rencontrer celle qui sera un jour la plus grande actrice française».
Effectivement à l’époque elle était inconnue et effectivement Vincent avait raison comme souvent. Vous pouvez juger par vous-même en allant voir «9 mois ferme» d’Albert Dupontel, à mon sens le meilleur metteur en scène français depuis Bertrand Blier, ou « Violette », que je n’ai pas vu mais dans lequel je peux vous affirmer les yeux fermés qu’elle est extraordinaire attendu qu’elle l’est à chaque fois. (Qu’est-ce que les frères Cohen attendent pour l’appeler ?)
Je vous vois venir, roucoulant «Il en pince le vieux ?», aussi rassurez-vous, aujourd’hui je n’ai d’yeux que pour ma chienne Daffy. Néanmoins vous cacher que j’en ai pincé lorsque je l’ai rencontré serait mentir. Aujourd’hui j’ai le privilège de l’avoir pour amie, si tant est que dans cette profession ce mot veuille dire quelque chose. Disons qu’entre nous il y a peut-être de la tendresse et en tout cas de l’estime, ce qui a plus de chance de durer.
Le spectacle que je préfère étant celui de l’intelligence, plongez dans «Naissance» le livre de Yann Moix c’est un chef-d’oeuvre. Armez-vous d’humour et laisser-vous aller à flirter avec le désespoir et je vous promets l’éblouissement. Bien sûr pour ceux qui comme moi aiment à lire allongés le poids de l’objet pose problème (1200 pages !). C’est pourquoi je l’ai aussi acheté en version numérique afin de pouvoir le lire sur mon indispensable iPad.
Pour finir, j’ai vu sur France 3 un sujet au JT qui montrait des gens déversant les cendres d’un être aimé dans la mer en écoutant des chansons de Michel Sardou. Il y a quelques années cela m’aurait énervé puisque je considérais qu’il m’avait volé ma soeur Anne-Marie en la prenant pour femme, mais depuis que j’ai pu constater à quel point il a su la rendre heureuse, je suis touché de voir une famille célébrer le départ de quelqu’un au rythme de « la maladie d’amour ».
Jean-Marie Périer