La commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques a validé les comptes de campagne de Danielle Brulebois, et la socialiste jurassienne veut que ça se sache. Battue de 1719 voix le 17 juin par le député UMP sortant Jacques Pélissard (52,1% des voix), Danielle Brulebois estime qu’elle a été victime d’une « cabale menée par M. Pélissard sur les encarts publicitaires ». « Cette œuvre de dénigrement est largement la cause des 2% qui m’ont manqué pour être élue », dénonce la vice-présidente du conseil général du Jura, qui s’en prend aussi aux médias.
« En l’état du dossier, le compte de campagne de Mme Danielle Brulebois n’appelle pas d’observation au regard des dispositions du Code électoral ». Ces quelques mots, rédigés par la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, font la fierté de Danielle Brulebois. Une victoire, six mois après sa défaite dans les urnes, pour celle qui fut pendant des mois de campagne montrée du doigt pour l’affaire des encarts publicitaires. Une victoire telle que la candidate socialiste dans la première circonscription du Jura ne comprend pas que les médias n’en parlent pas.
« Contrairement aux affirmations de votre chaîne, je n’étais ni inéligible, ni passible d’amende, ni de prison, ni susceptible d’avoir à rembourser mes frais de campagne, assène Danielle Brulebois dans un courrier qu’elle nous a adressé il y a quelques jours. Puis l’élue socialiste nous relance, cette fois sur le réseau social Facebook: « Sur la circonscription de Lons, tous les coups sont permis quand il s’agit de sauver son cinquième mandat et tous ses privilèges cumulés, même quand on représente les Maires de France (…) Je n’ai aucune amertume croyez le bien, car ces méthodes pitoyables et malhonnêtes ne méritent que le mépris (…) Rétablir la vérité sur ces accusations fortuites qui ont porté atteinte à mon intégrité, me semble la moindre des choses pour le respect de la démocratie et de la déontologie de médias dignes de ce nom! ».
Puisque Danielle Brulebois souhaite rétablir la vérité, allons-y:
- D’abord, jamais France 3 Franche-Comté n’a parlé sur son antenne de cette affaire d’encarts publicitaires, en dehors du débat pré-électoral qui l’opposait à Jacques Pélissard le 2 juin 2012. Ce jour-là, pendant 15 minutes, elle a eu toute la liberté de défendre son point de vue sur cette affaire, ce qu’elle n’a d’ailleurs pas manqué de faire.
- Ensuite, en ce qui concerne ce blog, jamais il n’a été écrit que Danielle Brulebois était inéligible ou risquait la prison (les articles traitant de cette affaire sont en lien ci dessous). En revanche, elle a raison quand elle affirme que nous avons dit qu’elle était passible d’une amende. C’est tout simplement le code électoral qui l’affirme: dans son article L52-1, il stipule en effet que, six mois avant une élection, « l’utilisation à des fins de propagande électorale de tout procédé de publicité commerciale par la voie de la presse ou par tout moyen de communication audiovisuelle est interdite ».
- Prétendre aujourd’hui que les « encarts publicitaires (…) n’en étaient pas », comme le fait Danielle Brulebois, est une contre-vérité. Le 14 mai, l’autre candidate socialiste concernée par ces encarts, Sylvie Laroche, reconnaissait qu’« il y a eu une erreur ». Les socialistes jurassiens s’en sont même remis aux juristes de Solférino pour sortir cette épine de leur pied, comme le révélait le premier fédéral, Eddy Lacroix, dès le 14 avril (lire l’article Après ses âneries, le PS du Jura fait l’autruche).
- Enfin, comme nous l’expliquions notamment dans cet article, une victoire étriquée des deux candidates socialistes aurait pu amener l’un de ses concurrents à déposer un recours, comme l’a fait par exemple Jacques Grosperrin (sans succès) dans la 2e circonscription du Doubs. Le conseil constitutionnel aurait alors examiné l’impact de ces publicités sur l’électeur (ce qui n’est pas tout à fait la même chose que la validation des comptes de campagne). « Impossible de préjuger une éventuelle décision du juge, mais ce qui est certain, c’est que pour l’instant, l’affaire leur coûte plus qu’elle ne leur rapporte », écrivions-nous d’ailleurs ce 14 mai. Loin, très loin de « l’œuvre de dénigrement » dont nous accuse Danielle Brulebois.