30 Oct

Gilles Da Costa/ Des « nourritures terrestres » au cadre politique des « choses vues » pour s’arrêter un moment sur l’objet d’une course cycliste décisive au sein du peloton fédéral

J’aurais d’abord voulu filmer le gars, s’esquinter les biscoteaux sur un vélo de course en compagnie d’un peloton de copains de son âge et du mien. L’ancien coureur cycliste, en plan serré sur un de ces bolides qui aurait quand même eu pas mal de gueule devant la façade du conseil régional un jour de visite ministérielle. J’aurais bien voulu… mais on ne fait pas toujours ce qu’on veut, n’est-ce pas ?! L’idée d’en savoir un peu plus sur le patron du cyclisme comtois et de ses responsabilités au sein du Conseil régional de Franche-Comté. Un exercice dont j’avoue n’avoir pas tout de suite saisi la difficulté, tant celui-ci réclame en général de la distance, et tant il est vrai aussi qu’il n’est jamais simple de réduire la vie d’un homme à sa fonction ou à quelques traits de caractères même flagrants. Caméra au poing, et la fleur au guidon… nous avons donc tenter de suivre un court instant le haut fonctionnaire lors d’une de ces journées de travail, partagé entre ses obligations à l’hôtel de région et sa passion pour le vélo. L’occasion de fouler un peu de la route empruntée chaque jour par ce sportif, qui il y a un peu plus de cinquante ans, s’était fixé une ambitieuse ligne d’arrivée dans la discipline du service public.

 

REPORTAGE © France TV 2013
JL Gantner, JM Baverel, Pierre Mayayo, Stephanie Chevalier

Gilles Da Costa qui me citait « Les nourritures terrestres » d’André Gide alors que nous terminions presque notre conversation dans son appartement bisontin. Tout au fond, dans un bureau d’un dépouillement spartiate, presque exclusivement agrémenté de plusieurs dizaines de jeux de sociétés empilés sur de grandes étagères de bibliothécaire. « Pour partager des moments avec des copains » avait répondu le cadre de la structure territoriale qu’il dirige sous les ordres de l’élue socialiste Marie-Guite Dufay. Gide… Peut-être pour évoquer ce principe, cette morale… de ne jamais faire l’économie de notre vraie nature. « Ah ! de combien de choses, Nathanaël on aurait encore pu se passer ! » écrivait celui qui voulait à tout prix se dégager de ses conformismes justement. « Mais sans aller jusque là » avait aussi conclu le nouveau président du conseil fédéral de cyclisme. Tiens, oui, justement ! Ce conformisme dont on peut se souvenir qu’il caractérise une tradition on ne peut plus ancrée au sein de l’instance nationale de cyclisme, et contre laquelle Gilles Da Costa entend bien tenter de gommer quelques excès avec beaucoup de vigueur ces prochains mois, mais aussi grâce à son sens des épreuves en peloton (cette science des alliances de circonstances et des points d’appuis passagers…) Une tâche d’équilibriste. Même si l’on considère tout le travail déployé en Franche-Comté ces dernières années et qui pourrait servir le cas échéant de modèle pertinent à la tête de la fédération… Oulah…  « Surtout ne pas jeter le manche avant la cognée !… » rétorque aussitôt le patron du cyclisme régional dans une jolie métaphore de bûcheron ; nous laissant entendre par là qu’il ne faudrait peut-être pas non plus « vendre la peau de l’ours… » La présidence de la fédé… l’ancien puncheur amateur y pense bien-sûr ! (comme me l’ont affirmé quelques-uns de ces amis proches et face caméra, considérant aussi la perte que constituerait ce départ, pour le cyclisme franc-comtois…) Car qu’on ne se la raconte pas ! ! L’initiateur de cette sorte de tout nouveau parlement du cyclisme français (largement inspiré de ce vieux modèle républicain de la séparation des pouvoirs, et dont les travaux ont débuté au printemps), y songe même certainement beaucoup lorsqu’il avoue « d’abord devoir consulter son épouse avant d’envisager cette échéance ».  Élu à la tête de sa propre création (cette assemblée, censée garantir une meilleure représentation des différents courants de pensées répartis dans l’ensemble des comités locaux), il faut bien dire que Gilles Da Costa pédale de plus en plus rond dans la direction de la région parisienne. C’est un fait. Relevant aussi que le gars a appris à tourner les jambes dans la bonne géométrie depuis longtemps ; habitué à la mare politique dans laquelle il baigne par la force de ronds dans l’eau dont il connaît l’origine et le principe de leur déploiement par cœur. De Besançon à Paname. Pour enchaîner avec le cadre géographique le plus flagrant de ces « choses vues » cédées à la postérité par Victor Hugo, et où l’on trouve ce verdict très à propos dans un fragment daté de 1870 ou 71… : « Je ne suis pas avec un parti ; je suis avec un principe. Le parti, c’est le feuillage ; cela tombe. Le principe c’est la racine ; cela reste. Les feuilles font du bruit et ne font rien. La racine se tait et fait tout. » Oui, bon, juste pour l’histoire de causer de ce que l’on a pas eu le temps de se dire ce jour là d’un tournage un peu véloce au lieu de poursuivre sur le terrain du philosophe Jean-Luc Marion… Un sujet de réflexion de Gilles Da Costa à propos de cet « Homme machine » qui saurait sûrement mettre toute la fac de Besançon « dans le dur » songeant à Bahamontes, Merckx ou Bobet  jouant de « bordures » dans la langue de Céline où dans celle de Frédéric Dard. Le prétexte d’un chouette reportage en perspective si le service public est toujours disposé à faire un peu de place à quelque érudition vélocipédique dans son planning d’animations météorologiques toujours aussi surchargé. On s’est alors quitté là, sur la sensation d’un homme fidèle à des valeurs de jeunesse qu’il affiche volontiers sur les estrades officielles, et dont l’ambition semble conditionnée par son besoin de demeurer libre en toute occasion. Une réminiscence de son histoire familiale. Certainement son moteur le plus précieux. La fin d’une interview au cours de laquelle j’avoue m’être plusieurs fois posé la question de l’impudeur dans l’opération de devoir mettre à nu les gens pour les seules faveurs d’une caméra de télévision. Je dis ça, cherchant encore la faille opportune qui m’aurait permis de justifier l’agression. JL Gantner

11 Jan

FRANCE DE CYCLO-CROSS/ LE MATCH MOUREY-DUVAL/ 2

La Franche-Comté accueille la bataille de l’hiver ce week-end à Nommay. Une course au titre national dans laquelle deux hommes se détachent nécessairement du peloton des principaux protagonistes engagés sur l’épreuve la plus importante de l’année pour le Cyclo-cross Français. Deux hommes qui se connaissent bien et qui s’apprécient pour avoir couru plus jeunes sur le même circuit et partagé le même maillot professionnel à la FDJ en 2009. Francis MOUREY, multi champion de France de la discipline et Aurélien DUVAL qui avait enfilé le beau maillot l’an passé dans le Morbihan.

2/ AURÉLIEN DUVAL

Aurélien DUVAL. 24 ans. Champion de France en titre de cyclo-cross.Le coureur habite Renwez. Une commune proche de Charleville Mézières, mais située surtout à quelques kilomètres de la Belgique où le jeune Ardennais a enchainé les manches du Superprestige dominées par Sven NYS depuis le début de la saison !…)

C’est Max, le papa d’Arthur VICHOT, qui m’avait donné rendez-vous chez lui à Colombier-Fontaine. Juste à quelques kilomètres du circuit de Nommay dans le Pays de Montbéliard. Le champion de France collait des boyaux dans l’atelier depuis le début de la matinée ; ou plutôt celui où Max monte ses fameuses Max-Wheel®. « Un jour Aurélien m’a téléphoné. Il avait des problèmes de matériel. Alors j’ai décidé de l’aider. » m’annonce tout de suite l’ancien coureur et vendeur de la marque de roues artisanales réputées. Arthur (vainqueur d’une étape du Dauphiné au début de l’été dernier) était déjà parti en Corse pour effectuer un stage avec la FDJ sur les premiers kilomètres du prochain Tour de France. Dans la cour, un camion barre l’entrée du domicile. Celui d’Aurélien DUVAL emprunté à l’entreprise de son père, avec son nom imprimé sur la taule grise un peu usée, et celui de ses sponsors (son club, son département…). Le véhicule sert à la fois d’atelier de mécanique, de garage pour le matériel et d’hôtel improvisé au jeune champion lors de ses déplacements sur les compétitions internationales.

Aurélien Duval et Max Vichot à Nommay / PHOTO © JM Picard

« Sans équipe, je dois me débrouiller tout seul. Trouver mes propres sponsors pour obtenir du matériel. Je dois tout gérer en plus de mes entrainements et de mes compétitions, alors ça complique un peu ». Le camion ? Aurélien avoue qu’il préfère finalement ce mode de vie ambulant. « Je me sens bien comme ça, dans mon coin. Je vis ma vie et je n’ai de compte à rendre à personne ». Chez les VICHOT, son amie Elodie et Lou, sa fille de 2 ans, trouvent un sol un peu ferme pour quelques jours. Une aide réconfortante avant la grande bataille de cette fin de semaine.  Depuis sa victoire il y a tout juste un an à Quelneuc dans le Morbihan. Le coureur Ardennais n’a toujours pas retrouvé une équipe professionnelle qui lui ferait confiance depuis son retour de suspension (2010 – 2012). « Le maillot de champion de France ne m’a pas apporté grand chose » explique Aurélien. « Je continue de préparer le camion et de laver mes vélos tout seul. Si rien ne change, je ne sais pas si je continuerai le vélo. Je ne réclame pas un salaire de ministre, mais juste de quoi me préparer dans de bonnes conditions. Le coureur venu du moto-cross avant de gagner les championnats de France juniors dans sa nouvelle discipline, peu avant ses 18 ans, avait continué de briller sur tous les circuits lorsqu’il courait chez les espoirs. Son titre de vice champion du monde l’hiver 2007-2008 par exemple… avant de signer un contrat pro à la FDJ l’année d’après. Aujourd’hui. C’est comme si tout était à refaire !… L’Ardennais se dit moins en forme que lors de sa course fédérale en 2012. « Une année noire. Mais ça va. » Quelques ennuis de santé, et aucune victoire significative à noter en Belgique où il a couru depuis le début de la saison sans mettre un pied sur une course Française. Certains le lui reprochent. « Je comprend, mais je n’ai pas vraiment le choix. Je dois aussi gagner ma vie. Je fais du vélo pour manger. Si je dispute les manches du Challenge National, même si ça veut sourire, ça ne me rapporte rien. Et puis lorsque je roule sur le Superprestige, je suis avec les meilleurs du monde. Ça change tout ! Si Francis MOUREY changeait son programme au lieu de viser le Challenge, il aurait les capacités de devenir champion du monde, c’est sûr ! En tout cas, dimanche je ferais tout pour reconquérir le maillot.» Et Francis, justement. Ton principal adversaire ? « Je l’apprécie vraiment. Il m’a déjà hébergé dans le passé. J’aime bien son côté humain. Francis MOUREY, c’est un palmarès. Toujours bien placé dans les manches de coupe du monde. Ce sera le client N°1 dimanche ; mais ça ne m’impressionne pas. Non. Personne ne m’intimide. Je suis toujours un peu stressé ; petite ou grande course, mais pas plus que ça. Si ça veut sourire, ça sourit. En tout cas, ça va être usant à mort ! » Jean-Luc Gantner

1/ FRANCIS MOUREY

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FRANCE DE CYCLO-CROSS/ LE MATCH MOUREY-DUVAL/ 1

La Franche-Comté accueille la bataille de l’hiver ce week-end à Nommay. Une course au titre national dans laquelle deux hommes se détachent nécessairement du peloton des principaux protagonistes engagés sur l’épreuve la plus importante de l’année pour le Cyclo-cross Français. Deux hommes qui se connaissent bien et qui s’apprécient pour avoir couru plus jeunes sur le même circuit et partagé le même maillot professionnel à la FDJ en 2009. Francis MOUREY, multi champion de France de la discipline et Aurélien DUVAL qui avait enfilé le beau maillot l’an passé dans le Morbihan.

1/ FRANCIS MOUREY

Francis Mourey (FDJ), 32 ans. Habite Saône dans le Doubs. 6 fois champion de France et médaille de bronze des championnats du monde 2006. 8 fois vainqueur du challenge national La France Cycliste, invaincu depuis 2004.

Francis Mourey (FDJ), vainqueur du Challenge National 2012, à Pontchateau/ PHOTO © Marion Denis

D’abord cette image du champion devenue habituelle. Celle d’une ligne d’arrivée qu’il franchit régulièrement les deux bras levés pour le plus grand plaisir de ses milliers de fans qui suivent ses exploits tout au long de la saison. Francis Mourey et ses 6 titres de champion de France de cyclo-cross. L’homme a 32 ans cette année, et doit livrer l’un de ses deux principaux combats de l’hiver à Nommay ce 13 janvier 2013. Saône, dans le département du Doubs. Le coureur professionnel de la Française des Jeux habite cette petite commune proche de Besançon avec sa femme Aurélie et ses deux petites filles Gabrielle et Louison. Francis Mourey revenait tout juste de Rome lorsque nous sommes entrés chez lui pour le filmer. Une quatrième place sur l’avant dernière manche de coupe du monde (la même position qu’à Namur juste un peu plus tôt !) et le sourire du leader Français de la discipline, malgré les heures de transport et la fatigue accumulées durant son week-end Italien. « Je dois surtout me reposer avant dimanche pour bien récupérer. Faire attention à ne pas tomber malade. Mais je vais quand même aller rouler deux heures ce matin », explique le coureur, en train de plaisanter  devant la machine qu’il actionne dans la cuisine. Un spécialiste de l’expresso. Son pêché mignon. « J’en bois des litres… » nous confie le cyclo-crossman de la FDJ. Aurélie acquiesce en évitant soigneusement d’entrer dans le champ de la caméra. « Les journalistes, la télé… Tout ça c’est son métier. Moi je ne préfère pas. »

Francis Mourey face à la caméra après sa victoire à Montbéliard le 17 décembre 2012/ PHOTO © JM Picard

Le crack du cyclo-cross Français répond volontiers à l’avalanche de questions que je me pose sur sa carrière et sa vie de famille justement. Deux choses qu’il essaye de dissocier complètement. « Non, il n’y a rien qui rappelle le cyclisme dans la maison » commente l’athlète habillé d’un survêtement de son sponsor. Une sorte de convention entre Francis et Aurélie. Beaucoup de photos de famille tapissent les murs du salon. Mais rien effectivement qui pourrait indiquer la profession de notre hôte ou sa réputation sur les podiums prestigieux. À part ce cadre un peu en retrait sur lequel une médaille de bronze est accrochée au dessus d’une image du champion en course. La médaille de sa 3e place à Zeddam au Pays-bas en 2006,  avec son ruban aux couleurs mythiques des championnats du monde. « Une exception », répond Francis en décrochant son portable. C’est le président du club du Valdahon. Son frère aussi. Jérôme. Le club où le coureur est licencié actuellement. (Francis avait débuté à Sancey/Baumes-les-Dames en 1995 avant de longtemps rouler pour l’ASPTT  Mulhouse où Fred Grappe, l’entraineur de la FDJ repère son énorme potentiel à l’époque). « Ca peut durer des heures » nargue gentiment Aurélie. Où l’on doit constater que le « métier » est tout de même forcément difficile à laisser à la porte du garage ! Un large sous-sol où l’icône Français du Cyclo-cross entrepose son matériel de pédalage. Une dizaine de vélos Lapierre et autant de paires de roues, dont celles préparées avec soin pour la course de dimanche. « Le matériel compte beaucoup sur une épreuve, je m’occupe moi-même de ma mécanique ». Des vélos, des roues mais aucun compteur au guidon !… « Non. Je m’entraine juste aux sensations » précise Francis. « J’ai toujours fais comme ça ! Aujourd’hui presque tout le monde utilise des capteurs de puissance, tout ça. Mais l’entrainement trop scientifique ne me convient pas. Rouler en fonction des instruments électroniques, et ensuite, tu dois passer du temps pour tout analyser sur l’ordinateur… je préfère rouler comme j’ai toujours fait. »

Francis Mourey sur l’étape du Challenge National 2012 à Besançon/ PHOTO © Richard Lamboley

Francis me raconte comment d’ailleurs il passe son temps sur ses routes d’entrainement autour de Saône, la-Vèze, Montrond-Le-Château ou dans ces bosses un peu sévères de Montfaucon, où Aurélie m’avoue qu’il fait de la cuisse en tirant un parpaing dans une remorque pour enfants derrière son vélo de course… Un dur au mal ! et qui ne transige pas sur sa préparation. « J’ai la chance d’avoir beaucoup d’imagination, alors lorsque je roule des heures, je regarde les constructions, les maisons neuves, les matériaux… Faut trouver des trucs dans la tête pour tenir ! Plus jeune, J’avais d’abord travaillé comme maçon après avoir obtenu un CAP dans le bâtiment. J’étais pas trop fait pour l’école. C’est comme ça que je suis venu au cyclo-cross. Comme je bossais la journée dès ma troisième année d’apprentissage, je n’avais pas assez de temps pour préparer une saison de route comme il fallait. Le cyclisme sur route demande beaucoup d’heures d’entrainement pour tenir la longueur, et je ne me voyais pas ne rien faire non plus en sortant de l’école l’hiver. Alors en septembre, je me suis mis au cyclo-cross et je n’ai plus arrêté depuis ». Juste à côté des cadres bien alignés contre le mur tous équipés d’un groupe électrique Shimano, Un vélo d’enfant rose de 16 pouces à peine, avec une plaque de l’Extrême-sur-Loue vissée sur le guidon. Celle de la première compétition de Gabrielle qui avait suivi les traces de papa au mois d’octobre dernier à Ornans. Gabrielle Mourey (qui n’a plus besoin de la « remorque »…), déjà debout sur les pédales le jour d’un championnat du monde de VTT en Franche-Comté. Que voulez-vous ?!…  La famille Mourey, qui quoi qu’on y fasse est toujours un peu rattrapée par quelques belle histoires de vélo à raconter à son propos. (Mais promis Aurélie. Après je me tais. Juré craché !) « J’ai beaucoup de chances », résume le sextuple champion de France, toujours placé dans le top 10 mondial depuis dix ans. « C’est un rêve. On vit une vie à part. Pendant que les autres vont travailler 8 heures à l’usine, moi je vais faire du vélo. J’ai la chance d’avoir ce don pour ça. Il y a des sacrifices bien sûr ! Les entrainements quelquefois difficiles à cause du mauvais temps… mais j’avoue que je suis gâté par la vie ». Jean-Luc Gantner

Derrière Francis MOUREY (FDJ), la Franche-Comté compte également beaucoup de favoris dans toutes les catégories :
Les cadets Juliette LABOUS et Émile CANAL. Les juniors Laura PERRY et Léo VINCENT. Les frères Loïc et Fabien DOUBEY dans la catégorie Espoirs. Et puis Caroline MANI et Marlène MOREL-PETITGIRARD chez les féminines, qui devront entre autre batailler face à leur ancienne coéquipière Lucie CHAINEL. Du côté de l’Elite, il faudra compter aussi sur Laurent COLOMBATTO et Jérôme CHEVALLIER qui donneront aussi du fil à retordre aux professionnels comme John GADRET (AG2R) ou à son nouvel équipier Steve CHAINEL.


2/ AURÉLIEN DUVAL

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05 Nov

PORTRAIT/ Jérôme Chevallier : « Une décision mûrement réfléchie »

J’avais appris comme tout le monde, la décision d’un des piliers de l’Amicale Cycliste Bisontine de rejoindre le club d’Ornans dans la perspective d’un grand projet d’équipe VTT dans la vallée de la Loue. Le champion franc-comtois venait de faire un choix « mûrement réfléchi » avait-il précisé. Mais avec les conséquences de devoir assumer la déception de toute une petite famille qui vibrait chaque week-end à ses côtés depuis quatre ans.


Jérôme Chevallier dans l’atelier du Bd du Cycle à Besançon/ PHOTO © Jean-Luc Gantner

On avait alors convenu d’aller faire un bout de route ensemble autour de Besançon pour discuter de ses choix et de ses projets. Jérôme Chevallier : Un palmarès comprenant entre autres, 8 couronnes régionales en Cyclo-cross, et du talent dans plusieurs disciplines comme le VTT. Une spécialité où le mécano du BD du Cycle tient toujours son rang face au gratin mondial et malgré ses 38 ans maintenant. « On me demande régulièrement si je me suis fixé une échéance pour arrêter, mais qu’est-ce que tu veux que je réponde ? Si mon niveau baisse, je courrais dans la catégorie inférieure. C’est tout ce que je peux dire ! Ça ne m’empêchera pas de me faire plaisir !… » Récemment, le coureur et pilote Bisontin terminait un championnat du monde Marathon à cette « époustouflante » 32e place sur le parcours de l’Xtrem-sur-Loue. (De quoi secouer un sacré coup pas mal d’idées reçues dans le domaine de la physiologie sportive… Un domaine dont le cycliste bisontin adore d’ailleurs discuter !) « Aujourd’hui, je bosse alors que d’autres ne font que du vélo, mais je n’en fais pas une excuse lorsque je perds une course. Je ne me plains pas. Au contraire. Le fait d’avoir un boulot te donne un cadre contraignant, mais qui a aussi ses bons côtés. Tu ne te dis pas : j’ai pas envie de rouler maintenant, il pleut, j’irai rouler plus tard !… ça t’oblige à y aller sans réfléchir ». Depuis la grande épreuve du 7 octobre disputée dans une boue cauchemardesque qui sied pourtant si bien aux images de télévision, Jérôme s’est offert un sans faute sur les épreuves hivernales. Ce joli doublé à Liebvillers et Pont-de-Roide en un seul week-end, avant de s’offrir un bouquet à Vesoul la semaine suivante. Une saison qui avait débuté par sa place préférée sur le podium d’Epenoy quelques jours seulement avant les mondiaux d’Ornans…

le Gir’s G-Star X/ PHOTO © Jean-Luc Gantner

Ce matin là, Jérôme travaillait à son atelier, concentré sur le réglage de son nouvel « avion de chasse » pendant qu’il y avait foule dans la boutique gérée par Hélène dans la pièce d’à côté. Un Gir’s G-Star X. Le genre de machin (de fabrication Britannique), pensé tout exprès pour monter sur les plus belles estrades de cyclo-cross. Le type de monture qui donnerait à n’importe quel cycliste l’envie d’aller prendre l’air sur le champ (je dis les champs comme j’aurais dû directement prendre l’exemple d’un de ces prés belges et boueux plus propice à la spécialité de l’objet quasiment fétiche dont je vous parle). Un de ces terrains… favorable aux gueules noires par temps humide. Ces forçats d’un autre âge reconvertis dorénavant dans les guerres de tranchées à bicyclette. La discussion s’enclenche à propos de son boulot. Jérôme m’explique qu’il a appris sur le tas ; d’abord avec son père pilote de course automobile. « J’ai toujours baigné là-dedans, les moteurs, les courses de côtes quand j’étais tout jeune, même si les courses automobiles ne m’ont jamais passionné… »

Hélène Gounand et Jérôme Chevallier dans la boutique du Bd du Cycle à Besançon/
PHOTO © Jean-Luc Gantner

Les derniers tours de clés et quelques conseils à donner aux clients avant de prendre la route habituelle de beaucoup de cyclistes locaux. Une virée depuis les faubourgs de la capitale comtoise pour rejoindre les rives du Doubs et le pied de cette bosse d’Abbans par exemple, après Boussières… Une difficulté quasi rituelle depuis le passage du dernier Tour de France que nous évitons sagement à cette heure de causerie qui nous prend déjà tout notre souffle. Une côte où Jérôme m’avoue en souriant la gravir 5 à 6 fois de suite quelquefois. Un dur au mal. Mais surtout le plaisir du travail bien fait. Jérôme aime la rigueur d’un entrainement strict, mené toute l’année quoi qu’il arrive des aléas du temps ou de quelques baisses de motivation passagères.  Au cours de mes séances, j’imagine des attaques, des concurrents fictifs. Je mets en place des scénarios de course où il faut répondre à chaque fois. En compétition, ça se passe beaucoup dans la tête. C’est ma façon personnelle de fonctionner ». Des séances quotidiennes et « beaucoup d’intensité » qu’il effectue presque toujours seul (course à pied le matin et vélo entre midi et deux) « seul…  et dans sa bulle » me confie-t-il. « Une question d’hygiène de vie » poursuit l’ancien pilote de BMX et spécialiste Descente lorsqu’il était plus jeune.  « J’y prends du plaisir chaque jour. Je ne me souviens pas m’être dit une seule fois que j’en avais marre de rouler. Quand vraiment je ne me sens pas en forme. Je préfère alors couper tout de suite, et je rentre, voilà tout. Ça peut paraître bizarre, mais je m’entrainerais de la même manière, même si je ne courais pas en compétition. Ces séances font partie de ma façon de vivre. J’ai besoin de sentir mes limites, savoir que je peux encore rouler à plus de 40KM/H de moyenne ». Il soufflait un vent du diable ce vendredi. Une partie de manivelles contre un mur d’air, qui aurait pu rapidement tourner au calvaire, si mon coéquipier de circonstance n’avait pas réduit son allure à mon humble rythme de la conversation. Jérôme devait prendre le départ de la course de Saint Hippolyte le lendemain où il finirait 2e avant d’enchainer avec le prix de Quintigny qu’il remporterait devant le jeune Loïc Doubey.

Jérôme Chevallier (VC Ornans) sur les rives du Doubs/ PHOTO © Jean-Luc Gantner

« J’adore tenter de comprendre les principes qui régissent la performance, la façon dont la machine humaine fonctionne ». ) Jérôme avait d’abord fait une Fac de médecine avant de se consacrer entièrement au vélo…) Mais le coureur avoue aussi préférer le travail « à l’ancienne », « aux sensations ». « Bien sûr, j’exploite les connaissances actuelles, le travail dans les filières physiologiques précises par exemple. Je pense d’ailleurs avoir été dans les premiers à le faire à une époque où on découvrait ces techniques. Il faut savoir s’adapter, évoluer. Mais je crois que rien ne peut remplacer les sensations personnelles ». Tout ce que voudrait aujourd’hui transmettre l’ancien pro de VTT aux plus jeunes. « À Ornans, il y a des jeunes vraiment supers. J’essayerai de les aider à comprendre une course, savoir ce qu’il faut faire pour gagner, éviter les bêtises de jeunesse. Je peux leur faire gagner du temps ». On avait aussi un peu parlé de son choix de quitter l’Amicale pour Ornans. Jérôme disait qu’il ne trouvait plus sa place, en particulier concernant le VTT qu’il a toujours continué en parallèle de la saison de Route. Un mal nécessaire selon lui, pour retrouver la sérénité. J’étais très embêté pour les nombreux copains du club. On avait une bonne équipe dans laquelle tout le monde s’entendait bien, mais la philosophie ne me convenait plus, voilà ».

Sur les rives du Doubs à Besançon/ PHOTO © Jean-Luc Gantner

Byans, puis Osselle. La route nous porte maintenant facilement. L’effet grisant de quelques courants toujours vigoureux, mais dorénavant favorables. Ces 40 KM/H dont nous parlions, qu’on atteindrait presque sans donner un coup de pédale. Et pour vous dire le caractère pourri de la météo d’un mois de novembre qui commence à peine… Je ne peux m’empêcher de lui demander pour son principal coéquipier. Laurent  Colombatto… L’image qui me revient d’une échappée sur la dernière étape du Tour du Jura cette année. L’ultime coup de pouce de Jérôme Chevallier qui avait permis à l’Amicale Bisontine de remporter la bataille finale. Laurent Colombatto en jaune sur la première marche du podium au pied du massif de la Serres grâce à cette complicité de toujours. Une si belle image dans les journaux ! « Avec Laurent, c’est autre chose. On se connaît depuis longtemps. Depuis nos débuts communs en Descente VTT. On a souvent voulu nous opposer, parce que c’était mieux de nous voir nous confronter sur les courses. Ce sera certainement encore pire maintenant que l’on n’est plus dans le même club. Mais entre nous, on a toujours été au dessus de tout ça. D’ailleurs, le week-end dernier on est partis ensemble faire un cross dans le Nord de la France et sans les maillots. Juste pour le plaisir d’être ensemble ».

Jérôme Chevallier (VC Ornans)/ PHOTO © Jean-Luc Gantner

Thoraise, ce petit promontoire au dessus du Doubs qui marque le retour imminent au bercail. Le temps tourne doucement à la pluie. L’ancien membre d’Étupes arrivé à l’Amicale Bisontine en 2009 me parle de cette maison qu’il a rénovée au pied du fort de Planoise où nous arrivons. La ferme de sa grand-mère. « J’ai trouvé ça super de passer du temps à ce projet. Je n’y connaissais rien et j’ai dû tout apprendre petit à petit. J’ai lu des revues techniques, j’ai pris le temps de réfléchir… Ma copine (Mélanie Guerrin, déjà sociétaire du VC Ornans) me dit souvent que je réfléchis trop, mais c’est mon caractère ; je préfère parfaitement savoir où je vais pour éviter de faire des conneries. C’est drôle, gamin, j’avais imaginé les choses comme ça… Je me voyais vivre dans cette maison dont j’aurais un jour tout refait moi même. Beaucoup de choses me sont arrivées dont j’avais prévu qu’elles se dérouleraient de cette manière ». Avant de nous quitter, je demande au nouveau coureur d’Ornans de me confier ses objectifs sportifs pour l’année qui vient. « Je ne me focalise pas sur une date plutôt que sur une autre… Je fais en fonction de mes sensations du moment, c’est tout. Il faut que ça reste du plaisir. « Un tas de bons moments… » m’explique-t-il, amusé. « On s’est toujours bien marrés en compétitions ! J’avais des parents stricts, et en même temps, on profitait pas mal de la vie grâce au vélo. Ça ne s’est jamais arrêté depuis… Jean-Luc Gantner

09 Oct

(VIDEO) PORTRAIT/ L’homme d’Étupes

Robert Orioli. Le fondateur du CC Étupes nous avait ouvert sa porte un jour d’entrainement comme les autres où quelques coureurs comme Thomas Bouteille ou Pierre Bonnet (2e du Grand Prix de Blangy quelques jours auparavant) étaient passés gentiment nous saluer dans la « cuisine du club » entre le dessert (qu’ils n’avaient pas touché) et le café. Marie France « la dame du président » ; Jérôme Gannat, le directeur sportif de l’équipe élite et « Roméo » étaient aussi de la partie… Une rencontre dans l’intimité d’un passionné de compétitions cyclistes, le prétexte pour parler des ses autres hobbies comme la peinture ou maintenant l’écriture (sa dernière aventure…) parler de la rédaction de son « Soleil voilé » un premier roman où Robert raconte sa jeunesse à travers une histoire d’amour estudiantine lors d’un séjour en Algérie l’année 1964. Robert Orioli était alors tout jeune médecin, encore loin des podiums de la coupe de France de l’élite amateur. Une époque dont il se souvient pourtant surtout quelques grands noms qui ont façonné la légende d’un sport pour lequel il a consacré toute sa vie. « On ne sait pas toujours qui a remporté le Tour de France il y 5 ans, mais dans ces années là, tout le mode savait qui étaient Motta, Gimondi ou Charly Gaul… » explique le fondateur du club 7 fois champion de France amateur.

REPORTAGE © France Télévision 2012
Jean-Luc Gantner, Jean-Marie Baverel, Thomas Hardy, Alex Baudrand

Un président qui nous confiait son intention d’arrêter « le métier » prochainement, « en 2014… » nous avait avoué le médecin de famille retraité. Après quarante ans tout rond passé au service du club le plus titré de sa catégorie. L’information m’avait d’abord abasourdi. Le CC Étupes sans son charismatique président à sa tête. Difficile à imaginer le tableau !?… JLG

PHOTO © Jean-Luc Gantner

PHOTO © Jean-Luc Gantner

11 Avr

Laurent MANGEL après son Paris-Roubaix

C’était au lendemain de Paris-Roubaix. J’avais déjà fait quelques kilomètres sur mon vélo de course depuis Besançon pour rejoindre Laurent sur le sien (un « Time RXRS Ulteam »…) pas très loin de Rioz, chez lui en Haute-Saône.

Sur la route avec Laurent Mangel (Saur-Sojasun)
PHOTO © JL Gantner 04-2012

Nous avions convenu de cette « ballade » ensemble juste avant qu’il ne boucle ses valises pour la grande épreuve de ce dimanche de Pâques ; qu’il me raconte un peu cette « Dure des dures », cette route de légende que le coureur professionnel avait entrepris plusieurs fois déjà, mais sans savoir lors de notre conversation au téléphone, que cette édition 2012 resterait pour lui « un de ses plus beaux souvenirs de sa carrière ». Besançon, Marchaux, Chaudefontaine et puis Moncey… « Allo… Laurent. Oui, je suis en route. C’est-à-dire que pour l’instant j’ai le vent dans le dos alors tout va bien… » On s’est retrouvé disons vers Neuvelle-lès-Cromary. L’endroit ne vous dit peut-être rien. Un beau ruban d’asphalte gris clair au milieu des bois sur la départementale N°5. Une des routes très fréquentées par les cyclistes qui habitent les environs. Une des routes où Laurent Mangel s’entraine tout l’hiver pour ne pas rester trop éloigné de sa famille. Le coureur est arrivé avec son maillot d’équipe. Celui de la Saur-Sojasun qu’il portait dimanche sur les pavés lors de son incroyable « baroud » entre Paris et Roubaix. « Salut. Tu t’es reposé un peu ? » « J’ai encore un peu de courbatures mais ça va. Ça a été tellement vite ! Plus de 48KM/H dans la première heure de course… » On a commencé d’emblée à discuter de son week-end de « boulot extraordinaire » en pédalant vers l’Ouest… « Au départ de cette course, tout le monde veut rouler devant. Ce sont les consignes dans les formations. Pour des questions de sécurité, mais surtout si tu veux essayer de te battre pour le final, il n’y a pas vraiment d’autres solutions que de suivre la bagarre. Ça part à chaque kilomètre. À force, je me suis retrouvé dans la bonne »
(Au KM 70, Le Haut-saônois s’échappe en compagnie de douze autres coureurs. Une virée fantastique » en tête sur 120KM)
Je crois qu’on dépassait juste le panneau de « Venise » à ce moment là de notre discussion. Venise… en Haute-Saône !… Quelques vallons à franchir avec le vent de face ce mardi 10 avril. Le compteur de Laurent indiquait à peine 120 pulsations… Une petite séance de récupération pour lui, avant de rejoindre son équipe sur la « Tro-Bro Léon » le week-end prochain en Bretagne. Une nouvelle manche de la Coupe de France professionnelle, pour tenter de conserver cette première place de la Saur-Sojasun au classement général par équipe. Le vent redoublait.
« Les gens ne voient souvent que les victoires, mais pour moi, cette échappée vaut tous les trophées, vraiment !… C’était une sensation indescriptible sur le vélo. Un souvenir que tu n’oublieras jamais ! » Le garçon originaire de Montigny-lès-Vesoul avait encore les yeux qui pétillaient d’un bonheur unique, deux jours après sa grande aventure, là-haut au milieu des cohortes de fans nordistes massés autour des pavés (une gente de supporters appartenant au décor depuis toujours et qui sait apprécier le spectacle d’un calvaire grandiose poussé jusqu’à son comble). Oui, cet homme-là avait cette sorte de visage serein, rassurant malgré la fatigue qui accompagne généralement les lendemains de batailles obstinées ; cette caractéristique calme et paisible qui sied si bien aux gens plutôt doués pour leur métier. Un Paris-Roubaix à grande vitesse, toute la journée à l’avant face aux caméras de télévisions.
« Je me disais que ma famille me voyait sûrement,  je pensais à ma fille… à mon Grand père aussi. Je pense toujours à lui quand je cours, on va passer tout près de chez lui. C’est quelqu’un qui compte beaucoup pour moi. Je me dis quelquefois que je fais ça pour lui. Ça m’aide à tenir dans les moments plus difficiles. Je l’ai appelé comme je le fais d’habitude après l’arrivée sur le vélodrome. » « Attention, on tourne juste là. C’est serré ! » A Vieilley, après un angle droit, la route de Cromary s’élance plein nord vers l’Ognon. Le cours d’eau qui sépare la bise… d’un autre vent !… Peut-être ce secret dans les jambes du « rouleur ». Ces années passées sur la selle à lutter contre des vents contraires… Et cette entrée dans la trouée d’Arenberg ? Cette chute sur les pavés juste devant toi ? À la télé en tout cas, c’était assez effrayant !
« Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur, on est entré à 52KM/H dans la Trouée. La route est un faux plat un peu descendant juste avant Arenberg. J’avais vu son vélo partir à droite et à gauche, puis tout s’est passé très vite. Je suis passé sur sa roue et je ne sais pas comment j’ai réussi à rester debout ?!… Il y a des jours ou tu n’as pas de chance, dimanche, j’avais de la chance, voilà ». Pérouse, Buthier…
« Le peloton nous a repris à 66 KM de l’arrivée, et puis Engoulvent a crevé. Je lui ai passé ma roue parce qu’il était mieux que moi à ce moment-là… J’ai dû attendre pas mal de temps la voiture de l’équipe qui était bien plus loin à l’arrière… Mais ce n’est pas très grave ». Laurent m’a longtemps parlé de son rôle de coéquipier qu’il endossait sans problème lorsqu’il le fallait. « Travailler pour un coureur, construire une véritable victoire d’équipe, j’aime bien ça ». On a continué de longer cette vallée de l’Ognon sous une sorte de ciel local en reflet d’aluminium pour nous escorter. Un vrai ciel de chez nous qui annonce la pluie, les trombes d’eau ! Un ciel de l’Est qui n’a quelquefois rien à envier à cet « enfer du Nord » dont on parle depuis tout à l’heure. On a décidé de se quitter avec une dernière photo, avant d’avoir à en découdre avec cette matière-là bien comtoise d’une belle bourrasque annoncée. Juste la photo-souvenir d’un lendemain de fête sur des pavés mythiques : « L’affaire » d’une grande échappée sur Paris-Roubaix, dorénavant inscrite dans nos mémoires sportives à la rubrique des « événements » dont on aimera plus tard se rappeler chaque détail de la belle aventure vécue par un grand champion cycliste franc-comtois ce Dimanche 8 avril 2012.
JL Gantner