Alors que le ministre franc-comtois Pierre Moscovici a assuré il y a quelques jours « suivre de près » le dossier de reprise de la papeterie de Novillars, c’est son collègue de Bercy, Arnaud Montebourg, que le Front de Gauche a choisi de solliciter par écrit. Dans un courrier daté du 27 décembre, les représentants du Parti communiste, du Parti de Gauche, des Alternatifs et de la Gauche anticapitaliste demandent au ministre du Redressement Productif « que l’État utilise tous les moyens appropriés (Caisse des dépôts et consignations, Banque publique d’investissement,…) afin que soient réunies les conditions permettant le redémarrage de cette entreprise. » Apparemment, dans la rivalité entre Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, le Front de Gauche du Grand Besançon préfère l’élu bourguignon au voisin franc-comtois.
Malgré un projet de reprise basé notamment sur une centrale biomasse, les banques rechignent à prêter l’argent nécessaire à l’investisseur libanais. « La négociation est compliquée », reconnaissait il y a quelques jours la présidente du conseil régional Marie-Guite Dufay.
Voici le courrier adressé par le Front de Gauche du Grand Besançon à Arnaud Montebourg:
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Le Front de Gauche du Grand Besançon estime devoir vous saisir directement afin que soient prises d’urgence les mesures nécessaires au sauvetage et à la reprise d’activité de la papeterie de Novillars.
En effet, cette entreprise plus que centenaire, qui a occupé dans le passé jusqu’à 600 personnes, a été mise en liquidation judiciaire en avril et a suspendu son activité en mai dernier, laissant ses 70 salariés actuels au chômage dans l’attente de la concrétisation du projet de reprise, dont le principe a été présenté alors et approuvé par les pouvoirs publics et le tribunal de commerce.
Rachetée au groupe OTOR en octobre 2009 par la société belge Soenen GolfKarton, elle avait été dès lors victime d’une gestion destinée non pas à assurer son développement ni même sa simple pérennisation mais à augmenter les profits immédiats de la maison mère, notamment par la revente à celle-ci de papier produit à Novillars à un prix très inférieur à celui du marché.
Si ces pratiques l’ont conduite à la cessation de paiement en début d’année 2012, le potentiel de rentabilité industrielle de l’entreprise dans la production de papier ondulé et l’intérêt de son projet « biomasse » ne sont pas moins reconnus par tous les décideurs.
Ce dernier projet repose sur l’exploitation des déchets de bois, la production d’électricité, de vapeur permettant le fonctionnement de la papeterie sans émission de CO2, et de chauffage destiné aux bâtiments communaux, au centre hospitalier situé sur la commune et à une partie des logements HLM de la commune avec des économies potentielles non négligeables pour ces structures.
L’industriel papetier libanais Fadi Gemayel a fait part de son intérêt et de son intention de la reprendre en relançant son activité dans une perspective de développement, et ce au prix d’investissements conséquents de sa part.
Le concours des banques est évidemment nécessaire pour terminer le montage du dossier.
Or, malgré les engagements de l’industriel lui-même, le soutien des collectivités, les garanties apportées par Oséo, la motivation des anciens salariés qui viennent régulièrement sur le site pour entretenir les machines afin que la reprise soit techniquement réalisable immédiatement, le projet n’aboutit pas car les banques refusent de s’engager.
Il est donc nécessaire aujourd’hui que l’Etat utilise tous les moyens appropriés (Caisse des dépôts et consignations, Banque publique d’investissement,…) afin que soient réunies les conditions permettant le redémarrage de cette entreprise.
Outre l’intérêt qu’il présente pour la population dans un bassin d’emploi qui a déjà subi des pertes massives d’emplois industriels, ce dossier nous semble constituer un cas pratique particulièrement exemplaire de ce que doit être l’action de l’Etat puisque ce projet industriel présente des perspectives de développement associées à une démarche écologique, dispose de l’appui des collectivités, ainsi que d’un personnel motivé et compétent.
De plus, la reprise d’activité permettrait de recycler localement les cartons collectés par le service déchets, avec ici aussi un intérêt financier pour la collectivité et un intérêt environnemental.
C’est pourquoi le Front de Gauche du Grand Besançon vous demande d’intervenir avec tous les moyens dont vous disposez afin qu’une issue positive puisse rapidement voir le jour.
Vous remerciant par avance de l’attention que vous voudrez bien porter à la présente, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de notre respectueuse considération.
Pour le Front de Gauche,
Annie MENETRIER (Parti Communiste Français) Vice-Présidente du Grand Besançon
Emmanuel GIROD (Parti de Gauche)
Marie-Odile CRABBE-DIAWARA (Les Alternatifs) Vice-Présidente du Grand Besançon
Georges UBBIALI (Gauche Anticapitaliste) »