Jean-Sébastien Leuba a quitté le conseil municipal de Besançon en pleine séance ce soir. Frank Monneur, un autre conseiller municipal socialiste, venait de parler de lui comme de « l’auteur d’une anomalie de comportement ». A l’automne, Jean-Sébastien Leuba s’était publiquement interrogé sur la politique municipale de subventions du centre d’art Le Pavé dans la mare, dont la directrice n’est autre que l’épouse de l’adjoint au maire en charge de la culture Yves-Michel Dahoui. Le maire Jean-Louis Fousseret avait alors retiré sa délégation à Jean-Sébastien Leuba et diligenté une commission transparence. Et alors que tout semblait rentrer dans l’ordre, il a suffi de quelques mots pour que la majorité PS craque à nouveau.
Cela faisait deux heures trente que le conseil municipal avait débuté, et Jean-Sébastien Leuba avait pris la parole deux fois. D’abord pour saluer la gauche en général et le maire en particulier pour la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires. Et tant pis si ce n’est pas dès septembre 2013 à Besançon. Ensuite, Jean-Sébastien Leuba a salué le travail de la commission transparence chargée de déterminer si l’association Sauf Art-Le Pavé dans la mare avait été privilégiée, notamment en matière de subventions. « Elle est allée au-delà des questions que je me posais », se félicite même l’élu qui avait mis les pieds dans le plat fin septembre.
Les conclusions de ladite commission, composée de neuf élus de la majorité et de l’opposition, ont été rendues conjointement par la socialiste Marie-Noëlle Schoeller et l’UMP Jean-Marie Girerd. Ce qu’il faut en retenir? Le centre d’art a bénéficié d’une « aide financière significative », mais pas de « traitement spécifique » de la part de la municipalité. Bien sûr, certains ont cité les propos du directeur régional des affaires culturelles, Lazare Paupert, qui estime que les ambitions que se donne Le Pavé dans la mare ne sont pas en rapport avec les moyens limités de l’association. Bien sûr, d’autres ont relevé des irrégularités dans le fonctionnement de l’association. Mais comme l’assure une autre membre de la commission, Catherine Thiebaut (EELV), « il n’y a eu aucune malice, aucune malversation, c’est de la pure forme ». « Ça fait plouf », lance jovial Jean-Louis Fousseret à l’opposition.
Tout allait donc pour le mieux donc quand Frank Monneur a répondu aux critiques de la droite. Il dénonce des « postures politiciennes honteuses » puis évoque « l’auteur d’une anomalie de comportement », en l’occurrence Jean-Sébastien Leuba. Ni une ni deux, le socialiste par qui le scandale était venu se lève, saisit son manteau et sa mallette. L’intervention de Jean-Louis Fousseret, qui interrompt Frank Monneur et se « désolidarise » de ses propos, n’y change rien. Jean-Sébastien Leuba quitte la salle sous les applaudissements de l’opposition.
La malaise est palpable. Certains élus socialistes sortent un moment. Puis reviennent à leur place. L’ordre du jour continue. Comme si de rien n’était. Mais on se dit que désormais, rien ne sera vraiment plus comme avant au sein du groupe socialiste.
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