Le commissaire européen aux Affaires économiques et financières Pierre Moscovici a émis vendredi dernier des « réserves » sur le projet de démocratisation de la gouvernance de la zone euro du candidat socialiste à la présidentielle en France Benoît Hamon. « Permets-moi (…) de faire part de mes réserves sur la solution que tu proposes », décrite comme un « saut supranational », écrit Pierre Moscovici, à son collègue socialiste dans une lettre obtenue par l’AFP.
S’il fait écho à la demande de davantage de démocratie, « salut de la zone euro », le commissaire européen, ancien élu du Doubs, diverge fondamentalement sur la proposition d’une Assemblée parlementaire qui doit remplacer l’Eurogroupe, selon le projet présenté vendredi par Benoît Hamon.
Pierre Moscovici l’interprète comme un « bicamérisme presque parfait ‘Parlement de la zone euro / Eurogroupe' », qui selon lui « confondrait pouvoir exécutif et législatif » et « risque fort de combiner le choc des intérêts nationaux au sein de l’Eurogroupe, déjà existant, avec le choc des légitimités nationales au sein de la chambre de la zone euro ».
Une proposition « ambitieuse, qui fonctionnera peut-être sur le long terme »
Le commissaire européen suggère plutôt d’« améliorer l’existant »: renforcer le Parlement européen « en lui donnant la possibilité de se réunir en format zone euro », créer « un commissaire-ministre des Finances de la zone euro responsable devant le Parlement », doter la zone euro « d’une capacité budgétaire ».
« Prenons ce qui existe et allons vers plus de transparence et de représentativité », enjoint Pierre Moscovici, qui reconnaît que l’Eurogroupe ne peut plus prendre ses décisions « tard dans la nuit et à huis clos ».
Selon lui, la proposition de M. Hamon est « ambitieuse, fonctionnera peut-être dans le long terme ».
« Je ne propose pas un grand soir »
A Pierre Moscovici qui estime que ce « saut supranational » ne « trouvera guère de soutien, dans une Europe peu encline aux changements de traités », Benoît Hamon lui a répondu, en meeting au Havre, qu’il « repensait à Nelson Mandela qui disait: ‘tout cela était impossible jusqu’à ce que nous le fassions’. « Je me mets dans cet état d’esprit. Je ne propose pas un grand soir. Déjà, commençons par des petits matins », a-t-il insisté.
Le président François Hollande avait lui aussi publiquement émis des réserves jeudi à Bruxelles sur la proposition du candidat socialiste à la présidentielle, en rappelant que « ceux qui décident dans la zone euro, ce sont les gouvernements ». (AFP)
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