La dynamique de Jean-Luc Mélenchon dans cette campagne présidentielle aurait pu resserrer les rangs parmi ses troupes. Il n’en est rien en Haute-Saône, où le torchon brûle entre communistes « pur sucre » et partisans de l’ancien sénateur socialiste. Chaque camp présentera d’ailleurs ses candidats aux législatives.
Il y aura donc, dans chacune des deux circonscriptions de Haute-Saône, un candidat PCF et un candidat Front de Gauche. Un comble pour ce Front censé rassembler le Parti communiste et le Parti de Gauche (les partisans de Jean-Luc Mélenchon). Seulement voilà, au PCF, certains commencent à regretter le choix du tribun pour les représenter à l’élection présidentielle. Jean-Luc Mélenchon va leur rapporter des voix, certes, beaucoup de voix même, mais les couleuvres électorales sont dures à avaler.
« On n’avait pas besoin d’un homme providentiel »
Au parti communiste de Haute-Saône, certains vont même jusqu’à dénoncer « l’OPA de forces social-démocrates sur le PCF ». C’est le cas du conseiller municipal vésulien Frédéric Bernabé, pour qui Jean-Luc Mélenchon est un « politicien socialiste ». « Après 32 ans au PS, il a acquis tous les galons de l’opportuniste complet. Son score dans les sondages, c’est la preuve que nos propositions sont viables. On n’avait pas besoin d’un homme providentiel », regrette celui qui portera les couleurs du PCF dans la 1re circonscription.
Face à lui, il y aura une candidate Front de Gauche, Clotilde Prot. Car les communistes historiques et les partisans de Jean-Luc Mélenchon n’ont pas réussi à se mettre d’accord. « Il y a eu un vote interne, les communistes ont tranché », assure Frédéric Bernabé. Ce scrutin a bien eu lieu, remporté haut la main par Frédéric Bernabé (92,2%) pour la 1re circonscription et Roland Germain (90,7%) pour la 2e. Mais il est contesté par les mélenchonistes: « Nos candidatures ont été validées au niveau national. On n’a donc pas souhaité participer à ce vote, explique Gilles Lazar, candidat Front de Gauche dans la 2e circonscription. Ils ont mis eux-mêmes nos noms sur les bulletins ».
« Cinquante ans de retard »
« La direction départementale a cinquante ans de retard. Elle craint que le PC perde son caractère, ses valeurs, alors que la stratégie du Front de Gauche a été validée par 95% des communistes », poursuit Gilles Lazar. Frédéric Bernabé reste lui droit dans ses bottes: « S’ils ne respectent pas le vote des militants, ça en dit long sur leur conception de la démocratie ». Aucun des camps ne veut céder un pouce de terrain. Les espoirs de rabibochage semblent vains. En Haute-Saône, l’élan présidentiel du Front de Gauche aura bien du mal à se concrétiser dans les urnes des législatives…