Onze sénateurs Les Républicains/UDI, parmi lesquels quatre Francs-Comtois, ont demandé au gouvernement de confier à Alstom la fabrication des futures rames Intercités, sans passer par un appel d’offres. Les parlementaires reconnaissent que cette initiative représenterait « un risque juridique mesuré », qu’ils jugent néanmoins préférable à « la certitude du chômage pour de nombreux employés des sites Alstom-Transport », dont Ornans et Belfort. Parmi les signataires figurent Cédric Perrin (LR – Territoire de Belfort), Jean-François Longeot (UDI – Doubs), Jacques Grosperrin (LR – Doubs) et Michel Raison (LR – Haute-Saône).
Les onze sénateurs de droite et du centre ont adressé un courrier cette semaine au secrétaire d’Etat chargé des Transports, Alain Vidalies. « Vous êtes désormais confronté à un cas concret où votre décision peut soit assurer la pérennité de nos outils industriels et nos emplois ou, au contraire, plonger de nombreux territoires dans une situation difficile
économiquement et socialement », écrivent les sénateurs.
Cette future commande géante – évaluée de source syndicale à 1,5 milliard d’euros – devrait être attribuée au constructeur français dans le cadre d’un précédent contrat signé en 2009, et qui portait alors sur un millier de trains TER Regiolis, préconisent ces élus.
Depuis lors, l’Etat n’a confirmé que 250 de ces commandes initiales de Regiolis, et les élus proposent que les futures rames Intercités soient considérées comme
la partie manquante de cette commande. « Or, d’après des échos parus dans la presse, c’est bien le recours aux appels d’offres qui pourrait être retenu » par le gouvernement, s’inquiètent les sénateurs, parmi lesquels sept sont élus en Alsace où est implantée l’usine Alstom d’assemblage des rames, à Reichshoffen (Bas-Rhin).
« Le ministre doit faire un choix. Nous espérons qu’il fasse celui de l’emploi », indique dans un communiqué l’une des signataires de ce texte, l’ancienne maire (LR) de Strasbourg Fabienne Keller.
Quatre années de rupture de charges
Au vu des commandes actuelles de Regiolis, les quelque 1.050 salariés de cette usine (dont 900 en CDI) n’ont du travail que jusqu’à la mi-2018, a expliqué à l’AFP Daniel Dreger, porte-parole de l’intersyndicale CGT-FO.
« Nous sommes tous extrêmement inquiets. Si le gouvernement opte pour un appel d’offres, c’est une procédure qui sera très longue » et les usines Alstom pourraient connaître jusqu’à quatre années de rupture de charge, selon M. Dreger. « Sans parler du risque qu’Alstom ne remporte pas le marché, évidemment », a-t-il ajouté.
Interrogé vendredi par l’AFP en marge d’un déplacement dans l’Yonne, Alain Vidalies n’a pas souhaité s’exprimer sur le dossier.
Selon son entourage, la procédure choisie pourrait être annoncée le 18 février.
Outre le site alsacien de Reichshoffen, où sont assemblées les rames, d’autres usines Alstom en France sont concernées – mais à un degré moindre – par cette décision. Il s’agit notamment des sites de Tarbes, Le Creusot, Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Ornans (Doubs), Belfort et Villeurbanne (Rhône), soit quelques centaines d’emplois potentiellement en danger, selon les syndicats. (AFP)
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