Le conseil régional de Bourgogne Franche-Comté a jusqu’au 1er juillet pour déterminer le lieu officiel du siège de la collectivité et des assemblées plénières. Alors que la ville de Dijon a été désignée capitale régionale, il semble que Marie-Guite Dufay, la présidente PS, ait l’intention de fixer le siège de la Région à Besançon. Lorsqu’elle l’a annoncé la semaine passée aux parlementaires socialistes à Paris, les élus de Bourgogne ont vu rouge. « Il va y avoir du sang sur les murs », menace même l’un d’entre eux. Sans surprise, les parlementaires de Franche-Comté prennent parti pour la présidente… originaire de Franche-Comté et ancienne élue municipale à Besançon.
Il se raconte en Bourgogne que cela fait bien longtemps que Christian Paul et Christophe Sirugue n’étaient pas sorti d’une réunion avec le même avis. Il faut dire qu’en ce moment, entre le chef des députés PS frondeurs et le rapporteur de la loi Travail à l’Assemblée, les sujets de discorde sont nombreux.
Mais comme le racontent nos (excellents) collègues de France 3 Bourgogne sur leur blog politique, Marie-Guite Dufay a semble-t-il fait l’unanimité contre elle dans les rangs des parlementaires bourguignons.
L’objet du courroux des élus est simple: la présidente du conseil régional envisage de plus en plus sérieusement de proposer que Besançon accueille le siège de la collectivité. Une perspective pas vraiment du goût des élus de Bourgogne, qui pour beaucoup auraient bien vu Dijon cumuler Préfecture de Région, siège du conseil régional et lieu des assemblées plénières.
« Si Dijon veut dépouiller Besançon… »
« Pour l’instant on est dans la discussion », commente sobrement un élu régional franc-comtois proche de la présidente, conscient que le sujet est explosif. Les consultations s’enchaînent, mais la date fatidique approche et il va falloir trancher.
« C’est un moment difficile à passer », reconnaît le sénateur du Doubs Martial Bourquin, qui a participé à la réunion à Paris. Que pense-t-il des menaces de « sang sur les murs »? Un « langage hyperbolique pas acceptable ». « Si Dijon veut dépouiller Besançon, ce serait une grosse bêtise et cela mettrait l’avenir de la Région en cause. Le bon sens doit l’emporter, on ne peut pas rajouter du désordre au désordre ».
« Dijon restera une petite capitale régionale, renchérit le député (encore EELV, mais siégeant désormais au groupe PS à l’Assemblée) Eric Alauzet. L’élu municipal de Besançon souhaite que la Bourgogne Franche-Comté s’inspire de l’exemple normand, avec la préfecture de Région dans une ville et l’Hôtel de Région dans l’autre: « Il faut jouer le bipôle: la grande capitale régionale, c’est Dijon aux côtés de Besançon, Besançon aux côtés de Dijon ».
L’autre députée de Besançon, Barbara Romagnan, n’a pas assisté à la réunion parisienne. Sur son blog, elle demande « de l’équilibre et de la mesure »: « Au-delà de la question du chef-lieu et de l’emplacement de l’Hôtel de Région pour laquelle un partage entre Dijon et Besançon me semble être la meilleure solution, d’autant plus si les réunions du conseil régional se tiennent à Dijon, il me semble déterminant d’assurer un équilibre dans la répartition des emplois et directions du conseil régional ainsi que dans celui des politiques territoriales que la Bourgogne-Franche-Comté doit porter (…) Personne n’a à gagner à vouloir tout concentrer en un lieu unique, générant au passage des ressentiments tenaces ».
« Je peux crier aussi »
Absents également lors de la réunion à Paris, les députés Frédéric Barbier et Jean-Michel Villaumé soutiennent aussi la démarche de la Présidente. « Un partage entre Dijon et Besançon, c’est toujours ce qu’on a défendu », argue le député de Haute-Saône. « Marie-Guite Dufay a tout à fait raison et elle a tout mon appui, renchérit le député du Doubs. Nos amis élus de Bourgogne ne doivent pas nous oublier. Ils ont la préfecture, les assemblées plénières. C’est compliqué si on ne met rien à Besançon. Ma circonscription est déjà lointaine, si les circuits de décision s’éloignent encore, j’en tirerai toutes les conséquences. J’entends les cris de mes collègues, mais je peux crier aussi ».
Reste que côté bourguignon, on met la pression sur la présidente, rappelant que sa majorité ne tient qu’à un fil (51 sièges sur 100). Or il faudra une majorité des trois cinquièmes pour décider de l’implantation du siège de la collectivité. Les parlementaires PS de Bourgogne dénoncent aussi une consultation qui n’en aurait que le nom: « Elle n’écoute rien », dit l’un; « il faut qu’elle entende », dit l’autre.
« C’est Marie-Guite Dufay, on ne la changera pas », élude un fin connaisseur du dossier, qui prône la recherche du consensus… sans qu’on soit bien sûr qu’il puisse être trouvé.
MAJ 24/5 10h45 (réaction E. Alauzet notamment) puis 25/5 9h45 (réaction B. Romagnan)
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