01 Jan

L’année cycliste 2013 vue par notre collaborateur Auryan Guyon

En cette période de fêtes de fin d’année et alors que les équipes professionnelles « font des bornes » au soleil en vue de la prochaine saison, le blog cycliste de Franche-Comté vous propose de revivre quelques-uns des meilleurs moments de l’année écoulée. Trois moments forts du cyclisme professionnel, rédigés sous la forme d’un podium forcément subjectif, mais passionné, de notre collaborateur et jeune coureur cycliste Auryan Guyon…

La 2e victoire de Warren Barguil (Vuelta 2013)/ PHOTO © Graham Watson

La 2e victoire de Warren Barguil (Vuelta 2013)/ PHOTO © Graham Watson

D’ABORD CETTE TROISIÈME PLACE DU PODIUM POUR L’ARRIVÉE DE LA COURSE EN LIGNE DES CHAMPIONNATS DU MONDE DE FLORENCE.
LE CONTEXTE : Qui décrochera le maillot arc-en-ciel de champion du monde sur ce parcours exigeant de Florence en Toscane ? Les favoris se nomment NIBALI, VALVERDE, RODRIGUEZ, FROOME, SAGAN, ou encore CANCELLARA… mais la liste va réduire dès les premières heures de course… La faute à une météo exécrable. Les orages ne cessent de s’abattre sur la Toscane, d’ordinaire si paisible et belle. On ne distingue plus les coureurs, vêtus comme des alpinistes pour survivre à cette journée en enfer qui s’annonce longue… (plus de 270 kms quand même).
LA COURSE : A l’entame du premier tour, des chutes ont déjà éjecté plusieurs favoris. Le vainqueur du Tour de France n’est plus là comme celui de la Vuelta… La sélection par l’arrière se fait naturellement alors que la Suadra Azzura décide de durcir la course pour son leader Vincenzo NIBALI. Cependant la course ne se décante pas vraiment et on se regarde en chiens de faïence entre les favoris. On arrive aux deux derniers tours lorsque le « requin de Messine » se retrouve à terre dans un virage rendu glissant par la pluie… Au prix d’un incroyable effort et de l’aide momentanée des voitures de course, le vainqueur du Giro revient dans la bataille avant l’entame du dernier tour qui va s’avérer décisif. On joue le « money time » dans la côte de Fiesole lorsque « Purito » place une banderille aussitôt contrée par… NIBALI ! Le champion sicilien et l’espagnol passent en tête au sommet de l’avant dernière difficulté. Juste derrière, RUI COSTA, URAN, contrôlés par VALVERDE mènent la poursuite… A l’avant, c’est RODRIGUEZ qui part à l’assaut de son rêve en profitant de la descente d’ordinaire le terrain de prédilection de NIBALI… Ce dernier, prudent après sa récente chute, est repris par un duo composé de RUI COSTA et VALVERDE, l’espagnol coéquipier de RODRIGUEZ. Le colombien URAN qui les accompagnait a chuté dans la descente.  En tête de la course, RODRIGUEZ possède une dizaine de secondes d’avance alors que c’est NIBALI qui mène la poursuite… L’italien est costaud et parvient à recoller avant que Purito n’en remette une… Cette fois, l’espagnol semble s’envoler vers le titre mais RUI COSTA, qui faisait de la « patinette » dans la roue de NIBALI, se lance à sa poursuite… La suite ? On la connaît, le portugais revient sur le catalan à quelques mètres de la ligne et le règle au sprint. Pourquoi ? Un suspens haletant dans le dernier tour avec un Purito magistral mais RUI COSTA plus opportuniste…

EN DEUXIÈME POSITION, LA FAMEUSE ÉTAPE DES BORDURES SUR LA ROUTE DE ST ARMAND MONTROND LORS DU TOUR DE FRANCE.
LE CONTEXTE : FROOME est en jaune après sa démonstration dans les Pyrénées et semble passer ces étapes de transition dans le centre de la France sans grandes difficultés, avant d’attaquer le Mont Ventoux puis les Alpes. Mais, cette étape entre Tours et Saint-Armand Montrond va lui réserver bien des frayeurs… La faute à des équipes Omega Pharma Quick-Step et Saxo Bank Tinkoff survoltées !
La course : La route est plate et rectiligne entre Tours et Saint Armand Montrond lors de la 13e étape du tour de France 2013. Mais elle est aussi exposée, avec peu d’abris, or, il y a du vent de côté ce vendredi 12 juillet dans cette région de l’hexagone. L’équipe de Mark CAVENDISH avait prévu ce scénario ce matin au briefing et les hommes de Patrick Lefévère vont appliquer les consignes à la lettre. Un premier éventail est créé et déjà les leaders sont obligés de remonter pour venir se placer en tête du peloton…Mais le vent souffle très fort et les coéquipiers de CAVENDISH pédalent très fort : le peloton explose ! Ensuite, l’équipe Belkin de Bauke MOLLEMA s’y met à son tour. Alejandro VALVERDE, 2e au général est piégé ! Victime d’un ennui mécanique, l’espagnol est obligé de s’arrêter pour changer de roue, il perd quelques mètres qu’il ne parviendra pas à combler malgré l’aide de ses coéquipiers… C’est le premier leader à voir ses chances de podium s’envoler. C’est une journée à faire perdre le tour à un leader et l’équipe Saxo Bank de CONTADOR l’a bien compris. A 30 kilomètres de l’arrivée, ils profitent des conditions favorables pour mettre en difficulté le maillot jaune. Il faut dire qu’il est esseulé dans un peloton qui ne comporte plus qu’une trentaine de coureurs… Bientôt il n’en restera plus qu’une dizaine en tête sous l’impulsion de ROGERS, ROCHE, KREUZIGER et CONTADOR ! Au final, FROOME ne perd « qu' »une minute dans l’affaire mais l’addition aurait pu être plus salé…
Pourquoi ? Une étape au scénario aussi fou, ça faisait longtemps qu’on n’en avait pas vu sur le tour. Et en plus sur une étape plate où il est encore plus difficile de faire des différences. C’est quand on est surpris que c’est le plus spectaculaire.

ET LA PREMIÈRE PLACE POUR LA DEUXIÈME VICTOIRE DE WARREN BARGUIL SUR LA VUELTA.
LE CONTEXTE :  Déjà vainqueur de la 13 étape, Warren BARGUIL dispute son premier grand tour à 21 ans. Cela ne va pas empêcher le prodige breton de s’imposer une deuxième fois sur les routes de la Vuelta. Il devance l’expérimenté Rigoberto URAN, lors de la 16e étape au sommet de l’alto de Formigal. Une victoire pleine de maîtrise et de sang-froid.
LA COURSE : Profil accidenté au menu de cette 16e étape de la Vuelta avec, très vite une échappée qui prend forme. On y retrouve une bonne vingtaine de coureurs dont Warren BARGUIL, Mickael CHEREL, Juan Antonio FLECHA, Rigoberto URAN, ou encore José HERRADA… L’arrivée se joue au sommet d’un col de 15,8 kms à 4% de moyenne pour aller chercher la station de Formigal. Et certains coureurs anticipent déjà en attaquant à quelques encablures des premières pentes. C’est la cas du vainqueur du tour de l’avenir 2012 Warren BARGUIL qui prend les devants alors que l’ascension finale débute à peine… Le jeune français dans son style caractéristique de grimpeur aérien fait des écarts alors que derrière ses anciens compagnons d’échappée se regardent… Va t-il le faire ? Remporter une deuxième victoire en quelques jours pour son premier grand tour à seulement 21 ans ?! Le suspens est à son comble lorsque URAN qui est en chasse revient à une vingtaine de secondes. Il reste 2 kilomètres et le colombien fonce sur la tête de la course où l’ex coureur du CC Etupes commence à trouver le temps long. Le français se relève et attend URAN qui le rejoint à l’entame du dernier kilomètre… « Ça va se la jouer comme çà » hurle le commentateur d’Eurosport. Comprenez au sprint, « à la pédale » ! BARGUIL est calé dans la roue du coureur de la Sky qui lance le sprint. Le français est dans son sillage mais ne semble pas être en position de le dépasser. Mais à 50 mètres, le voilà qui se porte à sa hauteur et le dépasse pour remporter la victoire pour quelques centimètres !
POURQUOI ? C’est historique ! BARGUIL se révèle aux yeux du monde pour son premier grand tour en remportant deux étapes. Il a l’avenir devant lui. Le talent en tout cas est bien présent, il nous l’a montré avec deux victoires de grande classe.

ALORS BIEN SÛR, L’ULTRA DOMINATION DE CHRIS FROOME SUR LES PENTES D’AX-3 DOMAINES ET DU VENTOUX RESTERONT AUSSI DANS LES MÉMOIRES tout comme l’émergence de Nairo QUINTANA parmi les grands grimpeurs au Semnoz, l’arrivée de Liège-Bastogne-Liège. On retiendra aussi le festival de Nibali sur la 5e étape de Tirenno-Adriatico ou lors de l’arrivée au Tre Cime di Lavaredo. Enfin, comment oublier l’arrivée de la 6e étape de la Vuelta où Tony MARTIN se fait griller la victoire pour… 25 mètres après une échappée solitaire d’une autre époque, la dantesque « Primavera » dans la neige et le froid, les chefs d’oeuvre de CANCELLARA sur le tour des Flandres et Paris-Roubaix ou encore le spectacle proposé par le terrible angliru sur la Vuelta. Maintenant, à vous de faire votre podium des meilleurs moments de la saison !

Auryan Guyon