13 Sep

BORDURE/ Le Jura nous joue un Tour !

« Le Tour du Jura revient » !… Quoi ? Et je vous raconte pas le coup de chaud du gars ! Planté devant l’information d’un « deuxième » Tour du Jura dans la même année ?!… Sur le coup, Le Blog Cycliste a failli tomber de sa chaise ergonomique de bureau en forme d’un cadre en triangle pour accrocher 2 roues carbones à jantes hautes l’histoire de frimer un coup auprès des collègues restés dans le dur avec leur Vélocité™ !

Et quand je vous dis « tomber de mon fauteuil » (un BMC™ Team machine SLR01)… Je veux dire : toute la rédaction du Blog Cycliste de France 3 confondue… Ses présentateurs vedettes bien peignés, ses journalistes d’investigation pendus au téléphone toute la journée, et ses grands reporters mal rasés et toujours à bloc sur le terrain en essayant de rentrer partout où c’est interdit. Ses photographes contorsionnistes et un peu poètes aussi ! Ses graphistes la chemise dégrafée, ses typographes, ses correcteurs de fautes d’orthographe…  et jusqu’à sa belle direction de course au col bien mis et toujours le costume impeccable pour représenter la belle maison dans le grand monde des grands cols bien repassés. Un Blog en col blanc vu d’en haut, et le col grand ouvert pour tous ceux qui triment dur à l’intérieur du peloton. Ses opérateurs de prise de vues à moto même sous la pluie et les ingénieurs du son, les monteurs de côtes en ellipse, les mixeurs et les porteurs de sandwichs… Toute une équipe d’ouvriers de l’info comme elle arrive à n’importe quelle heure de n’importe quel jour de l’année même pendant les vacances et le soir de Noël… Une rédac’ moderne spécialisée dans le cyclisme, et dans l’air du temps avec ses instruments de torture numériques pour vous raconter de belles histoires de vélo toute l’année sur le web grâce à l’investissement sans faille d’une grande chaine de service public bien huilée autour de son sport préféré ou presque (à part le tennis ou la voile, et parce que de toute façon le foot est trop cher et qu’on ne trouve pas la moindre petite affaire de dopage à se mettre sous la plume pour faire grimper l’audimat !…)
Mais je m’éloigne encore… Ces foutus chemins de traverse si tentant à tous les croisements !… Le goût de l’aventure propre au tempérament des coureurs cyclistes sûrement ?! Le goût de cette route qu’on ne connaît pas encore… Ces « Sunset boulevard » ou ces « Crossroads » de la raison chavirée sur l’asphalte de nos passions respectives… Une « Gunbarrel Highway », un Océan Drive ou une « Tverskaïa » de l’envie d’air frais et d’horizons lointains. Une belle route qui nous laisserait plein de souvenirs dans la tête pour faire face au quotidien des grandes lignes droites sans histoire et qu’on répète chaque jour qui passe. Une route « 66 » dans le 25, le 39 ou le 70… avec un peu d’imagination. Tout ça pour vous dire le nid de poules dans lequel j’avais cru un moment planter ma roue sur le chemin tortueux d’une dépêche d’actualité annonçant l’affiche d’un « Tour du Jura » qui remettait le couvert ce dimanche 14 septembre, à peine moins de 5 mois après avoir déjà fait le buzz sur l’antenne de France 3 au mois d’avril dernier. « Un Tour du Jura », de retour sans voir le nom de la famille Monrolin accroché dessus ! (Les organisateurs de la célèbre compétition comtoise). Vous me direz qu’on s’emballe quelquefois pour pas grand chose. En particulier dans ma profession… Une de ces manières qu’on a dans le métier, d’en faire des caisses sur le moindre carton d’emballage qui traine sous les rayons, ou de décrire le toit de la maison alors qu’on n’a pas encore coulé les fondations… Mais chacun sa manière de tenir son guidon n’est-ce pas ?! Un « Tour du Jura »… Et je vous assure qu’on avait déjà presque préparé le car satellite pour aller interviewer le CC Étupes en direct sur la ligne de départ. Pierre Bonnet, Kévin Goulot, Alexis Dulin et Edouard Lauber, engagés sur l’épreuve, et qu’on aurait pu chercher partout du côté Français de ce Jura dont on oublie quelquefois qu’il a aussi son versant… « Suisse ».

JL Gantner

Le Tour du Jura « suisse » aura lieu samedi 14 septembre sur un parcours de 190 km entre Saignelégier et Porrentruy. Une 30e édition à nouveau programmée sur le calendrier helvétique après l’abandon de l’épreuve en 2009.

17 Mar

BORDURE/ Un « bon dimanche sous vos applaudissements ! »

Dimanche. Il pleut. Ou plutôt il crache. Ce machin grisonnant et humide qui empêche d’imaginer sereinement une belle sortie en longueur sur les routes de la Comté. L’envie d’un chouette parcours de 150 km au moins et semé de bosses de toutes sortes autour de la vallée de la Loue, sur le plateau d’Amancey, ou un peu plus loin encore pour remonter le Dessoubre, escalader le Noirmont depuis Damprichard ou grimper depuis les gorges du Doubs vers la Chaux-de-Fonds… Une de ces randonnées à fond de train qui me rapporterait certainement quelques « Kudos » supplémentaires sur Strava™ !... Dimanche, jour d’un 104e Milan San Remo… pour se consoler de laisser sa machine au garage un si beau jour comme ça ! La « Primavera » qui s’est invitée à la messe cette année, mais toujours pas à la Télévision française. Un Milan San Remo du dimanche pour la première fois de sa carrière au lieu d’être forcé de s’élancer le jour d’une autre forme de courses traditionnelles dans les allées du supermarché. On pense à tout au pays des Tifosis ! 298 km d’une formidable bataille annoncée dont je commence par chercher l’horaire de diffusion sur France 3,  « la chaine du cyclisme » comme on l’entend chaque jour pendant la grande course de juillet. Mais dans l’ordre du beau programme de l’après-midi : le tiercé, puis Maigret et Chabada… plutôt qu’un peloton à l’attaque dans la Cipressa. Pas de quoi s’arc-bouter sur sa télécommande au pied du Poggio ! À moins que je ne me sois trompé de dimanche ? À moins que je ne confonde une chaine de vélo avec la graisse qu’on met dessus pour éviter que ça grince vu la redevance qu’on paye pour voir notre sport préféré diffusé au rayon des chaînes concurrentes et payantes…  En l’occurrence « Bein Sport » pour cette fois. Alors que le prochain Tour de Catalogne sera retransmis lui sur « Eurosport ». De quoi se ruiner en abonnements qu’on nous oblige à multiplier pour seulement quelques courses par an coincées au milieu de réunions de snooker.

UN DIMANCHE SUR INTERNET !
Un dimanche à chercher une combine sur Internet pour me mettre en selle sur une course ou une autre sans avoir à mettre le nez dehors.  Deux heures de recherche sur un écran brodé de messages publicitaires pour n’aboutir à rien entre des demandes de plugins impossibles à installer ou des applications dont les sites choisis me réclament sans cesse une nouvelle mise à jour. De quoi rêver d’une machine à remonter le temps, au temps où le cyclisme se regardait encore du bord de la route avec les copains un saucisson-bière au lieu d’un plateau-télé-ordi. Un temps d’avant le monde réel converti en pixels sur nos écrans débordés. Cette manière comme j’aurai peut-être dû m’inspirer pour rejoindre un « prix de Bologne » près de Chaumont, ou un « Troyes-Dijon » au menu du calendrier amateur ce dimanche. Une course où l’on trouvait un gros peloton de Franc-Comtois sur la liste d’émargement,  dont l’Amicale Cycliste Bisontine montée en force avec son président, et le CC Étupes décidé à prendre sa revanche après un début de coupe de France Elite un peu en dessous ses moyens. Un bon dimanche dont j’ai finalement entrepris de dresser la liste de tout ce dont je vous aurais bien parlé depuis deux semaines, mais dont le temps m’avait manqué pour tout mettre en ligne à temps.

Nacer Bouhanni & Geoffrey Soupe (FDJ) – Paris Nice 2013/ PHOTO © Pressesports

Yann Offredo et Nacer Bouhanni (FDJ) – Paris Nice 2013/ PHOTO © Pressesports

Comme la chute du vosgien Nacer BOUHANNI avec son beau maillot jaune sur le dos au lendemain de sa victoire sur la première étape de Paris Nice. Ce duo génial de « la Française des jeux » entre le jeune sprinteur champion de France et son poisson pilote Geoffrey SOUPE en plein sur la ligne d’arrivée de Nemours. Geoffrey SOUPE, le licencié d’Étupes dans un numéro sensationnel au chronomètre, la veille, lors du prologue à Houilles. Deux images fortes que l’on préfèrera retenir de cette 71e édition de la course au soleil, comme celle de ces 3 français sur le podium le soir du 4 mars, avant qu’un peu de pluie sur un passage piéton rendu glissant ne foute tous nos espoirs de supporters en l’air.

UNE MAUVAISE CHUTE DE NACER BOUHANNI SUR PARIS-NICE ET ARTHUR VICHOT PLUTÔT BIEN SUR TIRRENO-ADRIATICO
L’inéluctable loi du sport. Un Paris Nice finalement remporté par un australien, Richie PORTE (Sky) au nez et à la barbe  de l’américain Andrew TALANSKY, dépité d’avoir dû lâché sa jolie tunique si près du but pour une vraie bourde tactique. Sylvain CHAVANEL en vert dimanche 10 mars au bout du col d’Eze et 5e du général à deux places derrière le premier français Jean-Christophe PERAUD (AG2R La Mondiale). Cette information aussi, bien évidemment passée inaperçue au début de la 6e étape au départ de Manosque, mais pour laquelle les Jurassiens ont dû prêter une oreille particulièrement attentive. L’abandon du Jurassien Alexis VUILLERMOZ, la jeune recrue de l’équipe (Sojasun) qui participait à la première course World Tour de sa carrière. Une chute à 20km de l’arrivée de la 5e étape avait fini par contraindre le spécialiste de VTT à rendre les armes au départ de l’ultime étape en ligne pour rejoindre la Promenade des anglais.

Lors d’un planning à peine décalé, deux Franc-Comtois sous les couleurs de la (FDJ) affrontaient la difficile Tirreno-Adriatico. 7 étapes bien arrosées cette année, à l’issue desquelles Arthur VICHOT termine à la 28e place, quelques kilomètres après l’abandon du Haut-Saônois Laurent MANGEL. Une « course des 2 mers » remportée pour la deuxième fois consécutive par l’italien Vincenzo NIBALI.

Un dimanche bien enfoncé dans l’endroit le plus matelassé du salon en attendant les résultats de la journée sur quelques rendez-vous amateurs et pour découvrir le nom du vainqueur d’un « San Remo » 2013 arrêté par la neige Entre le km 117 et le km 163 avant d’être relancé d’Arenzano. Un drôle de dimanche, si vous voyez le boulot !
JL Gantner

24 Jan

BORDURE/ De la belle « gente » dans le champ des caméras, mais toujours pas d’anneau en rayon !

De l’avis très affuté de beaucoup d’habitués des lieux, le public ne s’était jamais déplacé en aussi grand nombre à Nommay, pour les championnats de France de cyclo-cross 2013 organisés les 12 et 13 janvier dernier. Au moins 8000 personnes selon les plus réservés. Vraisemblablement  10 000 selon les journalistes et pour faire un compte rond… Pour l’anecdote, 6000 vidéos ont été visionnées et quelques 10 000 pages ont été visitées pendant le week-end par les internautes sur le Blog Cycliste de France 3…)

Où il est forcément question de cette discipline hivernale ancrée dans la culture populaire depuis longtemps dans cette partie du monde. Un sport qui revient en force nous éblouir et réchauffer les cœurs des pratiquants de cyclisme à la mauvaise saison. Le cyclo-cross, un temps jugé « désuet et ringard… » Pensez ! Des gars et leurs copines en train de patauger dans la boue par un temps de chien !… Des gueules de forçats sous leurs casquettes  relevées façon « belges » au dessus du front… Un univers que beaucoup de grincheux trop bien sapés préféreraient encore continuer de confondre avec les morceaux d’accordéon d’Yvette Horner et les chapeaux de Madame de Fontenay. Un de ces vieux folklores barbares du bas peuple, qui peut encore bien plaire dans ces anciennes Flandres de Koksijde ou dans l’ancien duché de Brabant ! mais qui devait sûrement faire un peu tache chez nous ces derniers temps ?! Notre belle gente cultivée… le nez trempé dans la bière et les frites pour regarder passer les bousiers.  Je ne sais pas ?! En tout cas, la discipline semble repartie de toute sa noble allure (n’en déplaise aux spécialistes des jeux de salons !) Comme le cyclisme en général a repris sa marche en avant malgré les crises récurrentes qui l’abiment régulièrement (Combien d’articles ou de reportages télé sur « l’affaire » Lance Amstrong, décalqués sur l’univers tout entier de la pratique du sport cycliste ?!…) 12% de licences supplémentaires enregistrées cette dernière année à la FFC. (Même un peu plus en Franche-Comté. 16% depuis 2010 !) « Une majorité de jeunes » spécifie l’instance nationale.

Nommay, 13 janvier 2013/ PHOTO © Kevin Rueflin

Du monde à Besançon le 18 novembre ou à Pontchâteau le 9 décembre dernier pour la finale du Challenge National. Du monde encore à Nommay sur le circuit international de Denis MERCIER. L’homme qui aura décidément fait beaucoup pour la belle réputation des grands débats sportifs hivernaux dans l’Est de la France. Une compétition ce week-end du 12 et 13 janvier, qui faisait pourtant face au rendez-vous attendu par tous les Jurassiens à Chaux-Neuve. Des Jurassiens, des Franc-Comtois et quelques autres amateurs de sensations fortes qui avaient réservé leur ticket pour voir sauter les hommes volants sur le tremplin d’une manche Française de la Coupe du monde de Combiné Nordique (La seule étape Française sur le calendrier international). Jason LAMY CHAPPUIS en vedette « Américaine » avec son coéquipier Sébastien LACROIX contre un autre enfant du pays, la star Française de cyclo-cross Francis MOUREY dans ses meilleurs jours. Entre les deux affiches, un match serré côté chiffres et statistiques. En réalité un concours d’idiots ou de compteurs à grelots… Car seul le sport, et le sport d’une manière général, aura démontré pendant ces deux jours d’intense mouvement médiatique, sa capacité à fédérer les amoureux des beaux concours et des grandes performances athlétiques. Des spectateurs au rendez-vous aux deux extrémités de la région qui pour quelques-uns d’entre eux m’ont même avoué avoir fait la navette entre les deux compétitions de ski et de cyclisme, ne voulant rien rater des deux scènes de haut niveau, groupées par malchance le même week-end… À peine au dessus de la foule, des représentants des fédérations bien sûr ! Et puis des ministres (chacun le sien !) à Chaux-Neuve comme à Nommay… (« Les sports » pour le ski, « l’économie et les finances » pour le cyclisme). Des représentants de l’état et des collectivités locales bien habillés pour la circonstance un peu fraiche qui nous occupe ici. Tout un beau monde quand même un peu gelé sur les podiums en attendant la photo.

À Nommay (Daniel Mangeas, Pierre Moscovici, Jean-René Godard, Francis Mourey)
PHOTO © Kevin Rueflin

(À la frontière Jurassienne : « Le patron du Jura Christophe PERNY en écharpe rose pâle et dument accrédité, accompagnait Jean-Claude JEANNEROT, le président du Conseil général du Doubs en chapeau mou et cache-nez rayé gris », comme il se disait dans une presse d’un autre âge. Une délégation Comtoise qui comptait également Denis VUILLERMOZ remplaçant au pied levé la présidente de Région Marie-Guite DUFAY. La dame « du square Castan » d’abord annoncée pour accueillir la spécialiste du volley-ball Valérie FOURNEYRON, mais finalement absente du grand rendez-vous pour raisons familiales. Une ministre venue « soutenir les combinards tricolores et la filière nordique » sur l’une de leurs vieilles terres de prédilection.  La patronne des sports Français avait également programmé ce déplacement en Franche-Comté pour vérifier l’aide déterminante de son ministère au nouveau stade des Tuffes à Prémanon (30 pas de tir et son anneau de pénalités dédiés au Biathlon.  De l’argent pour des pas de tir, des pistes de ski… à côté d’un beau tremplin tout neuf… mais toujours pas d’anneau cycliste à Besançon madame le Ministre ! (Si je vous le dis ! Et comme il faut tout de même bien trouver une occasion de « l’ouvrir » pour que tout le monde entende bien…) Vous, madame le Ministre, qui justement rappeliez devant les micros à Chaux-neuve : « défendre une politique qui ne se borne pas à commenter l’actualité sportive mais qui puisse réduire les inégalités sous toutes leurs formes ».

LA COMMUNAUTÉ DE L’ANNEAU
Un de ces projets d’équipement sportif dont la Région avait pourtant promis qu’il serait « prioritaire » une fois l’immense toboggan Jurassien terminé. « Si, si ! » Marie-Guite DUFAY l’avait confirmé devant nos caméras lors de la présentation du Tour de Franche-Comté 2010, et juste après que son propre responsable des services, Gilles Da Costa, en direct, lui ait fait part de ce souci en tant que président du comité régional de la discipline concernée. Depuis, et bien… Rien !

Vélodrome de Besançon avant sa destruction en 2000

Un anneau cycliste. C’est-à-dire deux lignes droites en béton et deux petits virages pour les relier entre eux… Tout de même pas la mer à boire, ni La Loue à transvaser dans le Lison un jour de crue ! (D’ailleurs certains seraient même déjà tout prêts à faire tourner la bétonneuse pour une somme dérisoire !) Ne serait-ce que pour dédommager les milliers de licenciés cyclistes jetés aux oubliettes après la démolition et la transformation du vélodrome Léo Lagrange en stade de foot il y a tout juste 13 ans. Cette idée franchement perspicace du « handballeur » Vincent FUSTER alors conseillé aux sports de l’ancienne équipe municipale jusqu’en 2000 ; et la nouvelle a suivi son « grand homme » des sports Bisontins comme son ombre. Un machin  pour faire tourner des vélos dessus !… qui, il faut bien le constater aujourd’hui, n’intéresse pas plus Jean-Louis FOUSSERET, ni grand monde au sein de l’hémicycle régional. Quelques soubresauts du côté d’un vague terrain disponible sur la commune de Chatillon-Le-Duc où personne ne sait de quelle manière exacte l’opération pourrait sortir du chapeau. Rien de bien sérieux en tout cas. Un sautoir de promesses politiques chaque année. En réalité « des coups de bâtons » qui se perdent !… Tant tout le monde a bien compris que les cyclistes n’avaient qu’à se débrouiller pour faire leurs tours de pistes ailleurs, malgré les titres mondiaux de Morgan KNEISKY ou la belle équipe qui entoure dorénavant la jeune championne de France Soline LAMBOLEY. Des jeunes cyclistes condamnés depuis plus de dix ans à un exil forcé vers d’autres structures d’accueil comme en Suisse, à Aigle ou à Genève… Beaucoup de kilomètres pour tout ce petit monde qui va encore à l’école, de la fatigue et beaucoup d’argent dépensé par les clubs. Alors qu’on assume au moins ses choix dans les assemblées responsables, sans craindre les titres du lendemain ; non d’une roue en bois ! Et qu’on m’épargne pour l’heure le médiocre principe qui consisterait à opposer une discipline ou une autre —là n’est pas le propos— tant pour ma part, passionné de bicyclette j’en conviens ! j’emprunte moi aussi les belles traces jurassiennes autant qu’il m’est possible avec mon micro, ma caméra et mes skis. Tout le monde… cyclistes et skieurs le savent bien ! Et comme il serait d’ailleurs pertinent de le faire pour toutes les spécialités sportives, sans discrimination politique ou médiatique. Vaste sujet de débat n’est-il pas ?!

Claude Jeannerot et la ministre des sports sur la coupe du monde de combiné nordique 2013 à Chaux-Neuve
PHOTO © Conseil général du Doubs

Des responsables de collectivités locales en tout cas très représentés ce week-end sportif sous les équipements de Chaux-Neuve pendant qu’au même instant dans la boue de Brognard, l’ancien président de la communauté du Pays de Montbéliard Pierre MOSCOVICI avouait pour sa part « beaucoup apprécier le sport cycliste » au micro du grand Daniel Mangeas (le célèbre commentateur du Tour de France). Comme Jacques HELIAS, le remplaçant du ministre à la tête de l’agglomération,  éberlué lui aussi par « la force » des bousiers en pleine action sur sa pelouse ! Ou encore Martial BOURQUIN fasciné par « la puissance des coureurs et par le public nombreux qui s’était déplacé ». Le sénateur-maire d’Audincourt ancien ouvrier de chez Peugeot), qui s’exprimait le soir même dans le 19/20 de France 3 pour commenter l’actualité de la semaine. Pour représenter la région, on avait laissé sur place Denis SOMMER (le plus près sur la carte en mesurant la distance depuis Grand Charmont…) De quoi « sauver l’honneur » de la profession face à l’immense communauté de pédaleurs comtois, mais aussi tenter de mieux cerner la hiérarchie des choses. Des élus Régionaux… qui ne se marchaient pas vraiment dessus à Nommay, comme ils n’auraient pas risqué de passer sous les roues des meilleurs coureurs Français sur le circuit de la Malcombe à Besançon au mois de novembre, ni même à Ornans pour les championnats du monde de VTT marathon à la fin de l’été dernier. Certes, on ne peut pas plaire à tout le monde ! Même si je tenais à le souligner pour être honnête, j’avais personnellement accueilli en direct la présidente de l’assemblée Régionale lors d’une étape du Tour de Franche-Comté en 2011, à la Chaux-de-Fonds. « Une organisation sensationnelle » répondait face caméra Marie-Guite DUFAY  : « un cadeau pour la Franche-Comté ».

Claude Jeannerot, PDT du Conseil général du Doubs sur le Tour de France 2013 à Arc & Senans
PHOTOS © Conseil général (publication Facebook)

Des élus suffisamment « précautionneux » pour ne pas avoir à trop se mêler des affaires cyclistes (on ne sait jamais !). Un « réflexe » d’autant plus étonnant que beaucoup avaient pu vérifier leur présence très assidue dans le champ des caméras posées sur le Tour de France lors des trois étapes Franc-Comtoises 2013 ! Mais la grande boucle de juillet « n’est pas tout à fait le cyclisme » nous avait aussi répondu Gilles DA COSTA lors d’une interview réalisée quelques mois avant l’événement médiatique, lors de l’annonce officielle et à grand bruit du passage du Tour sous nos fenêtres. Un coût pour le contribuable local d’ailleurs bien supérieur à celui estimé pour la modeste infrastructure attendue par les pistards (ces « Hobbits » de la Comté et ce « Gandalf » de Pierre Yves Bordy dit « le Belge » pour les accompagner…)

LE VOYAGE DE L’ANNEAU DANS LES MONTS BRUMEUX DU « MORDOR »
Des choix politiques là encore, entre celui de s’occuper de sa belle image dans le monde, au lieu de poursuivre la culture de son petit jardin familial. D’où peut-être aussi cette protestation sentencieuse du boss de l’instance Régionale de cyclisme et Président du Tour de Franche-Comté Gille Da Costa, le 15 décembre dernier, évoquant « l’injustice » dont souffre depuis trop longtemps la discipline si l’on s’en tient à cette structure promise, mais qui lui fait toujours défaut.

L’Amicale Cycliste Bisontine à  Montceau-les-Mines 2012/ PHOTO  © Luc Lhomme

Un équipement « nécessaire et légitime » s’agace le président, proposant même, sur l’estrade de la grande réunion annuelle du comité, de réfléchir à des moyens de persuasion plus convaincants, comme cette idée d’aller jusqu’à « manifester dans la rue s’il le faut ! ». « Que faut-il faire pour mériter un tel équipement ? J’avoue perdre patience… » avait lancé le premier responsable du comité Comtois dont on peut rappeler ici l’excellente santé des comptes et des résultats. Un comité de cyclisme qui organise plus de 250 manifestations sportives chaque année, au milieu desquelles plusieurs compétitions d’envergure nationale et internationale, « de l’épreuve de quartier au championnat du monde ». (Et précisons le : grâce au soutien financier de nombreux partenaires privés et des collectivités). « Un cadeau » pour reprendre l’expression de Marie-Guite DUFAY. Peut-être alors ce que les cyclistes seraient en droit d’attendre de leurs représentants politique pour honorer leurs belles promesses avant d’en rajouter d’autres pour 2015. À bon entendeur comme on dit, et bonne fin d’hiver à tous. Jean-Luc Gantner

23 Oct

BORDURE/ Lance Armstrong/ De la punition au peloton d’exécution…

Lance Armstrong. Un nom dont les plus grandes instances du cyclisme souhaitent qu’il soit a jamais effacé de l’histoire officielle. Comme on tenterait d’écraser l’historique de son navigateur web ou désinfecter son disque dur à la suite de quelques coupables recherches. Effacé comme « Austerlitz », « Louis XIV » et le roi « Clovis » ont déjà disparu ou quasiment de nos manuels scolaires (Si, si je vous assure !…) et comme d’une autre manière ce Charles Maurras et autre Robert Brazillach auront été gommés de l’espace national autorisé, par mesure de salubrité publique.

Lance Armstrong/ PHOTO © Joel Saget-AFP Getty Images

Lance Armstrong à jamais radié de l’espace public pardonnable, supportable… Lance Armstong, banni de toutes formes licites de rapprochement avec le monde de la bicyclette… Ou comme l’écrivain Céline n’aurait jamais été censé avoir rien écrit dans sa vie d’affreux jojo. Un salaud bien sûr !…  Du point de vue de l’humanisme dont nous nous réclamons tous, par goût ou par formation… Armstrong « un sale tricheur !… » à faire disparaître des archives photographiques selon la bonne vieille technique soviétique dont on nous conseille aujourd’hui de suivre l’exemple affreux et totalement schizophrène (voyez-vous ça !…) Vous me direz que depuis la chute du mur de Berlin, le jeu du déboulonnage de statues est devenu moins dangereux (c’est sûr !) Le monde du cyclisme a mis bas la couronne du perfide héros et tout le monde dans la cour des miracles se réjouit. Je ne sais pourquoi à cet instant je pense à cette peinture du Caravage. « Judith décapitant Holopherne » ; Judith (ou la vertu triomphante) dans le rôle d’une noble cause, mais qui pourrait tout aussi bien être celle de l’argent, d’un paquet de comptes en banque et de bonnes situations qu’il faut défendre avant tout.

Lance Armstrong/ PHOTO © AFP Getty Images

Holopherne pris au piège et décapité par la « trop belle » Judith… car si oui, il faut bien condamner les tricheurs pour dissiper leur arrogante autorité, les empêcher d’exercer leur tutelle suffisante ; s’il faut parler haut et fort de l’abjecte disposition qui prévalait depuis longtemps dans les pelotons de s’arranger avec les édits et les règles en trafiquant l’ordonnance du médecin… (Qui saurait prétendre à d’autres sanctions de rafistolage ?!…) mais alors il faut aussi les condamner tous à la juste mesure d’une équité parfaite. Comme au moins ce Johan Bruyneel s’est également fait servir dans l’affaire de cet « infâme » et prétentieux Texan. Ou le docteur Michele Ferrari, dorénavant interdit à vie lui aussi de courses cyclistes pour avoir concocté les « ignominieuses » potions de tant et tant de grands champions contre quelques gros chèques évidemment. Un système. (Et pas seulement dans la discipline ici concernée !…)

Lance Armstrong – 21 octobre 2012 a Austin/ PHOTO © Tom Pennington-AFP

le Docteur Jean-Pierre de Mondenard, ancien médecin du Tour, plutôt réputé pour sa « croisade » systématique contre le problème du dopage dans le sport cycliste, précise d’ailleurs : « Le dopage est omniprésent dans le sport de haut niveau. On en retrouve partout : football, basket, tennis ou encore dans des disciplines plus confidentielles comme le tir à l’arc ou les fléchettes ! » L’auteur de « la grande imposture » ou de « 33 vainqueurs du Tour de France face au dopage »… tient au passage à préciser sa perception d’une «  grande hypocrisie » instituée. Le pourfendeur d’idées toutes faites, qui réclame depuis longtemps « un système de lutte antidopage indépendant des fédérations et du milieu sportif en général ». Où l’on reparle bien sûr du Néerlandais Hein Verbruggen pendant ces années de l’ex star d’Austin USA, l’ancien président de l’UCI aujourd’hui membre du comité international olympique qui n’aura (au minimum) pas beaucoup insisté pour faire le ménage devant sa porte… Sage préconisation non ?!… (Comme le grand Zeus avait su éloigner le scorpion de l’arrogant chasseur Orion selon le rigoureux principe de deux constellations distinctes et réparties aux deux hémisphères opposés pour que ces deux-là, jamais ne puissent se rencontrer). Seulement voilà, personne n’y a jamais eu grand intérêt jusqu’ici. C’est le moins que l’on puisse dire ! À considérer la proportion toujours plus importante des bénéfices financiers générés sur la piste des étoiles sportives ; la manne conséquente qui circule depuis les années quatre-vingt dix sur la planète des nouveaux héros de l’Olympe… on voit mal ce qui pourrait changer en profondeur. Ni dans le cyclisme de haut niveau (car il ne faudrait pas non plus tout mélanger !…), et encore moins dans les arènes de football toutes dédiées à l’économie de marché. Le fric a succédé à l’objectif nationaliste et idéologique qui prévalait en particulier derrière le rideau de fer, dans l’ex RDA et jusqu’aux confins de l’URSS avant 89, où l’on avait poussé le bouchon à son comble d’une effroyable perfection « médicalisée » pour imposer ses belles valeurs morales et ses dogmes.  Tout le monde sait ça. Mais tout ce monde là fait comme si ce n’était pas le problème. Trop heureux de continuer de se rassasier sur le dos de la bête. Fusse-t-elle un veau d’or la tête tranchée et jeté pour quelques heures à la vindicte. Quelques heures seulement. Car le temps passera, et le temps passe vite ces temps ci, où une actualité chasse l’autre à l’allure des particules élémentaires qui s’entrechoquent. Le temps des flux concomitants et des réseaux sociaux synchronisés sur l’air ambiant.

Lance Armstrong/ PHOTO © AFP Getty Images

Au Radeau de la méduse « cyclistique » annoncé par quelques-uns succéderont les longues prières pour un monde nouveau et d’autres représentations magiques pour conjurer la maladie. Le tout en millions de couleurs sur nos écrans partagés au lieu d’enchérir sur les causes réelles de cette pagaille médiatique. Juste le temps de brûler l’icône de l’US Postale et de Discovery jusqu’au cœur et d’en répandre ses cendres maudites sur le peloton d’une jeunesse sportive qui n’en demandait pas tant. L’ex septuple vainqueur du tour disparaitra-t-il à jamais de notre véritable histoire à nous (passionnés de cyclisme malgré tout !) Comme Tout le monde a déjà pu vérifier la disparition d’un Richard Virenque ou d’un Laurent Fignon du cœur des gens, celle définitive d’un Marco Pantani de nos tablettes affectives. L’aveu de Jacques Anquetil à la fin de sa carrière, expliquant dans France Dimanche (publié le 11 juillet 1967) « qu’il n’était pas possible d’être un grand champion sans se doper ». Tous oubliés ?!… Il fallait une tête de turc appropriée, l’effigie adéquate ; une victime sacrificielle  pour tenter de régénérer le corps tragique d’un sport voué par tradition au « lynchage ». A qui la faute ? Et que dire encore de tous ces coureurs, nombreux, la majorité (n’en déplaise à beaucoup !) « propres » selon la formule consacrée —je vous l’assure— Obligés de subir cette image désastreuse et la constante suspicion. Soyez-en persuadés : « la plus grave crise de l’histoire du cyclisme » selon l’UCI passera. Comme ces dirigeants là passeront à leur tour, qui s’acharnent aujourd’hui sur un cadavre, et à qui finalement aucune institution judiciaire ne leur demandera jamais de s’expliquer sur leurs responsabilités d’avoir si bien su toujours fermer les yeux à la manière de ces trois singes de la sagesse chinoise.  Jean-Luc Gantner

24 Sep

BORDURES/ « Dans Paris à vélo »…

Oui, je sais ! Cette chanson de Joe Dassin… un peu facile pour vous raconter cette aventure d’un peu de vélo à Paname au lieu de me concentrer vraiment sur mon boulot de reporter sportif de fin de saison. Cette « Complainte de l’heure de pointe » de variété qui déjà me cassait les oreilles à la radio quand j’étais môme…


Je suis en retard ce matin là. Un rendez-vous professionnel prévu dans une trentaine de minutes, juste en face du chantier de rénovation de la Dalle Beaugrenelle dans le 15e arrondissement. Moins de trente minutes aux heures de pointe pour rejoindre le quartier du Front de Seine depuis la mairie de Clichy… Autant dire, un challenge pour espérer m’acquitter de mon impératif. Le prétexte pour tenter de contredire le résultat de ma requête sur l’application ad hoc de mon téléphone portable. 8KM à parcourir, et la prévision d’une quarantaine de minutes pour couvrir la distance en métro ; une bonne heure de bus en plus des changements de lignes successifs, ou encore un temps incalculable dans les embouteillages si j’empruntais une bagnole dont j’aurais encore un mal de chien à garer sans compter le prix du parking. Le projet de m’arrêter alors dans une station de Vélib’ pour y décrocher l’objet de mon défi de la journée. L’expérience d’une bataille contre la montre dans la circulation parisienne et les embouteillages du début de matinée ; les zones de travaux qui se succèdent sur la chaussée ; les aires de livraison improvisées ; les mouvements de bus sur les pistes cyclables mixtes où voyagent aussi les taxis, toutes sortes de véhicules de service et des scooters non autorisés. Un terrain où les obstacles de toutes natures s’accumulent, sans répit pour le pilote incorporé au flux impétueux de véhicules pour la plupart motorisés. D’abord réussir à se faufiler sous le périphérique par le conglomérat d’électrons libres rivés à leurs propres trajectoires mal définies ; avant de viser au plus juste sur le parc Monceau, de couper le Bd Malesherbes et de prendre à gauche la rue de Grenelle… L’air est frais. La température idéale pour réguler sa respiration dans l’enfilade des grandes artères circulatoires qui innerve la capitale à l’intérieur du plan Haussmann. Trois vitesses au guidon pour adapter son rythme de pédalage aux quelques dénivelés naturels, comme cette légère bosse à sauter sur les pavés avant de croiser le Bd Haussmann et continuer la descente vers l’av. Franklin D. Roosevelt. Le trafic s’est éclairci depuis l’intersection avec la rue du faubourg St Honoré, le voisinage du palais d l’Elysée ou de Matignon et maintenant le théâtre de Marigny proche duquel le Britannique Bradley Wiggins avait levé les bras ce 22 juillet à l’issue de la 20e étape du Tour de France 2012. La partie de vitesse se poursuit droit devant, sous la scène du Rond Point et la façade de la Galerie Nationale. Une enfilade de constructions 19e, dans le jeu délectable d’une tentative de berner tous les calculs de probabilité, le pronostic le plus évident d’un beau billet d’excuses à l’arrivée. La traversée de la Seine par le pont des invalides (la limite du 8e et du 7e arrondissement d’où l’on a la plus formidable des perspectives sur le pont Alexandre III). Je souffle un moment sous le feu de la maison Petrossian™ à l’angle du Bd. De la Tour Maubourg et de la rue de l’Université. Une longue ligne droite maintenant jusqu’au Quai Branly après cette course dans le trafic saturé et la grande histoire de l’architecture parisienne sur un engin lourd comme un bus de touristes et aux pneus durs comme le roc d’un calvaire. Mais on est loin de la rue des Martyrs, alors que je fonce à l’air libre et pendant qu’en dessous, les voyageurs suffoquent dans les rames bondées de la ligne C. Je file sur mon Vélib’, ma sacoche de voyage croisée sur l’épaule. Un modèle de besace parfaitement étanche et le strict nécessaire à l’intérieur pour rester libre de mes mouvements. Un peu d’eau, une chemise de rechange pliée dans un simple tee-shirt ; Un bouquin de poche (celui d’Amir Gutfreund ce jour-là), un cahier pour écrire, un téléphone portable, quelques euros en liquide et une carte de crédit. Tout l’art de voyager léger dont il faut apprendre à retenir la leçon. L’exigence du poids réduit à sa simple expression comme principale clause du plaisir dans la politique habile et dégourdie du déplacement en ville. L’économie du superflu pour s’entrecroiser sans gaspillage avec les yeux des gens.

La bête et ses deux membres circulaires croisent l’alignement du pont de l’Alma, de l’Av. George V et très loin au bout le Fouquet’s, alors qu’un coursier m’attaque à l’Américaine… Un de ces pignons fixes qui pointe facilement à 50KM/H en parallèle de l’avenue de New-York. Le pistard finit par se jouer de mon bourrin en cravachant sa monture comme un dingue avant de taper dans la direction de Montparnasse. Un sportif de Grand Prix. Celui là cavale sûrement vers Vincennes. Une première catégorie qui prépare son dernier week-end de PMU. J’halète littéralement en contre-plongée de la vieille dame de fer qui sert de décor grandiose à ma petite séance de récupération obligatoire. L’avenue Gustave Eiffel où des milliers de touristes écrasent déjà la pelouse du Champ-de-Mars. Des dizaines de cars remplis de visiteurs chinois, japonais ou indiens qui ne verront pas de mal non plus a ce que j’élimine mon adrénaline dans ce sens interdit. J’ai repris mon élan dépassant la rue Edgar Faure, celle de l’allée Marguerite Yourcenar sur le grand développement ; vise les derniers encombrements de la Motte-Piquet, louvoie entre dix camionnettes, onze poussettes, deux side-cars, trois playmates, cinq vieilles dames, un bodybulder et huit chiens. Un coup de danseuse pour me jeter dans La rue de Lourmel du nom de ce valeureux général d’armée tué à la bataille d’Inkermann et en l’hommage duquel son nom fut donné à un village de l’Algérie Française (son Franprix, sa laverie automatique, son magasin de plomberie, sa boutique de fringues d’occase de grandes marques, sa concession BMW…) Une course poursuite entre les commerces pour rattraper la silhouette d’un jeune cadre en costume et sa machine électrique dont je compte bien prendre la roue avant le grand sprint final de la rue Linois. L’athlète du progrès économique accélère tant qu’il peut, tourne la poignée de gaz à fond dans le sens d’une augmentation sauvage des taux d’intérêts. La technique bien rodée des profits rapides en gardant la tête dans le guidon. J’embraye tout debout sur les pédales dans le sillage de mon conseiller bancaire qui matte ma capacité de remboursement dans son rétro, mais le jeune spéculateur n’est pas un spécialiste du crédit facile et rompt d’un coup tout espoir de négociation entre nous, flinguant notre belle affaire à peine commencée par un coup de guidon à droite et un coup de frein sec pile au moment de tourner dans la rue des Entrepreneurs, juste sous l’enseigne d’un courtier en produits financiers dédiés à la protection. Un assureur, j’aurais dû me méfier !… Des pigeons rabougris et cagneux couvent la seule place libre de la station Emeriau où je raccroche ma bécane à son bercail provisoire. À ma montre, à peine vingt cinq minutes se sont écoulées depuis la mairie de Clichy. Je reboutonne ma chemise, rajuste mon sac Rapha™ sur mon blouson et termine à pied les cinquante mètres qu’il me reste à faire pour rejoindre le lieu de mon rendez-vous. Quelques secondes de retour au calme nécessaires pour évacuer toute la tension accumulée au cours de cette traversée de Paris un peu vive.

Il bruine à peine ce jeudi à quelques hectomètres de la Maison de la radio. Un rendez-vous de boulot vite expédié en pensant déjà à mon prochain parcours à bicyclette. Un grand tour par les quais de Seine à l’allure d’une promenade touristique pour rejoindre le quartier St Michel quasi exclusivement sur un itinéraire aménagé. Depuis plusieurs mois, la capitale s’équipe peu à peu d’un réseau de « lignes cyclables ». Une dizaine d’itinéraires regroupant différents types d’aménagements sécurisés (pistes et bandes cyclables, couloirs de bus, trottoirs…) qui permettent de traverser la ville de part en part sur le modèle des lignes de transports en commun. Une ballade de dingue pour rejoindre le Zouave du pont de l’Alma et jusqu’à la cour du Commerce St André, en passant par les jardins des Tuileries, puis un léger détour par la Comédie Française pour contourner le palais du Louvre et remonter la rue de Seine avant la rue de Buci en sens inverse. Un coup de vélib’ en écoutant un peu de R&b à fond sous un casque jaune fluo pour faire chier les bagnoles toutes peintes de la même couleur noire. Une journée excitante à 1 euro 70 dans le trafic parisien au lieu de continuer de m’abimer les oreilles à force d’écouter Joe Dassin.
Jean-Luc Gantner

17 Sep

BORDURE/ Oh la belle marque™ !…

Le Français Sylvain Chavanel permet à la formation Belge Omega Pharma – Quick Step™ d’enlever le titre du contre-la-montre par équipes aux Mondiaux de Valkenburg (Pays-Bas). Les 53,2 km en 1 heure 3 minutes et 17 secondes. Chez les dames dont on a peu parlé, c’est la formation allemande Specialized™ emmenée par l’Américaine Amber Neben qui a décroché la plus belle médaille de l’épreuve au chronomètre par équipes.

C’est dimanche soir à la télévision (ou quelques heures plus tard sur le Pluzz™ accessible à partir d’un Smartphone, d’une Tablette ou de votre ordinateur de bureau complètement obsolète…), entre deux grosses pages consacrées au ballon dans les deux géométries principales, « Stade 2™ » envoie quelques brèves de voile, de tennis ou de Badminton… Un enchainement de résultats sportifs, aussi courts que l’adjectif qui désigne leur mise en valeur en précise la forme laconique… Quelques brèves vite expédiées en conclusion desquelles il sera procédé au « lancement » d’une information de cyclisme. Un premier bilan tombé des championnats du monde sur route organisés à Valkenburg aux Pays-Bas où un Français décroche la première médaille de cette grande semaine de vélo qui débute. Le coureur Sylvain Chavanel™ en or pour une grande première dans la province de Linburg au Pays-Bas. Un titre mondial de contre-la-montre « par équipes » ou plutôt… « par marque™ ». Une originalité cette année depuis l’invention du concept même de ce type d’événement généralement dédié à la confrontation entre nations et quelle que soit la discipline concernée. Quick Step™, Rabobank™, Cofidis™ ou Garmin™… au lieu des maillots floqués aux couleurs des pays engagés. Un match des marques™ en plein Mondial. Certains penseront d’emblée : Une extravagance, une bizarrerie… Une de ces excentricités auxquelles le cyclisme nous a habitué depuis longtemps comme par ailleurs ces écarts récurrents dans la substance géographique qui consiste à tracer un Tour de « France™ » en passant par Berlin, Londres, Amsterdam, Liège ou Dublin… Bientôt Barcelone et un jour viendra… au Katar, à Bahrain, ou Pekin… Comme le Giro™ s’est élancé d’Herning au Danemark cette année 2012 à la faveur de 2,5 millions d’euros accordée à la société organisatrice du Tour d’Italie (RCS Sports) ; ou comme « le Dakar™ » (la capitale du Sénégal) dans une toute autre discipline-spectacle circule dorénavant avec ses gros pneus crantés au Pérou, en Argentine ou au Chili….

Une « marque™ », un simple logo commercial au lieu d’un fier étendard communautaire flottant au dessus des podiums ; et certains publics, bien calés sur leur canapé rembourré Ikéa™, s’offusqueraient de ces détournements de sémantique balancés au grand jour par le truchement de quelques émissions sportives ! La belle étiquette d’un produit en lieu et place d’une considération révérencieuse pour l’identité des peuples… « Un scandale ! ». Mais l’idée n’est pas neuve. Un étendard national qui succédait déjà aux armoiries accrochées aux armures de ces champions des temps anciens. Des héros qui s’affrontaient sur les stades médiévaux où les « lignées » se départageaient dans les tournois. En réalité, tout un système d’emblèmes héraldiques en mouvement depuis des lustres. Ces contrats publicitaires bien plus près de nous, qui ont commencé d’accompagner les grandes expéditions lointaines, à l’image de cette grande affaire de la conquête de l’Annapurna™ en 1951, et dont on apprend aujourd’hui de la bouche même de la fille de Maurice Herzog™, qu’ils étaient signés à l’avance. Voyez-vous ça ! (Quand je pense qu’on se choque quelquefois du Cyclisme dont il se raconte que certaines courses auraient pu être « achetées » !…) Considérez encore ce voyage d’Orbiter 3 de Bertrand Picard en 1999. Ce Suisse génial qui fit son tour du monde en ballon sans escale grâce au nom de Breitling™ (les grosses montres d’aviateurs réparées à Besançon™…) imprimé en lettres géantes sur son immense et superbe enveloppe argentée. Qui alors aurait osé relever l’incongruité supposée d’un tel mariage entre les nobles et belles choses du ciel et ces petites pinailleries du monde terrestre qui nous préoccupent en ce moment ?!… Des enseignes du commerce, ou du monde bancaire, qui prennent aujourd’hui leur tour dans un immense glissement de repères au sein de la fonction du pouvoir réel. Oui. Et alors ? Une défiguration idéologique d’un modèle communautaire et souverain passé d’âge comme le fut auparavant celui des grandes familles héréditaires, des ordres tyranniques de toutes natures ou celui des clans immémoriaux. Toute cette matière symbolique fragile et altérable à l’échelle de la raison gardée et qui se propage aujourd’hui par tous les moyens de la physique nucléaire connue. « Une trahison » s’agiteront certains. « Une forme de corruption d’un vaste réseau d’influence prêt à tout au delà de toutes conséquences fortuites pour le genre humain ». J’avoue que ce documentaire diffusé sur arte™ réalisé par Jérôme Fritel et Marc Roche sur le sujet de Goldman Sachs™ et des ses 50 milliards de dollars de chiffre d’affaire annuel engrangé sur le dos de millions de gens mis à poil sans avoir eu le temps de comprendre qui voulait les rhabiller pour l’hiver, m’avait laissé ces derniers jours comme hypnotisé. Cette magnifique idée d’une compétition circonscrite à l’objet d’un progrès humain chère aux lumières d’un Condorcet, troquée dans les couloirs d’une banque d’investissement surpuissante pour la modique somme d’un match financier despotique, vaniteux, arrogant et pour finir, absolument incontrôlable… D’aucuns me diront qu’on est loin du Cyclisme… Mais j’affirme qu’au contraire tout y est ! Le cadre à la bonne taille et les deux roues bien alignées dans la direction d’un puits sans fond dans sa couleur de cirque la plus cinglante ! Et voyez par là cette route bariolée d’enseignes bien posées sur leurs cales, dansant la carmagnole sous les jupons de quelques investisseurs de bonne réputation. Une course pour son sponsor, au lieu de cette sempiternelle hypocrisie d’un sentiment patriotique à délivrer la main sur le cœur sous l’œil des caméras. Cette conscience nationale, cette fibre… dont on se plait à croire qu’elle continuerait toujours d’encourager la performance de l’athlète comme s’il était encore question de ce vingtième siècle mobilisé dans ses vieilles affaires de frontières et de tous les drames sordides qui en ont découlé. Le mythe de l’exploit sportif dédié à la communauté nationale… bazardé d’un seul coup sur les routes de la Hollande méridionale à quelques kilomètres seulement de Maastricht™… Un vrai symbole ! Un aveu ! Une déclaration, enfin… du droit des marques™ et de celui du sportif mondialisé qui avait fait tellement causé déjà sur la planète football. Où lorsque le sport professionnel s’engage à parler vrai sans restriction de morale d’un autre âge ou de beaux principes à préserver coûte que coûte sur l’autel de la bonne pensée bien faite. Une confession solennelle, profitable s’il en est pour se causer de sport de haut niveau en pleine lumière et sans restriction. Car enfin qui paye le salaire et les primes des champions, leurs entraineurs, et de tout le barnum nécessaire à l’encadrement de la performance sportive ? Pour qui courent depuis toujours ces géants de la route Ces « forçats™ » (comme l’écrivait Albert Londres en son temps où déjà le cyclisme sur ce Tour de France en 1924 gravissait l’Aubisque™, l’Isoard™, le Télégraphe™ ou le Galibier™, au seul bénéfice des journaux commerciaux de l’époque…) Pour la petite histoire, le sponsoring sportif est né en 1861 avec le financement d’une équipe de Cricket par la marque Spiers & Pond™ avant de voir Michelin™ s’occuper de vélo, déjà… dans la roue de la star de demi-fond Roger Terront. Rien de nouveau vraiment donc sous le pavé, tapé par cette sorte de Machiavélisme naturel dont je viens de vous entretenir sur la bordure de notre route commune ; cette perspicace et célèbre philosophie Florentine qui prévaut toujours dans la vitrine ! Rien, sinon cette irruption d’un peu de franchise au lieu du cynisme ordinaire à l’heure des grands chassés croisés sociétaux. Rien, à part un peu de témérité sur nos écrans sportifs préférés. Et on s’en recause bientôt. Jean-Luc Gantner